La spasmophilie : mythe ou réalité ?
Etat d'hypersensibilité neuromusculaire pour les uns, syndrome d'hyperventilation pour les autres… la définition et l'existence même de la spasmophilie sont loin de faire l'unanimité. Mais pour les psychiatres, il n'y a pas de doute, la spasmophilie n'a pas de réalité. Sous ce terme se cachent simplement des troubles anxieux.
Sensation d’oppression, de manque d’air, tremblements, palpitations, fourmillements, douleurs thoraciques, vertiges… Si vous souffrez périodiquement de ces symptômes, il y a de fortes chances pour qu’un médecin ou un membre de votre entourage ait évoqué la possibilité que vous soyez spasmophile et vous ait conseillé de prendre du magnésium ou d’autres médications plus ou moins éprouvées. Mais le diagnostic n’a-t-il pas été porté un peu trop rapidement ? La spasmophilie fait partie, en effet, de ces termes qui recouvrent une telle variété de symptômes que de nombreux patients peuvent s’y reconnaître. Sa définition même ne fait pas l’unanimité.
Une étrange tétanie ?
Dans le discours médical, la spasmophilie est facilement rapprochée de la tétanie, dont les signes sont, eux, clairement objectivés. Souvent impressionnantes, les crises de tétanie se manifestent par des fourmillements ou un engourdissement suivis par des contractures douloureuses des muscles des extrémités, donnant des “mains d’accoucheur” (doigts demi-fléchis, serré les uns contre les autres) et parfois une contracture des pieds en extension et une contraction de la bouche en “museau de tanche”. Les femmes et les enfants sont plus souvent touchés. Il est possible de reproduire les troubles en comprimant les membres au niveau des troncs nerveux ou des gros vaisseaux (signe de Trousseau).
La tétanie peut être liée à une hypocalcémie, c’est-à-dire à une concentration insuffisante de calcium dans le sang, responsable également d’autres troubles. Mais le plus souvent, les crises apparaissent lorsqu'une personne respire avec une fréquence et une amplitude excessive (hyperventilation), lors d'épisodes anxieux ou à l'occasion d'efforts intenses. L’augmentation de la quantité d’air inspiré entraîne une diminution du gaz carbonique dans le sang.
Sac en plastique pour faire céder la crise
En cas d’hypocalcémie liée à une maladie, il est nécessaire de rétablir le taux de calcium sanguin. Mais l’injection de calcium n’a aucune utilité lorsque les crises sont liées à une hyperventilation. Dans ce cas, il est possible de faire céder la crise en respirant dans un sac en plastique, afin d’augmenter le gaz carbonique. Cette technique ne doit être employée qu’en présence d’une autre personne et arrêtée dès que les symptômes s’estompent. L’appel d’un médecin est indispensable. Il pourra administrer un sédatif, rassurer et créer un climat de confiance. Lorsque l’anxiété est apaisée, l’hyperventilation cesse et les contractures disparaissent.
Les personnes souffrant de crises de tétanie ont souvent une réponse exagérée aux stimulations nerveuses, qui peut être objectivée par le signe de Chvostek (la lèvre supérieure se contracte lorsque l’on percute la joue avec un doigt). Cependant, une personne sur dix environ a un signe de Chvostek positif sans avoir de tétanie.
Des personnes hypersensibles
Pour certains et, notamment pour les adeptes des médecines douces, la spasmophilie serait une sorte de tétanie a minima, liée à un état “d’hypersensibilité neuromusculaire et affective”.
L’association Spasmophilie et sérénité, qui regroupe des malades spasmophiles, complète cette définition en précisant que cette hypersensibilité est très probablement d’origine génétique et se manifeste par "une grande dépendance à l’environnement et une vulnérabilité au stress". La spasmophilie n’est pas une maladie, ajoute-t-elle, mais un état de mal-être "ressenti dès la vie in utero, en osmose avec la mère".
Cet état peut se manifester de manière aiguë, sous forme de crises marquées par une angoisse intense, accompagnée d’un cortège de signes (tremblements, sueurs, difficultés à respirer, contractions musculaires, voire véritable crise de tétanie, sensation de fourmillements ou d’insensibilité...). Mais il s’exprime aussi de manière chronique, entraînant insomnie, fatigue, oppression, faiblesse musculaire... Le diagnostic est souvent évoqué sans critères rigoureux, devant des états de mal-être, où les signes somatiques sont au premier plan. Cette démarche conduit souvent à méconnaître une dépression ou une névrose d’angoisse.
De nombreux sites internet s’intéressent à la spasmophilie, souvent pour recommander une médecine douce, ou un traitement particulier, calcium, vitamine D ou magnésium, sans qu’aucune étude rigoureuse n’aie pu démontrer l’efficacité de l’un ou l’autre de ces traitements. Quant à l’existence d’un déficit en magnésium ou en calcium, souvent évoquée, elle n’a jamais pu être objectivée. Il est donc inutile de multiplier les dosages ou de se soumettre à des examens compliqués, comme l’électromyographie qui explore le fonctionnement neuromusculaire.
Les attaques de panique
La négativité de ces examens n’a rien d’étonnant, car, pour les psychiatres, les symptômes de la spasmophilie correspondent en réalité très exactement aux diagnostics d’attaque de panique et d’anxiété généralisée. Terme relativement récent, l’attaque de panique correspond à des crises aiguës d’angoisse. Elle est plus fréquente chez les femmes jeunes. La crise est brutale, inopinée, violente. L’angoisse est extrême, avec une sensation de menace, de mort imminente, parfois même l’impression de perdre la raison. Les signes physiques sont identiques à ceux décrits dans les accès aigus de spasmophilie (respiration haletante, étourdissements, vertiges, malaise, agitation, tremblements, tétanie...). La crise cède à la prise de calmants (benzodiazépine) sous la langue ou en injection intramusculaire.
