S. Royal, « coup de tonnerre annoncé » ?
Par Le Hérisson, sa biographie
Cet article a été rédigé par un reporter d'AgoraVox, le journal média citoyen qui vous donne la parole.
S. Royal n'a pas « qu'un défaut » pour paraphraser Arnaud Montebourg. Elle en a deux : d'une part, elle n'a pas de conviction véritablement enracinée, d'autre part elle est autoritaire. Plusieurs ouvrages dont « La dame aux deux visages » étaient pourtant lumineux quant à la personnalité de S. Royal. Las. Aveuglés par les sondages, les socialistes l'ont tout de même élu candidate, y compris ceux de Poitou-Charentes qui n'ignoraient rien de ses errements. On commence à en voir le résultat.
Journaliste en Poitou-Charentes, j'ai pu observer à loisir les différents « faits d'arme » de S. Royal. Sa première bévue fut de vouloir être maire de Niort contre... un socialiste. Résultat, elle mit la gauche à feu et à sang. Mieux encore : deux de ces collaboratrices ne furent pas payés totalement. Elles ont gagné une première fois aux tribunal des Prud'hommes mais ont fait appel ces jours-ci (la Nouvelle République de jeudi 18/1/2007) jugeant qu'elles pouvaient demander davantage.
Chabichou, pédophilie et charentaises...
Autre fait marquant, S. Royal s'empara de la cause du chabichou (Elle avait voulu essayer aussi naguère de s'emparer du thème de l'heure d'été, mais ça n'avait pas marché : l'Europe venait d'imiter les Français) . Rappelons que le chabichou est un fromage de chèvre qui aurait été importé par les Arabes. S. Royal a voulu défendre une appellation d'origine contrôlée sans en informer... la fédération officielle des producteurs de chabichou. Le président n'a guère goûté la plaisanterie... Je ne reviens pas sur l'épisode Cabrilia que j'ai expliquée ici, S. Royal ayant décidé d'imposer le fond régional d'art contemporain dans un ancien musée dédié aux chèvres (décidément !) en pleine rase campagne à Linazay. Quand elle était ministre déléguée à l'Education, rappelons également que S. Royal a condamné Bernard Hanse, professeur d'EPS à Montmirail, accusé par un élève d'attouchements sans même que la justice n'ait été saisie. Le professeur s'est suicidé. La justice a reconnu ensuite que l'élève avait affabulé car le professeur lui avait fait une remontrance. Avec S. Royal, ce sont des dizaines d'Outreau qui se préparent... Elle s'est même fendue d'une lettre abjecte à la famille, après le décès de B. Hanse. Enfin, savez-vous ce qu'on découvert les lycéens internes de la région Poitou-Charentes juste avant de partir en vacances de Noël ? Une magnifique paire de pantoufles « charentaises » pour chacun d'eux, payées par les impôts... Il paraît que c'était une idée pour venir en aide aux entreprises de pantoufles de Charente, qui en réalité, se portent comme un charme !
Où sont les socialistes ?
Dans la région Poitou-Charentes, tous les socialistes connaissent ces épisodes. Mieux. Ils savent tous que la dame est insupportable au quotidien. Elle s'est fâchée avec une bonne partie des personnels et surtout des élus de sa Région, à commencer par Jacques Santrot, maire de Poitiers ou M. Fountaine, industriel à la Rochelle, tous deux vice-présidents. Il y a deux ans, la plupart des socialistes faisaient la confidence que Ségolène était invivable, dure à vivre, commandait toute seule tout en étant indécise, autoritaire et caractérielle. Cela dit, sa communication a toujours été plutôt efficace et n'a rien laissé transparaître. Curieusement, lorsque les sondages sont devenus ce que vous savez, à partir d'octobre 2005, les socialistes ont commencé à changer d'avis sur la dame et au printemps dernier, la cause était entendue : les socialistes en majorité trouvaient qu'elle était la meilleure candidate...parce qu'elle était la mieux à même, croyaient-ils, de battre Sarkozy. Ah ! Sondage quand tu nous tiens.
