Ere précolombienne
L'histoire du cacao remonte à plus de 2000 ans. C'est en effet de cette époque environ que datent les premiers témoignages de sa production en Méso-Amérique, unifiée depuis l'ère pré-colombienne par des traits culturels communs, c'est-à-dire en gros la région constituée par les parties Sud et Est du Mexique, le Guatemala, le Honduras et le Salvador, unifiée depuis l'ère précolombienne par des traits culturels communs.
En 600 de notre ère environ, les Mayas (4e-9e siècle) pénètrent profondément en Amérique du Sud et aménagent de grandes plantations de cacaoyers dans le Yucatan. C'est cette zone qui fait figure de berceau de la civilisation du cacao et du chocolat. Ils baptisent le fruit de l'arbre aux cabosses du nom de " cacau ", d'où dérive le mot " cacao ". Ils en firent un breuvage rituel qu'ils appelèrent " chacau haa ".
Les vertus thérapeutiques du beurre de cacao sont amplement reconnues, à la fois comme baume pour cicatriser gerçures et brûlures, pour se protéger des ardeurs du soleil, soigner le foie ou les poumons et comme un remède préventif contre les morsures de serpent.
Chez les Pilpils, le cacao est associé aux principaux événements de la vie quotidienne. Les fèves de cacao servent d'offrandes pour une naissance, et lors du rituel de la puberté, le corps des jeunes garçons est enduit d'un mélange d'eau de pluie, de pétales de fleurs et de poudre de cacao.
Tout comme le sang, auquel il est assimilé de façon symbolique, le cacao remplit, pour les Bribris, la fonction d'élément médiateur entre le ciel et la terre, entre la nature et les hommes, véritable source de fertilité et de vie à partager entre tous.
Les fèves de cacao sont des unités de référence comptable. Cette utilisation stimule les relations commerciales dans toute l'Amérique Centrale, et donne lieu à un extraordinaire développement de l'arithmétique et de toute une conception du temps. C'est dans les régions productrices de cacao que l'on a découvert les plus anciennes inscriptions calendaires.
Au pays aztèque
Monnaie
Barthélémy Colomb, frère de Christophe, se trouvant sur l'île de Guanaja, une île des Caraïbes, en 1502, lors du quatrième voyage d'exploration, voit accoster une pirogue chargée de marchandises et rapporte les propos suivants : " Des sortes d'amandes étaient utilisées en guise de monnaie en Nouvelle Espagne, dont les indigènes semblaient faire grand cas. Je remarquai que quelques unes de ces amandes étant tombées à l'eau, tous essayaient de les ramasser comme s'ils avaient perdu un œil ". Christophe Colomb ne fait pas grand cas du chocolat que les indigènes lui font goûter, même s'il ramène quelques fèves à Ferdinand II d'Aragon qui a financé son expédition.
" Ceux qui les premiers, abordèrent en Amérique, y furent poussés par la soif de l'or…Les Espagnols trouvèrent donc des métaux précieux, découverte à peu près stérile, puisqu'ils se déprécient en se multipliant… Mais ces contrées, où un soleil de toutes les chaleurs fait fermenter les champs d'une extrême fécondité, se sont trouvées propres à la culture du sucre et du café ; on y a entre outre, découvert la pomme de terre, l'indigo, le cacao, etc., et ce sont là de véritables trésors… " En quelques lignes, Brillat-Savarin saisit la valeur du cacao et autres trésors du Nouveau Monde.
L'attrait des Espagnols et de Cortez, qui débarque au Mexique en 1519, pour la conquête des Indes occidentales est on ne peut plus intéressé. Et dans un premier temps le cacao ne leur importe que dans la mesure où il joue, dans la civilisation pré-colombienne, un rôle essentiel de monnaie d'échange d'une valeur indéniable. Ils ont compris cela après un temps, mais les Hollandais qui font main basse sur les cargaisons espagnoles prenant le chemin du retour ne manquent pas de les rejeter à la mer en les nommant avec dépit cagaruta de carnero, c'est-à-dire tout simplement " crottes de bique ".
Chez les Aztèques (12e -16e siècles) les échanges se font généralement par le troc, mais certains objets comme les plumes, les tissus de coton, les hachettes de cuivre et bien sûr les fèves de cacao ont un rôle monétaire précis. Toutes sortes de services se paient ainsi. Les témoignages espagnols rapportent qu'une citrouille valait 4 fèves, un lapin 10 fèves (autant que les faveurs d'une fille de joie), un esclave 100 fèves. La valeur des fèves de cacao varie par ailleurs selon la région ou la saison. Sur les lieux de récolte la carga, équivalente à 24 000 fèves, est fixée à 5 pesos, mais s'il s'agit d'une transaction à l'intérieur des terres, les prix montent. Lorsque la récolte annuelle est bonne, les prix baissent, et inversement. Les récits des voyageurs et les récits des fonctionnaires qui sillonnent et administrent les provinces de la Nouvelle Espagne montrent que le cacao sert de tribu encore au début du 16e siècle. La couronne d'Espagne continuera à exiger cet impôt sous forme de cacao jusqu'en 1550. La fameuse riche province de Soconusco, encore renommée à la fin du 18e siècle, où " l'amande est plus grosse, le sucre moins acerbe, et l'arôme plus exalté " (Brillat-Savarin) est taxée de la coquette somme de 400 cargas deux fois par an. La carga équivalente à la charge que peut porter un homme sur son dos, se compose de 3 xiquipilis de 8000 fèves, le xiquipil comprenant lui-même vingt zontles de 400 fèves. L'imposition annuelle perçue par la confédération aztèque est de 980 cargas, soit environ 30 tonnes.
