Différents types de dépression [modifier]
Il existe une quinzaine de dépressions différentes, avec, entre autres :
La mélancolie [modifier]
Considérée comme la forme la plus grave d'état dépressif majeur, elle se caractérise par :
l'intensité de la douleur morale ;
l'importance du ralentissement psychomoteur ;
une aboulie complète ;
des contenus de pensée particulièrement négatifs et désespérés ;
un sentiment de culpabilité omniprésent ;
un sentiment d'incurabilité ;
des idées « noires » (idées d'être puni de mort, ruminations suicidaires…) ;
une anorexie grave. (Parfois, il peut s'agir d'une boulimie, en tous les cas, troubles de l'appétit.) ;
des réveils matinaux précoces dans un état d'angoisse douloureux.
On parle également de mélancolie stuporeuse lors d'un ralentissement psychomoteur très intense. À savoir : immobilité totale, état prostré, incapable de boire ou de s'alimenter.
Les dépressions psychotiques [modifier]
Elles se caractérisent par des délires de culpabilité, de honte universelle, de punition, de damnation, de possession diabolique, d'ensorcellement, de métamorphose en un animal repoussant, d'appauvrissement mental, de négation d'organes, de contagiosité (sida)...
Les dépression hostiles, agressives [modifier]
La personnalité du sujet semble avoir changé radicalement. Il est devenu plus agressif, plus impulsif, ses colères sont mal maîtrisées, il a des violences soudaines inhabituelles… Cela viendrait du fait que le sujet ne supporte plus l'idée d'être l'objet de remarques blessantes (existantes ou supposées) à son égard : « Secoue toi », « Tu as tout pour être heureux », etc.
Les dépressions pseudo-démentielles [modifier]
Elles se caractérisent par des troubles graves :
de la mémoire ;
de l'orientation ;
de la vigilance ;
du jugement ;
de régression affective ;
des performances intellectuelles.
On les rencontre généralement chez les sujets âgés, rarement chez des sujets jeunes.
Les dépressions masquées, hypocondriaques [modifier]
Elles se caractérisent par une absence de symptômes de l'humeur dépressive avec une prépondérance des plaintes somatiques. Elles prennent souvent l'aspect d'une douleur atypique, continue, fixée, qui reste malgré la prescription d'antidouleur. Le sujet est souvent inconscient qu'il souffre moralement, c'est la raison pour laquelle il « somatise ».
Les dépressions anxieuses, agitées [modifier]
Ces sujets courent un risque suicidaire élevé. Contrairement aux caractéristiques courantes de la dépression, l'agitation psychique et motrice sont majeures, ils sont enclins à des crises de panique.
La dépression endogène [modifier]
Cette dépression est caractérisée par une douleur morale patente contrastant avec une indifférence affective (appelée également anesthésie affective) pour l’extérieur, un pessimisme foncier, une inhibition marquée, des thèmes d’autodévaluation et d’autoaccusation des idées délirantes de ruine, de catastrophe, d’incurabilité, une insomnie par réveil précoce, une anorexie avec amaigrissement, un dégoût de la vie inaccessible à toute argumentation. La fluctuation des symptômes dans la journée est particulière dans les dépressions endogènes : très marquée au réveil (le matin) ils tendent à s’estomper en fin de journée. Dans l’ensemble, le déprimé mélancolique méconnaît l’aspect pathologique de son état et refuse tout recours médical, jugé inutile.
Forme unipolaire et bipolaire de dépression : la dépression endogène est souvent l’expression d'un Trouble bipolaire (anciennement dénommé « psychose maniaco-dépressive »). Celle-ci, initialement bien délimitée, tend à être divisée en catégories à cause des aspects évolutifs, des antécédents familiaux et des réponses thérapeutiques inégales au même traitement. La forme bipolaire est constituée d’accès dépressifs et d’épisodes d’excitation euphorique, séparés par un intervalle libre. La forme unipolaire est quant à elle définie par la survenue répétitive d’un seul type d’accès en règle dépressif.
Il existe également les dépressions saisonnières, secondaires, dues à des médicaments, une affection organique, une affection psychiatrique, ou encore les dépressions alexthymiques ou d’involution.
