TF1, comme beaucoup, mise sur un candidat avec la ferme intention d'avoir un retour sur investissement... C'est les outils de la démocratie qui ne sont plus crédibles quand ils sont au service de quelques-uns au détriment de tous !
C'est Bayrou qui, officiellement devant les médias eux-mêmes et en tant que représentant politique, a jeté le premier pavé dans la mare...
En voici un extrait : "C'est l'ensemble des médias qui ont, à l'égard de ceux qu'ils croient être les candidats dominants, une attitude obséquieuse", a dénoncé François Bayrou lors de l'émission "Le Grand Jury" de LCI, RTL et "Le Monde". "Dès l'instant où ils rencontrent un candidat considéré par eux comme minoritaire, alors (...) il n'y a pas assez de condescendance."
"Cette manière -faible avec les puissants et méprisants avec les faibles- ça n'est pas la République et ce n'est pas les principes que la loi nous oblige à respecter".
"A partir du moment où un groupe dépend des commandes de l'Etat, il n'est pas sain qu'il ait des médias pour faire pression sur l'Etat", a-t-il justifié, citant notamment les groupes Dassault ("Le Figaro"), Bouygues (TF1) ou Lagardère (Europe-1).
Pour les plus courageux, en voici un gros extrait :
Extrait du discours de François Bayrou, lors de la 31e Université d’été des Jeunes UDF - La Grande Motte - 02.09.06
"Le combat sera âpre, d’abord parce que le déséquilibre des moyens est spectaculaire.
Je ne parle pas seulement des moyens financiers, qui jouent déjà beaucoup, puisque face aux deux partis dominants et minoritaires, le rapport de nos moyens est de un à huit avec l’un, de un à dix avec l’autre.
Il y a plus grave et plus profond.
Je parle de l’influence. Je parle de l’orchestration. Je parle de l’enchaînement subtil en quatre temps, télévision-sondages-médias-et retélévision.
Il a suffi d’assister à l’été médiatique des deux dominants-minoritaires pour comprendre comment ça marche. Il dépend des Français qu’ils le comprennent. Les minutes de télévision font les sondages, les sondages font les médias, qui justifient à leur tour que vous repassiez à la télévision. Et ainsi la mécanique apparaît impossible à contredire.
Et il se mêle à ce système quelque chose de plus préoccupant encore : le lien d’intimité et d’intérêt entre ces puissances et le pouvoir, actuel ou futur.
Imaginons en effet - je vais prendre une hypothèse totalement absurde - que de grands groupes de médias soient liés à de grands groupes industriels qui aient avec l’État des rapports de client à fournisseur ...
Il paraît que cela se produit dans certains pays. Je lisais dans un grand journal du matin, qui s’en émouvait à juste raison, qui disait la démocratie en péril, je lisais que cela se produit non loin de nous, sur notre continent ... en Russie.
Alors - on est toujours, bien entendu, dans l’imagination - quelque chose d’autre peut traverser la tête de ceux qui seraient dans ce type d’influence. La tentation peut être grande pour eux d’assurer le destin en présélectionnant, non plus comme en 1995 un candidat (c’était d’ailleurs le nôtre, ce qui nous arrangeait), mais deux favoris, un dans chaque camp, en les protégeant d’étoiles bienfaisantes. De former la boule de neige qui va rouler, rouler, jusqu’à la première page des magazines, pour illustrer les jolis maillots de bains de l’été...
Disons que c’est plus facile pour la suite. Cela s’appelle "assurance tous risques".
Eh bien, je pense qu’il y a là quelque chose de risqué pour la démocratie de l’avenir.
C’est, pour moi, un sujet de préoccupation.
Nicolas Sarkozy assume publiquement cette proximité, et même cette intimité avec les détenteurs de ces immenses puissances, de ces forces de frappe industrielles et médiatiques qui jouent un si grand rôle dans la formation de l’opinion.
La gauche connivente, dite « caviar », a fait de même pendant très longtemps, même si c’est plus discrètement.
Berlusconi en a fait la clé de sa puissance, sans même, lui, s’embarrasser d’intermédiaires. Il a prouvé lors des élections italiennes que la force de ces organisations était immense, jusqu’à lui garantir presque la victoire, à une poignée de voix près, alors qu’il était en situation de rejet profond.
J’ai une approche toute différente de celle de Nicolas Sarkozy, de Berlusconi, et de la gauche connivente.
