Voici un sonnet parfait et trè simple à apprendre (l'alexandrin, ça aide). C'est à propos des conquistadores (conquérants). C'est donc proche de la chevalerie
Les conquérants
Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d'un rêve héroïque et brutal.
Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde Occidental.
Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d'un mirage doré ;
Ou penchés à l'avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l'Océan des étoiles nouvelles.
Jose Maria de Heredia
Sinon, des extraits de la Chanson de Roland, mais c'est compliqué:
Roland sent que la mort est proche pour lui: par les oreilles sort la cervelle. Pour ses pairs, il prie Dieu, il le prie de les appeler; pour lui-même, il prie l‘ange Gabriel. Il prend l’olifant, pour être sans reproche, et Durendal, son épée, dans l’autre main. Plus loin qu’un arbalète ne peut tirer un carreau, sur la terre d’Espagne, il va en un guéret; il monte sur un tertre; là , sous deux beaux arbres, il y a quatre perrons, faits de marbre; sur l’herbe verte il est tombé à la renverse: là il s’est évanoui, car la mort lui est proche.
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Hauts sont les monts et très hauts les arbres. Il y a là quatre perrons de marbre, luisants. Sur l’herbe verte, le comte Roland se pâme. Or un Sarrasin le guette: il a contrefait le mort et gît parmi les autres. De sang il a souillé son corps et son visage. Il se dresse et accourt. Il était beau, vaillant et de grand courage; son orgueil le pousse à entreprendre ce qui sera sa mort; il saisit Roland, sa personne et ses armes et s’exclame: "Il est vaincu le neveu de Charles! Ãpée que voici, je vais l’emporter en Arabie!" Comme il le tirait, le comte reprit quelque peu ses sens.
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Roland sent qu’on lui prend son épée. Il ouvre les yeux et lui dit un mot: "Tu n’es pas des nôtres, que je sache!" Il tient l’olifant, que jamais il ne voulut abandonner, et frappe sur le heaume gemmé d’or: il brise l’acier, la tête et les os. Les deux yeux il les lui a fait jaillir de la tête. Devant ses pieds il l’a abattu, mort. Ensuite, il lui dit: "Culvert de païen, comment as-tu ose porter sur moi la main, soit à droit, soit à tort? On ne l’entendra pas dire sans te tenir pour fou. Mon olifant en est fendu au pavillon! Le cristal et l’or en sont tombés!"
171
Roland sent qu’il a perdu la vue, et, sur ses pieds, tant qu’il peut, il s’évertue; sur son visage, la couleur a disparu. Devant lui est une pierre bise; dix coups il lui porte avec désespoir et rage. L’acier grince, il ne se brise ni s’ébrèche. "Eh! dit le comte, sainte Marie, à l’aide! Eh! Durendal, ma bonne épée, en quel malheur êtes-vous? Puisque je meurs, de vous je n’ai plus charge. Tant de batailles grâce à vous j’ai gagnées en rase campagne et conquis de si vastes terres que gouverne Charles à la barbe chenue! Que personne ne vous possède qui soit capable de fuir devant un autre! Un bon vassal vous a longtemps tenue. Jamais la sainte France n’en aura de tel!"
172
Roland frappe au perron de sardoine, l’acier grince, il ne se brise ni ne s’ébrèche. Quand il vit qu’il ne pouvait la briser, il se mit à la plaindre en lui-même: "Eh! Durendal, comme tu es belle! et claire! et blanche! Au soleil comme tu luis et brilles! Charles était aux vaux de Maurienne, quand du ciel Dieu lui manda par son ange de te donner à un comte capitaine: alors il m’en ceignit, le noble, le grand roi! Par elle je lui conquis l’Anjou, la Bretagne; par elle je lui conquis le Poitou et le Maine; par elle je lui conquis la franche Normandie; par elle je lui conquis la Provence et l’Aquitaine, et la Lombardie et toute la Romagne. Par elle je lui conquis la Bavière et toute la Flandre et la Bourgogne et toute la Pologne, et Constantinople, dont il reçut l’hommage, et la Saxe où il fait ce qu’il veut; par elle je lui conquis l’Ecosse, l’Islande, l’Angleterre, qu’il tenait pour sa chambre; par elle je lui conquis tant et tant de pays que tient Charles à la barbe blanche. Pour cette épée j’ai douleur et souci: mieux vaut la mort que la voir rester aux païens! Dieu, notre Père, ne laissez pas la France subir cette honte!"
2007-01-24 01:05:55
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answer #4
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answered by Anonymous
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Quelle tristesse pour des hommes
Si fiers, si simples et si grands,
De voir,dans le siècle où nous sommes,
Le luxe confondre les rangs !
Aux traits de la plaisanterie
De voir le zèle assujetti;
L'amour sacré de la patrie
En paradoxe converti;
La religion en problème,
Le sophisme en raisonnement,
Et la débauche en sentiment.
(Poète inconnu du 18ème siècle)
Néanmoins, le style ressemble fort à celui du poète Piron.
J'espère que c'est pas trop long.
2007-01-20 17:24:47
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answer #7
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answered by Théo Jazz Man 7
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