Qui l'eût cru ? Au moment précis de notre mort, nous perdrons tous exactement 21 grammes. Comme ça. Disparus. Je le sais, parce que c'est ce que disent les affiches du dernier film d'Alejandro González Iñárritu, intitulé, en l'occurrence, 21 Grammes. Inutile de vous creuser la cervelle pour deviner combien de fluides corporels et de gaz le corps peut expulser lors du dernier baroud d'honneur pour perdre 21 grammes. Le baratin promotionnel coupe vite court à toute spéculation de ce type en posant la question suivante : "Ces 21 grammes sont-ils ce que pèse une âme ?" "Ça fait quarante-cinq ans que je travaille sur la mort. Je crois légitimement pouvoir dire que non", déclare Robert Stern, pathologiste de l'Université de Californie à San Francisco. Dans ce cas, d'où vient donc cette théorie des 21 grammes ? L'origine de ce chiffre remonte au médecin Duncan MacDougall, qui exerça à Haverhill, dans le Massachusetts, au début des années 1900. Fasciné par la mort, MacDougall consacra une grande part de sa carrière à rechercher des preuves de l'existence de l'âme. Si les humains avaient une âme, pensait-il, celle-ci avait nécessairement une existence physique dans l'organisme - et un poids. Il s'attela à démontrer sa théorie par le biais d'une expérience particulièrement débile. En 1907, l'année même où un certain Einstein déduisait que E = mc2, MacDougall publiait ses résultats dans American Medicine. Son article en dit aussi long sur l'auteur que sur la qualité des travaux publiés dans les revues spécialisées de l'époque. MacDougall y décrit comment il a transformé un lit d'hôpital en balance afin de mesurer la variation de poids des patients à leur mort. Pour éviter que les sujets subclaquants ne perturbent ses données, il jeta son dévolu sur des agonisants tuberculeux. Comme il le souligne, "il me semblait idéal de sélectionner un patient mourant d'une affection causant un grand épuisement. La mort se produisant presque sans mouvement musculaire, la balance pouvait être plus aisément contrôlée, ce qui permettait de noter toute perte de poids avec davantage de certitude". Bref, il était hors de question que le patient sabote les mesures en gesticulant à tort et à travers. MacDougall ne parvint à recruter que six mourants pour son étude, dont quatre atteints de tuberculose. L'un après l'autre, ils furent placés dans son lit modifié, et il les pesa. Que la vessie se vide ou que le sphincter se relâche à la dernière seconde n'avait pas d'importance - du moins en ce qui concerne l'expérience - car le tout restait dans le lit. Vaguement conscient de l'importance de la reproduction d'un phénomène dans la pratique scientifique, MacDougall répéta ensuite son étude sur quinze chiens qui, conformément à ses convictions religieuses, n'avaient pas d'âme. On ne sait s'il obtint que ces quadrupèdes meurent sans faire bouger le lit, mais d'aucuns le soupçonnent d'avoir eu recours à quelque redoutable bouillon d'onze heures. A l'issue de cette aventure scientifique, MacDougall déclara que les humains perdaient en mourant les trois quarts d'une once, ce qui ne sonne pas vraiment comme 21 grammes, son équivalent métrique. Les chiens, assura-t-il, n'avaient rien perdu. De quoi pouvait-il donc s'agir, sinon du poids de l'âme quittant le corps ? Afin de faire publiquement part de ses découvertes, il souhaita s'assurer que le dernier souffle de ses patients n'avait pas trafiqué ses données. Il grimpa donc à son tour sur le lit-balance (une fois le dernier patient retiré et les draps changés, peut-on supposer) et y passa quelques minutes à respirer et souffler. Puis il demanda à un collègue de faire de même. Ni l'un ni l'autre ne parvinrent à causer une oscillation de la balance correspondant à la perte de poids qu'il disait avoir constatée. Outre l'inexactitude de son système, l'incroyable variabilité de ses données et le nombre par trop restreint de sujets étudiés, l'expérience de MacDougall fut également gênée par la difficulté qu'il y avait à établir le moment exact du décès. A plusieurs reprises, on lui objecta que sa variation de poids au moment du passage de la Grande Faucheuse semblait durer plus longtemps chez certains patients. Pour faire taire les sceptiques, il écrivit : "Le poids de l'âme est retiré du corps quasiment à l'instant du dernier souffle, bien que chez les sujets de tempérament oisif elle puisse rester une minute entière dans le corps." The New York Times s'intéressa aux travaux de MacDougall, tout comme à ses espoirs, quelques années plus tard, de parvenir à photographier l'âme aux rayons X. Bien qu'ils aient été traités par cette respectable publication, ses travaux suscitent aujourd'hui un embarras presque palpable. "Personne ne prend ça au sérieux", lâche Robert Stern. Sinistre, il ajoute que les corps morts perdent beaucoup de poids au fil du temps. Des organites intracellulaires, les lysosomes, produisent des enzymes qui décomposent l'organisme en gaz et en liquide. "C'est pourquoi, dans le cas des fosses communes, il peut y avoir des explosions, à cause de l'accumulation de gaz, dit-il. Imaginez un peu, si nos corps ne se décomposaient pas. Tous les gens qui ont vécu sur la planète seraient encore là." Ah, ça, ça ferait un bon film. Ian Sample, The Guardian, Londres
2007-03-01 05:57:42
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answer #1
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answered by Anonymous
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Je crois bien qu'on se vide couramment de ses solides et liquides, si tu vois ce que je veux dire... Les muscles se relâchent et zou !!
Bon appétit bienfûr!
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Il y a les guillotinés aussi, qui perdent au moins 1 kilo.
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Tiens qui vois-je juste en dessous-de moi? Un ami raëlien, ou autre secte à 2 balles. Ouf ma réponse à cette question ne sera pas la plus débile de la liste on a trouvé mieux!
2007-03-01 06:32:46
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answer #4
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answered by Anonymous
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