Marie, j'ai lu toutes les réponses et je me risque sur la pointe des pieds, avec la sensation que je suis bien parti pour me faire lyncher...
Mais tant pis : sur Yahoo Q/R ça ne fait pas trop mal.
Vous connaissez la comptine des DIX PETITS NEGRES ? "Dix petits nègres s'en allèrent pêcher. L'un d'eux tomba à l'eau, et il n'en resta plus que ... NEUF !" Et ainsi de suite.
En voici une variante, sauf que là tout est sérieux.
On a parfaitement le droit de considérer que Sarkozy, qui a été partie intégrante du gouvernement de droite qui nous a menés où nous sommes, est responsable, que donc il est incapable de nous en sortir... C'est d'ailleurs exactement l'argument (et je ne t'en fais pas grief) que répètent à l'envi les gens du Front National : "Comment pourraient-ils faire demain ce qu'ils n'ont ni su, ni pu, ni voulu faire hier ?"
Le problème, c'est qu'il faut choisir ! La gauche de Jospin a régné sans partage durant 5 ans (1997-2002) et qu'en ont conclu les Français ? Que le chef de cette majorité ne valait même pas la peine qu'on lui laisse faire un second tour. Difficile de croire que cette "majorité plurielle" aura convaincu les Français qu'elle pouvait bien faire, non ? Donc, difficile aujourd'hui de voter Royal (même neuve et habitée des meilleures intentions, je suis sûr qu'elle en a...) à moins d'admettre qu'elle n'est plus socialiste, ou que les socialistes ont tout d'un coup compris toutes leurs erreurs. Cela voudrait dire qu'on peut changer en politique.
Or, ta question postule que c'est impossible, n'est-ce pas ?
Donc, exit Royal.
Un petit pari sur l'extrême-gauche, pour voir ? Des bons sentiments à la pelle, des réflexions de bons sens (sur les profits monstrueux des entreprises et les actionnaires gavés de dividendes, sans réinvestissement vers les salariés qui triment au smic, par exemple), mais tant de domaines laissés dans la gabegie la plus totale (l'éducation nationale ! Allez lire leurs propositions, ce n'est pas rassurant de voir à quel point ils sont à mille lieues des réalités des écoles et collèges d'aujourd'hui...) et surtout (surtout...) le terrible et ineffaçable souvenir de 80 ans de communisme en URSS, de 50 ans ailleurs, avec les ravages incroyables qui ont enseveli ces pays pour longtemps dans le paupérisme et la mafia... Comment soutenir ces idéologies, en dépit de leur bon coeur, comment croire qu'elles apporteront le bonheur à la France ? Désolé, mais moi je ne le peux pas.
Exit les Besancenot, Laguiller, Bové et Buffet : hop !
Un petit tour vers l'extrême droite, peut-être ? Ah... Les fachos... Les nazillons, les gros méchants qui veulent renvoyer l'immigré chez lui : hooouuuu ! Bon, ces gens-là ont il est vrai des solutions qui peuvent effrayer : inverser le cours de l'immigration, donner un salaire parental aux mères / pères au foyer, rétablir l'autorité un peu partout, mener une guerre sans merci aux bandes qui empoisonnent les banlieues, faire flotter le drapeau français sur les cours d'école, rétablir les frontières, le franc, l'uniforme et la peine de mort, aider les PME, sortir de l'Europe, supprimer l'impôt sur le revenu : que d'eau, que d'eau !
La France s'estime trop avancée pour revenir sur ce qu'elle considère peut-être comme inéluctable, irréversible ou intangible, c'est son droit. Bien des valeurs défendues par l'extrême droite sont jugées surannées, d'un autre temps, voire barbares ou rétrogrades : qu'elle fasse son deuil de ces idées-là, si elle les estime inutiles ou dangereuses ! Il y aura toujours des gens renseignés pour vous expliquer que ces idéologies puent le racisme, sont décalées par rapport aux réalités de la mondialisation, nous ramèneraient vers le totalitarisme hitlérien et le fascisme mussolinien réunis, ou sont devenues inapplicables vue l'évolution de nos moeurs...
C'est possible, je n'en suis pas juge. La France me fait penser à un jeune garçon un peu têtu qui hurle à l'idée d'avaler une cuiller d'huile de foie de morue, sous prétexte qu'on faisait ça du temps de grand-mère, et que c'est fini ! Ce qui me fait juste sourire, c'est que cette même France (à moins que c'en soit une autre - je veux bien en discuter) est fascinée par les Super-Nanny et autres Pensionnat de Chavagnes, qui vous ressuscitent un ordre que même Ségolène aurait du mal à qualifier, je crois, de "juste"...
