Conte Breton
Peut-être avez vous déjà entendu des bruits sourds, près des ruisseaux, la nuit. Comme des coups de battoir sur le linge. Alors, passez votre chemin bonnes gens, et ne cherchez pas à savoir d'où vient ce bruit : se sont les lavandières de nuit.
Guillo, c'est le bon à rien du village, paresseux du soir au matin. Il ne sait que boire, boire et chanter après avoir bu. Tout le monde le connaît à Tréhorenteuc.
Ce soir là, Guillo a le vent en poupe. Il a passé toute la soirée au café du village et le voilà qui rentre chez lui, sous la pleine lune, en chantant à tue-tête. La nuit est trop douce pour prendre le raccourci par les prés, aussi prend-il la route qui monte vers Trébottu.
Lorsqu'il arrive au petit pont sur le Rauco -le ruisseau qui descend le Val sans Retour- Guillo entend des bruits sourds, des battements, à sa gauche, près du moulin en ruine. Intrigué, il quitte la route et longe le ruisseau pendant un bon moment. Il se heurte sur les souches, il trébuche sur les pierres, et il patauge dans la boue.
C'est là qu'il aperçoit deux femmes, vêtues de blanc, à genoux au bord du ruisseau. Elles lavent un grand drap et le frappent de leur battoir. Guillo, malgré l'ivresse, n'en croit pas ses yeux : est-ce une heure pour laver du linge en pleine forêt ? Peu importe, il fait demi-tour, mais alors qu'il repart, le voilà qui trébuche sur une grosse pierre et tombe dans le ruisseau. Les deux lavandières sursautent et se tournent vers lui.
Mon Dieu, quels visages ! La lumière blafarde de la lune éclaire ces visages sans vie, aux traits durs et profonds ; leurs yeux sont noirs et vides. Guillo, térrifié, bondit hors de l'eau, mais il n'a pas le temps de fuir que l'une des femme lui crie :
_ Approche ! Viens nous aider.
L'homme, comme pétrifié, s'approche des lavandières en titubant. Impossible de fuir, la voix l'attire comme une guêpe sur une tartine de miel. Les femmes lui tendent alors le drap qu'elles ont lavé et qui ruisselle d'eau.
_ Eh bien ! dit l'une d'elles, qu'attends-tu ? Aide nous à tordre ce drap.
Sans réfléchir, embrumé par les vapeurs d'alcool, Guillo saisit l'extrémité du drap. A l'autre bout, les lavandières tordent le linge, mais lui ne bouge pas. Avec peine, il parvient quand même à dire :
_ Mais qui êtes-vous ? Et pourquoi lavez-vous ce drap en pleine nuit ?
_ Nous lavons le linceul d'un homme qui doit mourir cette nuit. Si nous ne le faisons pas, le pauvre n'aura même pas un linceul pour son dernier voyage.
Sur le coup, Guillo prend ça pour une plaisanterie et le voilà qui éclate de rire. Il est maintenant de tellement bonne humeur, qu'il se met à tordre le drap de son côté. Et il tord le drap en le tournant de gauche à droite.
_ Malheur ! s'écria l'une des femmes. Il a tordu le drap dans le sens maléfique !
_ Malheur ! Malheur ! répéta l'autre.
Ces cris résonnent dans les arbres, réveillant tous les animaux de la forêt. Quand Guillo s'est un peu remis de sa frayeur, les lavandières ont disparu. Il s'imagine avoir rêvé, surtout avec tout ce qu'il a bu. Mais c'est alors qu'il sent l'humidité du drap qu'il porte encore sur son bras.
Tout à fait dégrisé, Guillo n'a plus qu'une pensée : courir jusqu'à chez lui, sans se retourner. Mais il n'a pas le temps de faire trois pas qu'il entend un énorme grincement. C'est le grincement des roues d'une charrette qui n'ont pas été graissées depuis des années.
