Cher pétrole !
« La gloire {posthume} de l’huile »
ou
L’après-pétrole a-t-il encore un avenir ?
« Toute personne croyant qu'une croissance exponentielle peut durer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. »
- Kenneth Boulding –
Le monde du pétrole
Depuis un siècle l’on peut dire qu’en matière d’« huile de pierre » (sens du mot « pétrole » dérivé du latin « petra » [« pierre »] et de « oliva/olea » [« huile »], le mot « oliva » ayant aussi donné « olive ») « tout baigne dans l’huile ».
La gloire du pétrole, au moment où cet article est rédigé, atteint son pic maximal ; le pétrole – l’huile de pierre – est au faîte de sa gloire…
Oui mais, pour combien de temps encore ?, car aussi vrai que « la roche (encore une pierre !) tarpéienne est près du capitole », le fait d’être au faîte implique inéluctablement une douloureuse retombée…
La civilisation mondiale industrielle du pétrole commence maintenant son déclin… Celui-ci, au départ assez lent, va, à partir d’un certain stade, rapidement se précipiter. Il est inéluctable, car il n’y a plus, maintenant, de solutions de rechange qui puissent être mises en place suffisamment rapidement pour éviter l’effondrement.
Ce qui était encore possible, il y a trente ans et plus, au moment où des René Dumont, Jean-Yves Cousteau, Günther Schwab et autres Jean Choisel tiraient la sonnette d’alarme et ne furent pas écoutés, ne l’est plus.
Le pétrole représente 40 % de la consommation de l’énergie mondiale et 90 % de celle des transports. Pas difficile de concevoir ce que peut signifier un monde brutalement à sec de pétrole…
Les sites mentionnés en bas de page nous ont, pour l’essentiel, fourni les données techniques utilisées pour la rédaction du présent article et nous en remercions leurs auteurs.
Comment se présentent les choses à l’heure d’aujourd’hui ?
Vu d’en bas, il est aussi possible de voir, maintenant, la fin de l’« homo petrolicus » arriver à grand pas…
Comment la rupture va-t-elle arriver ?
Au tableau de bord du vaisseau « Terre » de nombreux paramètres sont déjà à l’orange ou même au rouge et certains ont déjà commencé à dangereusement clignoter…
Parmi ceux-là il y a, bien sûr, les changements climatiques induits par l’« effet de serre ». Dans cet effet de serre la combustion du pétrole se taille, bien sûr, la part du lion.
En réalité, dans l’absolu, contrairement à ce que la plupart des gens croient, la Terre devrait se refroidir et non se réchauffer.
La raison pour cela est son constant éloignement, dû à la faillite humaine, de la Source de Lumière et donc de Chaleur.
Si, présentement, globalement, et pour un court laps de temps, elle se réchauffe c’est uniquement parce qu’elle – ou plutôt son humanité – en train de rapidement dilapider ses ressources fossiles… C’est un ultime réchauffement avant une plongée dans un grand froid, les deux devant se révéler dévastateurs…
Mais avant même que le changement climatique ne vire à la catastrophe, un – pour le moment – encore plus danger risque de se faire sentir, de façon décisive, encore plus tôt et ce danger c’est celui de la déplétion du pétrole…
La progressive rupture des stocks va entraîner un « collapsus civilisationnel » survenant en plusieurs étapes.
La déplétion du pétrole
« Mon père chevauchait un chameau. Je conduis une voiture.
Mon fils vole en jet. Son fils chevauchera un chameau ».
- Proverbe (ou « prophétie » ?) saoudien(ne) contemporain(e) –
Le mot « déplétion », dans le domaine pétrolier, est le terme scientifique technique utilisé pour signifier la baisse de production suivant inévitablement le pic pétrolier. L'antonyme de déplétion est réplétion. À noter que l’expression correspondante anglaise est « negative mascon ».
Quant à savoir ce que signifie le « pic pétrolier », l’encyclopédie libre « Wikipédia » va aussi nous le dire :
Pic pétrolier
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
« Le pic pétrolier désigne le maximum historique de production pétrolière, aussi bien pour un gisement, une zone ou un pays, que pour le monde. Après ce maximum, les conditions d'exploitation font que, bien que les réserves soient abondantes, la production ne fera que décroître. Le terme désigne également la crise prévisible découlant de l'épuisement des ressources pétrolières mondiales. On entend fréquemment le terme anglophone peak-oil, mais il s'agit en fait d'une application particulière de la loi plus générale dite du Pic de Hubbert. »
Les experts les plus optimistes (les gouvernements états-uniens et des pays de l'OPEP, les compagnies pétrolières) évaluent publiquement qu'elle surviendrait vers 2030. La croissance économique rapide de la Chine incite à avancer cette date au rythme actuel.
La courbe de Hubbert prédit la production de pétrole en fonction du temps.
Les appels de plus en plus pressants de scientifiques à préparer nos infrastructures pour l'après pic pétrolier sont pour l'instant peu entendus, les solutions essentiellement pressenties sont le recours accru aux énergies renouvelables et à l'énergie nucléaire, et aux économies d'énergie, ce qui recoupe les préoccupations liées à l'effet de serre, mais une autre piste explorée, l'usage des hydrates de méthane présenterait des problèmes très importants en matière d'effet de serre. » (Encyclopédie libre Wikipédia)
Nous voyons donc que la « courbe de Hubbert » est une sorte de « courbe de Gauss » appliquée au cas particulier de la production du pétrole…
Introduction à la déplétion du pétrole
Beaucoup s’imaginent que, si tout n'est pas rose, tout ne va pas si mal…
Ils croient encore que la société, au cours des années à venir, va beaucoup ressembler à celle actuellement connue… Comme aujourd'hui, mais avec des véhicules, des machines, des ordinateurs toujours plus puissants…
Ils croient encore que la société progresse très vite et que, si, grâce au « progrès technique » nous sommes censés beaucoup mieux vivre que nos grands-parents, nos petits enfants devraient, quant à eux, grâce à ce même « progrès », vivre dans un vrai petit paradis sur Terre…
Si vous avez des projets technologiques d'avenir à long terme, consommateurs de pétrole, ou si vous aimez voyager en avion autour du globe (terrestre), consommer, quelques jours après, des fruits frais exotiques récoltés à l'autre bout de la planète, éh bien vous avez tout faux.
