Rien de tel pour bien peser la France d'aujourd'hui à son juste poids que de la comparer à ses deux grands voisins historiques : l'Angleterre et l'Allemagne. Une telle comparaison a ses limites : nos ciels et nos terres, nos moeurs, notre art de vivre ne se mesurent ni ne se comparent dans un impossible « bonheur national brut ». En revanche, la richesse nationale, la balance commerciale, la production industrielle, la dette publique, l'inflation, la croissance autorisent des mesures fiables. Celles-là, on peut, on doit les connaître.
Toutes ou presque nous disent que, depuis vingt-cinq ans, la France se fait, disons, « distancer ». Que, par exemple, le produit intérieur brut anglais, qui était, en 1980, inférieur de plus de 25 % au nôtre, lui est, aujourd'hui, de 10 % supérieur. Que l'Allemagne, longtemps encalminée, cingle à nouveau toutes voiles dehors. Il n'y a point d'obsession maniaque à décliner ce déclin relatif. Et il y a faute à le dissimuler. D'autant que, dans le dernier demi-siècle, l'Angleterre et l'Allemagne ont connu à des degrés divers, et comme nous aujourd'hui, une très mauvaise passe. Elles s'en sont sorties. Comment ? Ce ne devrait pas être, pour les candidats présidentiels, une question oiseuse.
Peu de Français se représentent aujourd'hui l'état de l'Angleterre des années 70. Vingt-cinq ans après la guerre et son magnifique héroïsme, l'Angleterre - assommée par un socialisme laxiste qui vidait les caisses - était sur le flanc. Le lion britannique flapi, étouffé par un délire syndical (en 1979, quinze grèves et 100 000 journées de travail perdues), par des nationalisations stériles et la glu bureaucratique. Au bout de ce tunnel : la récession ! Ce qui s'est alors passé, vous le savez : c'est la venue au pouvoir d'une fille d'épicier à poigne de fer, Margaret Thatcher. En refusant de céder à une interminable grève des mineurs, elle a cassé l'abus syndical. Et engagé une révolution conservatrice. Réduction des dépenses publiques, privatisations et baisse d'impôts : le taux maximum d'imposition, qui fut de 83 %, y est ramené à 40 %.
Cette violente réaction n'aurait pas, à elle seule, remis le malade sur pied sans un second miracle : le socialiste Blair se gardera de larguer l'essentiel des réformes Thatcher. Il les humanise, réanime les services publics, installe un salaire minimum horaire. Son New Labour, son néotravaillisme, relance la machine sociale sans la laisser s'empâter à nouveau. Les prélèvements obligatoires sont, aujourd'hui, de 10 points inférieurs aux nôtres.
Résultat : l'Angleterre vogue désormais avec une croissance moyenne de 2,9 % ; son inflation est maîtrisée ; son taux de chômage, qui fut jadis de plus de 10 %, est retombé à 4,6 %. Tous les pays d'Europe (sauf la France) vont peu ou prou, et chacun à sa manière, emprunter la voie blairiste. Tandis que le vieux socialisme français continue de la diaboliser en l'accusant d'« appauvrir les pauvres », on constate qu'il y a, en Angleterre, deux fois moins de SDF qu'il y a dix ans...
L'Allemagne, qui fut avant la France, et plutôt plus que la France, abrutie par les drogues de l'Etat-providence, n'a pas vécu une révolution aussi intense et dramatique. Mais son réformisme plus récent a bel et bien engagé un virage déterminant dans une semblable direction. C'est le socialiste Schröder qui l'a engagé. Non sans courage, il a bousculé quelques grands tabous d' avantages acquis (aujourd'hui, l'Allemagne recule l'âge de la retraite de 65 à 67 ans). Le miracle aussi, ce fut qu'à petits pas réguliers la coalition droite-gauche, sous la direction réaliste et ferme d'Angela Merkel, aura poursuivi et parfois amplifié les réformes, fussent-elles impopulaires comme l'accroissement de la TVA.
Résultat, une grande nation engourdie (avec l'excuse d'une ruineuse réunification) repart désormais du bon pied avec une croissance rétablie et des exportations faramineuses.
De ces leçons d'histoire nul ne conclura, bien sûr, qu'il est aisé, voire avisé, pour la France de prétendre reproduire à l'identique les cures anglaise et allemande, d'ailleurs dissemblables. Mais on retiendra qu'aucun traitement ne fut - et ne sera - possible tant que la vérité n'est pas connue et répandue. Aujourd'hui, notre essoufflement national est caché par le mensonge et l'endettement : les parents dépensent, les enfants trinqueront. C'est ce que démontrent, dans une insolite communication de l'Institut, deux anciens Premiers ministres (1). Pierre Messmer et Raymond Barre, peu suspects de rabouillage électoral, acquiescent à ce verdict : au train qui est actuellement le sien, les risques pour la France sont majeurs.
(Larges extraits de l'édito de Claude Imbert, Lepoint.fr)
Lisez bien la réponse de Lightgiver, ça vous donnera une idée de ce qu'est un coq qui chante sur un tas de fûmier. On dirait les déclarations des généraux français début 40 : "nous vaincrons car nous sommes les plus forts". On connaît la suite...
2007-01-30 02:27:52
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answer #3
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answered by Anonymous
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