Joyce, homme de lettres, ne fait pas de son art, oeuvre poétique mais, selon le jeu de mot de Lacan, son art-gueil.
Disons, qu'il a fait de son rapport à la lettre une jouissance, mais toujours selon le jeu de mot de Lacan : " Il Joyce trop".
Le sinthome, (notion lacanienne) ainsi que sa force ont fait bouger le sens de l' exil de Joyce, lui donnant un accent nouveau, celui de l' exil propre au "parlêtre", à la langue.
En le nommant, Lacan amène Joyce à prendre place dans la liste des noms propres que forment les analystes lacaniens.
Il en est le paradigme.
De la place où Joyce nous parle, il s'offre à ce que les analystes poursuivent dans la voie où lui-même s'était orienté, celle d'écrire son rêve, (Finnegans Wake) pour ........
............se réveiller "du cauchemar de son histoire", ainsi qu'il l'exprimait.
Selon cette communauté d'expérience entre "Joyce le symptôme" et l'analyste, nous pourrions dire de cette analyse qu'elle est son rêve élaboré dans un process d'écriture
Ceci, afin de se réveiller non pas du cauchemar, comme l'est le réel sans défense de Joyce, mais de la tragédie ou du comique de son histoire.
Le réveil, quoique partiel, de la névrose peut permettre de ne plus sous-estimer comme le fait l' Occident, l'appel de soif collective d'autodestruction et de sacrifice humain tout à fait contemporain.
"Il coupe le souffle du rêve"
Allons au plus extrême, au plus sérieux des exilés : "Je nomme", dit Lacan, "Joyce le Symptôme".
"L'important n'est pas pour moi de pasticher Finnegans Wake- on sera toujours en dessous de la tâche -, mais c'est de dire en quoi, je donne à Joyce, en formulant ce titre "Joyce le Symptôme", rien de moins que son nom propre, celui où je crois, qu'il se serait reconnu dans la dimension de la nomination". (Lacan 1975)
Joyce se serait reconnu s'il avait pu lui parler encore en 1975.
Joyce a poussé son symptôme à son état suprême, affirme Lacan; c'est-à-dire, jusqu'à pousser l'inconscient hors sens.
A ce stade, le symptôme ne concerne pas le lecteur.
Joyce ne se soucie pas de le charmer.
La lecture reste fermée aux émotions et retrouvailles car elle est insensible à nous faire vibrer.
Lire Joyce pourrait soulever quelques résistances, si on ne prête pas attention à la rigueur de son travail; rigueur qui nous retient et nous attache.
Lacan la souligne et la met sous le signe de la création, démonstration de Joyce qu'il maintient au niveau de sa consistance logique .
Ajoutons avec le sérieux du jugement qui fonde son choix, celui d'être un hérétique de la bonne façon. A cet état suprême, son symptôme aurait un pouvoir, celui de réveiller.
Est-ce le rêve de Joyce ?
Peut-on se réveiller de l'inconscient qui fait notre réalité comme du roman qui fait la littérature ?
Lacan n'y croyait pas, il le désirait ; et il s'y exerçait.
L'exercice implique qu'on bafouille, qu'on s'embrouille, c'est ce qu'il montrait quelquefois avec sa dernière trouvaille, le noeud.
De là, il pouvait dire, par exemple, que ce qui réveille, c'est bien quand nous ne comprenons pas.
2007-12-24 10:05:32
·
answer #1
·
answered by Anonymous
·
4⤊
0⤋
Chacun en juge selon ses convictions philosophiques ou religieuses. Mais le fait est que notre temps - avec ses massacres épouvantables, l'inflexible égoïsme des classes, catégories, corporations, ethnies et religions dressées les unes contre les autres, le niveau culturel catastrophique des masses subjuguées, uniformisées et abruties par les médias et la publicité, l'arrogance et l'inculture des centres de pouvoir, la recherche du profit à tout prix, et par tous les moyens, les privilèges dorés de quelques-uns tandis qu'innombrables sont ceux qui tentent juste de survivre - semble donner raison à la seconde hypothèse, que personne n'a résumé aussi efficacement que James Joyce, quand, dans Ulysse, il met dans la bouche de Stephen Dedalus ce verdict affligé : «L'Histoire est un cauchemar dont je cherche à m'éveiller.»