Causes [modifier]
La dépression est vue, de nos jours comme résultant de l'interaction d'un ensemble de facteurs (causes) biologiques, psychologiques, sociaux (ex : chômage) et personnels.
C'est un phénomène polysystémique complexe par la « diversité » des niveaux distincts physique, psychique, social et culturel et à la fois par la « variété » des éléments différents à un seul niveau, comme l'endocrinologie, peut-être la génétique et la neurologie, par exemple, au seul niveau biologique. En s'éloignant pour mieux percevoir et éviter « l'arbre qui cache la forêt », en reliant pour mieux comprendre et en situant pour mieux agir, l'approche écosystémique rend mieux intelligible ce phénomène qu'un éventail de sources éparpillées dans une analyse qui consiste à découper une totalité en ses éléments de plus en plus petits et simples et de les disjoindre.
Dans l'Antiquité grecque, des prêtres jetaient le déprimé à la mer du haut d'une falaise et d'autres prêtres dans une barque le repêchaient. La frayeur a été si grande que le déprimé aurait été guéri de son mal de vivre. D'autres peuples tentaient des exorcismes.
Facteurs biologiques [modifier]
Depuis une soixantaine d'années, plusieurs études montrent que certaines personnes ont une vulnérabilité génétique (transmise héréditairement) par rapport à la dépression. Ces études portaient notamment :
sur des jumeaux homozygotes (identiques) et des jumeaux hétérozygotes qui furent adoptés par des familles différentes ;
sur des enfants adoptés issus de parents biologiques atteints d'une dépression ou d'une maniaco-dépression ou non atteints, etc.
Par ailleurs, à chaque état psychologique correspond un état physiologique. Nous sommes habitués à considérer cet aspect en ce qui concerne le stress, par exemple, que nous relions à l'adrénaline. Cela fait partie du langage populaire. Des études ont montré la présence de différentes dysfonctions neurobiologiques chez les gens déprimés. Entre autres, les niveaux de sérotonine et la noradrénaline (des neurotransmetteurs) sont impliqués dans la dépression.
L'aspect physiologique n'est pas pour autant nécessairement « la cause » de la dépression. Voici ce qu'en dit le Dr. Michael Spevack (en préface du livre Être bien dans sa peau, voir la section Références) : « On sait maintenant qu'il s'agit d'un cercle vicieux où chaque facteur influence et aggrave l'autre : les pensées négatives ont pour effet d'abaisser l'humeur, ce qui entraîne fort probablement un certain déséquilibre dans la chimie du cerveau. En s'attaquant au traitement de l'un ou l'autre de ces facteurs, on peut aider les gens à se sentir mieux. »
Facteurs psychologiques [modifier]
Les aspects biologiques, cognitifs (mentaux), émotifs et comportementaux du fonctionnement humain sont en constante interaction. Une modification de n'importe lequel de ces aspects a un impact sur les autres. Lorsqu'une personne est dépressive, elle a tendance à voir la réalité de façon plus négative. En retour, cette interprétation plus négative amplifie les émotions dépressives. D'autre part, les interprétations négatives de la réalité et les émotions dépressives influencent les comportements (amenant par exemple de la passivité) qui, en retour, ont un impact sur les pensées et les émotions.
Il existe aussi des facteurs intrapsychiques souvent inconscients qui relèvent du processus de deuil, d'une angoisse de perte d'objet ou autres conflits comme les psychanalystes les ont développés. Freud dans Deuil et mélancolie, Karl Abraham, et Mélanie Klein, etc., ont ouvert le champ d'une compréhension profonde de la dépression.
Par ailleurs, la dépression se développe souvent en réaction à un événement ou une situation générateurs de stress. Cependant, selon nos façons de voir les choses, nous ne présentons pas tous la même vulnérabilité face aux différents types de causes de stress. Un événement « heureux » peut paradoxalement représenter un stress (promotion, mariage, etc.).
La théorie du renversement interprète la dépression comme traduisant un fonctionnement empêché de la multistabilité entre des états de motivation satisfaisants.
