L'antisémitisme est certes le produit d'une longue tradition en France.
Pourtant, ton argumentaire confond antisionnisme et antisémitisme. La tradition d'une politique pro-arabe de la France remonte à 1967 et à une guerre que De Gaulle avait estimé non nécessaire, surtout le bombardement de Beytouth. Jusque là, une grande complicité réunissait les autorités françaises et israëliennes.
1°) Les armements aéronautiques de fabrication française quand URSS et USA ne voulaient pas armer la Hagannah. (Désolé pour l'orthographe française d'un mot hébreu). Les Soviétiques étaient trop préoccupés par le soucis d'accéder à des ports en eaux chaudes pour leur Marine de guerre pour renoncer à leurs liens avec des pays comme l'Egypte... Et pour les USA, les premiers temps d'Israël sonnaient beaucoup trop communistes : Kibboutz et grands dirigeants issus d'un milieu très "à gauche".
2°) Israël et la France possédaient des intérêts communs jusqu'à la fin de "l'Empire colonial" français. Contre Nasser qui équipait les rebelles du FLN, qui avait nationalisé le Canal de Suez... (Cf opération de Suez en 1956).
Pour le développement respectif d'un arsenal nucléaire... Privés par les Américains des "ordinateurs" de l'époque, et faute de moyens de développer des supercalculateurs franco-français, les gouvernements Rad-Soc de la IV° République ont largement échangé avec leurs homologues israëliens. En gros, les premiers réacteurs (ex : la pile Zoé) étaient trop chers à produire pour la jeune nation "Israël", quand, dans le même temps, la France avait besoin de "tronches" en maths et physiques pour faire avancer leurs recherches. Suez et les agitations soviétiques de menaces de bombardement de Londres et Paris, plus le larguage en règle de l'administration Eisenhower ont accéléré le besoin en France de développer en propre son arsenal. Israël, déjà en infériorité numérique face à la "légion arabe" avait besoin d'une supériorité matérielle pour défendre ses frontières... Une cavalerie mécanisée digne de ce nom, une artillerie plus précise, rapide et efficace que celle de ses adversaires, une aviation capable de rivaliser avec des appareils de fabrication soviétique (souvent pilotés d'ailleurs par des grands blonds aux yeux bleus..). Et enfin, un arsenal nucléaire capable de refroidir toutes les ardeurs des plus vélléïtaires dirigeants arabes. "L'indépendance énergétique" qui était la version officielle pour justifier la fabrication de centrales nucléaires en Israël a permis aux autorités françaises de fournir les instruments dont l'armée juive avait besoin : du plutonium produit par ces centrales alors qu'elles avaient été exportées pour produire de l'électricité.
Le Congrès Juif Mondial (organisme créé en Suisse en 1936) regroupait aussi bon nombre de familles "influentes" qui ont largement contribué au financement des rachats de terres en Palestine puis aussi de la guerre de 1948. Parmi ces familles influentes, quelques unes avaient aussi une grande puissance économique en France : les Rotschild. A la fois ceux de la branche de Londres et ceux de la Baronnie française. Voilà les fondements des liens entre la France et Israël... en dépit d'accidents diplomatiques lourds, comme celui du navire "Exodus" bloqué dans un port français à la demande des Britanniques... Les Anglais détenant le vieux mandat de la SDN sur la Palestine, ne voulaient pas voir s'accélerer l'immigration de juifs dans un pays encore majoritairement "Arabe".
3°) Cette belle entente a volé en éclat en 1967. D'une part, les juifs religieux se sont mis à soutenir la création de l'Etat juif. Jusque là, les Rabbis à bouclettes considéraient que la renaissance d'Israël et la reconstruction du temple ne devaient intervenir qu'avec l'arrivée du Messie. Toutefois, devant une victoire aussi miraculeuse que rapide, les fondamentalistes hébraïques ont commencé à estimer qu'ils faisaient face à un signe divin de la légitimité de cette RE-création de la patrie de tous les juifs. Dans le même temps, une "droitisation" du pouvoir en Israël, associé à un lobbying actif des brooklyniens a fini de rassurer une administration américaine soucieuse de poursuivre son endiguement du communisme.
Les Mirages 5 destinés à Israël bloqués par De Gaulle, plus le peu glorieux épisode des vedettes rapides sous embargo à Lorient... ont fini de brouiller les gouvernements israëliens et français. Il faut dire que venir droguer les gardiens de ces bâtiments de guerre pour partir en pleine nuit (au seul motif que la marine juive avait besoin des navires qu'elle avait payés) avait de quoi froisser la susceptibilité de notre belle amirauté...
1973 et la Guerre du Kippour ont jeté les fondements d'une nouvelle politique pro-arabe de la France. L'explosion des prix du pétrole des nations arabes fâchées d'une nouvelle rouste ont fini de convertir les "penseurs" du Quai... Chichi premier ministre s'est fait un devoir de livrer une centrale nucléaire "clés en main" à notre nouveau grand ami : Saddam Hussein... Sa construction achevée, les F16 israëliens fournis par le nouveau grand allié d'Israël se sont empressés de le détruire, sans la moindre déclaration de guerre. Nous sommes en 1981 (ou 1982) et la Coface joue son rôle de grande assurance en repayant une nouvelle construction de centrale pour pallier à la destruction d'Osirak...
