Voir aussi nos dossiers : MST : le retour
Les maladies infectieuses
Les maladies gynécologiques
Syphilis
[?] Qu'est-ce que c'est ?
La syphilis est une infection bactérienne responsable de lésions de la peau et des muqueuses pouvant toucher de nombreux organes. La fréquence de la maladie reste importante dans les pays développés (plusieurs milliers de nouveaux cas chaque année en France).
La transmission de l’infection est strictement inter-humaine et se fait par voie sexuelle (possibilité rare de transmission par voie sanguine ou au cours de la grossesse).
[?] Causes et facteurs de risque
Le germe responsable de la syphilis est une bactérie (Treponema pallidum) faisant partie de la famille des spirochètes.
Maladie sexuellement transmissible (MST), la syphilis touche tout particulièrement les sujets ne se protégeant pas lors des rapports sexuels.
[?] Les signes de la maladie
La maladie évolue en phases successives.
1- La syphilis primaire :
L’incubation silencieuse (entre la contamination et les premiers symptômes) est en moyenne de 3 semaines, mais peut se prolonger jusqu’à 3 mois.
La première phase se caractérise par l’apparition d’un chancre : lésion rosée, indolore, non inflammatoire, propre, bien limitée devenant dure, laissant sortir un liquide clair. Il est localisé au niveau des organes génitaux (gland, peau des testicules, grandes lèvres, clitoris, paroi du vagin, col utérin). Il peut être également extra-génital (lèvres, langue, amygdale, anus) et peut donc passer inaperçu. Des ganglions durs et indolores sont perçus dans la zone du chancre.
2- La syphilis secondaire :
Elle survient entre 1 mois et 1 an après le rapport sexuel contaminant.
La bactérie est responsable de manifestations variées en particulier cutanées (nombreuses lésions dont certaines sont contagieuses) et muqueuses (bouche, langue, vulve, gland, anus). Ces signes cutanés et muqueux sont associés à de nombreux ganglions palpables indolores, une fatigue, une température corporelle légèrement augmentée, des maux de tête. Méningite, hépatite, atteintes rénales et articulaires sont possibles.
3- La syphilis tertiaire :
Elle survient en l’absence de traitement, après quelques mois ou années silencieuses.
Elle est caractérisée par des atteintes neurologiques (on parle de neuro-syphilis), cardiaques, hépatiques, digestives, rénales, laryngées, oculaires, troubles psychiatriques. Pendant cette phase de la maladie (encore observée en France), le patient n’est plus contagieux.
La syphilis latente se définit comme l’infection par la bactérie sans manifestation clinique mais les réactions sérologiques sanguines sont retrouvées positives. On distingue la syphilis latente précoce (pendant la première année suivant la contamination) et la syphilis latente tardive (après la première année).
[?] La consultation
La syphilis étant une maladie sexuellement transmissible, le médecin doit rechercher par l’interrogatoire et l’examen clinique des éléments en faveur d’une autre MST (infection à VIH, hépatite B…).
Au stade de syphilis primaire : le médecin s’attache à rechercher des localisations atypiques (extra-génitales) du chancre. Celui-ci peut passer inaperçu et la syphilis ne sera donc pas traitée pouvant évoluer vers sa phase secondaire.
Au stade de syphilis secondaire, le médecin examinera et décrira les lésions cutanées et muqueuses (pouvant siéger sur la langue, les plis, la muqueuse anale ou rectale).
[?] Examens et analyses complémentaires
Le diagnostic de syphilis, orienté par les données de l’interrogatoire et de l‘examen clinique, est confirmé par les examens effectués au laboratoire de biologie.
Au stade de syphilis primaire :
L’ultramicroscope à fond noir (microscope particulier pour la détection de cette bactérie) met en évidence le tréponème sur les prélèvements (sérosité au niveau du chancre) qui doivent être effectués avant l’administration d’antibiotiques. C’est le seul examen permettant de faire un diagnostic précoce à ce stade, les réactions sérologiques devenant positives 15 jours après l’apparition du chancre.