Les facteurs génétiques (ou héréditaires) [modifier]
Il est maintenant reconnu que certains facteurs génétiques jouent un rôle dans la création du déséquilibre chimique dans le cerveau d'une personne lorsqu'elle vit une dépression. Même si certains gènes sont impliqués dans la dépression, il ne semble pas qu’ils déclenchent inévitablement la maladie. Ils se contenteraient de transmettre une susceptibilité à entrer plus facilement dans un état dépressif. Susceptibilité qu’un événement extérieur où une personnalité particulière pourrait transformer en véritable dépression.
Il est également important de réaliser que peu importe le ou les facteurs ayant précipité une personne dans un état dépressif, la voie finale commune de la dépression, si l’on peut dire, implique un déséquilibre de certains neurotransmetteurs dans le cerveau.
Facteurs sociaux [modifier]
Un environnement pénible (rythme de vie effréné, soucis professionnels et/ou familiaux, chômage, divorce, deuil, isolement, déracinement, déménagement) perturbe l'état de santé plus ou moins gravement, plus ou moins longtemps.
L'enfance est un moment-clé : il existe des preuves que les personnes ayant subi dans leur enfance la perte de personnes importantes sont davantage sujettes à des dépressions plus tard dans leur vie.
L'importance et la qualité du soutien que nous recevons par nos relations interpersonnelles (proches parents, conjoints, enfants, amis...) peut nous protéger contre le stress et les tensions de la vie quotidienne, et réduire les réactions physiques et émotionnelles au stress, l'une d'entre elles pouvant être la dépression.
D'autre part l'absence d'une relation étroite, de confiance, peut augmenter le risque de dépression. Les mauvais traitements ou l'infidélité d'un ou d'une partenaire sont des facteurs aggravants. Il est démontré que le mariage peut d'une certaine manière protéger contre le développement de la dépression chez les hommes et les femmes si des tâches telle que s'occuper de la maison ou des enfants sont partagées. Cependant, les femmes qui ne travaillent pas et qui restent à la maison pour s'occuper des enfants en bas âge sont plus susceptible de dépression, particulièrement lorsque la garde des enfants et des problèmes d'argent entrent en ligne de compte, et le taux de dépression après la perte d'un époux est accru.
Symptômes [modifier]
Bien qu'ils ne fassent pas l'unanimité, les critères américains du DSM-IV (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders - Fourth Edition) du trouble dépressif majeur sont :
Une personne doit présenter au moins 5 des 9 symptômes suivants pour une durée d'au moins deux semaines, la plupart du temps, entraînant un changement dans le mode de fonctionnement habituel.
Au moins l'un de ces deux critères doit être présent : Humeur triste, Anhédonie.
Humeur triste (dépressive): décrite comme plus intense que la douleur d'un deuil. Le malade est sans joie et opprimé, parfois il est incapable de percevoir tout sentiment. En général l'humeur est au pire le matin.
Chez les enfants et adolescents, cela peut se manifester par une irritabilité accrue.
Anhédonie : diminution du plaisir ou de l'intérêt pour toutes activités, y compris celles qui procurent du plaisir habituellement.
Les habitudes se modifient, les passe-temps sont délaissés, tout semble monotone et vide, y compris les activités habituellement gratifiantes.
Modification involontaire du poids : prise ou perte de 5% ou plus du poids habituel en un mois. Éventuellement, modification récente de l'appétit
Troubles du sommeil : diminution (insomnie) ou augmentation (hypersomnie) du temps de sommeil
Troubles de la concentration ou du processus de prise de décision
Troubles du comportement : agitation ou ralentissement (bradypsychie) rapportée par l'entourage.
Asthénie : sensation de fatigue ou de diminution d'énergie
Sentiments de culpabilité hypertrophiés, souvent injustifiés et liés à l'auto-dépréciation du patient.
Idées noires : volonté de mourir, idées suicidaires actives, avec ou sans plan spécifique, finalement tentative de suicide.
Exclusion des diagnostics différentiels : trouble bipolaire (« maniaco-dépression »), trouble induit par une substance (alcool, drogues, médicaments) ou une affection organique (hypothyroïdie, tumeur cérébrale, etc.), travail de deuil, Trouble de stress post-traumatique.
Le premier signe est souvent constitué par la modification du comportement habituel. Par exemple, une personne précédemment enjouée et sociable peut devenir irritable et renfermée. L'anhédonie et les troubles du sommeil viennent ensuite, suivis des troubles du comportement alimentaire.