Bon, de toutes façons cette extrême-droite, tant qu'elle aura pour porte-paroles des Vicomtes vendéens intraitables ou des Le Pen avec le passé trouble et les écarts qu'on lui connaît, n'aura aucune chance de dépasser les 18% (voire 20%, au diable l'avarice) au premier tour. Quant aux législatives ce n'est pas la peine d'y songer : c'est donc une impasse politique.
Exit, donc, Le Pen et De Villiers.
Bigre, c'est qu'on commence à se sentir bien seuls, non ?
Ah si, l'écologie. Voynet ! (J'en vois qui rient dans le fond). C'est pas beau de se moquer des gens qui veulent sauver la planète, alors qu'on a tous vu "Le Jour d'Après" et "Des Vérités qui dérangent"... Les écolos ont raison sur tout ce qui concerne leur domaine, je crois, sauf leur intransigeance dogmatique sur le nucléaire (difficile de s'en passer du jour au lendemain, et ils le savent bien eux-mêmes). Ils ont raison sur tout le reste, je vous dis. Mais dès qu'on sort de ce domaine : quelle catastrophe ! Tous les idéaux fleur bleue les plus naïfs, les discours les plus moralisateurs, les utopies les plus irréalistes que la gauche a pu produire depuis 1968 nous sont resservis avec une candeur désarmante...
Tout cela sur fond de bisbilles d'amphi enfumé, avec leurs divisions à n'en plus finir, et des Noël Mamère venu sur son petit vélo, vous savez celui qu'il a dans la tête : franchement, comment voter pour une Dominique Voynet : c'est quand même un Président de la République qu'il nous faut, non ? Désolé, il y a un problème énorme de crédibilité et le pays ne s'y trompe pas, qui accorde 1% d'intérêt à ces Verts bien, bien pâles dans notre paysage politique.
Exit Voyet, Gamerre, et autres candidats écolos hypothétiques.
Je ne parlerai pas des Nekkaz, Fillias, Nihous et de ce fédéraliste dont le nom (qui m'échappe...) commence par un A et qui prétend pourtant avoir déjà 700 signatures. Ils sont sans doute plein de bonne volonté, mais médiatiquement ils sont inaudibles, et n'ont donc pas plus d'impact qu'une Cindy Lee, avec sa bouche de mérou et ses lolos de Ferrari... Navré pour eux, mais pour l'instant, ce sont des insectes qui voudraient qu'on leur passe le ballon, sur un terrain où on les piétine sans même les voir !
Reste...
Mais oui : Bayrou ! Le Béarnais dont la sauce monte (monte même à peu à sa tête si j'en crois ses sourires à peine contenus), et qui semble tenter 20% de nos concitoyens aujourd'hui... L'homme auquel personne ne croyait, et sur qui se rabattent les bobos en rupture de royalitude, les indécis qui ne demandent qu'à se laisser convaincre, les gens de bonne volonté agacés par la fatalité UMPS, l'éternelle alternance imposée comme un prêt-à-penser, ou les gens inquiets de l'énergie suspecte du ministre des banlieues, et qui ne veulent pas qu'on dirige la France au karcher... Ca fait quand même du monde, dites !
Il a un programme, un vrai. Avec des trous, des hésitations, comme dans presque tous les autres. De bonnes idées, parfois personnelles, parfois copiées ou ressemblant à d'autres, ailleurs : mais c'est un homme qui ne promet pas la lune (en ce moment c'est assez à la mode) et qui satisfait notre vieux rêve inassouvi, malgré toutes nos tentatives de cohabitation : les faire ENFIN bosser ensemble !
Séduisant, non ? Pourvu qu'on ne soit pas incommodé par ce je ne sais quoi de manque de charisme dont certains se moquent (oh, les Guignols : ce que vous êtes mauvais avec lui !) et qu'on admette qu'il va fédérer tout ce beau monde d'un coup de baguette magique, en moins d'un mois entre les deux élections (présidentielles et législatives), pour nous pondre une belle majorité parlementaire bien unie pour prendre à bras le corps les nombreux problèmes du pays...
Pourquoi pas ? Personnellement j'ai du mal à y croire, mais je suis peut-être un indécrottable sceptique (en plus d'être le plus grand bavard de la Terre, mais vous n'êtes pas obligé de me lire, hein)...
