« Il y a un passage très périlleux dans la vie des peuples démocratiques.
Lorsque le goût des jouissances matérielles se développe chez un de ces peuples plus rapidement que les lumières et que les habitudes de la liberté, il vient un moment où les hommes sont emportés et comme hors d’eux-mêmes, à la vue de ces biens nouveaux qu’ils sont prêts à saisir. Préoccupés du seul soin de faire fortune, ils n’aperçoivent plus le lien étroit qui unit la fortune particulière de chacun d’eux à la prospérité de tous. Il n’est pas besoin d’arracher à de tels citoyens les droits qu’ils possèdent ; ils les laissent volontiers échapper eux-mêmes.
Si, à ce moment critique, un ambitieux habile vient à s’emparer du pouvoir, il trouve que la voie à toutes les usurpations est ouverte. Qu’il veille quelque temps à ce que tous les intérêts matériels prospèrent, on le tiendra aisément quitte du reste.
2007-12-03
01:13:57
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7 réponses
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demandé par
Anonymous
dans
Arts et sciences humaines
➔ Philosophie
Qu’il garantisse surtout le bon ordre. Les hommes qui ont la passion des jouissances matérielles découvrent d’ordinaire comment les agitations de la liberté troublent le bien-être, avant que d’apercevoir comment la liberté sert à se le procurer ; et, au moindre bruit des passions politiques qui pénètrent au milieu des petites jouissances de leur vie privée, ils s’éveillent et s’inquiètent ; pendant longtemps la peur de l’anarchie les tient sans cesse en suspens et toujours prêts à se jeter hors de la liberté au premier désordre.
Il n’est pas rare de voir alors sur la vaste scène du monde, ainsi que sur nos théâtres, une multitude représentée par quelques hommes. Ceux-ci parlent seuls au nom d’une foule absente ou inattentive ; seuls ils agissent au milieu de l’immobilité universelle ; ils disposent, suivant leur caprice, de toutes choses, ils changent les lois et tyrannisent à leur gré les mœurs ;
2007-12-03
01:17:29 ·
update #1
Et l'on s’étonne en voyant le petit nombre de faibles et d’indignes mains dans lesquelles peut tomber un grand peuple…
Le naturel du pouvoir absolu, dans les siècles démocratiques, n’est ni cruel ni sauvage, mais il est minutieux et tracassier. »
Alexis de Tocqueville (1840)
2007-12-03
01:18:40 ·
update #2
@ Vladimir V. :
Je dis ça parce qu'une des phrases citées, m'a frappé comme peut le faire un réverbère si on marche sans regarder devant :
"..Pendant longtemps la peur de l’anarchie les tient sans cesse en suspens et toujours prêts à se jeter hors de la liberté au premier désordre."
2007-12-03
01:28:52 ·
update #3
@ Bijou :
Je siffle d'admiration !
Cependant je voulais juste souligner la pertinence de ce texte par rapport aux risques actuels de dictature en France si personne ny prend garde.
2007-12-03
02:02:53 ·
update #4
@ Eoredd :
Merci.
Vous est-il possible de poster quelques extraits sur ce site pour étayer vos propos ?
Tout le monde vous sera reconnaissant, moi le premier.
2007-12-03
05:30:51 ·
update #5