Ils ont déjà eu 5 ans pour le faire et nous avons toujours des SDF... et Sarkozy promet qu'en 2 ans il n'y en aura plus!
Alors que comptent-ils faire? Les emprisonner? les euthanasier? creuser des fosses communes?...
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Bayrou:
Ce n'est pas l'affaire des associations, sinon par délégation, et selon leur volonté de servir ; ce doit être l'affaire du pays tout entier, l'affaire du Président de la République, porteur et peut-être même inspirateur de la volonté nationale.
La présence parmi nous de ceux que l'on nomme "exclus" (un nom que nous leur attribuons, et non qu'ils s'attribuent eux-mêmes), qu'ils soient très visibles, ou qu'ils soient dissimulés, c'est la réalité de la société que nous avons formée.
Très visibles : les 100 000 qui dorment dans la rue. Les tentes suscitent une polémique ? On bouge les tentes, et on ne parle plus de SDF ! Ce qui veut dire, d'une certaine manière, que ceux qui ont fourni les tentes ne se sont pas trompés : ils ont rendu visible l'invisible. Les tentes une fois déplacées vers les berges de la Seine, plus personne ne s'en occupe. Les touristes japonais les photographient abondamment, les pouvoirs publics les ignorent … jusqu'à la fin novembre, jusqu'au premier coup de froid.
Un SDF a vécu huit mois sur le rebord du muret du Conservatoire de Musique, à côté du portail de l'UDF, rue de l'Université. Il était jeune, sans doute malade, intoxiqué profondément (j'ai cru m'en rendre compte moi-même). Questions, appels répétés n'y ont rien fait.
Ces 100 000 SDF sont visibles. Et puis il y a le continent immergé de l'exclusion dans notre propre pays : 4 ou 5 millions de nos compatriotes, dont un million d'enfants. Certains ont perdu tout lien avec leurs voisins, avec l'estime publique, avec le travail ; certains sont atteints par l'exclusion depuis des décennies. On a parfois plusieurs générations en train de reproduire l'absence de normes - ou des normes à part : c'est l'exclusion grave, qui apparaît dans bien des cas comme irrémédiable.
On devrait avoir constamment devant nous une pancarte qui nous rappelle cela : "Pensons aux 5 millions".
Peut-on avoir une stratégie globale à leur endroit ? Je crois que oui. La gravité de la menace, que la persistance de l'exclusion fait peser sur notre pays, exige une volonté politique. La solidité d'une chaîne se mesure à la solidité de son maillon le plus faible : c'est la même chose pour la solidité d'une société.
Et pour l'image de la France. Et pour notre compétitivité, pour la capacité de la France à tenir sa place dans la grande compétition du monde. Et pour les raisons qui nous font vivre ensemble.
La France est un pays dont l'idéal national ne ressemble pas aux autres. C'est comme cela. Mon « camarade » Henri IV y est pour quelque chose…
La République est indivisible. La France est indivisible. Quand nous disons, dans notre devise, "égalité" et "fraternité", de quoi parlons-nous ? Des valeurs qui nous font vivre ensemble. La blessure de l'exclusion est plus grave pour nous, pays d'unité, que pour tout autre pays.
Cette stratégie globale doit comporter sa part de prévention, j'y reviendrai tout à l'heure, mais elle doit commencer par l'urgence.
Il n'y avait qu'un point du programme de Lionel Jospin en 2002 avec lequel j'étais en accord profond - c'est d’ailleurs celui qui a été le plus moqué : "zéro SDF". Un pays comme le nôtre doit se fixer comme impératif, comme objectif vérifiable, d'offrir une solution à chaque SDF en cinq ans - le temps d'une législature. C'est un objectif ambitieux mais possible.
Je le sais car j'ai eu l'occasion de le faire. Dans les Pyrénées-Atlantiques, alors que j'en assumais la Présidence, le Conseil général a initié un programme de logements ultra-sociaux pour personnes en situation d'urgence. Nous avons récupéré 1000 logements en cinq ans. La plus petite surface, la plus petite maison de garde-barrière abandonnée par la SNCF, le recoin de ferme dont on n'a pas l'usage, nous l'avons réhabilité, et nous en avons garanti le loyer. Comme on avait en même temps réglé les questions de droits sociaux, il n'y a eu aucun impayé. La garantie n'a pas eu à jouer. Elle était là pour rassurer le propriétaire. Tout cela a été l'Åuvre d'une équipe de deux personnes.
