Engagé dans son ensemble, le Corps européen, (Eurocorps en anglais, Eurokorps en allemand) peut fournir 60.000 hommes, 700 chars et 300 pièces d’artillerie. C’est le corps d'armée le plus puissant d’Europe occidentale depuis la guerre froide. Créé en 1992, déclaré opérationnel en 1995, il est une initiative franco-allemande à laquelle se sont successivement joint la Belgique, l’Espagne puis le Luxembourg. Outre les cinq pays membres ("nations-cadre"), sept pays de l’Union européenne (Royaume-Uni, Italie, Grèce, Pologne, Finlande, Pays-Bas et Autriche) détachent un nombre limité d’officiers de liaison à l’état-major, à Strasbourg. Le Canada et la Turquie, membres de l'OTAN, ont également envoyé des officiers de liaison à l’état-major.
Quartier Général
Le Quartier Général (QG) du Corps Européen ou EUROCORPS, installé à Strasbourg, est composé de l'État-major, du bataillon de Quartier Général, de quatre Détachements de Soutien National et de l'État-major de la Brigade Multinationale d'Appui au Commandement. Au total, environ 900 militaires et une centaine de civils travaillent au Quartier Général.
Les différentes contributions nationales au QG Eurocorps sont complétées par des « fonctions à rotation » attribuées à tour de rôle à l'un des états des nations cadres (FR - GE - BE - SP; LUX a un poste fixe). les 9 autres nations (GR, FIN, TU, AUT, CA, PL, UK, NL, IT) contributrices fournissent soit du personnel d'état-major soit des officiers de liaison.
L'actuelle répartition des postes entre les pays-membres est indiquée par un code-couleurs. Les cellules encadrées et ombrées indiquent les fonctions « à rotation ».
En temps de paix, les contributions nationales aux forces à la disposition de l'Eurocorps se composent d'unités sous commandement opérationnel et d'unités tenues à disposition de l'Eurocorps mais restant sous commandement national
Missions
Le rapport de La Rochelle
Le rapport de La Rochelle, signé le 22 mai 1992 par les ministres français et allemand de la Défense à l'issue du Sommet de La Rochelle, peut être considéré comme l'acte fondateur de l'Eurocorps qu'il définit comme un corps d'armée multinational européen, indépendant des structures militaires intégrées de l'OTAN. Le rapport décrit encore de manière précise les missions, la mise à disposition, les cadres d'engagement possibles, la structure et l'organisation de l'Eurocorps ainsi que certains aspects financiers et juridiques. Initialement une initiative franco-allemande, l'Eurocorps a d'emblée été ouvert aux autres pays de l'Union de l'Europe occidentale.
Les déclarations de Petersberg et Rome
C'est à l'occasion du sommet de l'Union de l'Europe occidentale (UEO), le 19 juin 1992, que la déclaration de Petersberg définit le rôle de l'UEO. Cette déclaration souligne l'importance de l'UEO en tant que composante de la défense de l'Union européenne. Elle signale également le renforcement de l'UEO en tant que pilier européen de l'Alliance Atlantique. C'est dans cette optique que les états-membres de l'Eurocorps ont décidé le 19 mai 1993 à Rome, de mettre l'Eurocorps à la disposition de l'UEO.
3 types d'emploi sont envisagés :
l'Eurocorps est préparé à mener des missions d'aide humanitaire et des missions d'assistance aux populations qui seraient victimes d'une catastrophe naturelle ou d'agressions.
l'Eurocorps peut être déployé pour mener des opérations de restauration de la paix ou des missions de maintien de la paix dans le cadre, par exemple, de l'ONU ou de l'OSCE.
l'Eurocorps peut être déployé en tant que corps d'armée ou commandement de composante terrestre, pour mener des combats de haute intensité dans le but d'assurer la défense commune des alliés, en application de l'article V du traité de Washington (OTAN) ou du traité de Bruxelles (UEO).
L'accord SACEUR
L'accord SACEUR définit les conditions d'emploi de l'Eurocorps dans le cadre de l'OTAN. Il a été signé le 21 janvier 1993 par les chefs d'état-major français et allemand et par le Commandant Suprême des Alliés en Europe (SACEUR), complété en septembre 2002 par un avenant étendant les missions pour en assurer la conformité avec la réforme de l'OTAN. Cet accord précise :
les missions de l'Eurocorps dans le cadre de l'OTAN
les responsabilités pour la planification de l'emploi de l'Eurocorps
le possible engagement de l'Eurocorps sous le commandement en chef de l'OTAN
les responsabilités et les relations entre le commandant en chef de l'OTAN en Europe et #le commandement de l'Eurocorps en temps de paix.
