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Il est piquant de voir François Bayrou, l'héritier spirituel de Jean Lecanuet et de Valéry Giscard d'Estaing, se réclamer du rassemblement national entrepris, au delà des partis, par le Général de Gaulle. De même, on a pu voir Jean-Marie Le Pen se dire "économiquement de droite et socialement de gauche". L'un comme l'autre ont compris que les Français ne veulent plus des oppositions stériles entre la droite et la gauche. Car les valeurs qu'elles incarnent, respectivement l'autorité et la justice sociale, sont en fait indissociables, et le peuple est légitimement attaché à l'une comme à l'autre.

C'est pourquoi Ségolène Royal a pu faire illusion, un temps, lorsqu'elle avait paru s'écarter de la logique du PS. En étant encadrée maintenant par les éléphants, elle perd tout ce qui faisait son originalité. Symétriquement, les Français ne sont pas dupes du vernis pseudo-gaulliste qu'avait apporté Henri Guaino, au risque de désorienter les partisans les plus déterminés de Nicolas Sarkozy, afin de dissimuler son fonds idéologique inspiré du modèle de George Bush. Il est d'ailleurs curieux de voir l'un de ses partisans, Alain-Gérard Slama, proclamer dans Le Figaro la nécessité d'avoir deux visions antagonistes de la société, à l'inverse de la logique gaulliste dont se réclamait naguère le RPR.
Certes, cela ne signifie pas qu'il ne doive plus y avoir qu'un seul mouvement politique, même s'il est parfois nécessaire de recourir à l'union nationale dans une situation d'urgence. Mais, dans une démocratie apaisée, ces deux formations peuvent partager les mêmes idées sur l'essentiel, divergeant surtout en ce qui concerne les équipes mises en place, ceci afin de permettre une alternance utile. Tel était le cas, jusqu'au début des années 80, dans la démocratie américaine. Or la lente hausse du poids relatif des dépenses publiques, et par conséquent des prélèvements obligatoires, a exigé à ce moment de mettre un frein à cette dérive, ce qui explique l'arrivée au pouvoir de Ronald Reagan aux Etats-Unis (la situation était encore plus inquiétante au Royaume-Uni avant l'arrivée de Margaret Thatcher). 
L'erreur ne fut pas dans ce redressement nécessaire, mais dans la naissance d'une doctrine néo-libérale de plus en plus intransigeante, étendue maintenant à l'échelle de la planète entière par la mondialisation. Le résultat en est, aux Etats-Unis comme au Royaume-Uni, un accroissement considérable des inégalités sociales, allant à rebours de la tendance observée auparavant depuis un siècle. Dans les pays développés, seule une petite minorité s'enrichit de plus en plus, cependant que le plus grand nombre des salariés voit son pouvoir d'achat stagner, voire décliner, l'alignement international se faisant vers le bas.
Dans ce contexte, l'extrémisme ultra-libéral d'une partie de l'UMP nourrit l'extrémisme gauchiste des alliés naturels du PS. Le clivage droite-gauche tend à s'affirmer dans les discours. Mais en refusant de dénoncer les Traités qui nous ligotent, ces partis se condamnent en fait à la même impuissance, qu'ils partagent tous deux avec le centrisme à la Bayrou. Car si la logique gaulliste est plus nécessaire que jamais, deux points fondamentaux nous séparent de celui-ci.
-         Le général de Gaulle fondait toute politique de redressement sur la volonté nationale. Or le centrisme poursuit la chimère de l'européisme supranational, qui explique le carcan entravant toute tentative de redressement, et qui dilue l'Europe dans l'atlantisme et le mondialisme. Encore peut-on remarquer que, de ce point de vue, Bayrou est moins anti-gaulliste que Sarkozy : il admet qu'une révision du projet de pseudo-constitution, rejeté par le peuple français le 29 mai 2005, ne pourrait pas être adoptée sans un nouveau referendum.
-         Le général de Gaulle manifestait une volonté effective de réforme. A l'inverse, l'arrivée au pouvoir de Bayrou signifierait le retour aux compromis boiteux de la quatrième République. Il a d'ailleurs fait la preuve de son inefficacité comme Ministre de l'éducation nationale. La partie la plus négative de son intervention, lundi 26 février au soir sur TF1, fut celle où il refusait de condamner la méthode globale de lecture et prétendait poursuivre son alliance avec les syndicats rétrogrades, adeptes du pédagogisme.
Si pouvait parvenir, au second tour de l'élection présidentielle, un candidat rejetant le clivage droite-gauche, il serait sûr d'être élu, tant est grande la lassitude des Français. Cela aurait pu être le cas de Jean-Pierre Chevènement, s'il n'avait pas été entravé par une mauvaise campagne. Cette année, ce pourrait être le cas de François Bayrou, s'il n'est pas rattrapé par ses erreurs antérieures. Je préfèrerais évidemment, et de beaucoup, que ce soit Nicolas Dupont-Aignan.  

2007-03-02 18:23:00 · 8 réponses · demandé par Aristote 2 dans Politique et gouvernement Élections

8 réponses

Bravo pour votre étude de la situation politique de la France.
J'ai pris grand plaisir à lire votre exposé qui réhausse le niveau de ce forum bien que je ne veuille pas vous abaisser à une comparaison avec de nombreux intervenants arrogants, vulgaires ou pire encore.
De Gaulle s'est toujours battu pour la France et a été, n'en déplaise à certains, un homme social.
Un peu visionnaire et jalousé, cela lui a valu de devoir démissionner (il a eu le courrage d'aller jusqu'au bout de ses convictions et de ses engagements) après le refus de la régionalisation par le peuple français, manipulé par une gauche qui a repris à son compte, plus tard, la mise en oeuvre de la décentralisation.
Pourrait-il encore diriger la France comme il le fit à une époque où tout était à reconstruire, où le chômage n'existait pas, où les caisses de l'Etat ne demandaient qu'à se remplir et où chaque Pays était indépendant.
Aujourd'hui, avec la mondialisation, nous ne sommes plus maîtres de notre destin.
Bonne chance à celui qui sera élu.