En 1802, le grand voyageur de Humboldt rapporte que le cacao fait encore sporadiquement office de monnaie, à raison de 6 fèves pour 5 centimes de l'époque.
Alimentation et santé
Au début les indigènes ne mangent que la pulpe acidulée et rafraîchissante de la cabosse et délaissent les fèves amères. Nul ne sait qui a eu l'idée de faire fermenter et torréfier les fèves, puis de les écraser pour en faire une pâte qui, mêlée à des épices et des piments, est diluée dans de l'eau et battue avec un moulinet pour faire mousser le mélange et que le gras du cacao, remontant à la surface puisse être retiré. Les Aztèques, au fil du temps, font du chocolat une boisson nutritive et réconfortante répandue non seulement chez les dignitaires, mais dans les régions productrices par un public plus large. Si le roi boit le chocolat pur dans un gobelet d'or, les peuples producteurs par contre se contentent d'en aromatiser une bouillie de maïs, appelée atolle, qu'ils consomment dans des récipients en écailles de tortue ou faits de courges.
Girolamo Benzoni, botaniste et voyageur, décrit en 1572 dans son Historia del Mundo Nuevo la préparation du cacao par les Aztèques : " Ils font sécher les fèves au feu dans un pot de terre. Puis les cassent entre deux pierres et les mettent en farine qu'ils versent dans des gobelets faits à partir de courges. Puis ils les détrempent peu à peu avec l'eau et bien souvent y mettent leur poivre long et boivent tout cela, qui est plutôt une lavasse pour les pourceaux qu'un breuvage d'hommes… Il ne faut pas s'étonner si ceux qui n'ont pas été accoutumés à un tel breuvage le trouvent étrange. Quant à moi j'aimerai mieux de l'eau claire, et néanmoins, ils en donnent aux personnes de marque, comme nous faisons de l'hypocras. " Les Aztèques ajoutent, outre force épices et aromates, du rocou qui le colore en rouge et fait qu'il a l'apparence du sang que l'on boit dans les sacrifices humains. Les colons espagnols adapteront la boisson à leur goût en y ajoutant du sucre de canne et en utilisant des épices plus douces : clous de girofle, cannelle, amandes, vanille, musc, ambre…
Il faut signaler que les Aztèques savent déjà conserver le cacao sous forme solide une fois que les fèves sont broyées : il suffit de pétrir la pâte de poudre et d'eau avec de la farine de maïs, du miel et des épices pour en constituer des blocs.
Les médecins aztèques trouvent au chocolat des vertus médicinales. Il combat la fatigue. Il permet de " récupérer après des efforts physiques intensifs. Il soigne la diarrhée, calme les douleurs de la dysenterie, fait grossir. Le beurre de cacao sert à préparer des onguents qui soignent les plaies, les brûlures et les hémorroïdes
Culte
Les fêtes nombreuses qui rythment la vie des Aztèques donnent lieu à des libations ou des offrandes de chocolat, notamment en l'honneur des dieux de la Pluie, des Sources, des Rivières, ou de la Terre. Lors des grandes cérémonies qui célèbrent Quetzalcoatl, des sacrifices humains ont lieu, pratiqués avec des couteaux à lame d'obsidienne. L'eau servant à laver ces lames est utilisée pour préparer le chocolat spécial bu par les sacrifiés avant qu'ils ne s'offrent à leurs dieux.
En 1576, Garcia de Palacios rapporte qu'avant la mise en terre des graines de cacao, les meilleures fèves sont exposées aux rayons de la lune pendant quatre nuits, période pendant laquelle les hommes doivent être chastes. Le cinquième jour venu, au moment où les graines sont plantées, les plus vaillants sont désignés pour s'unir aux femmes. Treize jours avant la récolte, les hommes s'abstiennent à nouveau de fréquenter les femmes, puis la cueillette donne lieu à des orgies.
Gonzalo Fernandez de Oviedo (1530) rapporte les fêtes qui se déroulent une fois toutes les cabosses ramassées : " On mettait l'effigie du dieu " Cacaguat " au sommet d'un mât. A son sommet était fixé un cadre tournant où étaient attachés par des cordes des " enfants-oiseaux ". A un signal donné, ils s'élançaient dans le vide et tournoyaient dans l'air, avant de toucher le sol dans la liesse populaire. Autour du mât, soixante hommes, la tête ornée de coiffures de plumes multicolores, dansaient nus ou le corps peint, certains déguisés en femmes. Ils étaient accompagnés de musiciens et d'une dizaine de chanteurs. " Lors de la fête annuelle d'Ek Chuah, dieu des marchands et du cacao, on sacrifie un chien blanc dont le pelage porte des taches de couleur cacao.
Après la conquête, le cacao perd rapidement ses caractères rituels et sa valeur de monnaie, pour devenir un produit de consommation d'abord de grand luxe, puis de plus en plus accessible à toutes les couches de la population. Le chocolat deviendra rapidement la boisson courante des créoles et des fonctionnaires espagnols des nouvelles colonies, bien avant que la mode ne lui donne accès aux classes privilégiés des royaumes européens.
Espagne
A leur arrivée dans le Nouveau Monde les Espagnols n'apprécient guère le chocolat, mais une fois les réserves de vin épuisées, ils essaient d'améliorer la recette du chocolat aztèque. Des religieuses d'Oaxaca ont l'idée d'en adoucir le goût en y ajoutant du sucre de canne, de la vanille, de la fleur d'oranger.
Le jésuite espagnol, Petrus Martyr de Angleria fait parvenir au pape Clément VII un rapport élogieux sur le chocolat, " boisson heureuse " et " boisson saine ". En 1528, Cortes de retour en Espagne rapporte à son roi les premières fèves du Mexique ainsi que les ustensiles nécessaires à la fabrication du breuvage, avec leur mode d'emploi : notamment le fameux moulinet, qui fait mousser le chocolat et permet de le dégraisser avant de le boire.
