CROISSANCE
Terme magique, le plus mystifié de l’idéologie bourgeoise. Croissance de quoi ? En apparence de productions de richesses sous forme de marchandises. Mais, comme c’est toujours le cas en économie capitaliste, elles sont indifférenciées (un sous-marin atomique, comme M. Sarkozy nous en promet plusieurs, payés par les contribuables, participe à la croissance comme un immeuble de rapport, des vêtements ou des téléphones portables), et donc, en réalité ces marchandises sont de simples porteuses de plus-value, dont la circulation donne le profit.
La croissance, dont on nous assure que c’est celle de la richesse est en réalité la croissance du profit. à l’échelle mondiale, celle-ci est phénoménale. Elle apparaît bien dans l’accroissement stupéfiant du nombre des millionnaires (en $) : de 1996 à 2005, leur nombre à presque doublé, passant de 4,5 millions à 8,7 millions, soit une hausse annuelle en nombre de 7,6% en dix ans. En cette année 2005, leur fortune accumulée représentait 33.300 milliards de $ (26.400 milliards d’E). Mais il est vrai que leur nombre et leur augmentation est très inégale dans le monde. Ainsi, si les ultra-riches (possédant plus de 30 milliards de $) ne sont que 85 000 individus dans le monde, il y en a 12 200 en Amérique du Nord, et 100 000 grandes fortunes en Afrique contre 2,9 millions en Amérique du Nord. Toutefois notre Europe est sur ce plan en très forte hausse, et les pays pétroliers du Moyen-Orient (Arabie Saoudite et Ãmirats) ont le plus haut taux de croissance en millionnaires (19,7%), en combinant pétrole et marché d’actions. Enfin, les pays émergents, maintenant terribles rivaux des grands vieux pays impérialistes, grâce à la surexploitation de leur main-d’Åuvre, ont vu entre 2004 et 2005 une gigantesque augmentation de leurs millionnaires, soit de 21,3% de plus en Corée du sud, 19,3% en Inde et 17,4% en Russie.
On comprend donc que notre pauvre petite France se plaigne, avec un PIB en augmentation de seulement 3,1% en valeur, soir 1,2 compte tenu de l’inflation, en 2005 (mais tout de même une augmentation de 23,4% du CAC 40 !), n’ait vu croître ses grandes fortunes que de 3,5%, soit 367 000 membres. Il est clair que si nous voulons élever notre croissance au niveau de l’essor du reste du monde, il ne faut pas augmenter les salaires, mais supprimer les 35 heures et augmenter la productivité en licenciant à tour de bras et en délocalisant. Telle est la loi de la concurrence mondiale qui veut que toutes les nations augmentent leur croissance en profit, ce qui est évidemment impossible, et fait donc l’objet de la lutte des vieux pays capitalistes avec les nouveaux.
Toutefois, dira-t-on que plus l’on produit, plus on distribue des salaires. « Dans l’Europe à quinze, les salaires ne représentaient que 59% du PIB contre 68% de 1982. Et cela continue : en Europe, les profits ont augmenté deux fois plus vite que les salaires entre 2001 à 2004 » (Michel Husson, Regards, sept.2006). Avec l’élargissement de l’Europe à l’Est, aux salaires de misère, on peut s’attendre à l’augmentation de cet écart. Telle est la réalité de la croissance que l’on nous demande d’améliorer. Ultime argument : tout de même, pour réaliser ce profit, on produit des marchandises, biens matériels dont la valeur d’usage est une richesse qui satisfait de plus en plus de besoins et font le bien-être de la vie. Et pour qu’il y ait de plus en plus de bien être, et tout simplement de meilleures conditions de vie pour tout le monde, il faut donc une croissance de ces biens-là .
L’argument ne vaudrait que si c’étaient ces besoins de la vie matérielle des humains dont il était question dans l’exigence de croissance. Mais comme son but est le profit, il ne s’agit que de croissance de biens contenant un taux élevé de plus value et destinés au marché des solvables. On a donc un double marché, l’un de marchandises misérables (telles celles qui nous viennent d’Asie) dont le taux de profit se réalise par leurs quantités fantastiques, l’autre des produits de haute productivité venant des industries de plus en plus monopolistiques, destinés aux revenus les plus élevés, et conçus pour être sans cesse renouvelés. Ainsi, non seulement cette croissance est celle du profit, mais elle est aussi celle du jetable et de la surproduction par rapport au marché solvable, ainsi que du gaspillage des matières premières et de l’énergie.
Un tel type de production pourrait-il même être écoulé qu’un tel type de croissance se heurterait (et se heurte déjà ) aux limites de notre monde fini et de ses ressources. De ce fait, plus cette croissance augmente, plus elle génère de misère et détruit la planète (voir notre article « Ãcologie »). Faut-il donc en conclure qu’il faut s’orienter vers une décroissance ? Ce concept a déclenché une polémique de sourds. Si l’on définit la croissance comme ci-dessus, il s’agirait simplement de s’attaquer à l’économie capitaliste et à son productivisme. Mais si on l’entend, comme c’est en général le cas des « décroissants », comme la réduction, voire la suppression de la production de tous les biens produits grâce aux progrès des sciences, c’est croire que ceux-ci ne peuvent pas être produits autres et autrement, dans d’autres conditions et utilisations que dans le système monstrueux du capitalisme. C’est aussi ne pas comprendre que la multiplication des emplois utiles, quoique non rentable en profit, de protection de la nature, d’aide mutuelle, de recherche, de récupération et de réutilisation de tous les déchets, etc. participent aussi au PIB, donc à une croissance réelle.
Ce que l’on doit attendre de notre altermondialisme, ce n’est donc pas une « décroissance », mais une autre économie et une « altercroissance », non de marchandises mais de biens réels, respectueuse de la vie humaine et de celle de la planète.
Michel Lequenne
2007-02-21 02:38:52
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answer #2
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answered by christophe7 2
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Tant qu'on aura des Enarques et des européistes à la tête du pays, on va tout droit dedans ! Il faudrait une femme ou un homme capable de prendre les choses à bras le corps et réviser ce système européen qui nous met dans une merde noire. Si on veut éviter la mondialisation, il faut reconstruire l'Europe à partir du traité de Rome et laisser le pouvoir aux Nations. L'Europe ne doit être que le régulateur des mouvements de marchandises, d'argent et de migrants au sein de la communauté. A nous, Etat, d'accepter ou de refuser ce qui entre ou sort de l'Europe, pas aux américains ou aux chinois, pas plus aux indiens. D'après vous, comment font les américains pour protéger leurs produits et leurs emplois ? Comment font-ils quand ils ne veulent pas voir certains produits sur leur sol : LA TAXE ! Y'a que ça de vrai !
2007-02-21 02:01:31
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answer #4
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answered by sergio 4
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