2007-03-02 19:01:54 · answer #1 · answered by GOURM. 2 · 1 0

Je ne croispas que le Gaulisme soit soluble dans le centrisme, ni même le contraire d'ailleurs. Je note simplement que tout le monde cherche à se revendiquer de tel ou tel homme marquant de son siècle et qui doit surement se retourner dans sa tombe 9 fois sur 10....Cela dit votre question est plus l'occasion d'y répondre vous-même qu'une simple question.

2007-03-02 18:36:21 · answer #2 · answered by Anonymous · 2 0

le gaulisme c'est la féférence à la pensée d'un homme , d'une personnalité charismatique ... le centrisme c'est la référence à une nébuleuse ectoplasmique ... Rien à voir !

2007-03-02 18:41:06 · answer #3 · answered by Anonymous · 1 0

A mon avis, et pour faire simple, il faut arrêter de parler du gaullisme : ce serait faire injure au grand homme qu'est DE GAULLE. Aucune comparaison ne peut se faire à partir de son personnage. Il était "lui" mais ton analyse sur le paysage politique reste intéressante et on te sent toi aussi passionné par l'avenir du pays....sans démagogie à tout prix....

2007-03-02 18:35:07 · answer #4 · answered by mimi 5 · 1 0

Tu donnes toi-même la réponse, à laquelle je souscris à 200 %. Bravo !

2007-03-02 18:35:05 · answer #5 · answered by thierrybobinet 2 · 1 0

Je me suis toujours défié des mots qui se terminent en "isme" car ils puent l'idéologie et celle-ci a toujours prouvé qu'elle était réductrice, dangereuse et parfois même catastrophique. Je suis
donc de ceux qui en ont ras la casquette d'entendre parler de "gaullisme". De Gaulle a été l'un des plus grands hommes
politiques que notre pays ait comptés, mais il appartient maintenant à l'histoire. Qui peut réellement se targuer de savoir
ce que de Gaulle préconiserait comme politique de nos jours?
Le monde a effectivement changé, sous l'effet du néo-libéralisme
et de la mondialisation, de l'émergence de nouveaux monstres économiques comme la Chine et l'Inde.
Or la France n'a pas encore fait son aggiornamento par rapport à cette nouvelle situation. Droite comme gauche sont restées
confinées dans l'immobilisme, malgré les pouvoirs que conférait la constitution mise en place par ...de Gaulle. Les mesures prises ont été majoritairement des emplâtres sur une jambe de bois. Nous en sommes arrivés à un point où des décisions courageuses sont indispensables: notre dette s'alourdit, nous empruntons pour payer les salaires de nos fonctionnaires, notre chère sécu est en déficit, nos retraites sont menacées, nous croulons sous les problèmes d'une immigration mal gérée, notre
déficit commercial s'agrandit, notre recherche est insuffisante,
beaucoup trop de nos enfants ne savent ni lire ni écrire à onze ans, nos universités forment des chômeurs, nous n'arrivons pas à résorber notre chômage, la violence augmente en flèche, et, j'allais l' oublier: nous avons dit non à l'Europe!
Devant la gravité et l'urgence des problèmes à résoudre, peut-on
raisonnablement penser que le droite va réussir contre la gauche, ou inversement? Je ne le crois pas. Bayrou a compris
que c'est un gouvernement de salut public dont nous avons besoin et qu'il devra réunir des hommes compétents et de bonne volonté venus de tous les horizons, des hommes et des femmes qui s'attaqueront aux problèmes évoqués plus haut, plutôt que de gérer leur réélection en proférant aux gogos que nous avons été des propos lénifiants auxquels eux-mêmes ne croyaient pas! Voilà, cher ami, la réalité et ce n'est pas Dupont-Aignan qui nous sortira d'affaire...ni un discours intellectualisant sur la solubilité de divers "ismes"....Vous me faites penser aux discussions sur le sexe des anges à Babylone alors que les barbares étaient aux portes de la ville....

2007-03-02 19:57:17 · answer #6 · answered by Ours Des Pyrénées 7 · 0 1

On ne peut pas juger avec l'unique vision du passé.
La guerre est finie depuis longtemps.
Les forces politiques glissent avec le temps.
Les idéologies ont changé.
Se réclamer encore du gaullisme est plus que dépassé. Pourquoi ne pas évoquer la révolution industrielle de 2nd Empire pour impulser une reprise économique en France ?

2007-03-02 19:38:45 · answer #7 · answered by Roma1n 2 · 0 1

Tu as raison sauf sur : "le retour aux compromis boiteux de la quatrième République"

Pourquoi donc les autres pays européens arrivent ils à des compromis et se portent bcp mieux que nous?

Chez nous, c'est un camp contre un autre camp, l'un après l'autre, l'un detricotant les reformes de l'autre et vice-versa.

C'est cette logique destructrce que Bayrou veut stopper.
Pour moi, le gaullisme est un courant centriste car De Gaulle incarne le rassemblement loin de cette gueguerre inutile gauche/droite destructrice et il incarnait aussi la voie du juste milieu, ni liberale ni completement social mais un savant melange des 2 comme Bayrou le propose ajd

2007-03-02 18:50:35 · answer #8 · answered by Anonymous · 0 1

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