Il marche sur un trottoir bondé de monde, Il fait très froid. Il a les deux mains dans les poches et avance comme un robot. Il voit tout le monde. Fait attention à tout sa tête pivote de gauche à droite. Le décor l’intéresse. Un petit garçon a échappé sa peluche. Il le ramasse et le tend au môme. La mère ne remarque rien. L’enfant lui sourit et tente de le suivre du regard. « Faut vite aller pour ne pas manquer le métro, lui lance sa mère ». Il se perd dans les allers et venues des passants. ON le bouscule. Et ON ne le voit pas. Il marche sans but et traîne les pas qui font de grands bruits. Ses lèvres font des mouvements rapides. On dirait qu’il se parle à lui-même et laisse pousser des sons. Personne ne l’entend. Personne ne le voit. Il rentre dans sa bulle. Là il attaque à tord ou à raison, critique. Parfois il est hors jeu. Tout va de travers.
« Ma place ma place » il s’écrit subitement. J’ai perdu ma place. Personne ne s’en rend compte. Personne ne le remarque. J’en ai marre, cris t-il en donnant des avertissements et des coups de pieds dans le mur en sortant du bureau de poste. Encore une fois zéro courrier; Quédal. Quelques factures et du « Junk c’est tout ». Il hurle. « L’ennuie me monte au cerveau ». « Toujours personne. On est combien de milliard déjà là ? Jamais personne» ooh! ooh! Lance t-il a un passant « regarde j’ai une nouvelle chemise elle est rouge. Le passant l’a ignoré. Je crois qu’il ne l’a pas vu. Personne ne le voit.
On est vendredi soir. Il est 22h. Une énième fois seul dans son chalet. C’est une nuit de la fin d’été. Le vent est doux mais les moustiques sont encore présents. Il entend des bourdonnements de moustiques pendant qu’il prend son dernier verre sur la terrasse. Ça été comme ça tout l’été. Les moustiques, toujours eux. Jamais rien d’autres que des moustiques. Il est agacé et laisse échappé un juron. Ensuite se parle à lui-même « Ce n’est pas un refuge ici» « Je suis seul partout, ici ou ailleurs »
C’est sa troisième de la soirée, un cépage australien avec un petit pingouin sur l’emballage. Ce n’est pas « cheap » (mauvaise qualité) comme vin. De toute façon il les préfère fruités celui là fait bien son affaire. Il l’a vidé sans en déboucher une autre. C’est peut être sa dernière de la soirée. C’est toujours comme ça.
Il se lève d’un geste brusque la tête entre les deux mains et se frotte les yeux. La boite à pharmacie ne doit pas être loin pense t-il... Elle n’est pas toujours loin à cause de ses migraines répétées. Il ralentit pendant quelque seconde s’arrête, traîne les pas. Il a un flash. Je crois qu’il cherche dans sa mémoire. Mais rien ne vient. Toujours RIEN. C’est toujours ainsi. Il franchi le seuil de sa cabane en s’agrippant à la porte. Il n’a pas eu besoin d’appuyer sur l’interrupteur. Il tâte des mains et touche une boite. C’est sûrement elle. Jamais loin. Il prend un petit soupir ravale sa salive. Il a encore un flash, Il cherche encore et encore dans ses souvenirs rien. Ses mains se crispent et serre le flacon de pilule qu’il tenait. C’était comme s’il attendait que sa mémoire trouve des choses. Mais rien. Quelques secondes ont passé RIEN. Le flacon vide roule et termine sa course sous l’escalier de bois de la terrasse. C’était la dernière de la soirée. TOUT EST DEVENU RIEN.
FIN.
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2006-10-28
08:38:49
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demandé par
Kissoflove
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Psychologie