Éh, éh, et pourquoi donc ?, direz-vous, interloqués. Et bien, tout simplement parce que le précieux pétrole va bientôt manquer, et que, de ce fait, la « fiesta » qui en dépend va, elle aussi, tout bonnement s'arrêter.
Encore les vaticinations de quelque « prophète de malheur » ? Voire ! Il semblerait que, cette fois, ce soit pour de bon, car l’on ne voit pas bien comment l’on pourrait indéfiniment échapper aux inéluctables conséquences de nos actes. S’il n’y a pas toujours – ou même pas souvent – de justice immanente, il semble qu’il y ait toujours une Justice transcendante qui fasse récolter aux Terriens que nous sommes les amers fruits de leurs discutables semences.
Si des astronomes sérieux et respectés annonçaient soudain publiquement, comme dans « Deep impact », qu'une comète géante se dirige droit vers la Terre pour finir par, d’ici quelques années, s’y s'écraser, cela ferait la une des médias. L’on en discourrait des jours durant, l'ONU convoquerait, vite fait, son assemblée générale et toute la société ferait des « plans sur la comète » (ce serait le cas de dire !) pour tenter, malgré tout, de survivre...
Si, en revanche, certains auteurs « prospectivistes » voyant un peu plus loin que la moyenne, c’est-à-dire plus loin que la prochaine échéance électorale, s’efforcent maintenant d'expliquer que le pétrole – l’« or noir » - va bientôt manquer, presque personne ne réagit et pratiquement personne dans le monde des politiciens et des décideurs ... On ne les croit pas ou l’on fait semblant ; en tous cas, l’on ne tient pas compte de ce qu’ils disent. Est-ce bien logique ?
Beaucoup supposent qu'il y a encore assez de réserves pour 30, 40, 50 ans ou même plus et que l’on aurait tort de se faire du « mouron » maintenant. Mais, en réalité, qu'en est-il ?
La réponse à cette question dépend, en fait, de celui à qui on la pose. Pour de nombreux économistes, il n'y a pas vraiment de problème fondamental. De leur point de vue, bien sûr, des prix élevés sont mauvais pour l'économie, mais ils permettent d'exploiter des gisements qui, pour l'instant, ne sont pas rentables et cela stimule la recherche dans des sources d'énergie alternative. Certains pensent même que les ressources sont virtuellement illimitées, et que la recherche et la loi du marché sont capables de faire croître les réserves plus rapidement que les dépenses.
La Terre n’est pas une bulle !
Ces nombreux pseudo « économistes » hyperdominés de l’intellect et dont la grande cervelle marche si bien sont – une aberration ! - des adeptes de la « croissance » illimitée sur une Terre qui, par définition, elle, est, pourtant, limitée. Certains écologistes leur ont même donné un nom : ils les appellent les « économistes de la Terre plate ». Plate mais quand même, pour eux, infinie ! Pour ces personnes, la « loi du marché » est une vraie loi, au même niveau que les lois de la physique, et elle est capable de résoudre à elle seule tous les problèmes que peut rencontrer la société. Ils pensent que tout peut se marchander, y compris l'énergie à laquelle ils attribuent la même valeur que les différentes matières premières, en négligeant de considérer quelle est, en fait, la condition sine qua non pour l'obtention d'autres ressources (en y incluant l'énergie elle même). Ils s’imaginent que l'économie "crée des richesses", alors qu'elle ne fait que transformer les matières premières et que, sans énergie, il n'y a tout simplement plus d'économie du tout !
Lorsque des économistes discourent dans les médias et qu'entre autres sujets (la « conjoncture », le chômage, les conflits sociaux, le prix des matières premières, les délocalisations, etc.), ils évoquent les difficultés que font peser sur l'économie le prix du pétrole, ils raisonnent « à côté de la plaque ».
En effet, le pétrole n'est pas un problème parmi d’autres, que doit affronter l’humanité ; le pétrole – ou plutôt l’absence de pétrole - devient maintenant, pour tous, sur toute la Terre, le problème.
« Vers la pétro-Apocalypse »
Dans un article explicitement intitulé « Vers la pétro-Apocalypse » et paru dans le journal « Le Monde » du 1er Avril 2004 (ce qui n’est, hélas, pourtant pas un « poisson d’Avril » !), le député français vert Yves Cochet (l’un des rares à s’inquiéter de la déplétion du pétrole) présente ainsi ce problème des problèmes :
« Dans quelques années, la production mondiale de pétrole conventionnel déclinera tandis que la demande mondiale ne cesse de croître. Le choc résultant de cette famine pétrolière structurelle est inévitable, tant sont importantes la dépendance de nos économies au pétrole bon marché et l’impossibilité concomitante de les en sevrer rapidement.
Nous pouvons seulement espérer amortir ce choc, à condition que cette perspective proche devienne dès aujourd’hui le repère unique d’une mobilisation générale de nos sociétés, imposant des conséquences drastiques dans tous les secteurs sous peine de chaos. Cette anticipation est fondée sur la méthode du géologue américain King Hubbert, qui avait prédit, en 1956, le pic de la production pétrolière domestique aux états-Unis pour 1970. Ce qui fut exactement observé.
La transposition de la méthode d’Hubbert à d’autres pays a donné des résultats prédictifs similaires : aujourd’hui, tous les champs pétrolifères géants — les seuls qui comptent — voient leur production décroître, sauf dans le “triangle noir” Irak-Iran-Arabie Saoudite.
Le pic d’Hubbert de ce Moyen-Orient pétrolier devrait être atteint autour de 2010, selon la reprise plus ou moins tardive de la pleine production irakienne et selon le taux de croissance de la demande chinoise.