Incapable de faire le moindre geste, Guillo attend, l'oreille tendue. Mais d'où vient cette charrette ? Il n'y a pas de chemin forestier par ici. Cependant l'attelage s'approche, et en plus du grincement des roues, il peut maintenant entendre le claquement de sabots sur le sol, et les branches qui se brisent sur le passage du cheval et de la carriole.
La charrette vient s'arrêter au bord de l'eau. Le cheval se penche pour se désaltérer. C'est alors qu'un personnage vêtu de noir s'approche de Guillo, un fouet à la main :
_ Holà, l'homme ! crie-t-il. Je cherche un nommé Guillo, est-ce que tu l'aurais vu par hasard ?
Guillo ne répond pas. Ses dents claquent, ses mains tremblent, il a l'impression que sa tête va exploser. Le mystérieux personnage tourne autour de lui et dit d'une voix rauque :
_ Mais je ne me trompe pas ! Tu portes ton linceul sur le bras. C'est donc toi Guillo ! Guillo de Tréhoranteuc.
C'est alors que la lune éclaire le visage de cet étrange personnage. Guillo, avec une indicible horreur, voit ce visage et le reconnait : c'est l'Ankou, le Serviteur de la Mort. Alors, ne pouvant supporter cette vision, Guillo tombe à genoux sur le sol.
On raconte qu'à ce moment il y eut un ricannement qui se prolongea dans les arbres et sur la lande. Puis un grand bruit de branches brisées. On raconte que le cheval hennit trois fois et que la charrette s'évanouit dans la nuit. On raconte que personne n'a revu Guillo, Guillo de Tréhoranteuc, depuis cette nuit-là.
2007-01-17 21:16:58
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answer #1
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answered by Anonymous
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Le char de la mort
C'était un soir, en juin, dans le temps qu'on laisse les chevaux dehors toute la nuit.
Un jeune homme de trézélan était allé conduire les siens aux près. Comme il s'en revenait en sifflant, dans la claire nuit, car il y avait grande lune, il entendit venir à l'encontre de lui, par le chemin, une charrette dont l'essieu mal graissé faisait : Wik! wik!
Il ne douta pas que ce ne fût karriguel ann Ankou (la charrette, ou mieux la brouette de la Mort).
- A la bonne heure, se dit-il, je vais donc voir enfin de mes propres yeux cette charrette dont on parle tant!
Et il escalada le fossé où il se cacha dans une touffe de noisetiers. De là il pouvait voir sans être vu.
La charrette approchait. Elle était traînée par trois chevaux blancs attelés en flèche. Deux hommes l'accompagnaient, tous deux vêtus de noir et coiffés de feutres aux larges bords. L'un d'eux condusait par la bride le cheval de tête, l'autre se tenait debout à l'avant du char.
Comme le char arrivait en face de la touffe de noisetiers où se dissimulait le jeune homme, l'essieu eut un craquement sec.
- Arrête ! dit l'homme de la voiture à celui qui menait les chevaux .
Celui-ci cria: Ho! et tout l'équipage fit halte.
- La cheville de l'essieu vient de casser, reprit l'Ankou. Va couper de quoi en faire une neuve à la touffe de noisetiers que voici.
- Je suis perdu! pensa le jeune homme qui déplorait bien fort en ce moment son indiscrète curiosité.
Il n'en fut cependant pas puni sur-le-champ. Le charretier coupa une branche, la tailla, l'introduisit dans l'essieu, et, cela fait, les chevaux se remirent en marche. Le jeune homme put rentrer chez lui sain et sauf, mais, vers le matin, une fièvre inconnue le prit, et le jour suivant, on l'enterrait.
(Conté par François Omnès de Bégard, plus connue sous le nom de Fantic Jan ar Gac (Françoise [fille de] Jeanne Le Gac). - Septembre 1890.
l'ankou, une des légende les plus connues de bretagne...
breizh da viken!!!
