piquer [pike] v.
• 1130; lat. pop. °pikkare « piquer, frapper », d'o. préromane et expressiveÂ
I¨ V. tr.
A¨Â
1¨ Entamer légèrement ou percer avec une pointe. Un bouvier « armé d'un aiguillon, pique ses deux bÅufs bossus » (F. de Croisset). àaiguillonner. « il piqua son cheval et s'élança » (Maupassant). àéperonner. Absolt Piquer des deux (éperons) : éperonner vivement son cheval; partir au galop.
à  Faire une piqûre à (qqn). « J'ai saigné le bras gauche, piquons le droit » (Martin du Gard). Fam. On l'a piqué contre la variole, on l'a vacciné. Il a dû faire piquer son vieux chien, lui faire faire une piqûre entraînant la mort rapide et douce. àeuthanasier.
à  Percer en enfonçant un dard, un stylet, un crochet à venin. Ãtre piqué par un moustique. Se faire piquer par une guêpe. « Elle a été piquée au doigt par un scorpion » (F. de Croisset). Quelle mouche te pique ?
2¨ (Compl. chose) Percer pour prendre, pour attraper. « Pierre mangeait des flageolets et les piquait un à un avec une pointe de sa fourchette » (Maupassant). Loc. Vx Piquer l'assiette. àpique-assiette.
à  Cuis. Percer de trous pour garnir, pour larder, ailler. Piquer un oignon avec un clou de girofle. — Un rôti piqué d'ail. Adj. Du veau piqué.
à  Fixer en traversant avec une pointe, une aiguille. Piquer une photo au mur. Piquer des papillons.
à  Spécialt Coudre à la machine. Bâtir une robe avant de la piquer.
à  Techn. Percer de petits trous selon un dessin. Piquer des cartes pour métiers à tisser. Par ext. Piquer un dessin, le marquer par de petits trous.
3¨ Parsemer de petits trous. àtrouer. Les vers, les insectes ont piqué ce meuble. — Meuble ancien piqué des vers. àvermoulu. — Loc. fam. N'être pas piqué des hannetons (ou des vers) : être intense, extrême, remarquable en son genre. « Un petit froid qui n'est pas piqué des hannetons » (Aragon).
à  (Surtout p. p.) Semer de points, de petites taches. àmoucheter, piqueter, tacheter. « Les mains toutes piquées de taches de rousseur » (Hugo).
à  Loc. fam. Se piquer le nez : s'enivrer.
4¨ Frapper vivement. « Le mulet, piquant le sable de durs coups de sabot » (Genevoix). — Au billard, Piquer la bille, la frapper en tenant la queue presque verticalement. — Mus. Piquer une note, la marquer en la détachant. — Piquer une cloche, la frapper avec son battant d'un seul côté (opposé à sonner à toute volée) pour sonner l'heure (ou piquer l'heure). Mar. « La cloche du vaisseau-amiral piqua deux coups doubles » (Farrère).
5¨ Donner la sensation d'entamer avec une pointe. àbrûler, cuire, picoter. « Une ortie qui lui piquait les jambes » (Hugo). « La fumée piqua les yeux encore pendant longtemps » (Céline). Fam. Ãa me pique. Absolt Une barbe qui pique, dure au contact. Fam. (Enfants) De l'eau qui pique : de l'eau gazeuse.
6¨ (XVe) Fig. Vieilli Blesser, irriter vivement. àagacer, froisser, vexer. « Je fus piqué de la froideur avec laquelle il m'en parlait » (Molière). — Mod. PIQUER AU VIF : irriter l'amour-propre de. « Cette impassibilité m'aurait [¼] piqué au vif » (Barbey).
à  (Compl. abstrait) Faire une vive impression sur. àéveiller, exciter. « Rastignac voulait piquer ma curiosité » (Balzac). Ils « n'ont pas besoin d'effets violents et imprévus qui piquent leur attention » (Taine).
7¨ (XIVe) Fam. Prendre, voler*. àchiper, faucher. On lui a piqué toutes ses affaires. Se faire piquer ses idées. « Je les ai déjà vus qui piquaient des alliances en douce aux macabs » (R. Merle).
à  Arrêter*, pincer (qqn). La police l'a piqué à la sortie du métro.
8¨ (1840) Fam. Prendre, faire, avoir brusquement. Piquer un galop, un cent mètres. Il « plongea la tête comme on pique un plongeon » (Ch.-L. Philippe). Il « manifeste l'intention de piquer un roupillon » (Barbusse). Piquer une colère, une crise. Piquer sa crise : se mettre en colère. Piquer un fard, un soleil : rougir brusquement. « Le duc piqua ce qu'on appelle un soleil » (Proust).
B¨ Par ext. Enfoncer (qqch.) par la pointe. « Mme Vonlauth piqua son aiguille dans son ouvrage » (Martin du Gard). « Il a piqué la médaille sur la chemise de Léglise » (Duhamel). àépingler.
à  Piquer une tête : se jeter la tête la première. « Une embardée lui fit piquer une tête contre la porte » (Baudelaire). Piquer une tête dans l'eau : plonger. « piquer une bonne tête dans la rivière » (Sand).
II¨ V. intr. (1528; de piquer des deux)
1¨ Vieilli S'élancer à cheval. — S'élancer rapidement, directement. « nos deux ivrognes piquèrent tête baissée dans la porte, l'enfoncèrent » (Baudelaire).
2¨ Tomber, descendre brusquement. « Ses yeux suivaient le vol des mouettes [¼] L'une d'elles piquait dans l'eau comme une pierre » (Alain). Un avion qui pique, qui descend en piqué. — Loc. Piquer du nez : tomber le nez en avant. « Il piqua du nez et s'abattit sur les marches » (Sartre). Le navire piquait de l'avant.
III¨ V. pron.
1¨ Ãtre légèrement blessé, entamé par une pointe, un piquant. Elle s'est piquée avec une aiguille. PROV. Qui s'y frotte s'y pique : qui se risque à attaquer, à se mesurer à (qqn) en subit les conséquences.
à  Se faire une piqûre, et spécialt S'injecter un stupéfiant. àse shooter (anglic.). Se piquer à l'héroïne. « Celle-ci, morphinomane, lui conseilla de se piquer » (A. Gide).
2¨ Se couvrir de petites taches, de moisissures. Les livres exposés à l'humidité se piquent. Vin qui se pique, s'aigrit.
3¨ Fig. Littér. Se froisser, se vexer. àse formaliser.
à  Se piquer au jeu (II, 2o).
à  Prétendre avoir et mettre son point d'honneur à posséder (une qualité, un avantage). àse prévaloir. « Il se pique de philosophie » (Rousseau). — (Avec un inf.) Avoir la prétention de, se targuer, se vanter de. « Quiconque se pique d'être bien élevé » (Gautier).
2007-01-29 18:08:23
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answer #7
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answered by mounir b 3
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