Le gouvernement d'union nationale, hormis l'expérience allemande en cours qui me semble trop proche pour être appréciée (il semble d'ailleurs que les centristes allemands soient exclus de la coalition au pouvoir : ce serait comique si Bayrou faisait la mêmechose pour l'UDF - oui d'accord, ce qu'il en reste), les deux seules fois où il a réussi, c'était :
- En 1932 aux Etats-Unis de Roosevelt et du New Deal, après l'effroyable Crise de 29 qui avait mis à genoux le pays le plus riche du monde, et un Américain sur trois au chômage
- En 1945 dans la France de De Gaulle qui se remettait de six ans d'occupation nazie et de Régime de Vichy
A crises exceptionnelles, gouvernements exceptionnels... Sommes-nous dans ce cas, en 2007 en France ? Je ne pousserai pas le catastrophisme jusque là.
Exit Bayrou, puisque mon scepticisme a du mal à s'accomoder de son optimisme, et pour tout vous dire, mon petit doigt (qui est perfide) me souffle qu'il est juste malin, et qu'il tente là un pari, une posture à laquelle il commence juste, le succès aidant, à commencer à croire. Mon Bayrou à moi (celui que je vois de ma fenêtre) a un petit problème d'authenticité, si vous voyez ce que je veux dire...
Désolé !
Reste bien Dupont-Aignant, le dernier gaulliste (si si, je vous assure : il reste deux poilus de 14, et UN gaulliste). Mais il a beau faire, avoir des idées à la pelle, pas toujours d'extrême-droite, sans doute pas forcément stupides : personne ne les connaît, personne ne cherche à les connaître et tout le monde s'en fout ! Complètement ! A tel point que s'il n'a pas ses signatures (et il rame, le pauvre, il rame si dur qu'il en a mal aux bras), personne ne s'en apercevra, dis donc... Même Sarkozy ne l'a pas vu quand il a appelé les maires à donner des signatures à Le Pen (pour garder ses sacro-saints reports de voix d'un hypothétique deuxième tour) et Besancenot (oui, pour l'équilibre politique évidemment - non non, je ne crois pas que c'est parce qu'il est de Neuilly.)
Bon. Exit Dupont-Aignan (ils ont beau être deux, personne ne les voit.)
On a fait le tour du propriétaire, et il nous reste....
La pile électrique, la machine à éblouir la télé, l'assoiffé de pouvoir, le séducteur aux mille visages, l'homme qui promet beaucoup et à beaucoup de monde, qui surprend parfois par ses contradictions (à vouloir plaire à tout le monde, on écarte un peu trop les bras parfois, et ce qu'on veut porter tombe) : j'ai nommé l'aborrhé, l'ignoble, le détestable, l'insupportable...
SARKOZY, mesdames et messieurs !!!
Approchez-approchez, vennez voir l'homme qui a rêvé dès 4 ans d'être Président, et qui menace chacun de ses 1,68 m de dynamisme et de conviction : venez voir le danger public, l'excité congénital, le fossoyeur de toutes nos libertés, le diviseur-manipulateur ami de la grande finance, l'implacable nettoyeur des banlieues, l'homme politique qui OSE briser le tabou en disant qu'il s'adresse aussi aux électeurs du Front National (vous savez, les ennemis de la démocratie contre qui les vrais démocrates manifestent dans la rue s'ils sont élus)
Ce monstre ne vous effraie-t-il pas, mesdames et messieurs ?
Je vous le demande : oseriez-vous voter pour lui ? Non mais franchement ? Personnellement je ne sais pas.Vous l'avez compris, je me tâte, et longuement. Comprenez-moi, j'ai éliminé tellement de monde, et que pour de bonnes raisons...
Le vote blanc n'est pas comptabilisé, et j'aime voter.
Alors dans les présidentiables potentiels, si je n'ai que ce choix entre Royal, Bayrou et Sarkozy, il se pourrait bien que, tout bien pesé, entre ma certitude d'une grosse catastrophe financière et idéologique et un gros merdier institutionnel bien stérile, j'opte pour une solution de repli...
Bayrou a changé : pour lui, tout le monde y croit. Mais j'ai le malheur d'être prof (eh oui j'avoue tout, je suis un odieux fonctionnaire planqué) et je ne pourrai JAMAIS lui pardonner son immobilisme sur le fameux collège unique (sinistre catastrophe nationale, et j'y vis depuis 27 ans) alors qu'il avait dénoncé lui-même, en arrivant, le "collège inique" auquel il n'a finalement pas touché, de crainte de se faire remonter les bretelles par les syndicats majoritaires (qui ne représentaient que 12% des profs, mais tant pis).
Un pleutre aux commandes de l'état - même souriant, même raisonnable - non merci, pas pour moi.
Alors pardon Marie, mais après tout, Sarko... pourquoi pas ?
2007-03-08 19:50:44
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answer #11
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answered by Anonymous
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