Voltaire, réputé pour ses critiques envers la société, nous offre une fois de plus une conte très polémique, dénonçant de nombreuses injustices, et reprenant les idées des Lumières, idées que soutenait ce philosophe. Comment, à partir d’un récit fictif, explique-t-il son point de vue, et met-il en place les principes de ce mouvement ?
Tout d’abord, après lecture de l’oeuvre, on remarque que le but de ce livre est principalement de porter un regard et d’émettre un jugement sur l’homme et sur la vie, en somme d’exercer un esprit critique. En effet, à travers le personnage de Zadig, qui semble tout savoir et être parfait, Voltaire cherche à montrer un idéal pour l’humain, un homme juste et droit. Zadig apparaît comme quelqu’un sachant tout ce qu’il y a à savoir de la vie. Voltaire établit ainsi une relation avec l’Encyclopédie que le personnage semble incarner, ce livre phare du siècle des Lumières rassemblant toutes les connaissances, spécialement dans le domaine des sciences, domaine dans lequel Zadig semble incollable. A travers ce personnage, Voltaire imagine donc une société heureuse et harmonieuse. Cependant, la présence de l’ermite, n’étant autre que l’ange Jesrad, démontre que même un personnage comme Zadig est loin de la perfection, ce « vieillard » expliquant que « les hommes jugent de tout sans rien connaître ». A travers ce personnage symbolique, Voltaire explicite sa philosophie de l’être humain. Il dénonce également l’abus de pouvoir de certains hommes se croyant en droit de tout faire, faisant référence au roi de France, que l’on retrouve en partie à travers le roi Moabdar, un homme trop fier, et qui, voulant assouvir ses désirs personnels, entraîne une déchirure sociale dans tout son royaume. De plus, les malheurs que rencontre le jeune Zadig démontrent combien la vie repose sur des inégalités. En effet, le héros est plusieurs fois accusé à tort à cause de son intelligence et de sa sagesse, ce qui apparaît comme paradoxal. Cette ironie de Voltaire a pour but de montrer que l’injustice est présente dans ce monde, et que certaines personnes semblent tirer profit de celle-ci.
Ces personnes, Voltaire tient à les dénoncer et c’est pourquoi, au chapitre 3, il s’attaque aux défauts de la justice qu’il juge trop coûteuse, donc inégale et surtout arbitraire. En effet, dans ce chapitre intitulé « le chien et le cheval », Zadig est accusé de mensonge envers le roi. Voltaire montre ainsi combien la justice est ferme et semble corrompue, celle-ci ne tenant pas compte de ce qu’avance Zadig lorsque celui-ci essaye de se défendre. Il oppose donc le fait que les juges n’utilisent pas la raison, alors que Zadig, plein de sagesse, argumente de manière remarquable sa défense. Voltaire recherche donc à travers cet épisode l’égalité et la justice pour tous, thème essentiel défendu par les Lumières. De plus, afin de mettre une fois de plus en valeur son idéal, Voltaire montre ce que serait une justice égale, lorsque Zadig devient ministre du roi, et qu’il effectue ses jugements non pas arbitrairement, mais en analysant chaque situation minutieusement, et en utilisant un raisonnement clair et logique, et par conséquent, forcément juste.
On constate également que Voltaire s’engage très fortement, en critiquant la société européenne, et en faisant la satire des mœurs et des institutions. En effet, à travers un récit a priori anodin, il dresse un véritable réquisitoire contre l’Eglise, s’attaquant au nom de la raison au fanatisme religieux, qui entraîne l’intolérance. Le fanatisme religieux ne respecte pas les idéaux de Dieu, qui encourage la tolérance et la raison, mais n’est qu’un détournement de la religion, afin d’obtenir ce que l’on souhaite. Voltaire effectue sa dénonciation dans le chapitre « Les rendez-vous », dans lequel les prêtres décident de condamner Zadig à mort, pour avoir fait abolir une tradition, qui en elle-même aurait pourtant mérité des réformes bien auparavant tant elle est cruelle. De plus, Voltaire parsème ce conte de traits satiriques contre les rois, les courtisans, les financiers et les hommes d'église, afin de montrer au maximum son envie de voir le régime et l’organisation politique changer.
En conclusion, Zadig semble être un conte contre le bonheur, dans lequel Voltaire critique essentiellement la société française, notamment la justice et le fanatisme religieux, mais aussi l’abus de pouvoir. Reprenant la plupart des principes des philosophes des Lumières, notamment le notion de jugement, ainsi que le grand intérêt pour la nature et les sciences, ce texte est donc une véritable œuvre philosophique reflétant bien le siècle des Lumières. Cette tendance se confirme par un cadre oriental, faisant référence à l’ouverture de l’Europe au monde grâce aux voyages, à cette époque.
2007-03-05 03:56:26
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answer #1
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answered by beahclub 5
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