Les secteurs les plus touchés par la hausse continue des cours du pétrole brut seront d’abord l’aviation et l’agriculture productiviste, dont les prix du kérosène pour l’une et ceux des fertilisants azotés ainsi que du gazole pour l’autre sont assez directement liés au prix du brut.
(…) Puis, les transports terrestres, le tourisme, la pétrochimie et l’industrie automobile subiront les effets dépressifs de la diminution de la quantité de pétrole (déplétion). Jusqu’à quel point cette situation conduira-t-elle à une récession générale ? Nul ne le sait, mais l’aveuglement des politiques et le panurgisme panique coutumier des marchés peuvent nous laisser craindre le pire.
Cette prophétie certaine est universellement ignorée, déniée ou sous-estimée. Rares sont ceux qui mesurent exactement l’imminence et l’ampleur de son avènement. Michael Meacher, ancien ministre de l’environnement du Royaume-Uni (1997-2003), écrivait récemment dans le Financial Time qu’à défaut d’une prise de conscience générale et de décisions planétaires immédiates de changements radicaux en matière d’énergie, “la civilisation affrontera le plus aigu et sans doute le plus violent bouleversement de l’histoire récente”. (…)
Les gouvernements successifs des états-Unis n’ont jamais accepté la remise en cause du mode de vie américain. Depuis le premier choc pétrolier de 1973-1974, toutes les interventions militaires américaines peuvent être analysées à la lumière de la crainte du manque de pétrole bon marché. (…)
Au début des années 1980, la reconquête américaine sur les cours et les flux de pétrole passa par le financement et l’armement de Saddam Hussein pour guerroyer en Iran, et par la complicité acquise du roi Fahd en Arabie saoudite pour augmenter les exportations de brut vers l’Occident. Cela permit le contre-choc pétrolier de 1986, regain de la croyance occidentale en l’abondance pétrolière illimitée, continuation de l’avidité énergétique jusqu’aux guerres d’Irak (1991, 2003) quels qu’en soient les morts (100 000 ? 300 000 ?), quels qu’en soient les coûts (100 milliards de dollars ? 300 milliards ?), quels qu’en soient les moyens (budget annuel du département de la défense : 400 milliards de dollars).
Pendant les mêmes quinze dernières années, les multiples conflits des Balkans trouvent leur source et leur résolution dans la volonté américaine d’écarter la Russie des routes de transport du pétrole de la mer Noire et de la Caspienne vers les ports de l’Adriatique via la Bulgarie, la Macédoine et l’Albanie. La géopolitique du pétrole autorise tous les pactes avec les diables islamistes, de l’Asie centrale jusqu’en Bosnie, toutes les connivences cyniques avec les terroristes, jusqu’au récent voyage de Tony Blair en Libye pour permettre à Shell de remonter le volume de ses réserves au prix de quelques centaines de millions de dollars. L’actuel projet américain de Grand Moyen-Orient, habillé de considérations humanitaires et démocratiques, n’est rien d’autre que la tentative de poser définitivement la main sur tous les robinets pétroliers de la région.
Plus de trente ans de souci pétrolier n’ont pas dessillé les yeux des dirigeants américains et européens sur la crise énergétique qui se profile à court terme. Malgré ce que disaient René Dumont et les écologistes dès la campagne présidentielle de 1974, les gouvernements des pays industrialisés ont continué et continuent à croire au pétrole bon marché quasi inépuisable — au détriment du climat et de la santé humaine, détraqués par les émissions de gaz à effet de serre — plutôt que d’organiser la décarbonisation de leurs économies.
Cependant, le choc pétrolier qui s’annonce avant la fin de la décennie ne ressemble pas aux précédents. Cette fois-ci, la partie n’est plus géopolitique, elle est géologique. En 1973 et 1979, la pénurie était d’origine politique, décidée par l’OPEP. Puis il y eut restauration de l’offre. Aujourd’hui, ce sont les puits eux-mêmes qui déclinent. Même si les états-Unis parvenaient à imposer leur hégémonie sur tous les champs pétroliers du monde (hors Russie), leur armée et leur technologie ne pourront rien contre la déplétion prochaine du pétrole conventionnel. Il nous reste, de toute façon, trop peu de temps pour remplacer un fluide aussi bon marché à produire, aussi énergétique, aussi facile d’emploi, de stockage et de transport, aux utilisations aussi multiples (domestique, industrielle, carburant, matière première…) et réinvestir en moins de dix ans 100.000 milliards de dollars dans une autre source d’abondance qui n’existe pas.
Le gaz naturel ? Il n’a pas les qualités susdites du pétrole et atteindra son pic de production mondiale dix ans après celui-ci, vers 2020. La seule voie viable est la sobriété pétrolière immédiate organisée par un accord international tel qu’esquissé ci-dessus, autorisant un prompt sevrage de notre addiction à l’or noir.
Sans attendre ce délicat accord international, nos nouveaux élus régionaux et nos prochains élus européens devraient s’attacher en toute priorité à réaliser localement les objectifs de ce projet en organisant sur leurs territoires la décroissance pétrolière. À défaut, le rationnement viendra du marché par l’escalade prochaine des prix du pétrole, puis, par propagation de l’inflation, le choc atteindra tous les secteurs. À bientôt 100 dollars le baril, ce ne sera pas un simple choc pétrolier, ce sera la fin du monde tel que nous le connaissons. »
La crise du pétrole, dans le détail
Mais il n’y a pas que les « économistes » à avoir un avis sur le sujet, il y a aussi les autres. Il y a les géologues, bien sûr, mais également les techniciens qui, les mains dans le cambouis, exploitent les champs pétrolifères. Ils ont une vision très différente de la vision rose bonbon des « économistes de la croissance illimitée ».
Le Pic de Hubbert
Tout d'abord, il faut souligner que la prévision classique « il reste assez de pétrole pour tant d'années » est faite en supposant que la consommation reste constante. Malheureusement, c'est très loin d'être le cas. Ces dernières années, de nouveaux très gros consommateurs - les deux principaux étant la Chine et l'Inde - sont apparus sur le marché international et, en bons néo-capitalistes, consomment du précieux liquide noir autant qu'ils peuvent.
