Quand on écrit un texte ou une poésie, on parle uniquement de soi?

Question

La poésie ,par exemple, peut elle être autre que subjective?Ou narcissique? Je dis bien dans le fond.

El sergio ta réponse est ...limpide...claire comme de l'eau de cailloux.. hehe

El sergio magnifique poème! Je choisis de le prendre pour moi , ça ne te dérange pas? hehe

Dans ce cas là la poésie exprime bien la subjectivité mais le thème est universel...

Non non mais tu dis bien celui-dont-je-ne-vois-pas-le-pseudo! C'est normal?

Answer 1

Je ferai la différence entre un texte ou une poésie.

Un texte (littéraire disons) est porteur de subjectivité en soi, il est l'expression de l'auteur, même si cette auteur parle de choses extérieures. Le but du message est bien l'expression de la subjectivité.

Le "but" d'une poésie est avant tout une histoire de rythmes, de sonorités (j'ai pris soin d'éviter le mot vers il n'y a pas que la poésie rimée dans la vie et heureusement !) et d'images. Il y a là plus que la simple expression de la subjectivité de l'auteur, il s'agit du langage pour le langage, de la beauté de la langue pour elle-même et non en tant que vecteur d'un message.

Et je vais m'empresser de me contredire avec cette citation d'Andrée Chedid : " Le roman prend corps pour ensuite se vêtir. Prenant âme, la poésie demeure nue."

Answer 2

"Insensé,qui coit que ne suis pas toi!Quand je vous parle de moi,je vous parle de vous."
C'est V.Hugo qui a dit ça,et il est dans le vrai.Un écrivain,un poète,qui se lamente de la perte d'un être cher,ou qui se réjouit et chante un amour naissant ou passionné,dit certes"je",mais ce dont il parle,le sentiment,l'action,la réaction,sont de l'ordre de l'universel,de l'humain.En lisant ce qu'a été son expérience heureuse ou malheureuse,on peut se situer par rapport à lui,et cette comparaison est un pas vers une meilleure connaissance de soi.

Answer 3

au fond du puit l'eau n'est pas toujours limpide

Ô comme ton absence pèse lourd !
Comme un lourd soleil dans toute sa masse
S'écrasant en vertigineuse chute
Sur mon coeur, en manque de ton amour,
Qu'il va en étouffer de guerre lasse,
Aplati par un poids que l'on ampute.

Et pourtant ta présence est si légère...
Ô la pression de ta tendre poitrine !
Lorsqu'elle appuie sur mon torse en douceur,
Si légèrement que même une artère,
Où cogne mon sang, contre ta peau fine,
Suffit à soulever ton léger coeur.

Ne trouves-tu pas curieux, mon amour,
Que tes doux baisers lorsque tu es loin,
Pèsent assez pour se graver en moi ;
Alors qu'un même baiser, en plein jour,
Laisse sur ma lèvre à peine un parfum,
Une empreinte douce comme un émoi ?

§§§§§§§§§§§

Au plus profond de ses Molécules
L'Eau a cette Beauté rassurante
Qui fait que les noirs Démons reculent
Devant cette Eau calme qui enchante

Même lorsque ses Lèvres écument
Crachant violemment toute sa Haine
Même lorsque ses Entrailles fument
Vomissant la Chaleur de ses Peines

L'Eau sait réconforter sous son Sein
Avec un Calme si maternel
Les Pleurs des Enfants et des Lutins
Et leur offre des Baisers de Miel

Car l'Eau renferme dans ses Poumons
Un Souffle féminin déferlant
Depuis les Sommets de l'Élotion
Jusque dans les Arcanes du Temps

Answer 4

Bon, juste pour ajouter à Losilue2, ile2s et Le persan, qui cernent déjà bien la question, j'ajouterais que le sujet n'est pas essentiel au poème.

Dès lors qu'il n'y a pas de sujet, le langage n'exprime plus: il s'invente et rompt avec ses attaches, sort du moi initial. Celui-ci est en fait la "matière première" du poème, non le sens ni le but.
Enfin, au-delà du moi, c'est le ça, l'inconscient qui parle et soutient toute poésie véritable, où le langage précède la pensée et opère la transmutation du sens.

Donc, en poésie, la seule qui m'intéresse, mais non la seule qui existe, on ne parle pas de soi, parce que l'on ne parle pas "de". On parle, intransitivement. Ou même: on part.

En prose, le sujet peut prendre plus d'importance, mais la part du moi qui s'y loge peut y être tout aussi transmuée.

Answer 5

tu peux parler de la beuté d'un corps des impressions du ciel ou d'un simple objet anodin. La poésie c'est la tranformation du monde par le regard du poéte

Answer 6

Je pense qu'en fait il y a comme deux personnes: celui que l'on est chaque jour, qui vit, respire, mange, et celui que l'on devient en écrivant, en travaillant: la poésie, la littérature, sont le résultat de ce travail de la langue. Donc c'est une subjectivité sans doute, mais transfigurée.

Est-ce qu'Homère parle de lui? Je ne pense pas: il y a eu des interprétations contradictoires: Raymond Ruyer pensait que cétait une femme dans "Homère au féminin"; d'autres y ont vu plusieurs aèdes ou poètes. C'est dire la complexité de la question et son côté bien peu subjectif.

On parle de soi, d'autrui, du monde - on parle de présence (c'est ce que dit Yves Bonnefoy) par exemple, et la poésie ce serait un certain rapport interrogatif au monde.

Answer 7

bonsroi, oui la poésie peut ne pas être subjective, tu peux trouver des poèmes où on parle d'animaux !! , de nimporte quoi , c'est pas toujours de soi qu'on parle dans les textes ou les poèmes !!