Les relations entre l'Eurocorps et l'OTAN sont fondées sur les principes suivants:
la spécificité de cette nouvelle « force multinationale européenne » sera respectée.
la résolution de l'Eurocorps d'adopter les structures et les procédures de l'OTAN pour faciliter son intégration en cas d'engagement.
Les origines
La création de l'Eurocorps peut être considérée comme l'aboutissement du Traité de l'Elysée, signé le 22 janvier 1963 par le président français, le Général de Gaulle, et le chancelier allemand, Konrad Adenauer. Par ce traité, dont le but est de renforcer les relations entre la France et l'Allemagne, les deux pays s'engagent à collaborer dans le domaine de la défense. Au-delà des relations politiques plus étroites, les deux pays prévoient de procéder à des échanges de personnel entre leurs armées respectives et de coopérer dans le domaine de l'industrie de la défense.
En 1987, le président Mitterrand et le chancelier Kohl décident de renforcer la coopération militaire entre la France et l'Allemagne : ils annoncent la mise en place du Conseil de sécurité et de Défense franco-allemand qui permet la création de la Brigade franco-allemande, opérationnelle depuis 1991.
Le 14 octobre 1991, les deux chefs d'État informent le président du Conseil de l'Europe dans une lettre commune de leur intention de renforcer cette collaboration militaire. Ils jettent ainsi les bases d'un corps européen auquel les autres membres de l'Union de l'Europe occidentale peuvent participer. C'est à l'occasion du sommet de La Rochelle, le 22 mai 1992, que la décision officielle de créer l'Eurocorps est prise par François Mitterrand et Helmut Kohl avec l'adoption du rapport commun des ministres français et allemand de la Défense. Quelques semaines plus tard, dès le premier juillet, un état-major provisoire s'installe à Strasbourg afin de mettre en place celui de l'Eurocorps.
Les missions et les relations
La déclaration de Petersberg du 19 juin 1992 définit le rôle de l'UEO en tant que composante de défense de l'UE (les missions de Petersberg). C'est donc dans cette optique que les États-membres du corps décident, le 19 mai 1993 à Rome, de mettre l'Eurocorps à la disposition de l'UEO.
Le 21 janvier 1993, les accords SACEUR définissent les conditions d'emploi de l'Eurocorps dans le cadre de l'OTAN. Ces accords précisent :
les missions de l'Eurocorps dans le cadre de l'OTAN
les compétences pour la planification des engagements
l'affectation de l'Eurocorps sous le commandement en chef de l'OTAN
les responsabilités et les relations entre le commandant en chef de l'OTAN et le commandant de *l'Eurocorps en temps de paix.
Un succès
L' initiative franco-allemande a rapidement intéressé d'autres pays, notamment la Belgique. Celle-ci, en intégrant des forces dans un corps d'armée, participe à la construction de l'identité de défense et de sécurité européenne tout en conservant un rôle au sein de l'OTAN. L'adhésion de la Belgique est approuvée le 25 juin 1993 par le gouvernement belge.
La création officielle de l'Eurocorps a lieu le 1er octobre 1993 avec la prise de fonction du premier général commandant, le lieutenant-général Helmut Willmann. La cérémonie officielle se déroule à Strasbourg le 5 novembre 1993 en présence des ministres de la défense des trois pays participants (Allemagne, France et Belgique).
L'Espagne rejoint officiellement l'Eurocorps le 1er juillet 1994.
Des soldats de l'Eurocorps participent au défilé du 14 juillet 1994 (fête nationale française) sur les Champs-Élysées. Cet événement est symbolique pour l'histoire de l'Eurocorps et de l'Europe.
Le Luxembourg adhère officiellement à l'Eurocorps le 7 mai 1996.
Exercices et opérations
Depuis 1993, l'Eurocorps participe à de nombreux exercices dans le but de renforcer sa capacité opérationnelle. Le premier engagement réel de l'Eurocorps débute en 1998 : environ 470 militaires du QG de l'Eurocorps partent à destination de la Bosnie-Herzégovine en 4 contingents successifs pour renforcer le QG de la SFOR. Les soldats de l'Eurocorps représentent environ 37% du QG de la Force.
