Drôle d’éthique que celle de la personne qui attache son chien aux barreaux de sa galerie pour se permettre de sortir le soir et d’éviter que celui-ci ne fasse des dégâts dans la maison. Pendant son absence, il condamne son chien à gémir d’ennui et ses voisins à l’endurer toute la soirée. Pourtant, cette personne croit aimer son animal familier et être un voisin acceptable alors que son comportement ne démontre que le souci d’elle-même et du mépris pour son voisin et son chien.
Drôle d’éthique que celle de la personne qui laisse son “gentil” chien sans laisse se promener à ses côtés et qui va se frotter amoureusement sur vos pantalons propres et vous renifler le sexe “sans mauvaises intentions”. N’allez surtout pas lui rappeler son devoir social de tenir son chien en laisse; il va vous invectiver, indigné que vous ne reconnaissiez pas à son bien-aimé toutou — qu’il appelle “son bébé” — les mêmes droits que lui accordent ceux de la charte des droits et libertés de circuler où et comme bon lui semble.
Drôle d’éthique que celle d’une personne qui accompagne attentivement son chien d’un poteau à l’autre pour lui laisser le plaisir de renifler la trace des déjections laissées par ses pairs et d’y rajouter la sienne. Ce maître — (on se demande qui est le maître) — va curieusement devenir distrait lorsque le “vrai maître” va se mettre à déféquer sur la place publique y déposant son étron dans lequel tout un chacun va marcher, ni vu ni connu. J’ai même déjà vu un maître écraser les excréments de son chien en réponse à mon regard désapprobateur et celui d’autres passants. Voulait-il s’auto-punir, nous montrer que mettre le pied dans un tas de merde “c’est pas la fin du monde” ou faire disparaître le tas en l’étalant sur le trottoir? Pour ma part, qu’ils se passent entre humains ou avec des animaux, les comportements scatophiles me répugnent.
Drôle d’éthique que celle du propriétaire d’un chien dressé à vous donner la frousse de votre vie en vous manifestant soudainement sa rage au travers de la grille de sa clôture alors que vous circulez paisiblement sur le trottoir ou dans votre cour. Ce chien enragé, sorti de nulle part, vous arracherait la peau pour peu qu’une seconde d’inattention vous mette à sa portée. Il n’en faut pas plus pour faire de vous un misanthrope du monde canin.
Drôle d’éthique que celle de la personne qui laisse son chien aboyer jour après jour à proximité des fenêtres de ses voisins en se donnant bonne conscience de penser que c’est tout de même pas de sa faute si, en ville, on permet que les maisons soient bâties si rapprochées. Ce voisin au bon cœur est répugné devant votre suggestion “inhumaine” de faire « dévocaliser » son chien mais il n’a plus aucun sentiment d’humanité lorsque vous lui parlez de votre sommeil et de votre tranquillité perdus à cause des aboiements et gémissements de son chien. D’un air froid, il va vous renvoyer en vous disant que si vous n’êtes pas content, vous pouvez toujours déménager ou recourir à un avocat.
Oui, drôle d’éthique que celle qui vous mène à tellement aimer votre chien que vous en être amené à perdre toute votre civilité envers vos semblables. Votre toutou bien-aimé en dit beaucoup sur ce que vous êtes. C’est triste de constater avec quel manque de pudeur le meilleur ami qu’est votre chien révèle le peu que vous êtes. On disait: tel père, tel fils; force nous est de constater qu’aujourd’hui c’est devenu : tel maître tel chien.
Certains m’ont même accusé de ne pas aimer les chiens, comme s’il était honteux de pouvoir adresser de la répugnance envers le comportement de ces petites bêtes innocentes. Comme de la personne et de son comportement, faut-il encore rappeler qu’il y a une différence entre ce que l’on fait et ce que l’on est? J’aime les chiens et tous les animaux. Mes reproches s’adressent uniquement à leurs comportements et à ceux de leurs maîtres qui croient que l’amour qu’ils ont pour leur chien les dispense de rester civils. Le maître ne doit-il pas être responsable de ce que son chien fait? C’est dommage, ils devront se contenter de l’amour de leur chien puisqu’ils n’arrivent pas à gagner celui de leurs concitoyens. L’adage dit : « Qui n’aime pas les bêtes n’aime pas les hommes ». Moi je dis : « Qui ne peut être aimé des hommes, peut toujours se contenter de l’amour de son chien ».
J’aime les chiens mais mon amour n’est pas inconditionnel. Mon amour a de la valeur, c’est pourquoi je ne l’adresse pas gratuitement. J’ai beaucoup d’admiration pour les chiens dressés qui rendent de nombreux services à leurs maîtres et à la société. Je pense aux chiens guides pour aveugles, aux chiens pisteurs pour les policiers, aux chiens de chasse pour les chasseurs, aux chiens qui gardent les troupeaux, au chien affectueux pour l’enfant ou le vieillard, au chien gardien en qui on peut avoir confiance etc. Mais, tout comme je suis peu enclin à aimer les enfants qui manquent d’éducation et ne savent pas se conduire correctement en société, je ne saurais aimer les chiens et encore moins les maîtres qui négligent leurs devoirs de citoyens et qui laissent leurs chiens faire toutes ces choses qui susciteraient l’horreur si elles étaient faites par un être humain. Arrêtez-vous un instant à imaginer ce qui se passerait si, comme on le voit faire couramment par de nombreux chiens, quelqu’un se mettait à chier sur le trottoir devant tout le monde et partait ensuite en laissant son tas sur place comme si de rien n’était? Comment réagirait-on si j’allais me coller sur les belles femmes qui passent sur le trottoir et renifler leur entrejambe? Que ferait-on si un passant s’arrêtait ici et là pour pisser sur tout ce qui tient lieu de poteau? Comment se fait-il que notre société réagisse si peu à la vue de ces gestes qui sont devenus courants de la part de tant de chiens? Si notre société a construit un réseau d’égout et des installations sanitaires dans chaque maison, comment se fait-il que, lorsqu’il s’agit des chiens, que nous acceptions des conditions sanitaires semblables à celles qui étaient courantes en Europe au Moyen Âge? Devra-t-on instituer le dressage obligatoire et le suivi de chaque chien (et de chaque maître)?
Nous ne faisons plus d’enfants, nous faisons des chiens. Nous les aimons tellement qu’il n’est pas rare qu’on les désigne comme notre “bébé”, notre “fille” ou notre “p’ti-gars” ; on leur donne même notre nom de famille. Si nous acceptons d’élever nos chiens de telle sorte qu’ils jouissent de certains privilèges familiaux, avec leur nombre croissant, ne devrons-nous pas obliger les “pères” et les “mères” à les élever (je ne peux plus dire “les dresser”) de telle sorte qu’ils se conforment à un comportement social acceptable?
2006-12-26
10:33:17
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5 réponses
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demandé par
ted_laparty
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