Chaque personne étant unique, les signes de dépression diffèrent considérablement d'une personne à l'autre, ainsi que l'ordre d'apparition (parfois, les troubles du sommeil sont premiers).
D'autres symptômes de dépression non mentionnés par le DSM sont :
l'anxiété : outre les appréhensions concrètes contraignantes, il existe souvent des peurs sans fondement, qui peuvent entraîner des idées délirantes. Les pensées tournent autour des thèmes de l'échec, de la faillite, de la culpabilité et des graves maladies. L'agitation interne entraîne le patient à déambuler sans but précis.
Absence de sentiment réel de maladie (Anosognosie, moins marquée celle de la psychose) : en dépit de troubles massifs et de la souffrance qui en résulte, la personne dépressive n'a généralement pas le sentiment d'être réellement malade, mais est accablée par les sentiments de culpabilité et se fait des reproches.
Les plaintes somatiques sont fréquentes : troubles de l'endormissement, troubles du sommeil, réveil matinal précoce, lassitude généralisée...
Parfois, outre les symptômes de dépression, de nombreuses personnes dépressives peuvent aussi se plaindre de problèmes physiques. Par exemple, un individu peut se plaindre de douleurs chroniques et de maux qui ne peuvent être expliqués, tels que des maux de tête, des douleurs persistantes au dos ou à l'estomac. Les personnes dépressives peuvent aussi se plaindre de problèmes digestifs, de bouche sèche ou de constipation, et certaines peuvent même souffrir de douleurs inexpliquées dans diverses parties du corps. Être constamment préoccupé, anxieux ou irritable peut aussi représenter d'éventuels signes « masqués » de dépression.
Les troubles biologiques [modifier]
Perturbation de la transmission chimique cérébrale, ou la neurotransmission ? [modifier]
Les recherches sur les causes de la dépression ont mené certains chercheurs à se pencher sur la chimie du cerveau. Au début des années cinquante, certains neurotransmetteurs de la classe des monoamines attirèrent l’attention. Ces neurotransmetteurs, tous dérivés d’un acide aminé, comprenaient la dopamine, la noradrénaline et la sérotonine. On sait maintenant qu’un mauvais fonctionnement du circuit de noradrénaline ou de sérotonine contribue à la dépression chez certains individus, mais les neurotransmetteurs commencent à peine à livrer leurs mystères et même aujourd’hui, on ne connaît pas encore toutes leurs implications sur le comportement humain.
L’une des hypothèses est que la recapture présynnaptique des monoamines est trop forte, ce qui crée un manque de ces neurotransmetteurs. Il a aussi été démontré que les neurotransmetteurs sont détruits pendant leur traversée par des enzymes, les monoamines oxydases. La noradrénaline est détruite en une substance qui se dose dans les urines le méthoxyhydroxyphénylglycol ou MHPG or on a vu chez de nombreux déprimés une excrétion urinaire de MHPG (venant de la noradrénaline) diminuée. L'action de cette enzyme serait donc trop forte.
Une maladie des récepteurs cérébraux ? [modifier]
Cette théorie évoque une anomalie du nombre des récepteurs post-synaptiques. Elle concerne encore les monoamines neuromédiatrices mais selon un modèle différent. Le nombre des récepteurs où viennent se fixer les neurotransmetteurs après leur traversée de la synapse n’est pas fixée mais il se modifie en fonction de leur quantité afin de maintenir une transmission d’influx assez constante :
s’il y a beaucoup de neurotransmetteurs, le nombre des récepteurs va tendre à diminuer. Le message nerveux passera mal ;
si à l’inverse, il y a peu de transmetteurs le nombre s’accroît pour recevoir au mieux les neurotransmetteurs afin de préserver le plus possible la transmission. S'il s'accroît trop les récepteurs ne sont plus assez stimulés.
Dépression saisonnière [modifier]
La dépression saisonnière s'installe à l'automne ou au début de l'hiver et dure jusqu'au printemps. Ses symptômes sont ceux de tout épisode dépressif : tristesse permanente, perte d'intérêt générale, irritabilité, troubles de sommeil, perte ou gain de poids, pensées suicidaires. Les symptômes de la dépression saisonnière se distinguent de ceux des blues de l'hiver, lesquels ne nous empêchent pas de continuer à assumer nos activités quotidiennes. Ceux qui souffrent de dépression saisonnière sont très affectés dans leur quotidien, que ce soit sur le plan travail ou des relations.