2007-01-17 23:35:11
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answer #2
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answered by Janis 4
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An Alarc'h
Eunn alarc'h, eunn alarc'h tre-mor,
War lein tour moal kastel Arvor
Diskan Dinn, dinn, daon ! dann emgann ! dann emgann!
Oh ! Dinn, dinn, daon ! dann emgann a eann!
Neventi vad d'ar Vretoned!
Ha malloz-ru d'ar C'hallaoued!
Erru eul lestr, e pieg ar mor,
lie weliou gwenn gant han digor;
Digouet ann otrou Iann endro,
Digouet eo da ziwall he vro;
D'hon diwall doc'h ar C'hallaoued,
A vac'hom war ar Vretoned.
Ken a iosker eur iouaden,
A ra d'ann od eur grenaden;
Ken a zon ar meneiou Laz;
lia froen ha drid ar gazek c'hlaz;
Ken a gan laouen ar c'hleier,
Kant leo tro-war-dro, e peb ker
. Deut eo ann heoi, deut eo ann han;
Deut eo endro ann otrou Iann!
Ann otrou Iann a zo potr mad;
Ker prim he droad hag he lagad.
Lez eur Vreizaded a zu noz
Eul lez ken iarc'h evel gwin koz.
Luc'h a dol he c'hoaf pa'n horell,
Ken a zaou-hanter den ha marc'h
Pa c'hoari klenv, ker kre e zarc'h,
Ken a zaou-hanter den ha marc'h.
Darc'h ato, darc'h mad, aoutrou duk,
Dao war'nhe ! ai-ta ! bug-ho ! bug!
Neb a drouc'h 'vel a drouc'hez-te,
N'en deuz otrou nemed Doue!
Dalc'homp, Bretoned, dalc'homp mad!
Arzao na true ! goad oc'h goad!
Itron Varia Breiz, skoaz da vro!
Fest erbenner, fest a vo!
Dare'ar foen; piou a falc'ho?
Dare ann ed; piou a vedo?
Ar foen, ann ed, piou ho fako?
Ar roue gav gant-ha'raio.
Dont a rai a-benn eur gaouad,
Gand eur falc'h arc'hant da faîc'hat;
Gant eur falc'h arc'hant er bro-ni,
Ha gand eur fais aour da vedi.
Mar plije gand ar C'hallaoued
Daoust hag int mank ar Vretoned?
Mar plije gand'nn otrou roue
Daoust hag hen eo den pe Zoue?
Skrigna ra bieizi Breiz-izei,
O klevet embann ar brezel,
O klevet ar iou, a iudont:
Gand c'houez ar C'hallaoued a reont.
Enn henchou, e-berr a welour
O redeg ar goad evei dour,
Ken iei ru-glaou brusk ann houidi,
Hag ar wazi gwenn o neui.
Muioc'h a dammou goaf, e skient,
Eged skouitrou goude barr-went;
Ha muioc'h a bennou-maro,
Eged e karneloui ar vro.
Potred Gall, elec'h m'a koueint,
Beteg deiz ar vam a c'hourvint;
Beteg deiz ar varn hag ar fustl,
Gand ann Trubard a ren ar rusti.
Ann deveradur euz ar gwe,
Rai dour benniget war he ve!
Le Cygne
Un cygne, un cygne d'outre-mer,
au sommet de la vieille tour du château d'Armor
Refrain
Dinn, dinn, daon ! au combat au combat!
Oh ! dinn t dinn I daon I Je vais au combat.
Heureuse nouvelle aux Bretons!
et malédiction rouge aux Français!
Un navire est entré dans le golfes
ses blanches voiles déployées;
Le seigneur Jean est de retour,
il vient défendre son pays;
Nous défendre contre les Français,
qui empiètent sur les Bretons.
Un cri de joie part,
qui fait trembler le rivage;
Les montagnes du Laz résonnent;
la cavale blanche hennit, et bondit d'allégresse;
Les cloches chantent joyeusement ;
dans toutes les villes, à cent lieues à la ronde.
