pour expliquer la formation de l’aurore boréale par le fluide magnétique qui émane de la Terre, ou de ce globe d’aimant qu’il faisait tourner sur son axe propre, de cette petite Terre qu’il imaginait au centre an centre du globe creux de la grande, pour donner raison des variations magnétiques, et qu’il employait encore à l’explication de l’aurore boréale. Car ce hardi génie à la hardiesse duquel nous sommes redevables de plusieurs découvertes supposait que l’intervalle compris entre la surface concave de l’un de ces globes et la surface convexe de l’autre, était rempli d’une vapeur légère et lumineuse, qui, venant à s’échapper en certains temps par les pôles terrestres, y produisait au-dessus de toutes les apparences de notre phénomène. Et si l’on insistait en faveur d’une telle hypothèse, je n’aurais qu’à répéter ici presque tout ce qu’on vient de lire dans l’éclaircissement précédent, en y substituant le magnétisme et la matière magnétique à la place de l’électricité et de la matière électrique ; ce seraient, dis-je, à peu près les mêmes demandes à faire, et la même incompatibilité à alléguer entre les effets magnétiques ou électriques, et les phénomènes qui constituent l’aurore boréale. Nous savons bien certainement que le Soleil est environné d’un vaste fluide, d’une atmosphère qui s’étend quelquefois visiblement jusqu’à l’orbite terrestre et au-delà ; que ce fluide doit, par les lois de la pesanteur, tomber sur l’atmosphère terrestre, la pénétrer, ou s’y soutenir jusqu’à une certaine profondeur : mais savons-nous si c’est ce même fluide ou tel autre quelconque qui produit l’électricité ou le magnétisme, ou qui en est produit ? Supposons cependant que ce soit tel que l’on voudra de tous ces cas ; faisons plus, disons gratuitement que c’est le fluide électrique ou le magnétisme, qui va former autour du Soleil ce que nous appelons son atmosphère ; sera-ce là encore expliquer la formation de l’aurore boréale et de ses phénomènes ? Et si, sans m’arrêter à ces identités de fluides, que j’ignore, je trouve dans celui dont l’existence m’est constatée par mille observations, et que je vois, de quoi satisfaire pleinement à l’explication de l’aurore boréale et tous ses divers phénomènes, mon explication cessera-t-elle d’être légitime, et faudra-t-il recourir à la matière électrique ou magnétique pour la formation de l’aurore boréale ? Et en ce cas, ne sera-t-il pas naturel de penser, que ces effets sont dus à quelques émanations de l’aurore boréale, dont les parties les plus grossières ou les plus pesantes auront pu tomber jusqu’à la région la plus basse de notre air et y modifier l’électricité ou la magnétisme, plutôt que d’attribuer à ceux-ci la formation de l’aurore boréale, à cent ou deux cent lieues au-dessus de la région du tonnerre, au-delà de laquelle sous aucune forme qui ressemblât le moins du monde à l’aurore boréale ?
Remarquons cependant et malgré le parallèle que nous venons de faire de l’électricité et du magnétisme, qu’on n’a encore observé dans les effets de l’électricité aucune relation sensible avec l’aurore boréale. Franklin, qui est le premier, que je sache, à qui il soit venu dans l’esprit d’en faire la cause commune, ne nous en a donné là -dessus qu’une simple conjecture brièvement et modestement proposée, nulle sorte d’observation immédiate ; et ceux qui nous en ont parlé après lui, d’un ton plus affirmatif, ne nous en ont pourtant pas appris davantage. Tandis qu’à l’égard du magnétisme nous savons déjà , par des observations bien circonstanciées, et qui partent de bon lieu, que l’aurore boréale ou même ses simples approches, et les dispositions qu’elle peut avoir laissées dans l’atmosphère peu de temps après qu’elle a disparu, sont capable de produire des variations très marquées et très fréquentes sur l’aiguille aimantée.
Je veux parler des observations de Wargentin, Secrétaire de l’Académie Royale des Sciences de Suède, contenue dans une lettre à M. Mortimer, de Stockholm, en date du 1er mai 1750, et insérer dans le XLVIIème volume des Transactions Philosophique de la Société Royale de Londres.
Wargentin, sans toucher au système de la question, et ne s’attachant qu’aux faits, remarque d’abord que Halley avait soupçonné quelque correspondance entre la lumière boréale et l’aiguille magnétique. Il ajoute, que Celsius et Hiorter s’étaient aperçus que cette aiguille était quelquefois troublée et comme inquiète, lorsque la lumière boréale montait jusqu’au zénith, ou passait au-delà vers la partie méridionale du ciel, de manière que sa déclinaison semblait suivre cette lumière et varier quelquefois de trois ou quatre degrés en quelques minutes de temps. Sur quoi en ayant voulu tenter les observations avec une aiguille d’un pied suédois de longueur, il les avait trouvées conformes à ce qu’en avaient dit ces savants astronomes.
J’en transcrirai ici un exemple. Mais remarquons auparavant avec Wargentin, que dès le commencement du mois de février où il avait fait l’acquisition de son aiguille magnétique, il en avait tous les jours marqué les déclinaisons : que ces déclinaisons avaient été variables, et ainsi que Graham, Celsius et plusieurs autres l’avaient observé avant lui, l’aiguille s’écartait quelquefois d’un tiers ou d’un quart de degré de l’Orient vers l’Occident de sa direction ordinaire, depuis sept heures du matin jusqu’à deux heures de l’après-midi ; que de là jusqu’à huit heures du soir elle retournait vers l’Orient, jusqu’à ce qu’elle se retrouvât à peu près dans la même direction où elle avait été à huit heures du matin, demeurant presque stationnaire pendant toute la nuit, si ce n’est que vers le minuit elle se rapprochait de l’Occident, pour revenir encore au commencement de la matinée vers l’Orient. « Cette variation diurne, ajoute-t-il, ne manque jamais, elle est régulière et constante, à moins que la lumière boréale ne vienne la troubler. » Du reste, il paraît que la déclinaison ordinaire et occidentale de l’aiguille était actuellement à Stockholm d’environ 7 degrés.
2007-01-18 23:56:09
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answer #2
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answered by wolverine 4
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