2007-12-24 07:59:51
·
answer #2
·
answered by ? 7
·
2⤊
0⤋
Le rôle des historiens est de se plonger au coeur du cauchemar, jusqu'à l'éreinter. On a coutume d'appeler "objectivité" la satiété que leur apporte le rapport intime qu'ils entretiennent avec les sources...Une chose est sûre : ils sont sincères. Ce qui les rend d'autant plus attaquables. (Cf la définition de l'histoire chez Cicéron : ne rien dire de faux, mais oser dire le vrai).
Je m'étonne un peude trouver cette citation chez Joyce. Encore que sa culture hyper-aristotélicienne acquise chez les Jésuites dublinois a dû être pour beaucoup dans cette citation. Ce dont Joyce voulait s'éveiler, n'était-ce pas plutôt cette éducation si rigide et rigoriste (bien qu'elle ait beaucoup contribué à la constitution de sa personnalité ?)
Comme souvent, je mr borne à réduire un propos à son contexte, en bon positiviste, mais le whisky du réveillon a au moins le mérite de me rendre plus direct.
Cette réponse; pour si déceptive qu'elle puisse être, est mon cadeau de noël.
Bises Herculine.
2007-12-24 17:40:23
·
answer #3
·
answered by Anonymous
·
1⤊
0⤋
Difficile a dire, de se mettre a sa place.
Par le contexte on peut deviner... Catholique decu par la religion (comme nombre d'Irlandais) et par les contradictions de la foi et de la vie, celle-ci ne pouvait que lui semblee pleine de vicissitude...
2007-12-24 12:30:28
·
answer #4
·
answered by Anonymous
·
1⤊
0⤋
James Joyce a certainement découvert que l'histoire se répétait de siècle en siècle et que l'homme en fait n'arrivait jamais à s'améliorer ou à changer. Il cherchait certainement à s'éveiller dans un monde meilleur où l'histoire de saccage s'effacerait. Le cauchemar de l'histoire, c'est que rien ne change et que les êtres vils existent toujours. Nous sommes prisonniers de notre histoire et en fait nous errons dans un monde de mirage qu'absolument aucun humain ne voit et nous répétons sans arrêt les mêmes erreurs. Une chaîne de naissances multiples érigée par nos tentations et nos démons qui se ruent sur nos désirs. Les trois clefs du monde sont la sagesse, la découverte d'un soi sans importance et l'accès à la divinité.
2007-12-24 04:59:55
·
answer #5
·
answered by Louise Amélie 3
·
1⤊
0⤋
Pour lui, l’histoire tue le moment présent. L’histoire organise, catégorise et fixe tous les phénomènes et les êtres, cherchant à limiter ce qui n’a pas de limite, à définir ce qui ne peut être défini. Il cherche à s’éveiller à ce moment présent, à se libérer de l’ignorance et des entraves de son soi “historique’’ et faux.
2007-12-24 04:27:57
·
answer #6
·
answered by Eurydice 7
·
1⤊
0⤋
Le cauchemar c’est quand tu changes ton avatar…
2007-12-24 04:28:42
·
answer #7
·
answered by philippides 4
·
0⤊
0⤋
peut être que les historiens ont écrit l'histoire et qu'elle est partiale et fausse la plupart du temps
ou alors qu'il ya eu tellement d'horreurs commisespar les hommes qu'ils ne veut plus voir ces choses en face,
ou alors que l'histoire est basée sur des horreurs au lieu de s'axer sur ce qui a été bon pour l'homme.
2007-12-24 03:44:00
·
answer #8
·
answered by TA GROSSE RACE 7
·
0⤊
0⤋
il parlait de la guerre 39-45 et ne voulait plus voir les nazis faire autant d'horreur ...
2007-12-24 03:54:40
·
answer #9
·
answered by Michael 5
·
0⤊
1⤋