Le 28 janvier 2000, moins de deux ans plus tard, le Conseil de l'OTAN décide que le QG de l'Eurocorps constituera le noyau du QG de la KFOR au Kosovo. De mars à octobre 2000, environ 350 soldats de l'Eurocorps forment le noyau des QG de KFOR III à Pristina et à Skopje. La fin de la mission de KFOR III est célébrée lors d'une cérémonie officielle à Strasbourg le 17 octobre 2000. Les ministres de la défense des États membres ou leur représentant, le Dr. Kouchner, représentant spécial du Secrétariat Général des Nations unies au Kosovo, ainsi que les autorités civiles et militaires de Strasbourg sont présents. Un an plus tard, le QG Eurocorps a contrôlé sa nouvelle structure déjà adoptée au cours de l'exercice COBRA 01 au Sud de l'Espagne. Plusieurs institutions politiques et militaires ont suivi l'exercice avec un grand intérêt. Fin décembre 2002, le QG du Corps de Réaction Rapide Européen (dénomination officielle complète) devient un des six état-majors de réaction rapide de l'OTAN sous l'appelation NRDC-EC (NATO Rapid Deployable Corps - Eurocorps, Corps déployable rapidement de l'OTAN - EuroCorps)
Du 9 aout 2004 au 11 février 2005 a eu lieu l'opération extérieure majeure du Corps européen: son état-major prend le commandement de la 6e Force Internationale d'Assistance à la Sécurité (ISAF 6) en Afghanistan, sous mandat de l'ONU et sous commandement de l'OTAN.
Restructuration de l'Eurocorps
Pendant ce temps, d'importantes décisions sont prises concernant la Politique de Sécurité et de Défense Européenne. Ces décisions engendrent un certain nombre de conséquences quant au rôle et la structure de l'Eurocorps. Le 29 mai 1999, lors du sommet franco-allemand de Toulouse, la France et l'Allemagne proposent de mettre l'Eurocorps en tant que force d'intervention à la disposition de l'UE en cas de crise. Cette suggestion est soumise aux autres pays membres, qui l'acceptent ; puis elle est officiellement proposée à l'UE lors du sommet de Cologne, les 3 et 4 juin 1999. Durant ce sommet, l'UE décide également de renforcer ses aptitudes d'intervention et de mettre en place des forces de réaction en cas de crise. Cette décision est confirmée et mise au point lors du sommet de l'UE à Helsinki en décembre 1999. En novembre, à Luxembourg, les pays membres de l'Eurocorps décident des modalités de la transformation de cette unité multinationale en un corps de réaction rapide à la disposition de l'UE et de l'OTAN. Cette transformation, qui a fait l'objet d'une longue préparation, débute le 5 juin 2001. Déjà en Avril 2001, les nations membres ont proposé le QG comme un des « Deployable High Readiness Force Headquarters ».
En 2002, l'OTAN a évalué les capacités du quartier général et son aptitude opérationnelle en plusieurs étapes. L'exercice COMMON EFFORT fut essentiel dans le processus au terme duquel le quartier général obtint la certification de QG de Force de Réaction Rapide.
L'Eurocorps ouvre ses portes
Un des critères à satisfaire pour la certification comme Quartier Général de Force à Haute Disponibilité (Terre) était d'ouvrir le quartier général à toutes les nations membres de l'OTAN. L'Espagne, qui présidait à cette époque le Comité commun, a invité les membres de l'OTAN ainsi que les nations membres de l'Union européenne à intégrer du personnel ou à envoyer un officier de liaison au QG de l'Eurocorps. C'est pourquoi les nations cadre ont signé un nouvel accord technique avec le SACEUR le 3 septembre 2002. Les nations membres : Grèce (depuis le 03/09/2002), Pologne (depuis le 07/01/2003) et Turquie (depuis le 03/09/2002) ont intégré du personnel à l'État-Major de l'Eurocorps. Le Canada a intégré du personnel à l'État-Major de l'Eurocorps en juillet 2003. Le 25 février 2003, un accord technique a été signé avec l'Autriche et la Finlande, membres de l'Union européenne. Dans la foulée, un officier autrichien et un officier finlandais ont intégré l'État-Major. Le 1er avril 2003, un officier italien est arrivé au QG de l'Eurocorps pour rejoindre ses collègues britannique et néerlandais.
2007-03-16 03:35:43
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answer #1
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answered by Anonymous
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