La cause exacte de ce type de dépression n'est pas connue, mais la diminution de l'intensité de la lumière naturelle et de sa durée semble jouer un rôle important. Son traitement repose sur la psychothérapie et sur les médicaments antidépresseurs. De façon complémentaire, il existe une thérapie spécifique à la dépression saisonnière, soit la photothérapie. Elle consiste en des séances d'exposition à la lumière dans des cabines spécialement aménagées, ce qui permet de lutter contre la diminution de la lumière naturelle. La photothérapie est évidemment très efficace pour contrer les blues de l'hiver !
Les enfants et les adolescents [modifier]
Les troubles dépressifs, avec les troubles anxieux sont les problématiques les plus fréquemment rencontrées par les psychologues en milieu scolaire. La dépression majeure est assez rare chez les enfants. Birmaher, Ryan, Williamson et Brent (1996) rapportent des taux variant entre 0,4% et 2,5%. Au Québec, une étude de Marcotte (sous presse) présentement en cours révèle que 1.6% des enfants de la sixième année présenteraient un trouble dépressif majeur.
La dépression majeure est plus commune chez les adolescents. Selon le DSM-IV (1996), le taux s’élève entre 5 et 9%. Dans une étude menée auprès d’adolescents, Lewinsohn et ses collaborateurs ont relevé un taux de prévalence à vie se situant entre 15 et 20% (Lewinsohn, Rohde, Seeley, Klein et Gotlib, 2000). Au Québec, une étude effectuée auprès d’un échantillon de 2400 adolescents âgés entre 12 et 14 ans a permis de révéler que 3.4% des jeunes présentaient un trouble dépressif (Breton, Bergeron, Valla, Berthiaume, Gaudet, Lambert, St-Georges, Houde et Lépine, 1999). La dépression chez les enfants et les adolescents comporte des conséquences nombreuses et parfois même tragiques. Il y a d’abord les conséquences immédiates, tel l’abandon scolaire, l’isolement des pairs, et dans le pire des cas le suicide (Marcotte et al., 2001). Plusieurs auteurs ont de plus rapporté la présence d’un rendement scolaire détérioré chez les jeunes dépressifs (Kellam, Rebok, Mayer, Ialongo, et Kalodner, 1994). Il est pourtant impossible d’affirmer si la dépression est une cause ou un effet de la détérioration scolaire puisque peu d’études se sont penchées sur ce sujet.
Évaluation de l'élève [modifier]
Un nombre élevé de jeunes vivent un épisode dépressif, mais moins de 25% d’entre eux bénéficient d’une intervention (Beardslee, Salt, Versage, Gladstone, Wright et Rothenberg, 1997). Bien qu’un bon nombre de facteurs de risque et de protection aient à ce jour été identifiés, encore peu de programmes de prévention sont offerts afin de réduire les risques de développer un trouble dépressif. La majorité des programmes existants sont élaborés afin d’intervenir auprès de jeunes présentant déjà divers symptômes dépressifs. En général, ceux-ci sont offerts en contexte scolaire, ce qui semble le plus indiqué puisque les jeunes y passent l’essentiel de leur temps et de plus, c’est un milieu peu stigmatisant. Les programmes sont généralement basés sur l’approche cognitive-béhaviorale, puisque de nombreuses études révèlent la présence de distorsions cognitives, de déficit dans les habiletés sociales et de résolution de problème chez les jeunes présentant des symptômes dépressifs (Marcotte, 2000). En effet, la majorité des programmes sont composés d’une portion visant l’enseignement de diverses habiletés, par exemple les habiletés sociales, de résolution de problèmes, d’auto-observation, d’autoévaluation et d’autorenforcement (ex. Reynolds et Coat, 1986). Certains programmes intègrent de plus des techniques d’entraînement à la relaxation afin de diminuer les symptômes physiques qui sont associés aux situations sociales (ex. Reynolds et Coat, 1986). Finalement, quelques-uns enseignent aussi la relation entre l’humeur et les activités plaisantes et mettent l’accent sur l’augmentation du nombre d’activités de ce genre, afin de réduire les symptômes dépressifs (ex. Stark, Reynolds, Kaslow, 1987).
