"C'est pas parce que c'est une femme qu’on peut pas la critiquer». Certes. Et c'est pas parce que c'est une femme qu'on peut se permettre de la traiter comme une demeurée, une intruse, une clandestine, une accusée... Elle est une candidate unique en son genre. Malheureusement. Il vaudrait mieux pour la démocratie qu'une femme candidate et éligible n'attire plus l’attention en tant que telle.
Dites vous bien les filles qu’à travers Ségolène Royal, c’est vous, c’est nous qu'on juge. Nous toutes. C’est sur nous qu'on ironise, c’est nous qu'on déconsidère. Mépris, condescendance, cynisme, ignorance. Gageons qu’on aurait utilisé contre toute autre femme en position éligible les mêmes arguments. De droite à gauche, de télé en magazines, on aurait infligé le même traitement à Alliot-Marie, Aubry, Guigou, comme jadis aux jupettes ou à Cresson. Il s'agit de nous intimider, il s'agit de nous maintenir sous contrôle. Il s'agit de garder les choses en l'état et les femmes à leur place. Et de continuer à prétendre contre toute évidence que l'égalité homme femme est une réalité dans les esprits.
Au moment où j’écris ces lignes, j'écoute dune oreille distraite un débat sur LCI, Politiquement show , de l'excellent Michel Field. On parle de Ségolène et de la campagne. Ils sont cinq. Cinq hommes, déblatérant à l‘infini, comme d'hab. L'autre soir, chez Guillaume Durand, (excellent aussi, bien sûr..) on parlait de... Ségolène. Outre l’animateur, dix invités. Huit hommes, deux femmes. Je vous laisse deviner le temps de paroles des unes et des autres. Et ainsi de suite. Qui a la parole ? Pour dire quoi ? D’où nous parle ton ? Qui parle en notre nom ? Si vous navez pas bien compris le sens du mot androcentrisme, allumez la télé... A partir du moment où le credo officiel affirme que légalité est acquise, il n'y a plus de différence de point de vue entre les hommes et les femmes. Donc, il n'y a pas lieu de tenir compte du sexe des invités à s'exprimer sur les plateaux de télé. Seul le hasard (la compétence ?) mène à ce déséquilibre qui, de toutes façons, passe inaperçu.
Paraphrasons Voltaire. Je ne sais pas si je voterai Ségolène. Mais je me battrai jusqu’au bout pour que sa candidature soit respectée. C’est de la légitimité des femmes qu’il s’agit.
Isabelle Alonso. 8 février 2007
2007-03-08
05:00:50
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