En 1651, Francisco Hernandez, médecin de Tolède, envoyé par Philippe II pendant dix-sept ans au Mexique fait parvenir au souverain un rapport circonstancié sur le cacao, sa culture et son exploitation, les coutumes qui s'y rapportent et l'usage qu'on en fait. Cette œuvre magistrale est publiée en latin à Rome sous le titre de Rerum Medicarum Novae Hispaniae Thesaurus.
En 1585, arrive en Espagne la première cargaison de cacao qui a déjà séduit les créoles et les fonctionnaires espagnols en poste dans le Nouveau Monde. Dès lors des cargaisons seront régulièrement acheminées. Une chocolaterie artisanale ouvre. La cour est séduite par le chocolat servi chaud, sucré et largement épicé.
Au 19e siècle Brillat-Savarin remarque encore : " Dans toute la Péninsule, on présente du chocolat dans toutes les occasions où il est de la politesse d'offrir quelques rafraîchissements ". La passion des Espagnols pour le chocolat s'est bien attiédie puisqu'ils sont aujourd'hui parmi les plus faibles consommateurs d'Europe.
France
En 1615, a lieu le mariage de l'arrière-petite-fille de Charles Quint, Anne d'Autriche, fille de Philippe III d'Espagne avec Louis XIII, âgé de quatorze ans comme son épouse. La jeune reine est accompagnée d'une cohorte de caméristes et de servantes, toutes expertes dans l'art de manier le moulinet. La mode du chocolat, qui jouit d'un succès de curiosité, gagne les nobles et les courtisans.
En 1644, un bachelier français, François Foucault présente sa thèse sur le chocolat, Ad chocolatae usus salubris qui se présente comme un éloge appuyé du chocolat : " Il est tant nourrissant qu'il n'y a point de bouillon de viande qui soutienne plus longtemps ni plus fortement ".Il ajoute cependant : " Si on en prend par plaisir seulement, il faut se borner à deux tasses par jour : les bilieux le prépareront avec de l'eau d'endive, les gens resserrés y ajouteront de la rhubarbe. On doit toujours s'en méfier les jours caniculaires. "
Le 28 mai 1659, David Chaillou reçoit de Louis XIV une lettre l'autorisant à " vendre et débiter une certaine composition que l'on nomme chocolat. Bientôt " attaché à la maison de la Reine ", il est le seul commerçant parisien " accrédité à ce privilège exclusif " qu'il détient pour une période de vingt-neuf ans, laquelle sera renouvelée par l'ordonnance royale du 5 février 1666. Le privilège passera en 1692 aux mains de François Dumaine. David Chaillou fabrique son chocolat au coin de la rue de l'Arbre-Sec et de la rue Saint-Honoré, près de la Croix-du-Tiroir. C'est dans son magasin que s'ouvre la première " boutique de chocolat à boire " de Paris en 1671.
L'infante d'Espagne épouse Louis XIV en 1660. On dit alors que sa passion du chocolat égale celle qu'elle ressent pour son royal époux. La mode du chocolat en France reçoit une nouvelle impulsion.
Ces sont les ambassadeurs du Siam qui, les premiers, offrent à Louis XIV la première chocolatière en métal précieux. Plus tard on juge indispensable de consommer le nectar des dieux dans ces récipients ouvragés qui se présentent alors sous la forme de vases agrémentés d'anses et d'un couvercle ajouré afin de laisser passer le moulinet avec lequel on bat le chocolat avant de le verser.
Madame de Sévigné dans une lettre à sa fille datée du 11 février 1671 recommande : " Vous n'avez point dormi ? Le chocolat vous remettra ". Le 15 avril, attention ! " Tous ceux qui m'en disaient du bien m'en disent du mal. Ce n'est plus la mode du bel air. " Le 13 mai, elle dit : " Je vous conjure de ne point prendre de chocolat. Je suis fâchée contre lui personnellement. Pourtant le 16 septembre m'étais point brouillée avec le chocolat, j'en prendrai une chopine. " Le 23 octobre, lui ayant vanté les " merveilles " du chocolat, la marquise avoue : " Je ne sais plus que dire… " Le 28 octobre, le chocolat semble avoir gagné la partie : " J'ai voulu me raccommoder avec le chocolat. Je le trouve plaisant. " Mais peu après elle écrit : "Le chocolat n'est plus avec moi comme il l'était… Il vous flatte pour un temps, puis vous allume tout d'un coup d'une fièvre continue qui vous conduit jusqu' à la mort… La marquise de Coetlogon prit tant de chocolat, étant grosse, qu'elle accoucha d'un petit garçon noir comme le diable. "
En 1679, un navire français au nom prédestiné, Le Triomphant, débarque en France la première cargaison de cacao, en provenance des Indes occidentales.
Voici la recette de chocolat de Louis XV, très friand de chocolat :
" Vous mettez autant de tablettes de chocolat que de tasses d'eau dans une cafetière et les faites bouillir à petit feu quelques bouillons ; lorsque vous êtes prêts à le servir, vous y mettez un jaune d'œuf pour quatre tasses et le remuez avec le bâton sur un petit feu sans bouillir. Si on le fait la veille pour le lendemain, il est meilleur, ceux qui en prennent tous les jours laissent un levain pour celui qu'ils font le lendemain ; l'on peut à la place d'un jaune d'œuf y mettre le blanc fouetté après avoir ôté la première mousse, vous le délayez dans un peu de chocolat de celui qui est dans la cafetière et le mettez dans la cafetière et finissez comme avec le jaune ".
