Toi, tu m'as l'air en forme ces jours-ci !
Bon, il faudrait d'abord définir le sacré : cette notion ne se définit que relativement à ce qui ne l'est pas, à savoir le profane : encore une manifestation de la vision dualiste de l'univers dans laquelle erre l'Homme détaché de son essence propre.
Le sacré est ce qui revêt un caractère intouchable, parce que contenant une valeur supérieure au commun : le sacré, c'est donc ce qui ne doit pas être profané. Il revêt implicitement un caractère surnaturel, par rapport à la nature en tant que champ d'action légitime de l'Homme. Le sacré est ce que l'Homme reconnait devoir respecter absolument, parce qu'il lui prête une dimension transcendante, verticale, par rapport au monde dans lequel il évolue, considéré comme horizontal. Le sacré est ce qui symbolise pour lui la représentation d'un lien entre lui et une puissance supérieure, qui le domine et à laquelle il souhaite, par ce vecteur, demeurer relié.
Aussi le sens du sacré est-il à l'origine de tous les paganismes (mythes puis polythéïsmes) qui confèrent à divers rites et à des idoles ce rôle de représentation concrète de la puissance vénérée : simples lieux naturels consacrés, bois, lac, montagne, etc. ou objets manufacturés, menhir, dolmen, statuaire, masque, etc... ils instituent parallèlement des personnes spécialement investies d'accomplir les rites sacrés : sorciers, chamanes, clercs, etc.
Le monothéïsme des origines renie la valeur de ces idoles en affirmant que seule la puissance divine porte en elle la transcendance, qui ne peut être transférée sur aucune figuration concrète : il condamne donc l'idôlatrie sous toutes ses formes. Cependant l'on peut constater qu'en ce sens, dans ses divers avènements, il a, plus ou moins, dévié de cette intention, en reconnaissant à son tour un caractère sacré à tel ou tel symbole, qui des icônes, reliques, livres saints, qui, dans une moindre mesure, un livre, une langue sacrés ; et en instituant à leur tour diverses formes de rites, souvent - pas toujours - conférés à la charge d'un clergé.
Bref, on peut considérer que le sacré est ce qui doit relier l'Homme au Divin, parce qu'il en est a priori séparé. Aussi, logiquement, pour les athées, cela ne devrait rien signifier, si ce n'est par un "retour de l'inconscient refoulé", comme dirait l'autre ; ou bien la persistance de croyances archaïques de l'ordre de la superstition...
Toute ce laïus pour restituer sa dimension véritable à cette notion immémoriale, nécessaire pour préciser ma position. Je crois effectivement en l'existence d'autre(s) plan(s) du réel que la seule "réalité" objectivable, sans rationnellement pouvoir affirmer de quelle nature il(s) relève(nt). Or, même s'il(s) demeure(nt) en soi inconnaissable(s) on peut en faire l'expérience dans certain état de conscience - ouverte à cette perception intérieure, et parfaitement lucide.
C'est pourquoi, rejoignant en cela la source du monothéïsme, il me semble que n'est sacré que ce qui émane directement du divin : donc aucun symbole, ni objet, ni rite, ni médiateur. Et qu'est-ce donc qui subsiste en dehors de tout cela, résolument inexplicable en soi, et manifestation apparente de la réalité ultime, qui n'est pas que mécanisme : la vie ! La vie dans sa réalisation la plus aboutie, la vie sensible, d'abord, puis la conscience, surtout. Aussi pour moi est sacrée toute vie, qu'il faut épargner autant que possible, et respecter dans son équilibre global ; plus sacrée encore toute vie "animée", douée de sensation, à qui il ne faut pas porter atteinte ; plus sacrée encore la vie pleinement consciente, absolument intouchable dans son intégrité, physique (proscription de toute atteinte corporelle), et mentale (liberté absolue de conscience). Tout cela devant idéalement s'inscrire dans une morale universelle à venir.
Bonne journée !
2007-08-31 04:01:56
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answer #6
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answered by £e loup vert à trois pattes 4
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