4°) Nous voilà au début de la 1° guerre du Liban, de longue tradition sous protection française (chrétiens protégés par le Sultan de Byzance puis accord avec François 1er) achève de brouiller les relations franco-israéliennes... Et le pompom de Sabra et Chatilla achève cette destruction. "Les Nations n'ont pas d'alliés, elles n'ont que des intérêts". La diplomatie française se met à l'heure anglo-saxonne. La France alourdit sa dette avec la belle période 1981/1983 et a gravement besoin des prêts saoudiens pour financer ses déficits publics... De plus, les enlèvements d'otages par les milices hezbollah prochi'ites nous contraignent à nous rapprocher en sous main des Mollah iraniens.
Depuis, l'indéfectible soutien américain permet aux gouvernements israéliens successifs de mépriser les avis diplomatiques des autres nations européennes...
En ce qui concerne l'antisémitisme franco-français, il repose sur une jalousie "ancestrale" d'une nation de tradition catholique. Non pas à cause de la haine des meurtriers de Jésus. Il ne s'agit là que d'un prétexte. L'interdiction de certains métiers faite aux cathos a justifié les emplois "réservés aux juifs". Notamment l'interdiction des métiers de l'usure et/ou ayant lien avec une pseudo alchimie de l'or... Banquiers et joalliers sont donc devenus des jobs "réservés". Comme il ne s'agit pas de métiers qui génèrent peu de profits... nous voilà devant les fondements des jalousies antisémites.
Les pogroms successifs ont aussi conforté une nécessité au sein de la communauté juive. L'obligation d'excellence professionnelle. Pour un peuple chassé d'Europe, puis du monde musulman, puis d'Europe etc... le seul moyen de surmonter ces migrations forcées était de détenir un bien, une richesse que l'on peut emmener avec soi. Le savoir médical, scientifique, la maîtrise d'un savoir faire artisanal, la connaissance des mathématiques, des textes philosophiques. Voilà le moyen de survivre n'importe où.
En outre, devenir un Homme accompli, pour les Juifs comme pour les Protestants, passe par tous les domaines de la vie quotidienne... Etre un bon fils, une bonne mère, un bon père, un bon spécialiste de son domaine professionnel... Voilà des enjeux qui transcendent le seul appétit d'argent.
Pourtant, vu de l'extérieur, et surtout dans un pays où la réussite professionnelle confère une certaine méfiance pour ne pas dire début de preuve de culpabilité de malversations, tricherie fiscale etc.... Il n'est pas étonnant de voir se concentrer les pires jalousies vis à vis des communautés exigeantes envers la réussite professionnelle de leurs correligionnaires. Ainsi, nous sommes tout de même l'un des rares pays non-communistes où l'on peut entendre un grand responsable politique, dirigeant un parti républicain, dire haut et fort : "de toute façon, je n'aime pas les riches"... C'est consternant et cela témoigne bien de la haine sous-jacente envers la réussite.
Enfin, l'antisémitisme à la française provient également de la jalousie envers une pratique de la solidarité communautaire. Dans un pays où les chrétiens ont oublié les dogmes censés gouverner leurs pratiques "intimes" d'entraide et de soutien, une aigreur malsaine est rapidement alimentée vis à vis d'une communauté qui entretient l'entraide traditionnelle à laquelle les accidents de l'Histoire l'ont contrainte... Les pratiques de cooptation mettent à mal le sacrosaint principe républicain de la Méritocratie. Une ville du Diamant comme Anvers poserait un réel problème de compatibilité avec une France laïque. Y devenir diamantaire en n'étant pas juif ou sud africain demeure un exploit.
De fait, ces constats sociologiques alimentent des phantasmes aberrants : "Si j'enlève un juif, sa famille aura les moyens de financer sa rançon"... Manque de bol pour ce pauvre juif, ils ne sont pas tous riches...
En tout cas, rien ne sert de pratiquer des enlèvements pour obtenir une belle rançon sur un jeune comorien ou sénégalais...
Pour conclure, la France n'est pas un pays à proprement dit antisémite. L'antisémitisme y survit, mais il n'y prospère pas. Sinon nous aurions déjà vu des exodes massifs de certains de nos concitoyens... Mais toutes les haines existent en France, l'homophobie, la haine des noirs, des musulmans...
Pourtant, elles sont condamnées moralement et judicairement.
Il ne faut pas se voiler la face. La France demeure un pays de tolérance et méfions-nous des amalgames reposant sur l'extrapolation de phénomènes ultraminoritaires. Les propos tenus par un premier ministre obèse israélien en exercice et souffrant de pbs cardiovasculaires : voilà le genre d'excès et d'ingérences ridicules... surtout dans pays pratiquant ouvertement la discrimination religieuse pour accréditer les droits au mariage, à la propriété terrienne....
Si vous pensez que la France est antisémite, faites donc un tour au Maroc, ou dans tout autre pays musulman. N'hésitez pas non plus à errer dans les anciens pays du pacte de Varsovie, vous verrez ce qu'est l'antisémitisme banalisé et quotidien.
2007-03-13 08:22:16
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answer #1
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answered by Tibours 2
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les critiques israéliennes sur l'antisémitisme supposé des Français connaissent deux pics : la guerre de 67 et les années 2000. Dès son arrivée au pouvoir, Ariel Sharon a commencé à marteler que la France était dangereuse pour les juifs. L'objectif était très clair : faire émigrer vers Israël un grand nombre des membres de la plus grande communauté juive de la diaspora après celle des USA. Il suffit qu'une insulte soit proférée à l'encontre d'un juif sioniste, il ira automatiquement déclarer le fait à la police. J'aimerais que tous les Arabes de France déposent une plainte quand ils se font insulter, on verrait si la France est tout autant antisémite. Ces déclarations sont politiques, elles ne correspondent pas à la réalité, le seul pays vraiment dangereux pour les juifs, c'est Israël.
2007-03-13 22:52:28
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answer #5
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answered by Anonymous
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