Un édit publié en 1705 autorise un certain nombre de limonadiers à débiter du chocolat.
L'élaboration de la pâte de cacao a été grandement simplifiée à partir de 1732, date à laquelle Du Buisson met au point une table horizontale, chauffée au feu de bois, pour le broyage des fèves. La mécanisation de la fabrication du chocolat est en marche. Mais c'est la révolution industrielle du 19e siècle qui accomplira sa totale démocratisation, grâce notamment aux grandes figures que sont Menier et Poulain.
Une corporation d'artisans chocolatiers est établie en 1765 à Bayonne depuis que les juifs chassés d'Espagne ont introduit le chocolat dans la région depuis le 16e siècle. Bayonne est le berceau de l'industrie chocolatière française. Ses produits réputés sont exportés vers l'Espagne autant que vers Paris.
A Bayonne en 1780 le chocolat se fabrique mécaniquement avec une machine à vapeur.
Marie Antoinette prépare sa boisson avec " de la poudre d'orchidée, de la fleur d'oranger ou du lait d'amande ".
En 1811, sous l'impulsion de la Société pour l'encouragement de l'industrie nationale, le Français Poincelet met au point un " mélangeur " à fèves de cacao qui fait l'admiration des professionnels.
En 1825, Jean Antoine-Brutus Menier s'installe à Noisel sur Marne et achète un moulin pour broyer ses poudres médicinales. Il achète une petite chocolaterie car à l'époque il y a encore des chocolats médicinaux. Il met en place plusieurs machines à broyer le chocolat, de manière à exploiter la force hydraulique disponible. Son fils, Emile-Justin, reprend l'affaire et l'oriente vers le chocolat. Il acquiert des plantations de cacaoyers au Nicaragua, affrète des bateaux et prend des participations dans l'industrie sucrière. Il crée une ville où les ouvriers de son usine ont à leur disposition dispensaires, jardins, bibliothèque et soins médicaux et enseignement gratuit. L'âge de la retraite est fixé à 60 ans, 80 ans en avance sur le reste de la France. Il crée une épicerie où l'on vend à prix coûtant les produits approvisionnés par la ferme de Menier, que l'on paye en jetons. Fragilisée par la crise de 1929, puis la Seconde guerre mondiale, l'usine ferme des portes en 1959. Chef-d'œuvre de fer et de briques polychromes, elle est aujourd'hui classée et abrite depuis 1995 le siège social de Nestlé-France.
En 1848, Auguste Poulain fonde une confiserie-chocolaterie dans les faubourgs de Blois.
Apprenti épicier, puis aide boulanger, le jeune Auguste, petit dernier d'une famille nombreuse, est monté à Paris en 1838 et découvre sa vocation : fabriquer du chocolat. Il revient dans son pays natal et crée une entreprise. Son slogan " Goûtez et comparez " fait merveille. En 1884, Poulain a l'idée d'inclure, pour séduire petits et grands, des chromos dans les boîtes de son " petit déjeuner à la crème vanille ". Le succès est tel qu'il crée sa propre imprimerie au sein de son entreprise : 350 000 chromos sont ainsi diffusés en 1900 pour la plus grande joie des enfants et des collectionneurs. Suivant l'illustre exemple de leur ancêtre les successeurs d'Auguste Poulain créent en 1904 on chocolat pulvérisé dans une boîte orange, un produit populaire, accessible à tous. Il comprend, ce qui est alors révolutionnaire, 32% de cacao, le taux le plus élevé de l'époque. En 1905, le peintre Cappiello imagine le logo du petit cheval bondissant qui, depuis, reste attaché à la marque.
Quand Pierre-François Lardet, pharmacien à Courbevoie, goûte à l'occasion d'un voyage au Venezuela, une boisson à base de cacao, de sucre et de farine de banane, il a tout de suite l'idée d'en rapporter la recette. Il met plusieurs années à mettre au point son dosage et sa fabrication, avant de déposer, le 31 août 1914, la marque Banania. La légende raconte que Pierre-François Lardet aurait accueilli un tirailleur sénégalais blessé et évacué du front en 1916. Il aurait eu alors l'idée d'associer la boisson à ce soldat devenu son ami. La firme Banania communique en assimilant la boisson chocolatée aux tirailleurs sénégalais présents en Europe lors de la Première et de la Seconde guerre mondiale.
Aujourd'hui, les tablettes l'emportent largement dans la consommation courante des Français, suivies de près par les barres chocolatée en augmentation de 180 % en dix ans, alors que bonbons et bouchées offerts en boîtes ou en ballotins restent minoritaires. Les Français aiment de plus en plus le chocolat amer. Le chocolat au lait, qui demeure le pus consommé, commence lui aussi à afficher des crus d'origine.
Ces vingt dernières années, la vogue des dégustations comparatives favorise la naissance de clubs rassemblant les passionnés de chocolat. Crée en France en 1980, le Club des croqueurs de chocolat (CCC) d'abord baptisé Club des cinglés du chocolat, est fondé par J.P Aron, Nicolas de Rabaudy et C. Lebey. Il est limité à 150 personnes -dont Sonia Rykiel, Irène Frain, Jeanne Bourin, Lionel Poilane - et n'accueille que très peu de membres.
