On s'est interrogé sur l'origine de cet amour grec, plus spécialement sur les circonstances de son introduction en terre hellène. Le grammairien Athénée formula l'hypothèse suivante :
"Au dire de Timée, l'amour des garçons passa d'abord de Crète en Grèce. Cependant d'autres écrivains attribuèrent l'origine de cette dépravation à Laïus. Ce dernier ayant reçu l'hospitalité chez Pelops, se prit d'amour pour le fils de son hôte Chrysippe, qu'il enleva sur un char, et avec lequel il s'enfuit à Thèbes."
Ce récit très succinct mérite d’être rapporté avec plus de précisions. Laïus (ou Laïos), alors qu’il était trop jeune pour régner sur Thèbes, vit son pouvoir usurpé par ses cousins ; il dut s’enfuir vers Pisa, où régnait Pélops, qui l’accueillit chaleureusement. Les années passèrent, et Pélops confia à son protégé son jeune fils Chrysippe, « Cheval d’or », pour qu’il lui apprenne la conduite des chars. L’exilé tomba follement amoureux de son élève, qu’il enleva en pleine compétition de chars et installa à ses côtés à Thèbes, où il put reprendre sa place. La femme de Laïus, Hippodamie, craignant que Chrysippe hérite du trône au détriment de ses propres fils, demanda à ceux-ci de jeter le garçon dans un puits, mais ils refusèrent. Furieuse, elle fit irruption en pleine nuit dans la chambre des amants et arrachant une épée du mur, elle la plongea dans le ventre du jeune homme. Les habitants accusèrent immédiatement Laïus de ce forfait, mais Chrysippe, dans son dernier souffle, avait innocenté le roi. Celui-ci fut pourtant jeté au cachot pour avoir violé le garçon, méfait qui fut désormais connu dans toute la Grèce sous le nom de « crime de Laïus ». Pendant ce temps, Pélops marchait sur Thèbes avec ses troupes pour récupérer son fils. Il y trouva le roi emprisonné et son fils assassiné. Malgré sa tristesse, il épargna la vie de Laïus, comprenant la force de son amour pour Chrysippe. Mais il appela sur lui et ses descendants une terrible malédiction. Apollon, protecteur des garçons, avertit de roi de Thèbes de ne pas avoir d’enfant ; sinon, celui-ci le tuerait et occuperait son lit. Laïus suivit son conseil en évitant sa femme, mais celle-ci le saoula pendant la nuit et s’unit à lui. L’enfant de cette union, Œdipe paya cher cette transgression.
L’opinion d’Athénée est partagée par le philosophe grec Dion Chrysostome , et par Platon qui parle de la "loi d'avant Laïus" comme de celle qui interdisait les rapports pédérastiques, enfin par l'écrivain italien de langue grecque Elien . Mais elle ne fit pas l’unanimité, d’autres auteurs rejetant la paternité de la pédérastie sur les Gaulois ou sur Penthée, roi de Thèbes, qui l’aurait introduite dans sa ville, ou encore sur les Perses.
Les historiens contemporains semblent aussi divisés sur la question. En 1909, Bethe affirma que la pédérastie grecque avait été importée par les Doriens . En 1948, Henri-Irénée Marrou soutint au contraire qu'elle constituait une tradition hellénique; selon lui, c'est "à tord que l'érudition allemande en avait fait une originalité de la race dorienne." Pour cet historien de l'Antiquité, l'essence de la pédérastie se situait dans le compagnonnage des guerriers, dans ces sociétés où les femmes étaient naturellement exclues. Marrou eut le mérite d'introduire le débat, non seulement sur l'origine historique de l'amour grec, mais encore sur sa nature propre; débat que l’on peut résumer par l'alternative suivante: la pédérastie est-elle due à l'absence de femmes dans une communauté d'hommes, ou résulte-t-elle d'une tradition initiatique associée à un rite de passage?
Actuellement, de plus en plus de chercheurs optent pour la deuxième partie de l'alternative; ainsi, l'existence de rites de passage fut démontrée par Henri Jeanmaire dans "Couroi et Courètes" , par Angelo Brelich dans "Païdes e parthenoï" , par Harald Patzer dans "Die Griechische Knabenliebe" et plus récemment par Bernard Sergent dans "L'homosexualité dans la mythologie grecque" . S'appuyant sur les récits mythologiques, ce dernier révéla que les amours héroïques entre mâles répondaient avant tout au souci de transformation d'un jeune garçon en adulte, à travers des épreuves de courage accomplies dans un dessein pédagogique et initiatique. Ainsi expliquerait-on les amours de Zeus et Ganymède, de Dionysos et Adonis, ou d'Héraclès et Jason.
2007-02-22 18:28:56
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answer #1
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answered by Bunel J 1
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La quasi totalité des peuples antiques (Celtes, Romains, Grecs...) étaient homosexuels. La question devrait être : qui a interdit la pédérastie ? C'est le christianisme qui a condamné cette pratique.
2007-02-23 12:16:09
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answer #2
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answered by Sangremort 3
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