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Quand des oeufs de poisson atteignent le prix du diamant
Gastronomie - Luxe par excellence, le prix du caviar explose. Explications de
Peter Rebeiz, président de Caviar House & Prunier.
florence noël
Publié le 23 octobre 2006
«Le meilleur moyen de manger du caviar, c'est de se le faire offrir.» Patron de la maison genevoise Caviar House & Prunier, Peter Rebeiz sait de quoi il parle. Tombé dans le caviar à l'âge de 4 ans (lire ci-contre), l'homme est une véritable encyclopédie de l'or noir, qu'il qualifie de produit de luxe par excellence.
Peter Rebeiz, patron de l?entreprise genevoise Caviar House © Pascal Frautschi
Aussi lorsque l'homme d'affaires se dit inquiet de l'ampleur que prend aujourd'hui dans le monde la filière illégale du caviar, ses craintes sont à prendre au sérieux. «Depuis quelques années, plusieurs choses fausses circulent sur ce produit. Du coup, sa réputation a été fortement ternie», assure-t-il. Petit tour d'horizon de ce secteur de niche qui, en l'espace de 10 ans, a vu son prix au kilo augmenter de près de 200%.
•Pourquoi le caviar est-il si rare? Ce n'est pas tant la pêche intempestive des esturgeons qui a fait de leurs œufs un produit si précieux. C'est plutôt le temps. «Il faut en moyenne 8 à 15 ans pour que le poisson arrive à maturité et donne du caviar. Il s'agit donc d'un véritable produit de luxe, et non d'un produit marketing», remarque Peter Rebeiz. Mais la patience porte toujours ses fruits. Adulte, un esturgeon, dont la longueur varie entre 3 et 6 mètres, renferme 80% de son poids en caviar. Aujourd'hui, la production de caviar avoisine les 150 tonnes par an, contre 800 tonnes il y a seulement 10 ans.
•Pourquoi le caviar est-il si cher? Bichonner les esturgeons pendant 15 ans demande un certain investissement. Sans oublier les différentes étapes de production du caviar, toutes réalisées à la main. «Dans ce secteur, qualité ne rime pas avec industrie», note le patron de Caviar House & Prunier. Une situation qui, couplée à la rareté du produit, fait exploser son prix. Aujourd'hui, le caviar se négocie en moyenne à 4000 francs le kilo. Ce prix peut grimper en fonction de la qualité à 8000 francs le kilo. Le caviar le plus cher du monde provient d'une espèce d'esturgeon rarissime baptisée Almas (diamant en russe), qui a la particularité de pondre des œufs de couleur crème à la saveur laiteuse. Le prix atteint dès lors 25'000 francs le kilo.
•Quel est le meilleur caviar? Si l'histoire de l'esturgeon s'ancre en mer Caspienne, la qualité du caviar dépend étrangement moins du lieu de vie ou de la variété du poisson que de la saumure. «Tout est lié au traitement des œufs. Le sel est essentiel et leur donne une saveur toujours particulière selon la variété employée. Les techniques de brassage des œufs sont aussi primordiales. Un bon caviar ne doit pas contenir de grains écrasés», explique le spécialiste.
•La contrebande: si le marché mondial est estimé à environ 600 millions de francs., la contrebande est impossible à chiffrer. Selon certaines estimations, entre 80 et 100 tonnes de caviar illégal circuleraient dans le monde chaque année. Un marché en constante augmentation. Depuis 2000, l'Union européenne et la Suisse auraient ainsi saisi 12 tonnes de caviar de contrebande, le plus souvent avarié. D'où vient-il? «De Russie, répond Peter Rebeiz. Il faut savoir que ce pays ainsi que ses ex-républiques ont reçu l'interdiction de l'ONU d'exporter leur caviar afin de protéger les esturgeons de la mer Caspienne. Or, nous trouvons encore à l'heure actuelle du caviar russe dans de nombreux magasins dupés par des prix plus bas que ceux du marché.»
•Le potentiel de la Suisse: Gros consommateur de caviar (2,5 tonnes par an), ce pays est également une gigantesque plaque tournante avec 65 tonnes d'or noir importées chaque année transitant par les ports francs, et dont une grande partie se révèle de la contrebande. La Suisse, et en particulier Genève, s'affiche également comme le premier marché de Caviar House & Prunier. «La clientèle helvétique entretient une relation privilégiée avec le caviar. La présence d'entreprises internationales à Genève lui confère un grand potentiel», note enfin le président.
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Petit manuel du consommateur de caviar averti
•Non, le caviar ne se déguste pas dans une assiette. La meilleure façon de l'apprécier est de le placer délicatement sur le dos de la main, et de le laper de plaisir. C'est de cette façon que l'on juge sa fraîcheur. Après dégustation, il ne doit rester aucune odeur sur la main.
•Si vous préférez employer une cuiller, choisissez-la en or ou en nacre. Le métal et l'argent altèrent le goût des œufs qui s'oxydent à leur contact.
•Oubliez le citron (une hérésie), les oignons, la crème aigre, le blanc d'œuf ou le persil. Le caviar se mange nature. «La seule exception consiste en un tour de moulin à poivre. Cela fait ressortir le goût de noisette du caviar»; conseille Peter Rebeiz.