Le Salon de chocolat fondé par Sylvie Douce est un énorme succès. Le Salon du Chocolat a clôturé en 2002 avec succès sa huitième édition à Paris, sa cinquième à New York, et sa première au Luxembourg, et sa deuxième édition à Tokyo, grâce à la fidélité des exposants, des médias et du public. http://www.chocoland.com/
Italie
Un marchand florentin du nom de Antonio Carletti découvre le chocolat à boire lors d'un voyage en Espagne et en 1606, il rapporte la recette à ses compatriotes. Sa recette la plus simple comprend du cacao, du sucre, de la vanille et de la cannelle. Mais l'aristocratie italienne comme celle de France expérimente des alliances plus rares : cédrat, citron, musc ou ambre gris. C'est l'Ombrie qui fait figure de berceau de la chocolaterie italienne, et Pérouse est très réputée pour son chocolat : la marque Perugina en est la preuve. Cependant c'est Venise et surtout Turin qui revendiquent les premières boutiques de chocolat. Carlo Goldoni, un siècle et demi plus tard place dans la bouche d'un de ses personnages cette exclamation : " Viva la cioccolata e colui che l'ha inventata "(Vive le chocolat et celui qui l'a inventé).
Antonio Ari est le premier cioccolatiere (" chocolatier " à commercialiser la boisson à Turin qui à la fin du 17e siècle devient la capitale du chocolat, réputation qu'elle garde aujourd'hui. On y invente au 18e siècle la bavareisa (" bavaroise ") au chocolat et surtout le bicerin, exquise boisson préparée à parts égales de chocolat, café et crème, dont Alexandre Dumas se régalera en 1852. Le nom de cette spécialité vient des petits verres ou " biceri " dans lesquels on la sert encore aujourd'hui.
Turin est aussi le berceau de la gianduja, inventée par Caffarel en 1861 : un petit lingot en forme de trapèze, garni d'une pâte fondante, mêlant noisettes, noix ou amandes finement broyées, sucre et chocolat.
Mais le chocolat italien le plus vendu dans le monde est le petit rocher praliné Ferrero. Avec sa bouchée à la cerise Mon Chéri et sa pâte à tartiner Nutella, cette marque concentre à elle seule 6% du marché européen. Quant aux traditionnels tartuffo, truffes glacées, et aux baci, " baisers " fourrés à la cerise ou à la noisette ils sont diffusés à plus d'un demi-milliard d'unités par jour. Le célèbre Nutella qui fait les délices des goûters enfantins est un produit phare depuis 1949, date à laquelle le chocolatier Pietro Ferrrero a l'idée d'associer pâte végétale à base de noisettes, de sucre et de lait, cacao dégraissé.
Nous avons emprunté aux Italiens les Napolitains, ces petits carrés servis avec le café. Plus de trois cent cinquante millions de Napolitains sont consommés chaque année en France. Ce petit carré ou rectangle de chocolat noir, déposé sur la langue, est alors source de plaisir divin pour les papilles : opposition du liquide et du solide, contraste des températures.
Les Italiens sont les plus grands amateurs de chocolat amer d'Europe, souvent fourré de noisettes ou de liqueur.
Angleterre
Une annonce paraît en 1657 dans un journal londonien, The Public Adertiser : " Dans Bishops'gate se trouve la boutique d'un Français, où se vend une excellente boisson des Indes occidentales appelée chocolat. On peut la déguster toute prête, à toute heure, ou bien emporter le produit non préparé, à un prix très raisonnable. " Les chocolate houses servent un chocolat chaud, préparé non pas à l'eau mais au lait, et volontiers enrichi d'un œuf ainsi que d'un doigt de madère.
En 1674, l'habitude de consommer du chocolat sous forme solide (mais pas encore en tablette) apparaît à Londres. Un magasin à l'enseigne de At The Coffee Mill and Tobacco Roll propose à sa clientèle des " chocolats en boudins à l'espagnole " et des gâteaux. En 1675, le roi Charles II d'Angleterre promulgue un édit destiné à interdire les maisons de café et de chocolat. L'édit restera sans effet et les " clubs " connaîtront une vogue accrue.
Georges I établit en 1725 un impôt sur la vente et la consommation de chocolat, voyant là une source de profits non négligeable. La même année, Henry Sloane publie son Voyage en Jamaïque, monographie consacrée au cacaoyer, à ses variétés, sa culture, sa distribution géographique.
En 1728, Walter Churchman ouvre à Bristol la première fabrique anglaise de transformation des fèves de cacao équipée d'une machine hydraulique. Elle sera rachetée en 1761 par Joseph Fry, qui, avec son frère, inventera plus tard le premier chocolat à croquer. En 1746, est crée la boutique de chocolat, The Cocoa Tree, quartier général des Jacobites, partisans des Stuarts, un club très snob, exclusivement réservé aux amateurs de chocolat.
En 1824, John Cadbury ouvre à Birmingham une boutique de café, thé et chocolat. En 1831, il se met à fabriquer lui-même du chocolat et en 1847, avec son frère Benjamin, il s'agrandit pour diversifier ses activités et augmenter sa production. Une dynastie est née, comme celle des Fry et des Rowntree. Cadbury (1801-1889) est la figure emblématique du chocolat en Angleterre. Il suit les traces du grand chocolatier français Menier et fonde une ville entière pour ses ouvriers, Bourneville. La marque finira par dépasser son modèle et absorbera Poulain.
En 1847, la maison Fry et fils de Bristol lance pour la première fois au monde le chocolat à croquer. Depuis que l'on sait extraire le beurre de cacao, il est devenu possible d'ajouter du beurre de cacao extrait à un mélange de pâte de cacao et de sucre, puis de mouler le résultat à volonté.
Fry lance en 1866 le Chocolate Cream Bar et Cadbury met au point sa Cocoa Essence.
Aujourd'hui Cadbury est la première industrie de confiserie de Grande Bretagne. Le " Daily Milk, crée en 1905 qui " donne aux enfants un verre et demi de lait frais " et le " Bourneville Plain ", créé en 1907, au chocolat noir mais doux, sont toujours très vendus.