Au stade de syphilis secondaire :
L’examen à l’ultramicroscope à fond noir met en évidence la bactérie au niveau de certaines lésions cutanées (plaques érosives).
Les réactions sérologiques visant à mettre en évidence des anticorps dirigés contre la bactérie sont positives à ce stade. On distingue :
Le VDRL (Venereal Disease Research Laboratory) se positive 2 à 3 semaines après l’apparition du chancre. C’est un test non spécifique (la positivité du test peut survenir en présence d’autres maladies comme les hépatites virales, la mononucléose infectieuse, la varicelle, la tuberculose, la toxoplasmose…) utilisé pour le dépistage de l’infection et son suivi. Ce test reste légèrement positif ou négatif en cas de syphilis tertiaire. Le traitement antibiotique fait diminuer fortement le taux d’anticorps en quelques mois.
Le TPHA (Treponema Pallidum Haemagglutination Assay) plus spécifique, plus précoce (positif vers le 10ème jour du chancre) et persistant.
Le FTA (Fluorescent Treponemal Antibody) de spécificité quasi-parfaite (quand le test est positif, on peut affirmer quasiment sans se tromper qu’il s’agit d’une syphilis) et plus précoce (positif vers le 7ème jour du chancre).
Le test de Nelson représente le test de référence en terme de spécificité. Il se positive tardivement (plus d’un mois) et ce de façon définitive. Ce test n’est cependant presque jamais utilisé, le FTA suffisant.
[?] Evolution de la maladie
Les formes primaires et secondaires traitées correctement guérissent sans séquelle.
Sans traitement, l’évolution se fait dans un tiers des cas vers la guérison spontanée, dans un autre tiers des cas vers les formes secondaires et tertiaires et dans un dernier tiers vers une syphilis latente.
[?] Ne pas confondre avec...
Syphilis primaire : le chancre syphilitique peut être confondu avec le chancre mou (lié à un autre germe). Les caractéristiques cliniques du chancre et les examens complémentaires permettent de les différencier.
Syphilis secondaire : les lésions cutanées observées à ce stade peuvent être confondues avec de nombreuses maladies dermatologiques (psoriasis.. )
[?] Traitement
La syphilis est une maladie à déclaration obligatoire (nominale si le patient refuse de se traiter).
Il repose sur l’administration d’antibiotiques. La pénicilline G représente l’antibiotique de référence. D’autres antibiotiques peuvent être utilisés en cas d’allergie à la pénicilline G (macrolides, cyclines).
Les modalités de traitement (en particulier la posologie) varient en fonction du caractère primaire, secondaire ou tertiaire de la syphilis.
Syphilis primaire : 1 seule injection intra-musculaire de benzathine-pénicilline. En cas d’allergie, macrolides ou cyclines pendant 15 jours par voie orale.
Syphilis secondaire : 3 injections intra-musculaire à une semaine d’intervalle de benzathine-pénicilline. En cas d’allergie, macrolides ou cyclines pendant 15 jours par voie orale.
Syphilis tertiaire (atteinte neurologique) : pénicilline G par voie intra-veineuse pendant 15 jours.
La réaction d’Herxheimer est l’aggravation subite des symptômes 6 à 12 heures après la première dose d’antibiotique (fièvre, malaises, douleurs musculaires). Pour éviter cette réaction, on administre des corticoïdes 48 heures avant le début de l’antibiothérapie.
La surveillance comprend des examens sérologiques tous les 6 mois. La décroissance du taux d’anticorps est variable après la syphilis secondaire. Sous traitement, elle décroît plus vite. Cette surveillance permet de dépister des réinfections (réascension des anticorps).
Chez le patient infecté, le médecin recherche de façon systématique d’autres maladies sexuellement transmissibles (de façon systématique une infection à VIH) et les traite si nécessaire.
Le médecin doit dépister et traiter si nécessaire les partenaires sexuels du sujet infecté.
La prévention est primordiale : éducation du patient (rapports sexuels protéges, vaccination contre l’hépatite B).
2007-11-11 01:26:30
·
answer #1
·
answered by @ mon avis 6
·
0⤊
0⤋