L'été revient, le soleil brille;
le seigneur Jean est de retour!
Le seigneur Jean est un bon compagnon;
il a le pied vif comme l'oeil.
Il a sucé le lait d'une Bretonne,
un lait plus sain que du vin vieux.
Sa lance, quand il la balance,
jette de tels éclairs, qu'elle éblouit tous les regards;
Son épée, quand il la manie,
porte de tels coups, qu'il fend en deux homme et cheval.
Frappe toujours ! tiens bon ! seigneur duc;
frappe dessus ! courage ! lave-les (dans leur sang) lave-les.
Quand on hache comme tu haches,
on n'a de suzerain que Dieu!
Tenons bon, Bretons ! tenons bon!
ni merci, ni trêve ! sang pour sang!
O Notre-Dame de Bretagne !
viens au secours de ton pays!
Nous fonderons un service, un service commémoratif
Le foin est mûr: qui fauchera?
Le blé est mûr: qui moissonnera?
Le foin, le blé, qui les emportera?
Le roi prétend que ce sera lui;
Il va venir faucher en Bretagne,avec une faux d'argent;
Il va venir faucher nos prairies avec une faux d'argent,
et moissonner nos champs avec une faucille d'or.
Voudraient-ils savoir, ces français,
si les Bretons sont des manchots?
Voudrait-il apprendre, le seigneur roi,
s il est homme ou Dieu?
Les loups de la basse Bretagne grincent des dents,
en entendant le ban de guerre;
En entendant les cris joyeux,
ils hurlent: à l'odeur de l'ennemi, ils hurlent de joie.
On verra bientôt, dans les chemins,
le sang couler comme de l'eau;
Si bien que deviendra rouge comme la braise le plumage
des canards et des oies blanches qui les passeront à la nage.
On verra plus de tronçons de lances éparpillés
qu'il n'y a de rameaux sur la terre, après l'ouragan;
Et plus de têtes de morts
qu'il n'y en a dans les ossuaires du pays.
Là où les Français tomberont,
ils resteront couchés jusqu'au jour du jugement;
Jusqu'au jour où ils seront jugés
et châtiés avec le Traître qui commande l'attaque.
L'égout des arbres sera l'eau bénite
qui arrosera son tombeau!
2007-01-17 21:15:41
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answer #3
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answered by Guy G 5
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Belle Madeleine, robe de satin ébène,
Belle, cheveux mandarines,
Fragile opaline de 17 ans,
Parmi les neiges coiffes de dentelle
Et chapeaux paille des marchands.
Carmines balles de laine
Au marché de Pont-Aven
Et sous pluie de rubans ;
Gauguin est là qui dit que d'amour t'aime
Mais toi belle le vas fuyant.
Belle Madeleine, courre à courre vers l'Aven,
Ondoyante colubrine,
Entre les rochers jaunes-safran,
Gauguin t'y presse et lors en sardinelle,
Madeleine, t'y vas changeant.
Tes longs cheveux mandarines
Sur tes écailles ivoirines
Font pluie de rubans,
Dans les blés rouge-feu cerclés d'ébène
Et l'ombre verte du torrent.
Belle sardinelle, nage nage à perdre haleine,
Sur ta peau brigandine
Les doigts de Gauguin glissent en vain ;
Tes longs cheveux mandarines
Sur tes écailles ivoirines,
Buisson d'algues sang.
Belle sardinelle, blanche l'écume t'entraîne,
Vers l'onde outremarine,
Les jaunes collines de l'orient ;
Là, de mourir ton amour et de peine
Tu t'endormiras cent ans.
En barque de porcelaine
T'en reviendras, Madeleine,
Portée par le vent,
Jusqu'à la route bleue cerclée d'ébène
Qui mène Brest à l'océan.
Merveille : chêne rouge cerclé d'ébène
Et pommier bleu au jour levant.
2007-01-17 21:10:06
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answer #4
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answered by Anonymous
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