Aujourd'hui les after eight anglais, fourrés à la menthe poivrée et crées par Rowntree ont fait le tour du monde. Les Britanniques sont les sixièmes consommateurs de chocolat au monde avec en moyenne 7,6 kg par personne et par an. Ils apprécient surtout les confiseries très sucrées au chocolat au lait (ils grignotent 70% des barres vendues en Europe), et confectionnent un chocolat au lait à la saveur caramélisée très spécifique, le " crumb ". Ils sont également amateurs d'épices (tablettes à la cardamome, au gingembre, au poivre rose) et de fruits confits (comme la traditionnelle rhubarbe des puddings).
Allemagne et Autriche
Du royaume de Naples, rattaché à l'Aragon pendant deux siècles, un savant allemand de Nuremberg, Johann Georg Volckamer, ramène un paquet de cacao en Allemagne où il aura une grande part de son succès à sa réputation d'aphrodisiaque. Le chocolat à boire arrive en Autriche de l'Italie vers 1640. Des moines l'ayant goûté et apprécié, en répandent l'usage dans l'Empire britannique, notamment en Allemagne. Charles VI de retour d'Espagne, le fait adopter par la cour de Vienne en 1713. Depuis s'est ferment établie une tradition viennoise du chocolat servi à la tasse, de consistance onctueuse, rehaussée de sucre et de vanille, sur lequel flotte un nuage de crème fouettée, saupoudrée de cacao, recette qui s'est également implantée en Allemagne.
Frédéric de Prusse crée en 1704 un impôt sur le chocolat pour freiner l'importation coûteuse de produits étrangers de luxe.
Charles VI ayant déplacé sa cour à Vienne en 1711, l'Autriche est gagnée au chocolat.
Frédéric le Grand tente de limiter la diffusion du chocolat en 1747 en créant des taxes, en particulier sur le colportage, mais c'est peine perdue. Le roi, lui-même très friand de chocolat, en fait cadeau aux gens qu'il veut honorer. Il demande au savant Sigismund Marggraf (inventeur du sucre de betteraves comme succédané du sucre de canne) de trouver un ersatz pour le chocolat, mais l'infusion de tilleul aromatisé qu'il préconise n'a aucun succès. Le prince Wilhelm von Schaumburg-Lippe fonde à Steinhude dans la province de Hanovre l'une des toutes premières chocolateries allemandes.
D'abord rare et cher le chocolat entra en pâtisserie à pas de loup comme aromate à partir du 17e siècle. Mais la première recette à base de chocolat est celle de la Sacher Torte élaborée en Autriche en 1776. la Sacher Torte est un gâteau chocolaté fourré d'une fine couche de marmelade d'abricots et glacé de chocolat fondant , inventé par Franz Sacher, chef pâtissier du prince de Metternich, qui désire un dessert " dense, compact et viril ". A Vienne, la Sacher Torte peut se déguster à l'hôtel Sacher ou à la pâtisserie Demel, qui revendiquent tous deux l'exclusivité de la recette authentique. L'un place la marmelade d'abricots au milieu du biscuit, l'autre sous le glaçage.
L'Imperial Torte, autre chef-d'œuvre autrichien, de forme carrée, est composée d'une alternance de fines couches de chocolat au lait et de pâte d'amandes. Le gâteau de la Forêt Noire, grand classique allemand, est composé de chocolat, de crème chantilly, de cerises et de kirsch.
En 1870 à Cologne, Heinrich Imhoff et Ludwig Stollwerk s'associent pour mettre au point sur le bord de l'Elbe un des chocolateries les plus modernes d'Europe. Ils créent en 1890 en Allemagne le premier " distributeur automatique de chocolats " que l'on peut contempler au musée de Cologne.
Les Autrichiens et les Allemands sont de grands amateurs de chocolats à déguster, surtout au lait sucré, qu'ils consomment volontiers sous forme de petites tablettes ou de bouchées achetées à l'unité.
Les Allemands apprécient particulièrement un chocolat épais, onctueux et très sucré.
Suisse
En 1697, le bourgmestre de Zurich, Henry Escher découvre le chocolat à Bruxelles. Il en rapporte la recette dans son pays.
En 1792, deux frères grisons, du nom de Josy, ouvrent à Berne une confiserie et une fabrique de chocolat. Comme disent les Suisses : " Les derniers venus au chocolat seront les premiers."
En 1826, Philippe Suchard installe sa confiserie en Suisse, à Neuchâtel. Il établit à Serrières une fabrique de chocolat qui utilise l'énergie hydraulique locale dans de gigantesques roues à aubes. En 1855, Suchard obtient une distinction à l'Exposition universelle de Paris et dix ans plus tard il ouvre un entrepôt rue de Turbigo à Paris. En 1880, une succursale est installée en Allemagne : c'est la première filiale d'une chocolaterie suisse à l'étranger. En 1903, une usine commence à fonctionner à Paris, une autre suivra à Paris, une autre à Strasbourg. En 1974, aura lieu la fusion Suchard-Tobler. Le chocolat au lait en tablette le plus célèbre est le Milka de Suchard, créé en 1901, et vanté depuis 1951 par une surréaliste vache mauve sur fond de paysages alpestres.