Je pense qu’il est de la plus haute importance, pour la démocratie, pour la République, de mettre de la distance entre le pouvoir et les puissances d’argent, financières et médiatiques.
Au XVIIIème siècle, Montesquieu a théorisé la séparation des pouvoirs, à l’intérieur du politique. Il a dit : il y a l’exécutif, le législatif, le judiciaire. Dieu sait qu’en France, cette séparation n’est pas achevée.
Puis la France a choisi, avec mon camarade Henri IV le premier, avec l’édit de Nantes, puis les grands combats de la laïcité, la France a choisi de séparer l’État de la religion.
Eh bien, il faut aujourd’hui une autre séparation des pouvoirs : il faut séparer la politique de l’économique, de l’économique qui tient le médiatique.
Il faut que le citoyen - parce qu’il ne s’agit pas de nous dans cette affaire, ou très accessoirement - il faut que le citoyen ait la certitude que le pouvoir politique n’est engagé dans aucune autre solidarité que celle qu’il doit à ceux qui l’ont délégué pour exercer la fonction de responsabilité, celle qu’il doit à ses concitoyens.
Je proposerai dans mon programme de campagne que cette garantie de séparation soit apportée par la loi.
Naturellement, il faut du capital aux entreprises de presse. Mais ces intérêts doivent être indépendants de l’État, comme c’est le cas dans toutes les grandes démocraties de la planète.
Je ne suis pas tout à fait dans l’ignorance de ce qu’une telle affirmation fait courir comme risque, médiatique en tout cas, en France en 2006, à quelqu’un qui souhaite être candidat à l’élection présidentielle.
Mais si nous voulons rendre à la République et à la démocratie l’adhésion des citoyens, l’adhésion des Français, alors il faut réconcilier la République et la démocratie avec les principes que l’on enseigne aux enfants dans les écoles, ceux de l’éducation civique.
C’est le préalable à bien d’autres réformes.
Le principe de la démocratie, ce qui fait qu’elle vit ou qu’elle meurt, c’est la confiance, c’est que le citoyen ait la certitude que les cartes sont sur la table, que tout le monde peut être averti des raisons des grandes décisions d’État. C’est la transparence qui préside aux choix nationaux. C’est de choisir les cartes qui sont sur la table, non pas celles qui sont sous la table.
La transparence, contre la connivence. La connivence doit être écartée, doit devenir impossible.
La France a vécu et souffert de connivence, il est temps qu’elle en sorte. C’est pourquoi nous voulons cette séparation de la politique, de l’État, des intérêts financiers et des médias.
Ces principes-là sont ceux qui ont fait la France républicaine !
Ce sont les instituteurs de la République, avec leurs idées droites, avec leur idée toute simple de l’instruction civique.
C’est le général de Gaulle quand il disait tout simplement : « la politique de la France ne se fait pas à la corbeille » de la Bourse.
C’est Raymond Barre, quand il défendait avec nous l’État impartial ! L’État impartial, qui est un recours pour tous, et non pas un compère dans le jeu économique...
Nous, citoyens, nous avons le droit que les choses de la République soient droites.
Nous avons droit à ne pas avoir à soupçonner constamment que quelque chose se passe par dessous, que les décisions d’État sont influencées ou influençables...
Et si « rupture » il y a, si on veut une rupture, eh bien mes amis, voilà une rupture !
Voilà une alternative au système.
Mais sortir du monopole, clarifier les rapports de l’État avec les influences qui pourraient s’exercer le plus aisément sur lui est une chose.
Encore faut-il que nous trouvions les garanties pour ne pas recréer un monopole quand les Français auront tranché !
Nous ne devons pas contester le monopole à deux de l’UMP et du PS pour recréer, à supposer qu’on puisse y parvenir, un autre monopole, le monopole de l’UDF.
Je pense que les monopoles du pouvoir sont nuisibles en eux-mêmes et que, quand on n’est pas obligé de se préoccuper du citoyen, de son avis, de son information, de sa conscience, alors on est sûr de se tromper.
C’est pourquoi la démocratie, ce n’est pas le pouvoir, ce sont les contre-pouvoirs, ce sont eux qui protègent les citoyens. Ce sont eux qu’il faut rebâtir en France.
La première garantie de la démocratie, c’est le pluralisme."
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Acrimed et Le plan B rendent compte de l’évolution de cette affaire : "Présidentielle 2007 : la question des médias posée par... l’UDF".
2007-02-15 20:38:32
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answer #1
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answered by Tablée Nationale 1
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