•A ceux qui ne peuvent s'imaginer manger du caviar sans accompagnement, l'expert leur propose des aliments neutres, tels que les petites pommes de terre vapeur, des pâtes fraîches voire les célèbres blinis. Attention toutefois à ne pas chauffer les œufs, qui prendraient alors un goût «épouvantable».
•Quel breuvage sied donc à ces précieuses graines? Champagne, vin blanc, vodka ou aqua vit, cette spécialité russe au cumin. «On peut également essayer le vin rouge, mais à condition de toujours choisir un bourgogne», note l'expert.
•L'ensemble des précautions citées ci-dessus doit évidemment être mis en relation avec le prix du caviar. Une boîte de 125 grammes de «Love 2007», la dernière cuvée de Caviar House décorée de motifs créés par Yves Saint-Laurent lui-même, coûte tout de même 470 francs.
•Peter Rebeiz regorge d'anecdotes sur le caviar. La plus connue: Elizabeth Taylor, qui étale 100 g de caviar par jour sur son visage pour le rajeunir. La plus indécente: des clients d'un grand hôtel genevois qui, un jour, commandèrent 30 kilos de caviar pour satisfaire le désir de …prendre un bain.
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Pour l’amour du caviar
A 45 ans, Peter Rebeiz peut se targuer d'être l'un des plus grands connaisseurs au monde de ces petits grains précieux. Il faut dire que sa relation avec le caviar est particulière. Fondateur de Caviar House en 1950 et propriétaire d'un petit magasin situé au Grand Passage, son père a révolutionné le mode de distribution de ce produit de luxe. «En 1978, le magasin a été ravagé par un incendie. Après avoir constaté les dégâts, mon père a été bloqué à l'aéroport pendant 3 heures. C'est là qu'il a pensé à installer des magasins de caviar dans les zones duty free», explique-t-il.Une idée de génie. Près de 30 ans et 1200 tonnes de caviar plus tard, la société genevoise domine 50% du marché mondial de détail du caviar.
Unique au monde
C'est avec passion que Peter Rebeiz reprend les rênes de la société à l'âge de 24 ans. Son objectif: posséder son propre élevage d'esturgeon. Il réalisera ce rêve en 2004 lors d'une rencontre avec Pierre Bergé, le découvreur d'Yves Saint Laurent. «Pierre Bergé venait d'acquérir Prunier, un restaurant spécialisé dans le poisson frais et qui possédait depuis 1920 sa propre pisciculture d'esturgeons près de Bordeaux», raconte-t-il.
L'association entre les deux hommes marquera le début d'une révolution dans l'histoire de Caviar House. «Nous sommes les seuls au monde à vendre le caviar que nous produisons. C'est une chance exceptionnelle de pouvoir maîtriser chaque étape de la production», lance le patron.
Sa spécialité: le caviar frais. Alors que l'or noir en provenance de la mer Caspienne se déguste entre 3 et 6 mois après conditionnement, le caviar de Peter Rebeiz se retrouve dans les assiettes au bout de 48 heures seulement. Un gage de qualité qui lui confère un goût particulièrement réputé dans le cercle très fermé des vrais amateurs de caviar.
Développement progressif
Et qui, du coup, l'empêche de partir trop vite à la conquête de nouveaux marchés. «Nous produisons 5 à 6 tonnes de caviar par an. Il serait impensable de sacrifier la qualité du produit sur l'autel des impératifs commerciaux», note encore l'expert. Procédant par étape, Caviar House & Prunier ouvrira d'ici la fin de l'année 2 boutiques à Dubaï et se lancera l'année prochaine en Russie, puis vise à long terme la Chine. Voilà pour l'entreprise. Peter Rebeiz, lui, nourrit en secret un nouveau rêve: posséder sa propre pisciculture de Beluga et d'Osciètre en mer Caspienne.
GENÈVE. Depuis l’embargo sur les poissons de la Caspienne, au nom de la protection des espèces, les amateurs se rabattent sur le caviar d’élevage. Une aubaine pour la société franco-suisse Caviar House et Prunier. Sa ferme d’aquaculture, située à 80 kilomètres à l’est de Bordeaux, produit chaque année environ 5 tonnes de caviar. La société, dont le siège se situe à Genève, vend son caviar dans des boutiques d’aéroport et des magasins-restaurants de centre-ville dans une demi-douzaine de pays européens. Elle s’apprête à faire de même avant la fin de l’année à Dubaï et «très bientôt» à Moscou. «Nous serons les premiers étrangers à vendre du caviar aux Russes», n’hésite pas à affirmer Peter Rebeiz, président de Caviar House et Prunier, qui se présente comme le numéro un mondial de la production et de la distribution de caviar. Pour ce produit de luxe par excellence, il a misé sur un packaging adapté: la dernière cuvée baptisée «love» se présente dans une boîte avec sur le couvercle, un dessin signé Yves Saint Laurent. La boîte de 125 grammes est vendue 590 francs environ ●
2006-12-07 15:40:38
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answer #5
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answered by Dany 7
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