Comme toutes les ressources finies, la production de pétrole a commencé et finira à zéro. Ce cycle naturel s’inscrit dans une Loi régissant aussi des cycles plus vastes : La Loi des Cycles. Entre ces deux extrêmes, la production passe nécessairement par un maximum. L’on appelle ce maximum le « pic de Hubbert », du nom du géologue qui, le premier – honneur lui soit rendu pour cela ! -, l'a calculé. Il se produit approximativement quand la moitié du pétrole disponible a été extraite, et tout donne à penser que ce pic est imminent, voire même déjà atteint.
En 1956, le géologue King Hubbert a donc prédit que la production de pétrole aux USA atteindrait son maximum aux alentours de 1970 avant de commencer à décroître. évidemment, comme d’habitude, tout le monde l'a tourné en ridicule. Et, pourtant, comme souvent, il avait raison et c’est bien ce qui s’est passé : depuis 1971, aux USA, la production de brut ne cesse de diminuer. Bien sûr, ce phénomène n'est pas propre aux états-Unis mais est commun à toutes les régions productrices. Seule la date diffère. À l'heure actuelle, la plupart des pays ont atteint ou dépassé leur pic de production. Les seuls pays ne l'ayant pas encore atteint se trouvent au Moyen Orient (voir tableau plus bas).
Maintenant, si l’on passe à l’échelle de la Terre tout entière et si l'on considère la production mondiale dans son ensemble, il est évident le même phénomène doit logiquement se produire. Selon le site de l'ASPO (Association for the Study of the Peak Oil)[1] [Association pour l’étude du Pic du Pétrole], la date la plus probable est 2006 ou 2007... C'est plutôt proche, non ?
Schéma montrant la courbe mondiale de la déplétion du pétrole
(Source : Extrait de la Newsletter n° 53 de Mai 2005
de l’Association pour l’étude du Pic du Pétrole et du Gaz)
PRODUCTION ESTIMéE Jusque en 2100 (En l’année 2004)
Quantités (Gb)
Débit journalier - Pétrole conventionnel (Mb/j)
Total
Année
Pétrole conventionnel
2005
2010
2020
2050
(Gb)
du Pic
Passé
Futur
Total
US-48
3,4
2,7
1,7
0,4
200
1972
Champs connus
Nouveaux
Europe
5,2
3,6
1,8
0,3
75
2000
945
760
145
1850
Russie
9,1
8
5,4
1,5
220
1987
905
M-O et Golfe
20
20
20
12
680
1974
Tous les liquides
Autres
28
25
17
8
675
2004
1040
1360
2400
Monde
66
59
46
22
1850
2006
Scénario de base de 2004
Débit journalier - Autres (Mb/j)
Le Moyen-Orient produisant à capacité
Lourd, etc.
2,4
4
5
4
160
2021
(reporting anormal corrigé).
Eaux prof.
4,8
7
6
0
70
2014
Le pétrole conventionnel exclut le pétrole de
Polaire
0,9
1
2
0
52
2030
charbon, de schiste, de bitume, lourd, en eaux
Liquides GN
8,0
9
10
8
275
2027
profondes, polaire et liquides de gaz naturel.
arrondis
0
2
-7
Révision du 26/01/2005
TOTAL
82
80
70
35
2400
2007
Le tableau de gauche montre la courbe de croissance de la demande
crevant irrémédiablement le plafond de celle de l’offre,
tandis qu’à droite l’on peut voir la « courbe » du prix du brut
s’élever vers des « hauteurs insoupçonnées »…
(Source : Extrait de la Newsletter n° 53 de Mai 2005
de l’Association pour l’étude du Pic du Pétrole et du Gaz)
Le site en français : http://www.oleocene.org/ fait écho au site anglophone de l’ASPO et fournit, lui aussi, de nombreuses informations.
À ce stade de la réflexion, quelques remarques sont utiles :
L’actuel gouvernement américain rassemble en son sein beaucoup de membres de l'industrie pétrolière et est fortement influencé par le puissant lobby pétrolier. Il est donc très vraisemblable que l’invasion de l'Irak par les états-Unis ait été planifiée non à cause des inexistantes « armes de destructions massives » (en tous cas, toujours pas découvertes plus d’un an après la fin de la guerre !) imputées au dictateur irakien mais bien en prévision du « peak oil » !
Le président américain, justifiant son refus de signer le protocole de Kyoto sur la limitation des gaz à effet de serre n’a-t-il pas déclaré : « L’american way of life n’est pas négociable ! » ?
Pour extraire du pétrole, du charbon ou tout autre chose comme des sables bitumineux, l’on a besoin d'énergie (pompes, etc.), et donc de … pétrole ! En d'autres termes, il arrive un moment où l'extraction n'est plus rentable, et ceci quel que soit le prix du marché. Même à 10.000 $ le baril de pétrole, s'il faut brûler deux barils pour en obtenir un, quelle entreprise va investir là dedans pour récupérer quelque chose qui ne suffirait même pas au fonctionnement de ses machines de forage ? C'est un concept que les économistes de la « Terre infinie » (ou « plate » !) ont beaucoup de mal à comprendre... De nombreuses réserves d'hydrocarbures fossiles sont donc économiquement « hors de portée » et ne seront jamais utilisées sauf, peut être, comme sources d’autres matières premières.
Concernant le « pic de Hubbert » voir aussi un article du député français « vert » Yves Cochet, déjà cité :
http://www.yvescochet.net/article.php3?id_article=240
Les conséquences : cher pétrole !
Quelles seront les conséquences ? Incommensurables…
Une fois le pic atteint, la production ne peut que chuter, ce qui signifie, au bout de quelques années, une explosion des prix.
