Il suffira de bien voter, et de croire, sincèrement, que la justice et la fraternité sont encore des valeurs humaines, et, ensemble, tout sera possible...
Quant au modèle ultralibéral, abstraction faite de l'individualisme forcené dont il est porteur, la plupart des grands économistes actuels, y compris ceux qui l'ont défendu pendant des décades, reconnaissent aujourdhui ses limites, et qu'il porte en lui les germes de sa disparition...
Petite analyse, en attendant, de ses effets pervers:
Comment l’ultralibéralisme crée la pauvreté, ici et là -bas
Intervention d’ATTAC Loire lors du 5° Forum Social Local de Saint-Etienne, le 17 mars 2007...
Comment l’ultralibéralisme crée la pauvreté, ici et là -bas
Le film sur Dubaï présenté par Attac lor du FSL est une enquête qui présente d’une part le consumérisme aveugle (la station de ski en plein désert... ) et la chaîne d’exploitation depuis le financier (ici l’émir) jusqu’aux travailleurs chinois surexploités, en passant par toute une hiérarchie intermédiaire qui profite plus ou moins de cette exploitation : le promoteur occidental, la pianiste, le fournisseur de main d’oeuvre, le gardien du camp des travailleurs. La boucle se referme avec la cliente occidentale qu vient consommer du luxe et ferme les yeux quand elle partage l’ascenseur avec les travailleurs immigrés partant prendre leur poste au sommet du gratte-ciel en construction.
Ce film montre les effets combinés d’une extrême concentration de richesse entre les mains d’un petit nombre d’individus et de l’absence de réglementation et de protection sociale des plus faibles. Ces effets se mesurent par la souffrance, la pauvreté, la privation de liberté des travailleurs immigrés et par la destruction prévisible de l’environnement à la suite une incitation infantile à surconsommer.
D’autres exemples de coexistence révoltante de l’extrême pauvreté et la très grande richesse peuvent être trouvés ici, chez nous (condition des Roms, tentes des Don Quichotte), dans d’autres pays développés (Pauvres pris au piège en grand nombre lors de l’inondation de La Nouvelle Orléans), ou là -bas dans des pays d’Afrique.
Le système économique qui sous-tend cette situation, et qui est entrain de s’imposer à l’ensemble de la Terre, porte le nom de libéralisme. Il a été théorisé, dans les années 1750, avant la Révolution, par des penseurs comme Adam Smith (" La richesse des nations "). Il postule que le meilleur équilibre possible pour la vie des sociétés, est de laisser réguler les échanges nécessaires entre les Hommes par la concurrence pure et parfaite, ce que l’on désigne par " loi du marché ". La libre concurrence, pour s’exercer, doit se passer de régulateur extérieur, qui pourrait imposer des règles sur les conditions de l’échange. Ce régulateur, qui pourrait être l’état, est pour les libéraux réduit à des fonctions minimales. La théorie du marché dérégulé postule qu’un équilibre naturel, spontané s’établit entre le fournisseur et l’acquéreur de l’échange, et que tous les deux y trouvent leur compte. Ce postulat est formulé comme " la main invisible du marché ". Adam Smith s’inquiétait toutefois du fait que l’avidité des acteurs du marché serait " sans limite " et pourrait avoir des effets néfastes...
Le libéralisme économique, en marche depuis au moins 250 ans, est devenu récemment (20 ou 30 dernières années) ultralibéralisme ou néolibéralisme sous l’effet conjoint de deux phénomènes : La mondialisation qui, grâce au progrès technologique (transports, télécommunications, robotisation), a pu rendre accessibles aux capitaux tous les points de la planète, de façon instantanée. L’accumulation énorme de fonds, que l’on a transformés en actions, c’est-à -dire en titres de propriété de gigantesques sociétés multinationales, par un petit nombre d’individus, surpuissants, isolés ou associés comme dans les fonds d’investissement ou les fonds de pension des retraités occidentaux.
Moins que le spectacle navrant du luxe pharaonique et des énormes richesses accumulées par les bénéficiaires du système, c’est le pouvoir exorbitant qu’accumulent un petit nombre d’individus pour déterminer les conditions de vie d’autres Hommes qui est révoltant.
La puissance de ces détenteurs d’actions les autorise à revendiquer des évolutions de société qui vont toujours dans le sens de leur intérêt matériel immédiat, sans considération éthique ou écologique. Ils pèsent dans les instances internationales (OMC , Commision européenne, G8) ou dans les états, pour demander :
l’extension du marché : ils revendiquent (et obtiennent...) la privatisation d’entreprises publiques contrôlées par des états ou collectivités (santé, énergie, télecommunications) et qui échappent au profit financier que rapportent des capitaux placés. L’extension du marché c’est aussi rendre monnayables les biens gratuits ou mutualisés, par exemple l’éducation, l’eau, les semences qui sont commercialisées après avoir été stérilisées, par exemple les OGM, obligeant les agriculteurs à les acheter chaque année. On appelle ce phénomène la " marchandisation " de la société Dans les négociations internationales à l’OMC sur l’AGCS, il est clairement réclamé le droit pour les sociétés financières internationales de s’approprier des activités ou entreprises qui ne sont pas à vendre parce que protégées par leurs propriétaires souvent des états.
