Jean Arthuis : L’Etat n’a pas d’argent, il n’a que des dettes
2 mars 2007
A l’émission iDébat sur iTélévision, Jean Arthuis a mis en garde contre les dangers des délocalisations. Il constate que l'Etat français emprunte aux pays émergents pour relancer le pouvoir d’achat des salariés et qu’une partie de la consommation va servir à acheter des biens de ces mêmes pays émergents. Jean Arthuis est également revenu sur la crise qui touche Airbus : il considère que l’Etat n’a pas d’argent pour recapitaliser l’entreprise et qu’il n’est pas le mieux placé pour diriger l’entreprise.
"La démonstration est faite que l’Etat n’est pas un bon actionnaire" a déclaré Jean Arthuis à propos de la crise chez Airbus. Le président de la commission des Finances du Sénat considère en effet que la gouvernance sort des logiques d’entreprise : il faut gérer les intérêts contradictoires des dirigeants de l’entreprise, des hauts fonctionnaires qui assument la tutelle de l’Etat et des hommes politiques qui sont toujours à la veille d’une élection… Il s’est aussi souvenu des expériences malheureuses du Crédit lyonnais, du comptoir des entrepreneurs… Jean Arthuis a rappelé qu’EADS était la réunion de dix-huit entreprises européennes, la nouvelle entité constituée en 2000, a pris la nationalité néerlandaise parce que c’était juridiquement et fiscalement plus avantageux. Le sénateur de la Mayenne a regretté que la France n’ait pas pris conscience des « aspérités » des différentes législations et que le gouvernement de l’époque n’ait pas fait évoluer notre propre législation pour être plus compétitif. Jean Arthuis ne croit pas plus que les régions concernées par la restructuration, soient aptes à voler au secours d’Airbus. "Où va-t-on trouver les ressources ?" se demande le sénateur. Et pourquoi pas dans ce cas aider également Alcatel, le secteur automobile, la chaussure… ? "L’Etat n’a pas d’argent, il n’a que des dettes" a rappelé Jean Arthuis. En revanche, le sénateur considère que les pouvoirs publics sont dans leur rôle lorsqu’ils fixent les règles du jeu. Il a par exemple regretté qu’après la signature des accords avec la Chine sur le textile dans les années 95-96, le gouvernement de l’époque n’ait rien fait pour préparer la mutation du secteur.
Jean Arthuis dénonce, depuis quinze ans, le danger des délocalisations. Il vient de publier le livre "Mondialisation : la France à contre-emploi" (éditions Calmann-Lévy). Le sénateur de la Mayenne réfute la thèse selon laquelle les pays émergents se cantonneraient dans le textile, la chaussure, le jouet ou encore l’électronique grand public pendant que les pays riches se concentreraient sur les hautes technologies et la recherche. Pour Jean Arthuis, c’est oublier qu’avec Internet, les banques peuvent par exemple faire traiter leur back office en Inde. Et la recherche ne peut se faire, selon lui, qu’en relation étroite avec les lieux de production. En outre, l’Etat en arrive à verser une prime pour l’emploi (PPE) d’un montant de 4,2 milliards d’euros à 8 millions de salariés : cette PPE est financée par l’emprunt à des capitaux chinois ou des pétrodollars et la moitié va servir à importer des produits d’Asie ! "Le vrai pouvoir d’achat, c’est celui qui résulte du travail produit en France" a estimé Jean Arthuis. Il a déploré que la loi sur le travail crée de la rigidité à l’image des 35 heures. Le président de la commission des Finances du Sénat propose que l’on cesse de faire peser les cotisations sociales sur le travail et qu’on finance désormais notre protection sociale par une taxe sur la consommation (TVA sociale), ce qui permettra d’abaisser le coût de la main d’œuvre : "La compétitivité du travail est un préalable au retour des emplois industriels en France".
2007-03-07
19:24:34
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Anonymous
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