Mais une prise en charge est ensuite nécessaire, car l’attaque de panique survient le plus souvent sur un fond de dépression ou d’anxiété généralisée, caractérisée par un état de tension et d’inquiétude chronique. Des antidépresseurs à faible dose permettent généralement de prévenir les récidives. Le traitement médicamenteux doit être complété par une psychothérapie ou des techniques comportementales, dont la relaxation.
L'hyperventilation des américains
Enfin, il est amusant de noter chez les Anglo-saxons, la spasmophilie n’existe pas. On parle, pour définir ce même ensemble de symptômes, de syndrome d’hyperventilation, aiguë ou chronique. De fait, l’hyperventilation est presque toujours présente au cours des attaques de panique, comme dans les états anxieux, et peut être responsable de certains des symptômes survenant au cours de la crise. Des exercices de respiration contrôlée peuvent être utiles. Mais le trouble fondamental reste l’anxiété, qu’il est indispensable de soigner.
Spasmophilie : une maladie bien française
Caractérisée par des spasmes musculaires ou des crises de contractures, la spasmophilie correspond à un état d'hyperexcitabilité des muscles. Outre-Atlantique, on la considère plus souvent comme un symptôme que comme une maladie.
Spasmophilie : mythe ou réalité ?
Spasmophiles : redevenez vous-même !
(Interview de Geneviève Goreux-Marois, présidente-fondatrice honoraire
de l'association "Spasmophilie et sérénité")
De la crise au diagnostic
Alerté par des crises, votre médecin peut procéder à des examens cliniques pour mettre en évidence une éventuelle hyperexcitabilité neuromusculaire. Pour cela, il a à sa disposition une batterie de tests. Tour d'horizon des symptômes et des moyens de diagnostic.
Qu'est-ce que la spasmophilie ?
La spasmophilie est un ensemble de signes associant des spasmes et une hyperexcitabilité musculaire. Elle est souvent familiale et touche plus volontiers les femmes que les hommes.
La plupart du temps, aucune cause n'est retrouvée. Dans certains cas elle est associée avec des troubles tels qu'hypocalcémie, hypophosphorémie, manque de magnésium. Les crises aigues (ou crises de tétanie) seraient provoquées par une hyperventilation due à l'angoisse, qui modifierait les échanges entre calcium et magnésium au niveau cellulaire.
Comment se manifeste la spasmophilie ?
Les manifestations de la spasmophilie peuvent se classer en trois catégories :
Les symptômes spasmodiques :
Crampes, fourmillements dans les jambes, les bras, les mains et le visage ;
"Boule" dans la gorge, gorge serrée, troubles de déglutition ;
Brûlures, crampes et nouds à l'estomac, aérophagie ;
Les spasmes intestinaux, colites et ballonnements ;
Les contractions de l'utérus, les douleurs prémenstruelles importantes ;
Les tensions des mâchoires ;
Les douleurs musculaires et articulaires.
Les symptômes divers :
Les troubles de la vision et de l'ouïe : mouches devant les yeux, paupières qui tremblent, sifflements et bourdonnements d'oreille ;
L'asthénie c'est-à-dire la fatigue principalement le matin à cause d'un sommeil non réparateur ;
La tachycardie (accélération du rythme cardiaque), les extrasystoles (contractions prématurées du coeur causant parfois une légère douleur), l'éréthisme cardiaque (hyperexcitation du coeur) ;
L'oppression respiratoire ;
La perte de la libido ;
Les troubles du sommeil ;
Les symptômes anxio-dépressifs ;
Irritabilité ;
Anxiété ;
Phobies ;
Déprime ;
Apathie.
La spasmophilie se traite-t-elle ?
Le plus souvent, aucun traitement n'est nécessaire. Une alimentation équilibrée ainsi que la pratique d'un sport sont le plus souvent bénéfiques.
Une supplémentation en magnésium ou en calcium, en quantité raisonnable, peut améliorer certains symptômes.
Les anxiolytiques peuvent soulager l'anxiété mais ne doivent pas être pris de façon prolongée. Il vaut mieux si elle est importante préférer une prise en charge psychothérapique.
Etes-vous spasmophile ?
Alerté par les symptômes de la spasmophilie, votre médecin peut procéder à des examens cliniques pour mettre en évidence une éventuelle hyperexcitabilité neuromusculaire.
Pour cela, il a à sa disposition une batterie de tests dont les deux principaux sont le signe de Chvostek et celui de Trousseau.
Le signe de Chvostek s’effectue en percutant avec un marteau à réflexes une branche du nerf facial située entre la commissure de l’oeil et la lèvre. Quand le signe est positif, une contraction du muscle supérieur de la lèvre a lieu, la bouche se contracte pour former ce qu’il est convenu d’appeler un "museau de tanche".
Le signe de Trousseau se recherche en posant un garrot veineux pendant plusieurs minutes sur le patient. Si ce dernier est spasmophile, une crise de tétanie va se produire : les doigts étendus se collent les uns aux autres en formant une gouttière, la main fléchit sur l’avant-bras et l’avant-bras se referme sur le thorax.
D’autres signes peuvent être utilisés mais ne montrent qu’un intérêt relatif : ceux de Weiss et de Lust.
Des examens complémentaires pourront être menés, comme l’électromyogramme (exploration électrophysiologie) afin de calculer le degré d’excitabilité des nerfs et des muscles, ainsi que des examens biologiques qui vont permettre de mesurer les dosages sanguins en calcium, en phosphore et en magnésium. Une hypothèse relativement récente tend à attribuer la spasmophilie à un déficit magnésien, déficit expliquant les symptômes neuromusculaires.
2006-08-16 03:32:53
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answer #1
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