Actuellement, survient déjà une crise pétrolière si la production est inférieure ne serait-ce qu’un demi pour cent à la demande, mais cette crise-là sera bien plus sévère ! Bien sûr, il restera encore du pétrole pour quelques années, mais il sera cher. Très cher. Et les prix ne feront que monter... monter… monter…
La fin prévisible de la « globalisation »
Plus concrètement, l'explosion des prix du brut signifie, entre autres choses, la fin de la « globalisation » des échanges. L’on entend, par là, le fait de considérer la Terre entière comme un seul marché où s’applique, de façon uniforme, la loi de l’offre et de la demande.
Plus aucune entreprise n'ira faire fabriquer des chaussettes à 2 centimes la paire à Taiwan si le prix du pétrole flambe. C’est le bon côté de la chose, car ces emplois pourraient revenir là où ils se trouvaient à l’origine. Toutefois, cela signifie aussi un considérable bouleversement de l'économie, qui aura le plus grand mal à s'adapter. Cela signifie aussi que nombre de produits « exotiques » redeviendront, comme autrefois, des « produits de luxe » (par exemple, sans parler du tabac, les bananes, les oranges et le cacao/chocolat pour les européens), et – « à toute chose malheur est bon ! » dit le proverbe - ça aussi ce sera une bonne chose !
La fin programmée de l’aéronautique
Mais ce sera aussi la fin de l'industrie aéronautique. Le gigantesque Airbus A380 a déjà son avenir derrière lui… Il n’est pas difficile de concevoir qu’une telle industrie si « pétrovorace » est extrêmement sensible au prix du pétrole. Dans un premier temps, les compagnies d’aviation pourront su{rv}ivre en augmentant leurs tarifs, mais, passé un certain niveau, l'inévitable envolée du brut sign{ifi}era leur inéluctable perte. Au tout début du XXème siècle, le passage d'un avion poussait les badauds, enthousiastes, à interrompre leurs occupations et à pousser des cris d’admiration tandis que, du doigt, ils montraient le sillonneur du ciel à leurs voisins. Ils se pourrait bien que, dans un proche avenir, un semblable phénomène se reproduise… Regardez ! Ça alors, un avion ! Et il vole ! Ça doit bien faire vingt ans que je n'en avais plus vu !
La fin du tourisme international
Lié au déclin de l’aéronautique, cela va être aussi la fin du tourisme international.
Si vous voulez, un jour, faire le tour du monde par la voie des airs, il vaut peut être mieux vous y prendre dès maintenant. En outre, l'industrie touristique est l’une des premières industries mondiales et une importante source de devises ; elle a donc un très important rôle dans l’économie !
D'immenses bouleversements dans notre mode de vie, y compris aujourd’hui encore difficilement envisageables, vont se produire.
Certains aspects de notre manière de vivre devront être entièrement révisés. Un exemple, parmi d'autres, est celui des grandes mégalopoles qui ont été bâties après la découverte du pétrole. Elles ont été conçues en intégrant depuis le début l'automobile (même si, maintenant, l’on tend à les chasser du cœur historique des villes) et deviendront en grande partie inhabitables, notamment parce que leur approvisionnement deviendra très difficile, non seulement en pétrole mais en tout le reste, c’est-à-dire, déjà, en nourriture encore bien plus vitale pour les êtres humains !
La fin de la croissance
La croissance, ce n'est pas uniquement plus de biens produits, c'est également plus de matières premières et plus d'énergie consommées. Une diminution de la production globale de pétrole n'a, que cela nous plaise ou non, qu'une seule issue : la décroissance,
Certains s’en réjouiront, notamment les auteurs du site :
http://www.decroissance.org/
et notamment le marcheur François avec son ânesse « Jujube »,
- laquelle carbure non au pétrole mais à l’herbe verte -
et qui, tous deux, marchent pour la décroissance…
La différence c’est qu’entre une décroissance librement choisie et voulue et une décroissance imposée par les événements il y a, quant à la manière dont elle est vécue, « un monde »…
Crash boursier général
La bourse dépend entièrement de la croissance (toujours plus de richesses à partager) et les investisseurs y viennent pour gagner de l'argent, pas pour en perdre. Peu de temps après le crash, la bourse fermera, "provisoirement" bien sûr, juste le temps que le marché se rétablisse, mais, à l’inverse de ce qui s’est passé lors de la crise mondiale de 1929, cette fois, il ne se rétablira jamais.
Ce sera la fin de la spéculation, de l’argent facilement gagné sur le dos et la sueur des travailleurs et, là encore, à part les boursicoteurs impénitents, qui s’en plaindra ?
Crash du dollar
Lié au crash boursier il y aura aussi le crash des monnaies. Et - cela peut sembler presque anecdotique par rapport à une situation affectant toute la planète (même si cet événement pourrait bien être le premier à se manifester, voire même le déclencher) – l’une des premières monnaies à s’effondrer sera certainement le dollar. En effet, les états-Unis ont, depuis la dernière guerre mondiale, réussi à imposer le dollar comme monnaie d'échange pour le pétrole. En conséquence, tous les pays souhaitant en importer doivent emprunter des dollars, ce qui soutient ainsi de façon tout à fait artificielle cette devise. Dans la pratique, cela signifie que les états-Unis peuvent ainsi se permettre un considérable déficit commercial sans conséquence immédiate. En contrepartie, lorsque, avec la déplétion du pétrole, ce système s'arrêtera, ils seront, en bonne logique – et bonne justice ! - les tout premiers à en souffrir.
Et à part ceux qui versent des larmes de crocodile, cela ne fera pleurer personne dans le reste du monde…
Chômage et émeutes
Enfin, ce n'est pas tout. La fameuse « révolution verte » accroissant de façon exponentielle la production agricole, a, elle aussi, été rendue possible par le pétrole. Le pétrole sert, bien évidemment ; aussi à fabriquer les engrais et les pesticides indispensables à l'agriculture dite « moderne ». Sans lui, les rendements s'effondrent. Conclusion : la population actuelle (plus de 6.477.451.888 milliards d’individus à l’instant précis où cette phrase est achevée d’écrire)[2] ne pourra plus être nourrie dans son entier, et ce d’autant plus qu’il n’y aura plus de « steaks de pétrole » non plus ! Il est fort possible que, dans un proche futur, plusieurs milliards d'êtres humains meurent, oui, de … faim ...