Le Suisse Amédée Kohler, invente le chocolat aux noisettes, en 1828. La noisette croquante, douce et grasse, contraste à merveille avec l'amertume du chocolat noir. En 1875, le Suisse Daniel Peter invente le chocolat au lait. C'est grâce au procédé de condensation du lait que vient de mettre au point son compatriote Henri Nestlé, que Peter peut lancer le premier chocolat au lait du monde. La Suisse devient Le pays du chocolat. En 1929, Peter fusionne les entreprises Nestlé-Cailler à l'entreprise Kohler, ce qui donne naissance à un géant de l'industrie chocolatière. J
ean Tobler ouvre en 1868 à Berne une confiserie-chocolaterie où il vend les spécialités de fabricants suisses. En 1889, il fonde sa propre fabrique. Le Toblerone, célèbre barre formée de triangles juxtaposés de chocolat au lait, fourré de nougat aux amandes et au miel est un grand succès. Tobler fusionnera avec Suchard en 1974. En 1879, Rodolphe Lindt invente à Berne le conchage, procédé qui affine la texture du chocolat , le rend lisse et onctueux. On lui doit le premier chocolat " fondant " dit de " couverture " par adjonction de beurre de cacao dans la pâte de chocolat. En 1899, Rodolphe Sprüngli-Schifferli, le fils du fondateur de la première chocolaterie en Suisse alémanique se rend acquéreur de la fabrique Lindt pour la somme colossale de 1,5 millions de francs or, à laquelle est évalué l'ensemble des équipements, des recettes et de la marque.
Le chocolat doit à la Suisse la paternité du praliné. La recette de cette pâte de chocolat à base d'amandes ou de noisettes grillées et de sucre caramélisé est mise au point en 1923 par Alexandre Cailler avec la création de la bouchée fondante " Frigor ".
Avec une consommation annuelle, et par habitant, de 9,4 kg de chocolat, les Suisses sont en tête du hit-parade. Mondialement connus pour leurs tablettes de chocolat au lait, ils affectionnent une saveur douce, crémeuse, avec une note à la fois amère et sucrée.
Pays-Bas
En 1686, le fils du gouverneur de Surinam (que les Anglais ont donné aux Hollandais en échange de la Nouvelle-Amsterdam, la future New York) introduit dans le pays quelques plants de cacao originaires de La Trinité. Le chocolat va connaître aux Pays-Bas et dans les Flandres une rapide extension. A la fin du 17e siècle, les moulins en bordure de la rivière Zaam, qui broyaient les graines de moutarde, se reconvertissent dans les fèves de cacao pour alimenter une trentaine de chocolateries artisanales.
En 1828, c'est la naissance du chocolat en poudre. Le Hollandais Van Houten parvient à séparer les différents éléments du cacao, notamment ses matières grasses. Il brevète un procédé qui permet de récupérer une masse de beurre de cacao plus ou moins pure ainsi qu'un pain de chocolat très dur que l'on réduit en poudre : le chocolat en poudre est né. Quant au beurre de cacao qui fond à la température de la bouche, il permet l'essor d'une nouvelle industrie : le chocolat à croquer. De plus, Van Houten élimine l'acidité du cacao et l'aigreur de la poudre. La célèbre boîte jaune Van Houten renfermant une poudre couleur " robe de moine " et à la saveur corsée, s'impose rapidement et permet une démocratisation du chocolat chaud jusqu'alors réservé à une classe aisée. Dès lors la Hollande, délaissant un peu le chocolat de dégustation, se spécialise dans le cacao en poudre.
Préférant la qualité à la fantaisie, élevés à la poudre de cacao pur, sans saccharose, ni lait en poudre, les Hollandais aiment surtout grignoter du chocolat noir comme par exemple les pastilles Droste.
Belgique
En 1912, le Belge Jean Neuhaus ouvre sa fabrique de chocolat sous le nom " Côte d'Or " reconnaissable à l'éléphant barrissant de plaisir sur ses tablettes. Il invente la première coquille de chocolat solide dans laquelle on peut mettre du praliné, du caramel au beurre ou de la crème fraîche. C'est donc à la Belgique que l'on doit l'invention de la praline en 1912, puis du ballotin de carton en 1915. Les pralines belges sont fabriquées en d'énormes quantités et diffusées essentiellement par Léonidas qui possède 1750 points de vente dans le monde.
C'est une famille originaire d'Anatolie, les Kestekide, qui lance la marque Léonidas ; grâce à de nouvelles techniques de vente, ils baissent considérablement le prix du chocolat, le rendant accessible au plus grand nombre. Dans les annéesn30, on peut trouver sur le marché pas moins de 117 sortes de chocolat !
Il faut encore citer parmi les maisons célèbres Wittamer, connue en Belgique depuis 1910, et Godiva, fournisseur officiel de la Cour de Belgique.
Les Belges aiment particulièrement un chocolat de texture épaisse, enrichi de crème et de beurre. Ils consomment 8,5 kg de chocolat par an et par habitant.
On assiste de nos jours à un retour au " goût vrai " en Belgique et certains chocolatiers ne craignent pas de lancer sur le marché un chocolat à 70% de cacao !
Etats-Unis
En 1765, aux Etats-Unis où le chocolat n'est connu que depuis 1755, un émigrant irlandais, John Hannon fonde une chocolaterie dans le Massachusetts grâce à l'appui financier d'un médecin américain, James Baker. John Hannon se perdit en mer, à la recherche d'un approvisionnement en cacao et la manufacture resta entre les mains de Baker. E
n 1883, l'Américain Milton Hershey, enthousiasmé par les machines allemandes exposées à Chicago, décide d'acheter l'exposition toute entière pour se livrer à des expériences. Le résultat est une barre de chocolat qu'il lance en 1894, alors qu'il fonde sa première usine en 1903, sur le modèle de Menier et Cadburry. Il fondera la ville qui portera son nom et qui, aujourd'hui, est une des principales attractions touristiques.
En 1862, Henry Isaac Rowntree, membre convaincu de la secte des quakers se lance dans la chocolaterie et achète l'entreprise d'un autre quaker à York et son succès s'affirme rapidement. On peut souligner le rôle des quakers dans la diffusion du chocolat à travers le monde anglo-saxon où ce breuvage rassemblait tous les suffrages des ligues de tempérance.
