Le gouvernement d’Afghanistan a été obligé de libérer cinq talibans pour obtenir la libération d’un journaliste italien. C’est coutumier que les États européens paient le prix fort pour la délivrance de leurs ressortissants enlevés par des groupes terroristes.
La remise en liberté de Florence Aubenas a, elle, donné lieu à de théâtrales représentations dans lesquelles elle n’arrivait tout de même pas à expliquer les modalités de sa libération. À l’évidence, le malaise venait de ce que la journaliste française doit sa libération à un paiement de rançon.
L’Allemagne a tenté de dissimuler le marché qu’elle avait conclu avec les éléments du GSPC, responsables du kidnapping de touristes allemands, hollandais et suisses au Sahara. Mais la rançon payée par le gouvernement allemand avait défrayé la chronique en ce temps-là.
La concession à l’islamisme, qu’il soit simplement agitateur ou carrément terroriste, ne consiste pas seulement à céder à la demande de compensation des islamistes. Elle comporte, parfois, de douteux compromis au profit des communautés islamiques locales, compromis qui répondent en réalité aux attentes des seuls groupements d’activistes.
La Grande-Bretagne paie parfois de manière sanglante ce désengagement de l’État par rapport aux comportements communautaires. Ce recul profite aux agissements militants des groupes parallèles.
Le Québec vient d’autoriser les électrices à garder le voile au moment du contrôle d’identité dans les bureaux de vote. Le populisme ambiant a obligé l’ensemble des partis de la province à convenir de cette absurde méthode d’identification.
Pour l’Occident aussi, l’attitude tranchée des Américains est contestée dans ce qu’elle exclut la virtualité d’une démarche de marchandage avec le terrorisme. Or cette démarche, si elle n’est nulle part en Occident présentée comme doctrine est, comme le montrent les épisodes rappelés plus haut, régulièrement sollicitée par les gouvernements lors de crises occasionnelles, notamment quand ils courent le risque d’assumer l’issue d’une prise d’otage.
Le procédé correspond au principe de réconciliation qui fonde souvent la conduite de régimes musulmans assaillis par l’islamisme, que celui-ci ait les moyens de sa violence ou qu’il soit en attente de les avoir. Les deux attitudes constituent des encouragements à la nature belliqueuse de l’islamisme. Les moyens arrachés par-ci et les privilèges gagnés par-là facilitent l’évolution du mouvement intégriste autour de ses bases comme en plein Occident et sur les lieux mêmes qu’il cible.
Pendant que l’égoïsme national et le populisme local volent au secours de l’intégrisme triomphant, on concède quelques moyens à la lutte contre le terrorisme international pour ne pas être totalement en opposition avec la doctrine de la superpuissance. Mais on charge Bush de ce qu’il serait celui par qui le péril terroriste arrive. Du rapt de Giuliana Sgrena, l’Italie n’a retenu que l’assassinat de son agent secret par des soldats américains, oubliant qu’au commencement, il y eut un rapt et omettant de s’interroger sur les modalités de la libération de la journaliste.
Dans la question du terrorisme, l’anti-américanisme, au demeurant sporadique, est le voile de toutes les compromissions.
2007-03-26
05:44:06
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yahia k
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