Offrir de vraies solutions au lieu des mots, il faut commencer par là . Passer de la solidarité verbale à la solidarité en actes, c'est un grand pas dans le sens de la dignité nationale !
Nous avons eu une réflexion à notre Colloque sur le Logement, sur l'édification de logements très sociaux dans les programmes de construction : nous proposons - même si c'est discuté - que tout programme immobilier comprenne au moins 25% de sa surface en logements sociaux.
Je crois à la mixité. Je ne crois même qu'à cela : toute politique qui accepte les ghettos nous conduit au type d'impasse dans laquelle nous sommes.
Des logements sociaux et des logements très sociaux dans tous les programmes, et aussi des logements de standing dans les programmes sociaux, car la mixité devrait marcher dans les deux sens. Il faut aussi qu'il y ait des riches chez les pauvres ! Cela a été une partie de la stratégie suivie à New York…
Cette idée de passer de la solidarité verbale à la solidarité en actes, elle vaut aussi pour le travail.
Tout au long de la journée, on a parlé de réhabiliter le travail. On sait bien, en effet, quel mécanisme exclut - et cela va très vite - ceux qui perdent le contact avec le travail, et perdent en même temps la reconnaissance de ce qu'ils sont.
On n'est pas quitte avec quelqu'un quand on lui a donné un chèque, dont le montant d'ailleurs est extrêmement faible. Depuis longtemps, il m'apparaît que l'une des clés est de rendre l'estime de soi, la reconnaissance dans le regard de l'autre, la certitude d'une utilité, à ceux qui sont dans l'exclusion. Je sais bien que c'est extrêmement ambitieux, mais je pense que c'est à la dimension d'un pays comme le nôtre, et de l'époque que nous vivons.
L'activité universelle, c'est offrir à chacun de ceux qui sont bannis sa place dans la société que nous formons ensemble, par la reconnaissance des richesses qu'il porte en lui. Même dans cette pauvreté, nous trouverons autant de richesses que chez ceux qui "réussissent". C'est la grande idée de l'Abbé Pierre : les pauvres sont riches, mais vous ne le savez pas. Idée évangélique, pour l'Abbé Pierre ; considérons, pour nous, que c'est une idée civique.
Combien parmi vous connaissent des RMIstes ? Dans le village où je suis né, et où j'habite toujours, les familles de RMIstes, je les connais depuis l'enfance. Je sais qu'ils savent faire plein de choses, ils ont des compétences, des capacités, de la générosité, qui se sont peu à peu effacées, recouvertes d'un voile, qui se sont oubliées, mais qui sont intactes au dessous de cet oubli.
Donc je dis : tu sais faire de l'informatique ? (beaucoup de RMIstes ont fait des études, en particulier des études d'informatique, ils sont au chômage depuis 4 ans …) Il y a des gens à qui tu peux l'apprendre.
Tu sais t'occuper des enfants ? il y a des enfants qui ont besoin de toi.
Tu as ton permis de conduire ? tu peux accompagner des personnes âgées, faire les courses avec elles. (Avez-vous essayé de prendre le train dans la treizième voiture, en étant handicapé, sur un quai de nos gares ?)
Il y a mille aides, activités, secours, qu'une société comme la nôtre ne « remplit » pas. C'est pitié de le voir. Que la société française se fixe comme devoir de donner une utilité sociale à tous ceux qui peuvent assurer cette activité, est une idée de révolution civique.
Cette activité permettra aussi aux titulaires de minima sociaux d'arrondir leurs fins de mois : les collectivités locales et associations auront les moyens de leur apporter une contrepartie, cumulable un certain temps avec le RMI.
L'activité universelle s'exercera en dehors du secteur concurrentiel. Mais il faut aussi favoriser la reprise d'emploi des chômeurs de longue durée. C'est pourquoi nous proposons que chaque entreprise puisse créer deux emplois sans charges, pour que se dégèle le continent des emplois gelés.
http://www.bayrou.fr/discours/bayrou-solidarites-071006.html
2007-03-27 12:39:14
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answer #8
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answered by Jib 4
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