La situation en certains pays permet déjà de voir ce qui se passe lorsque - l’agriculture n’étant plus vivrière - il n'y a plus d'engrais ni d'essence pour faire tourner les grosses machines agricoles. Heureusement pour ceux-là – du moins provisoirement et toujours grâce au pétrole ! -, un peu d'aide humanitaire peut encore parvenir dans ces pauvres pays…
En bref
Sachant :
- que les derniers champs géants de pétrole ont été découverts dans les années soixante (ceux que l’on découvre maintenant sont bien plus petits à côté),
- que les champs géants d'Arabie Saoudite sont vieux de 60 ans, et devraient, eux aussi, bientôt commencer à décliner,
- que les réserves des pays membres de l'OPEP ont été artificiellement gonflées dans les années 1980 suite à la « guerre des quotas », qui favorisait les pays possédant les plus grandes réserves, et que les réserves véritables sont donc inférieures à celles officiellement annoncées,
- qu'il faut trouver le pétrole avant de le consommer et que, depuis 1980, la consommation dépasse les réserves découvertes (présentement, nous dépensons quatre barils de pétrole pour chaque baril découvert),
- que la fusion nucléaire ne sera pas maîtrisée avant une cinquantaine d'années au moins et que la fameuse « fusion froide » reste encore très hypothétique,
- que le gaz naturel commence, lui aussi, déjà à manquer en Amérique du Nord et qu’il ne peut donc pas constituer une alternative viable,
- que la plupart des énergies alternatives sont, en fait, en partie, rendues viables grâce à l'existence d'un pétrole bon marché (par exemple, il faut beaucoup d'énergie pour extraire le charbon et acheminer le minerai),
- que le prix actuel du baril de brut est (en 2005) déjà aux alentours de 45 $ ...,
peut-être est-il temps de commencer à sérieusement s'inquiéter…
Après tout, la crise de 1929 et les deux derniers chocs pétroliers n'étaient déjà pas des événements particulièrement réjouissants. Il y a naturellement quelques incorrigibles « optimistes » (mais qui sont plutôt des inconscients) qui prétendent que la situation est totalement différente, et que nous n'avons rien à craindre avant une quinzaine d'années supplémentaires (ce qui nous mènerait aux alentours de 2023). Si la seule différence entre les pessimistes - ou plutôt les réalistes - et les optimistes – ou plutôt les inconscients - est seulement d’une quinzaine d'années, c'est, là aussi, plutôt inquiétant.
Pour ceux qui seraient encore sceptiques, qu’ils se souviennent des grèves des routiers (et aussi de celles des pêcheurs, mais l’on en a moins parlé, car ils étaient plus faciles à ignorer). Le pays a été paralysé parce que le prix (hors taxes !) du pétrole était trop élevé. L’on parle ici de centimes. Imaginons ce qu'un prix à la pompe doublé, triplé, voire plus, engendrera ! En moins d'une semaine les produits frais commencent déjà à déserter les rayons des magasins. Pendant une récente grève de routiers en Grande Bretagne, les opérations chirurgicales non urgentes ont dû être annulées... Plus de pétrole et c’est la chienlit garantie !
Le pic de Hubbert a déjà eu des conséquences. Le pic global ne s'est, a priori, pas encore manifesté, mais les pics locaux qu'ont connus les pays producteurs ont eu au moins deux très intéressantes conséquences :
- Les USA ont connu leur pic de production en 1970. à peine trois ans plus tard, en 1973, les pays de l'OPEP se sentaient suffisamment en position de force pour relever leurs tarifs, conduisant ainsi au premier choc pétrolier. Bien sûr, cette crise était politique. Néanmoins, elle ne se serait jamais produite si la géologie n'avait pas déjà limité la production des USA. De ce point de vue, cette crise était une répétition par avance de ce qui nous attend. (La production en dehors du Moyen Orient s'épuise plus vite, de sorte que, dans le futur, la production se concentrera de plus en plus au Moyen Orient).
- L'ancienne URSS a connu son pic de production en 1987. Quatre ans plus tard, elle s'effondrait complètement. Bien sûr, l’on peut toujours dire que le communisme était inadéquat et a fini par capituler devant le capitalisme triomphant. Même si c’est aussi vrai, l’on peut remarquer que le système communiste a quand même tenu soixante-dix ans avant de s'apercevoir qu’il était inadapté.
Et les « biocarburants » ? Ils ne sont pas, non plus, la panacée universelle. Ces plantes ont aussi besoin d'engrais et de pesticides, et il faut donc, encore une fois, du pétrole pour avoir un rendement suffisant, sans parler de celui qui est nécessaire pour faire tourner les engins de culture et de récolte. En outre, si l'on voulait faire rouler toutes les voitures au carburant vert, il faudrait une surface cultivable supérieure à celle actuellement dévolue aux cultures agricoles ! Les voitures auraient bien à boire mais les êtres humains n’auraient plus … à manger !
En fait, ce problème n'est pas nouveau. À l'age d'or du cheval, en Angleterre, vers 1900, une part considérable de la production agricole était destinée aux chevaux à ce moment-là nettement plus nombreux qu’aujourd’hui. Mais, que l'on voyage en voiture ou en cheval, la problématique énergétique reste la même : Si l’on veut de l'énergie pour se déplacer, il y en a d’autant moins pour se nourrir. Pendant des décennies le pétrole a permis de faire les deux, mais, bientôt, il faudra choisir… voyager le ventre vide (en ce cas l’on ne va pas loin !) ou manger en … restant sur place !
Si nous nous demandons que faire face à l'effondrement prochain de nos sociétés dites « modernes », nous devons être conscients de ce qui va se passer. Selon certains auteurs réfléchissant au problème (voir, notamment, le site « Le loup derrière la porte », que nous remercions pour ses précieuses infos et son point de vue clairvoyant), il y aura quatre étapes différentes à venir, qui peuvent être définies par trois facteurs : sources d'énergies, interdépendance et sécurité.