En 1922, l'Américain Christian Nelson enrobe de chocolat la première glace à la vanille montée sur bâtonnet.
En 1923, un chocolatier américain installé à Chicago dont le patronyme, Mars, évoque les espaces intersidéraux, lance sur le marché la première barre fourrée Milky Way (" voix lactée "), inaugurant la grande vogue des barres au chocolat au lait fourrées au nougat, au praliné, à la noix de coco, etc. En 1932, le fils de l'inventeur du Milky Way met au point le Mars, composée de nougat, de caramel et enrobée de chocolat, succès international rapide et tenace avec une publicité percutante : " Un coup de Mars et ça repart. " Pendant la Seconde guerre mondiale, elle fait partie de la ration des G.I's. Elle représente aujourd'hui 46% du marché des barres chocolatées.
Les Anglais et les Américains ont presque définitivement abandonné les tablettes, leur préférant les confiseries chocolatées, dont ils sont les pus gros consommateurs dans le monde. Les produits les plus répandus - Mars, Kit-Kat, Smarties, etc. - sont d'ailleurs anglo-saxons.
Le goût des Américains est l'image du melting-pot de leurs traditions culinaires. C'est un chocolat granuleux et fort qui rencontre la plus grande adhésion des consommateurs. Les barres chocolatées et les biscuits aux brisures de chocolat remportent tous les suffrages.
Les Américains ont d'ailleurs inventé un terme pour désigner l'état de dépendance au chocolat : " chocoholic ". Les chocolatiers proposent des idées audacieuses : masques en chocolat à l'effigie des stars du moment, cartes de voeux en chocolat...
Les vrais connaisseurs ont même leur magazine : The Magazine for Gourmet Chocolate Lovers, imprimé sur un papier parfumé au ... chocolat !
Anciennes colonies
Ayant compris l'intérêt de la culture du cacaoyer chez les Aztèques, les Espagnols créent au 16e siècle de grandes plantations en Amérique du Sud.
En 1660, des plantations de cacaoyers sont aménagées à la Jamaïque, première colonie anglaise à cultiver le cacao. En 1661, le premier cacaoyer est planté à la Martinique. L'exploitation de cette nouvelle ressource connaîtra une expansion rapide grâce aux efforts du gouverneur La Varenne.
En 1686, le fils du gouverneur de Surinam (que les Anglais ont donné aux Hollandais en échange de la Nouvelle-Amsterdam, la future New York) introduit dans le pays quelques plants de cacao originaires de La Trinité.
En 1728, Philippe V vend le monopole exclusif du commerce de cacao à une compagnie de négociants biscaïens, la Compagnie des Caraques dont les vaisseaux détiennent le droit de commerce à Caracas, Cumana, La Marguerite et La Trinité.
En 1746, l'état brésilien de Bahia crée ses premières plantations. Les semences sont apportées par un Français ; Louis Frédéric Warneaux.
Il faut attendre 1822 pour qu'il traverse l'Atlantique, atteignant d'abord l'île de Sao Tomé, alors compagnie portugaise . Sa culture se développe ensuite de façon prodigieuse en Afrique continentale : au Ghana, puis au Nigeria, en Côte d'Ivoire en 1905 , et enfin au Cameroun. A la fin du 19e siècle, les Hollandais l'introduisent à Java et Sumatra. Les Nouvelles Hébrides, le Nouvelle Guinée et Samoa deviennent à leur tour des pays de production au début du 20e siècle.
Au total, le cacaoyer a mis quatre siècles pour faire le tour du monde…
Japon
En carré, en forme de cœur ou de téléphone portable, le Japon croque de plus en plus de chocolat, encourageant de nombreux chocolatiers ou pâtissiers européens à tenter l'aventure nippone.
Le 1er Salon du Chocolat à Tokyo, qui s'est déroulé au moment de la Saint Valentin 2000 avec la participation de nombreux " chocolatiers pionniers " issus de France et d'Europe, a rencontré un immense succès auprès du public japonais et révélé un véritable phénomène de société.
Le chocolat n'est présent au Japon que depuis un siècle, contre plus de quatre en Europe.
Les consommateurs réguliers de chocolat sont surtout les enfants et les femmes de 20 à 30 ans … Pour un produit que l'on trouve principalement dans les supermarchés (45%) … Et une consommation qui varie en fonction de la météo et du calendrier.
Ainsi, la demande de chocolat est particulièrement importante au moment de la Saint Valentin, car la tradition veut que les femmes offrent du chocolat aux hommes. 80 % des chocolats importés sont destinés à être vendus à l'occasion de la Fête des Amoureux et du White Day (14 mars).
Les Japonais craquent pour les chocolats crémeux et fondants en bouche, particulièrement le chocolat au lait. Ils choisissent leur chocolat selon le type de lait utilisé plutôt qu'en fonction de la provenance du cacao.
Ils apprécient peu encore le chocolat amer. Pour preuve, la consommation de chocolat noir ne représente que 10% de la consommation totale. En revanche, ils commencent à se tourner vers les produits sucrés, et plus en plus de restaurants proposent des desserts - notamment au chocolat -, ce qui traduit une vraie évolution des habitudes de consommation.
La dégustation courante est avant tout composée de barres ou de bouchées individuelles. Pour les cadeaux, les Japonais choisiront du chocolat haut de gamme et artisanal... Dans un joli emballage enrubanné !
Les Japonais ne manquent pas non plus d'audace ! La Maison Blanche, la Tour Eiffel et même la Vénus de Milo se mangent en chocolat. Plaisir d'offrir ? Dans un emballage en chocolat se dissimule souvent un cadeau: croisière, billet d'avion, bague ou d'autres choses encore plus insolites …
2007-04-03 22:16:07
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answer #1
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answered by Coluche 6
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