Accoudé au bastingage du Ségolène, son yacht, je regardais mon ami François Hollande, Partagas vissé au coin de la bouche, monter soigneusement sa ligne pour une partie de pêche au gros, enfilant des pavés de rumsteak gros comme le poing sur des hameçons de titane.
Nous mouillions au large de Cuba, et le matin-même, nous avions fait une petite excursion à la Havane. Une pensée me bouleversa soudain.
- François, lui dis-je, n'as-tu pas l'impression que cette barbaque serait mieux dans l'assiette des pauvres hères que nous avons croisés ce matin ?
Le silence se fit.
François se leva, s'avança vers moi. Sa main gauche se plaqua sur mon avant-bras musclé, qu'elle enserra fiévreusement. Me regardant droit dans les yeux, il apposa la main droite sur son coeur, et me dit, la gorge nouée :
- Phil, tu me connais. Tu peux être sûr que tout ce que je sortirai de l'eau sera pour eux. C'est ça, avoir un coeur de gauche.
Une larme coulait sur sa joue (gauche).
2006-09-21
03:59:40
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demandé par
Marlowe
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Politique