Les quatre Étapes de la Rupture
1. Prise de Conscience
C'est l'étape en laquelle nous nous trouvons maintenant. Les hydrocarbures sont notre principale source d'énergie et notre interdépendance est très élevée – c'est à dire que chacun a un travail spécifique à accomplir et nous comptons sur les autres pour faire le leur. Par exemple, les paysans cultivent du blé, les routiers sympas l'amènent aux minoteries, les minotiers le transforment en farine, d'autres chauffeurs routiers avec de plus petits camions la livrent au boulanger qui en fait du pain et la femme du boulanger le vend. Si un des groupes échoue dans sa tâche, c'est le système tout entier qui échoue. L'agriculteur ne peut pas lui-même transformer son blé en pain, et le boulanger ne peut pas faire pousser son propre blé pour le vendre.
Nous disposons aussi d’une haute sécurité, dans la mesure où les gouvernements, les pouvoirs publics, les forces militaires et de police maintiennent généralement l'organisation et le respect des lois, de telle sorte que les êtres humains individuels n'ont pas trop à se soucier directement du maintien de l’ordre.
La conscience est actuellement encore bien faible et cette étape ne prendra pas fin avant que pratiquement toute la population instruite du monde ne reconnaisse ce problème (il y aura toujours des gens qui ne connaîtront pas la déplétion du pétrole, tout comme, présentement, particulièrement dans les pays en voie de développement, beaucoup ne sont pas conscients du réchauffement du climat). Mais comme la Prise de Conscience aura tendance à croître avec les signes de la déplétion du pétrole, cette étape se chevauchera avec la suivante.
2. Transition
Il s'agit d'une vraiment longue période durant laquelle nous passerons de notre société moderne basée sur les hydrocarbures à ce qui viendra ensuite. Elle commencera, bien sûr, avec les augmentations de prix, les pannes de courant, entraînera toutes sortes de récessions économiques et s'achèvera avec des révoltes, des guerres et des famines. La transition peut être subdivisée en deux phases: ordonnée et anarchique.
2a. Transition Ordonnée
Au début, les trois facteurs sont toujours dominants, en particulier la sécurité. Les privations pourront momentanément être apaisées par les allocations, la mise en place de services d'urgence et de santé supplémentaires performants. Durant cette phase, les gouvernements gardent encore le contrôle des populations et ainsi les pannes de courant ne provoquent pas encore de pillages et les pénuries de nourriture ne dégénèrent pas encore en émeutes.
2b. Transition Anarchique
La Transition se poursuit, mais, cette fois, le pétrole devient rare et l'ordre est rompu. Les craintes de pillages ou d'émeutes de la Transition Ordrée deviennent une réalité. Notre faculté à vivre individuellement dans l’interdépendance est menacée quand certaines étapes des processus sont affaiblies ou deviennent indisponibles (qu'advient-il du processus blé-pain lorsque les camions ne trouvent plus de gas-oil pour transporter les marchandises?). Il est alors de plus en plus difficile pour les autorités de garder le contrôle et nous sommes forcés de nous débrouiller par nous-mêmes, produisant notre nourriture et défendant nos maisons contre les pauvres et les affamés.
3. Récupération
La Transition se termine quand presque tous les hydrocarbures sont indisponibles. La sécurité a disparu et l'interdépendance n'est plus viable. Nous sommes forcés de vivre dans des petites communautés de la taille d'un village ou d'une tribu, produisant notre propre nourriture, entretenant nos constructions et assurant notre sécurité. Ceux qui ne sont pas dans ces entités sont « forcés » de piller les autres.
Cette période est appelée Récupération parce que nous dépendrons des restes de notre société industrielle actuelle. Il restera un peu de bois comme carburant ou pour la construction, tant que ces arbres auront une chance de pousser. Il faudra bien des années pour (ré)apprendre les compétences de l'auto-suffisance et le retour à l'agriculture. Nos sociétés devront, à bien des égards, radicalement changer, l'interdépendance devenant multi-tâches.
4. Auto-Sufisance
La dernière étape sera l'auto-suffisance. À ce moment là, ceux qui n'auront pas su s'adapter à un style de vie auto-suffisant auront tout simplement disparu, et il ne restera que ceux qui auront su s'organiser en communautés indépendantes. Sans plus de pétrole ou de gaz, avec un charbon difficilement accessible, la Civilisation Industrielle ne revivra pas, bien que nous « progresserons », en définitive, vers une société de type médiéval… « Demain le Moyen Âge »…, c’était déjà le titre d’un ouvrage écologique prophétique, paru dans les années soixante-dix.
Et les politiciens ?
Les politiciens « connaissent », bien sûr, la déplétion du pétrole – tout au moins ils en ont entendu parler. Qu'ils y croient ou pas est, par contre, une autre affaire. Malheureusement, les compagnies pétrolières sont un puissant lobby, et les décisions gouvernementales, prises depuis lors, suggèrent que le danger n'a pas été reconnu.
Cela ne signifie pas pour autant que les « citoyens de base » doivent renoncer à interpeller les différents pouvoirs en place. Arrivera un moment où chacun sera forcé de reconnaître la déplétion du pétrole. Si vous n'avez jamais entendu parler de ce problème, vous ne vous en rendrez probablement pas compte jusqu'à ce que les journaux télévisés ne vous informent enfin, après une panne de courant de plusieurs heures, que le monde fait face à une crise. Si vous en avez entendu parler mais que vous n'y croyez pas, un déclic retentira dans votre tête le jour où vous entendrez que la production de pétrole est en déclin pour la énième année consécutive. Il est important de harceler les politiciens mais aussi les chefs religieux – dont certains sont réceptifs à de tels messages écologiques -, les grands et petits médias etc., même si au début ils se moquent de nos arguments.