La déréglementation. Les protections sociales, environnementales sont vécues comme autant d’entraves à la liberté du marché, et donc à la possibilité d’augmenter les dividendes. La concurrence doit être totale. Chez nous, cette revendication se traduit par exemple par les tentatives de réduire le droit du travail, la réticence à imposer des normes environnementales, les délocalisations.
Pour arriver à leurs fins, les propriétaires du monde s’appuient sur toute une hiérarchie intermédiaire qui trouve (ou croit trouver..) un intérêt individuel à cet état de fait. Ces catégories intermédiaires sont appâtées par des mesures comme la promotion d’un consumérisme aveugle, des réductions d’impôts pour les plus aisés, la désignation d’un ennemi facilement repérable : les immigrés, les RMIstes, les petits délinquants qui servent de boucs émissaires. Le succès de ce mécanisme nécessite une acculturation de la population, par la promotion médiatique de ce qui est futile, sensationnel où la réflexion est absente voire ridiculisée (pub, infos). Elle passe aussi par un affaiblissement de l’éducation, en confiant à l’école une mission minimaliste et en ne lui attribuant pas les moyens de fonctionner correctement.
Dans le raisonnement de l’idéologie dominante du " tout marché, sans entrave ", la faille se trouve dans le fait qu’un marché ne peut être profitable aux deux partenaires que si la puissance des deux est comparable, autrement dit que si l’échange ne met pas face à face un partenaire très puissant et un autre très faible. Sinon l’échange tourne inéluctablement à l’avantage du fort qui dans la tractation suivante sera dans une position de force encore plus grande pour un échange encore plus déséquilibré. C’est le phénomène que nous constatons actuellement avec une croissance de la pauvreté et des inégalités à l’intérieur de nos sociétés comme à l’extérieur entre les pays du Sud et ceux du Nord.
Que faire ?
Comme citoyen, s’opposer, à l’appropriation financière, aux déréglementations, revendiquer des droits et des limites nouvelles dans certains domaines, en participant aux actions des associations humanitaires qui luttent dans ce sens. Faire mettre en application cette devise de Lacordaire qui écrivait dans les années 1850 : " Entre le fort et le faible, ..., c’est la liberté qui opprime et la loi qui libère ". Comme consommateur, s’associer aux initiatives économiques alternatives (AMAP, économie solidaire) qui tentent de fonder les rapports économiques sur d’autre bases que celle du profit maximum de l’économie financiarisée ; s’informer sur les enjeux de la consommation, revendiquer la transparence des étiquettes, exiger plus que les seuls critères de prix et de caractéristiques techniques.
Ce qui est en jeu au bout du compte c’est porter un autre regard sur l’autre, ne pas le considérer comme un concurrent (ou un parasite), mais comme un partenaire dont on est solidaire, un être humain respectable dans sa différence et ses droits.
Bibliographie :
« Pauvreté et inégalités, Ces créatures du néolibéralisme », éditions Mille et une nuit, 3 euros
Manifeste d’ATTAC : « Pour poser les fondements d’un autre ordre international »
2007-12-30 02:14:53
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answer #5
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answered by Anonymous
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Le modèle libéral n'a pas la cote en France. Ceux qui disent que Sarkozy est un libéral ne connaissent à l'évidence rien du libéralisme. Il n'est que de lire la presse anglo-saxonne pour s'en convaincre. Sarkozy est un pragmatique interventionniste, à savoir qu'il ne laisse pas le marché décider dans de nombreuses instances. Ceci dit, il n'a pas
forcément tort, car même aux Etats-Unis l'état est de plus en plus amené à intervenir pour suppléer le marché défaillant.
Tout récemment dans la crise des subprimes, par exemple.
Maintenant, venons-en là où le bât blesse: la future flexibilité.
Oui, il faudra inéluctablement plus de flexibilité. Pour embaucher, l'entrepreneur doit savoir qu'il peut débaucher.
Sinon, il joue petit bras au lieu de se développer ou, à la limite, il délocalise s'il le peut. Je sais que c'est la hantise du peuple de gauche qui préfère de beaucoup la sécurité du fonctionnaire à vie.
Mais il y a des solutions à cela, Ségolène Royal elle-même en a parlé au début de sa campagne, avant de se laisser
corseter par le "programme" du parti socialiste, collection de vieilles lunes dont on sait depuis longtemps qu'elles ne marchent pas. C'est le traitement social de la flexibilité: renforcement des garanties des salariés débauchés et formation professionnelle. Les pays scandinaves l'ont fait avec succès. Pourquoi pas nous?
Ce serait la mesure phare pour développer la croissance. Pour l'instant, on n'a eu que des réformettes sans impact sur cette croissance. Plus de croissance, moins de chômage.
Plus de pouvoir d'achat, moins de subventions étatiques, plus d'argent pour l'investissement. Au bout de ce cercle vertueux, le plein emploi, comme en Grande-Bretagne où les employeurs commencent à avoir du mal à trouver du personnel et qui proposent donc des salaires plus élevés.
Ces mécanismes, un adolescent de 16 ans aux Etats-Unis les connaît. En France, on en est encore à tout attendre de l'état.
2007-12-30 05:12:10
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answer #9
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answered by Ours Des Pyrénées 7
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