Certains voient dans Don Juan, l'archétype de la démesure et la preuve d'une démesure morale.
Grand seigneur espagnol jeune et beau il est méchant homme d'une insolence totale, parfois violent. Don Juan manie avec aisance l'ironie et le sarcasme, l'impertinence et l'offense, l'irrévérence et l'irrespect. Il personnifie une lutte impitoyable entre le classicisme et le baroque. Tel Prométhée, il se libère par la mort, c’est-à-dire il entre dans la (dé)mesure triomphante.
Un personnage transgressif
Don Juan, c'est la transgression des mœurs parce qu'il est séducteur (dimension parfois éclipsée par l'ampleur métaphysique du personnage), il ne respecte pas le mariage, il séduit les femmes, y compris celles qui sont promises (voir la scène avec Charlotte et Pierrot).Dom juan c'est le maitre du jeu.
Il transgresse les règles sociales, il vit à l'écart, en fuite durant la moitié de la pièce,et il représente un danger pour la société dans la mesure où il séduit toutes les femmes. Il est transgressif vis-à-vis des règles imposées par sa naissance, sa noblesse et son père. Il n'éprouve aucun respect envers ce dernier et lui souhaite même de mourir (acte IV). Il refuse de régler sa conduite comme le nécessiterait son rang. Son père, Don Louis, l'accuse d'être la honte de sa famille dans une tirade que l'on pourrait qualifier de cornélienne.
Il y a également chez Don Juan, la transgression du ciel. Il croit seulement que "deux et deux sont quatre" et que "quatre et quatre sont huit". Il refuse, à maintes reprises de se repentir, il garde une attitude de libre pensée à l'encontre de tous les codes sociaux de l'époque. Même à sa mort, il a refusé de se renier, il est resté déviant jusqu'au bout.
C'est aussi un homme de l'expérimentation, qui affronte chaque nouveau problème, et le résout sur le moment. Il y a aussi chez Don Juan la tentation du Ciel. On peut penser que, dans la scène du pauvre, ou dans sa fausse rédemption, il essaye, il attend une réaction, et n'en recevant pas, il continue à le nier.
Quels sont les rapports entre le maître Don Juan et son valet Sganarelle ?
Dans la première scène, Sganarelle fait un portrait très péjoratif de son maître, un blâme, à Gusman, valet d’Elvire. Il le critique vivement en le qualifiant de : « pourceau d’Epicure », « vrai Sardanapale », « d’hérétique » … Il présente son maître comme un libertin sans aucune morale : « rien n’est trop chaud ni trop froid pour lui ». Il a tenté de raisonner son maître à propos de ses mœurs qu’il n’approuve pas : « me réduit à applaudir ce que mon cœur déteste », mais en vain. De plus, Sganarelle croit en Dieu et craint la fureur divine si Don Juan ne se repend pas. On peut affirmer que Sganarelle craint son maître : « la crainte en moi fait l’office du zèle ». Par exemple, à la scène 4 de l’acte II avec les paysannes : « mon maître est un fourbe […] elles se gardassent de le croire ». En effet, il se rattrape lorsqu’il voit Don Juan revenir : il a peur des représailles. Néanmoins, il participe à la moindre aventure entreprise par le grand seigneur méchant homme.
Sganarelle remplit ses fonctions de domestique et même plus. Il entretient une relation presque fraternelle avec son maître car il représente son confident et la seule personne toujours à ses côtés. Il est son unique interlocuteur. Il demeure presque toujours là dans les moments graves : avec M.Dimanche, les paysannes … Don Juan semble être le double utopique de Sganarelle. En effet, il incarne tout ce qu’il aurait voulu être. Le valet éprouve une profonde admiration pour l’audace et le pouvoir rhétorique de son maître : « Ah quel homme ! Quel homme ! » (après la visite de Don Juan chez son père). Cependant, dans la dernière scène Sganarelle est triste mais ce qui importe le plus à ses yeux , ce sont ses gages non payés : « Mes gages ! mes gages ! ».
Sganarelle est d'autre part, en tant que valet de comédie (un artefact propre à la comédie), l'intercesseur du public, c'est-à-dire un intermédiaire entre le public et le personnage de Dom Juan. Dans la scène 1 de l'acte I, il présente Dom Juan comme la bienséance l'oblige, en le critiquant vivement, mais si maladroitement que le personnage peut garder quelque charme lorsqu'il présentera lui-même sa passion de la conquête amoureuse (acte I, scène 2). C'est Sganarelle aussi qui pousse Dom Juan à avouer son athéisme ou son rationalisme (assimilés par les dévôts) : " je crois que deux et deux sont quatre...". Et surtout qui révélèra au public l'hypocrise de Dom Juan envers Dom Louis, alors qu'elle aurait pu duper le spectateur. C'est pourquoi il aura le dernier mot, en tirant la morale de la pièce, même si cette morale est encadrée par "Mes gages ! Mes gages !" : il imorte qu'il reste un bouffon.
En conclusion, on peut dire que Don Juan ne peut pas se séparer de son valet. Ce premier représente le côté sombre de la pièce tandis que Sganarelle est l’amuseur, celui qui détend l’atmosphère, mais aussi l'intercesseur du public. Rôle que se réservait d’ailleurs Molière, car le plus théâtral de tous. Malgré leurs relations amicales, Sganarelle demeure un inférieur. Il faudra attendre un siècle pour que les domestiques commencent à incarner des revendications, et quittent par là un rôle figé dans l'artefact théâtral, comme on peut le voir dans le Mariage de Figaro de Beaumarchais.
2007-01-30 04:46:36
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answer #1
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answered by o_robelet 7
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Molière a certainement eut connaissance d'une pièce espagnole du début su XVIIe, El Burlador de Sevilla, par Tirso de Molina. C'est la première adaptation à la scène à ma connaissance du mythe de Dom Juan.
Sinon, tu trouveras toutes les infos dont tu as besoin sur internet... les études sur la pièce de Molière sont sûrement nombreuses...
2007-01-30 12:43:41
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answer #3
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answered by Ticha 1
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