Principes et stratégies d'intervention en milieu scolaire [modifier]
Auger (2005) propose aux intervenants en milieu scolaire un ensemble de lignes directives et de stratégies d'intervention auprès des élèves dépressifs. Celles-ci sont liées autant à l’intervention individuelle qu’à l’intervention de groupe, de même qu’au travail auprès des enseignants et du personnel de l’école. L’auteur suggère d'abord aux intervenants de travailler en collaboration avec les parents, le personnel de l’école, les médecins et les professionnels de la santé à l’extérieur de l’école afin de fournir aux élèves dépressifs des services plus efficaces et mieux coordonnés.
Dans le cadre de son travail dirigé vers l’élève plus précisément, l’intervenant doit, selon Auger (2005) :
porter une attention particulière aux émotions vécues par le jeune tout en les liant à des évènements précis et à son système de pensées (ex.: par la tenue d'un journal de bord),
lui faire prendre conscience de ses distorsions cognitives et de son pessimisme (ex.: par la discussion de groupe d'une situation vécue),
l’aider à se créer un réseau de soutien, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’école, et à développer ses habiletés sociales (ex.: par les jeux de rôles),
viser l’augmentation de son niveau d’activité physique (ex.: par un programme régulier d'exercices) et de son niveau d’engagement dans des activités plaisantes (ex.: par le choix d'une activité plaisante par jour parmi une liste pré-établie par le jeune),
refléter de façon concrète la réussite du jeune et ses progrès au plan de ses habiletés (ex.: par une représentation graphique) ;
Par rapport au travail fait auprès des enseignants, Auger (2005) propose de les encourager à :
utiliser des renforcements positifs vis-à-vis les élèves dépressifs (ex.: offrir du tutorat après l’école ou déplacer le bureau de l'élève plus près de l'enseignant),
donner des trucs de mémorisation (la dépression étant liée à des problèmes de mémoire),
être plus souple par rapport aux exigences de travail des élèves dépressifs (la dépression étant liée à une diminution du niveau d’énergie et de concentration).
Par rapport à son propre travail, l’intervenant doit avoir des attentes réalistes et se sentir concerné par son rôle d'éducateur face aux élèves et aux enseignants, sur les symptômes, les causes et les traitements liés à la dépression (Auger, 2005). L’auteur conclue que des études sont nécessaires afin d’identifier et de valider les interventions faites en milieu scolaire auprès des élèves dépressifs. De cette façon, il sera possible de mieux lier les principes d’interventions suggérés par la recherche avec les interventions praticables en contexte scolaire.
Diagnostic et prise en charge médicale [modifier]
Des études [1] [2] montrent que :
15 à 22% des patients de médecine générale montrent des troubles dépressifs (5 à 9% ont une dépression majeure, 2 à 4% une dysthymie, 8 à 9% une dépression mineure) ;
30 à 50% des dépressions ne sont pas diagnostiquées ;
40 à 70% des personnes qui se suicident consultent un médecin dans le mois qui précède.
On voit donc que le diagnostic n'est pas évident, d'une part parce que les personnes ne sont en général pas conscientes elle-même de leur dépression, et se présentent pour des troubles somatiques trompeurs, en général des douleurs. Selon Jay Pomerantz [1], le fait de poser systématiquement les deux questions suivantes à chaque consultations permettrait d'améliorer le diagnostic de dépression (ce test aurait une spécificité de 67% et une sensibilité de 97%) :
Avez-vous durant le mois écoulé ressenti des sentiments d'épuisement, de dépression ou de désespoir ?
Avez-vous, au cours du même laps de temps, éprouvé une perte d'intérêt ou de plaisir dans vos activités ?
L'Association Américaine de Psychiatrie recommande que trois consultations au minimum soient programmées au cours des trois mois qui suivent le diagnostic d'une dépression, même mineure. En effet, les traitements anti-dépresseurs étant de longue durée, il y a un risque accru que le patient arrête lui-même son traitement.