Pourtant, les diverses prises de position de S. Royal, comme on l'a vu, n'ont pas grand-chose à voir avec le socialisme, lequel, jusqu'à preuve du contraire, a pour objectif revendiqué l'amélioration de la condition sociale, culturelle, économique du citoyen. Contrairement à cette belle générosité, S. Royal veut faire garder les délinquants par l'armée. Or, l'armée, c'est tout de même la force à laquelle s'opposent l'éducation et l'élévation par l'esprit.
« L'ordre juste »
Plutôt que la « justice sociale », S. Royal défend « l'ordre juste » y compris quand elle « vire » Montebourg. Elle était déjà défenseur de la famille « comme il faut » et sans string visible ! Elle veut aussi défendre le travail, ce qui est assez noble, il est vrai. Dans un discours, elle évoquait la nation... Bref, qu'elle ose encore un peu et le « travail, famille, patrie » n'est pas loin. En défendant « l'ordre », fut-il « juste », elle oublie que l'ordre a toujours été au service de « l'ordre établi » et n'a jamais été source de progression. Toutes les avancées sociales, toutes les améliorations humaines, se sont toujours faites par le désordre. Que cela plaise ou non.
Si S. Royal défend l'ordre, aucune proposition, en revanche, sur la rénovation du service public, qui en aurait pourtant bien besoin. Rien sur la financiarisation de l'économie. Ses propos sur la précarité restent au stade de vœux pieux tandis que, voulant revaloriser le travail, elle semble ignorer qu'il est cent ou cent cinquante fois plus taxé que les spéculations financières. Là où on lui demande de se prononcer, elle répond, après moult hésitations, « référendum » sur l'Europe ou bien « on demandera l'avis des français » ou encore « démocratie participative ».Quant à son livre, on en attend toujours la publication... J'ai assisté à l'un de ces fameux forums de la démocratie participative. La recette est simple : on réunit tous les acteurs concernés par une question, on les laisse débattre gentiment pendant deux heures et à la fin, Ségolène Royal, en vraie « maîtresse de maison » leur annonce les décisions qui ont été décidées bien avant le fameux forum. En réalité, comme « démocratie participative », Ségolène Royal préfère regarder les sondages, les vrais, comme celui qui avait été fait par la SOFRES à propos des attentes des Français, il y a quelques semaines, et qui n'était destiné qu'à l'élite politique. Résultat : dès le lendemain, S. Royal fit un discours remarqué où elle reprenait, presque mot pour mot, les termes du dit sondage, notamment sur la question du pouvoir d'achat et de la « valeur travail ».
Malgré ce vide sidéral, ses contradictions, ses approximations, sans parler de sa façon si particulière d'utiliser la langue française en Chine, les socialistes l'ont tout de même désignée comme candidate. J'en ai discuté avec des élus à l'époque. Ceux-ci disaient « Strauss-Kahn est sans doute meilleur, y compris François Hollande... Mais S. Royal est la plus capable de battre Sarkozy. » Et pourquoi donc ? Alors que les socialistes, ou du moins certains d'eux, connaissaient ses manques et ses imprécisions ? A cause des sondages, pardi. Mais pas seulement. Coincés entre les altermondialistes, d'un côté, et Bayrou et Sarkozy de l'autre, les socialistes sont en panne d'idées, de convictions, même de connaissances économiques pour réaliser une véritable critique constructive du néolibéralisme. Il suffit de lire le projet socialiste pour voir à quel point le débat est sans consistance. D'ailleurs, tout comme en 2002, après avoir travaillé sur ce projet pendant des mois, voté pour lui, ils trouvent tout à fait normal que S. Royal s'en affranchisse. Finalement, elle n'est que l'illustration du vide idéologique de son parti et de sa volonté de gagner le pouvoir, et ceci, uniquement pour son usage. Il paraît que, jadis, le frère de Ségolène Royal était poseur de bombes pour le comte de l'Etat français. Il se pourrait bien, en 2007, que sa sœur soit encore plus expéditive et que la bombinette participative qu'elle mijote expédie tout le PS au cimetière des éléphants.
2007-01-23 02:17:11
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answer #7
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answered by bartaba 2
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