Il ne voit rien, ne comprend pas ce qui lui arrive, cette prodigieuse glissade, ce sentiment que malgré l’arrêté médical, il vit.
François flotte entre ciel et terre et assiste en spectateur aux tentatives pour réanimer son corps. Il voit son cadavre faire des bonds du fait de l’électrochoc, puis retomber lourdement. La scène le rend triste, plein de pitié pour ce qu’il fut. Il ne comprend pas que la chose inerte n’est plus lui, tente de prévenir les médecins qu’il est encore parmi eux :
« - Je suis vivant ! Laissez-moi en paix ! Laissez-moi dormir ! »
Les mains qui palpent son cadavre l’agacent. Lui est seul au-dessus d’eux. Plus de leur monde.
Impression horrible d’être tenu prisonnier dans un ailleurs, derrière le miroir sans tain de la vie d’où il peut observer les vivants continuer à tenter de lui rendre vie.
Envie d’appeler à l’aide. Mourir, être mort, dormir éternellement, mais il ne dort pas. Il est conscient et impuissant à revenir.
Il s’agite, son corps étendu sur un lit ne répond plus à sa volonté. Comme une abeille s’assomme sans relâche aux vitres d’une chambre, François se cogne à sa désespérance sans parvenir à briser l’invisible lien qui le garde dans l’univers de l’absence. Il est seul à lutter contre cet ennemi qui l’emprisonne dans l’antichambre du réel. Qu’est-il devenu ? Une brise ? Une idée ? Un fantôme, resté pour hanter ses regrets de ne plus être ? …
2006-12-05
09:54:57
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demandé par
Puma
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