Traitement [modifier]
Il existe actuellement trois principaux traitements utilisés pendant les épisodes dépressifs et en prévention de la récurrence d'épisodes dépressifs :
Médicaments [modifier]
Il existe quatre familles de principes actifs prescrits communément dans le traitement de la dépression (antidépresseurs) : IMAO, Tricycliques, SSRI et SNRI. Les traitements les plus récents et généralement bien tolérés en raison du nombre réduit d'effets secondaires sont les SSRI et le SNRI. Ces principes actifs inhibent respectivement la recapture de la sérotonine et de la sérotonine + norépinéphrine en bloquant le site de recapture situé en amont de la fente synaptique. Les niveaux de ces neurotransmetteurs s'en trouvent ainsi augmentés. Les Tricycliques et IMAO sont des principes actifs puissants mais ont le défaut d'être moins séléctifs que les SSRI/SNRI : ils modifient la concentration d'autres neurotransmetteurs (monoamines) du système nerveux central, leurs effets secondaires sont plus lourds et ils sont utilisés dans les formes sévères des différents types de dépression. Par ailleurs, les IMAO imposent des restrictions d'associations médicamenteuses et des restrictions alimentaires, Ils ne doivent en aucun cas être associés aux SSRI/SNRI, au risque de déclencher un syndrome sérotoninergique avec un pronostic vital en jeu.
Historique :
1959 : IMAO (Inhibiteurs de la monoamine oxydase)
1960 : ATC (Antidépresseurs tricycliques)
1989 : ISRS (Inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine)
1992 : RIMA (Inhibiteurs réversibles de la monoamine oxydase de type A)
1994 : IRSN (Inhibiteurs de recapture de la sérotonine et la noradrénaline)
1995 : ISRS 5-HT2 (Inhibiteur sélectif de recapture de la sérotonine et du * blocage des récepteurs 5-HT2)
1998 : MNADA (Modulateurs de la noradrénaline et de la dopamine)
2001 : NASSA (Noradrénaline et sérotonine sélectifs antidépresseurs)
Exemples de principes actifs :
SSRI : Fluoxetine (Prozac), Sertraline (Zoloft), Paroxetine (Paxil, Deroxat), Citalopram (Seropram), Escitalopram (Seroplex) ;
SNRI : Venlafaxine (Effexor) ;
Tricycliques : Clomipramine (Anafranil) ;
Apparentés tricycliques : Miansérine (Athymil).
Selon les cas, certains autres traitements peuvent être associés aux antidépresseurs : somnifères pour aider à restaurer sommeil et repos en attendant l'efficacité du traitement de fond, anxiolytiques, voire médicaments potentialisant l'effet des antidépresseurs.
Psychothérapies [modifier]
Souvent utilisées en complément des traitements médicamenteux, une approche sollicitée est la thérapie comportementale visant à identifier les modèles de pensée négatifs et de fournir au patient des méthodes pour les contrer. Du point de vue du béhaviorisme on considère en effet que la dépression présente un régime de pensées négatives auto-entretenu et que le fait de s'opposer à ce cycle permet une rémission plus rapide. La psychanalyse ou la psychothérapie psychanalytique sont des traitements de fond qui visent à appréhender les conflits inconscients à l'origine de la dépression.
Thérapie Electro-Convulsive [modifier]
Cette thérapie vise à reproduire une crise convulsive (épileptique) L'intervention est réalisée sous anesthésie générale, sous ventilation assistée après administration d'un relaxant musculaire. Un bref courant est appliqué au niveau d'un ou des deux lobes temporaux. Le mécanisme d'action est encore aujourd'hui mal compris. Cette thérapie suscite également une controverse, alimentée principalement par le caractère barbare de cette intervention lors de ces premières utilisations en psychiatrie avant la deuxième guerre mondiale. Elle reste utilisée mais présente des effets dramatiques pour le patient : pertes de mémoire et destruction de capacités mentales, qui ont conduit certaines personnes à se suicider suite à un tel traitement les ayant gravement handicapées mentalement [1].
↑ Le traitement de choc électroconvulsif en psychiatrie, par Lawrence Stevens, J.D. : http://antipsychiatry.org/fr-ect.htm
2006-11-27 08:57:33
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answer #4
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answered by nonolereveur 5
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