La « Bio » a été raillée pendant des décennies ; maintenant, presque tout le monde reconnaît qu’elle est incontournable et que c’est vers cela qu’il faut aller… Il en sera de même avec la déplétion du pétrole (voir, encore une fois, à ce sujet, « Les 4 étapes d’une idée nouvelle »…)
Est-ce la « fin de la civilisation » ? Annoncer cela c’est, sans doute, passer pour un prédicateur du Jugement Dernier. Or la plupart des gens ne veulent surtout pas entendre parler de Jugement. Alors, pour le moment, il vaut peut-être mieux se borner à leur parler de « déplétion du pétrole ». Cela ils peuvent comprendre et accepter. En premier, les convaincre de la réalité du problème, ensuite leur montrer les inévitables conséquences. La référence à des concepts techniques comme « réserves prouvées » ou « Courbe de Hubbert » peuvent être utiles et montrer que c’est du sérieux. Par-dessus tout, il faut leur donner à eux-mêmes les moyens de vérifier et suivre l'information. Des liens vers un site Internet comme celui de l’ASPO (http://www.peakoil.net). (Site relais en français : http://www.oleocene.org/) peuvent s’avérer bien utiles.
Nécessité d’une éducation hautement écologique
Les jeunes sont souvent plus ouverts aux nouvelles idées soulignant l’indispensabilité du changement de comportement que leurs aînés. Les personnes plus âgées sont – c’est bien connu, rigidité mentale aidant - moins prêtes au changement, moins prêtes à accepter les besoins d'un changement, parce qu’elles n’ont pas envie de changer, et aussi parce qu'elles se souviennent des années 70 et comment, alors, « chacun prédisait le désastre et qu’il ne soit rien arrivé d’aussi grave ». Il y a aussi le sentiment que même si cela arrive, alors cela ne les concerne pas, parce qu’à ce moment-là elles ne seront plus de ce monde depuis longtemps. « Après moi, le déluge ! »
Discuter de la déplétion du pétrole avec une classe d'écoliers ou d'étudiants peut être utile. Ils sont souvent, de toutes façons, intéressés par les questions environnementales[3], et la déplétion du pétrole est plus imminente que le changement du climat. De la même manière que l'un des plus efficaces moyens de pousser un adulte à arrêter de fumer est d'amener leurs enfants à les harceler, rendre conscients et intéressés les plus jeunes de la déplétion du pétrole est un pas vital pour la prise de conscience mondiale.
Que faire individuellement ?
Les actions individuelles dépendront clairement de la situation de chacun. Si vous êtes célibataire avec des moyens considérables, vos choix seront différents de quelqu'un avec une femme et trois enfants, un prêt hypothécaire et un compte bancaire à découvert en permanence. La chose la plus importante à garder à l'esprit est que notre société actuelle ne continuera plus très longtemps. Avoir un travail à 21 ans, se marier à 25 et fonder une famille, puis prendre sa « retraite » à 60 ou même 70 ans appartiendra à un passé révolu.
Les bourses financières, par exemple, une fois le monde devenu conscient, se volatiliseront, bien que certaines actions (énergies renouvelables) puissent sortir du lot. Si quelqu’un a des actions, il peut toujours les vendre quand il constate des signes d'effondrement, mais les caisses de pensions, qui reposent sur des bourses, sont moins adaptables. Les moins de 30 ans ne devraient pas compter sur une rente ; qui sait ce que seront les institutions financières à ce moment-là ? Un choix plus judicieux serait, aussi longtemps que l’argent a encore de la valeur, d’économiser, puis de rapidement s’associer avec des amis et que tous mettent en commun leurs ressources pour acquérir un lieu de {sur}vie à la campagne. Pour le moment, vous avez encore un salaire régulier et, en complément, différentes aides et des allocations familiales. Mais l'aide de l'état, elle aussi, trouvera une fin.
Durant les périodes de prise de conscience et de transition, l'adaptabilité sera la caractéristique la plus utile. La récession et l'augmentation du chômage signifient devoir changer de travail – la flexibilité individuelle et de larges économies peuvent aider à traverser cette période. Des moyens de produire du courant et de la chaleur – cellules photovoltaïques et panneaux solaires – diminueront les effets des pannes de courant. Faire pousser ses propres légumes bio dans son jardin réduira les coûts de la nourriture et sera très bon pour la santé. Le déclin du pétrole empirant, la société empirera avec. Le chômage et le coût de la vie augmenteront. Les gouvernements auront de la peine à financer l'aide sociale, puis ils ne pourront plus. Les fonctionnaires, à leur tour, cesseront d’être payés, ce qui sera le commencement de l’anarchie et le retour à la « loi du plus fort ». Il se pourrait que les gens se tournent vers le crime pour obtenir ce dont ils ont besoin. La transition « ordonnée » deviendra « anarchique ». Les émeutes éclateront. La vie dans les villes deviendra dure et inconfortable.
Finalement, dans la période d'Auto-Suffisance, nous pourrions bien finir dans des villages isolés, avec un style de vie médiéval. Cela ne signifie pas la fin de la civilisation, puisque les égyptiens ou les Aztèques s'en sortaient très bien sans pétrole ni charbon. Mais cette situation est difficilement prévisible, dépendant énormément des guerres qui pourraient éclater dans les prochaines décennies et de la façon dont elles nous affecteront.
Hypocrisie d’état
« Regardons les choses simplement. La principale différence entre la Corée du Nord et l'Irak, c'est qu'économiquement nous n'avions pas le choix pour l'Irak. Le pays nage dans le pétrole. »
Le Secrétaire à la défense des USA, Paul Wolfowitz, à Singapour, 31 Mai-1er Juin, 2003
« ...Pour des raisons qui ont à voir avec la bureaucratie gouvernementale américaine, nous avons choisi une menace à laquelle tout le monde adhère: les armes de destruction massives. »
Paul Wolfowitz, magazine Vanity Fair, Mai 2003
L’une des preuves les plus évidentes que le monde fait face à une crise pétrolière a été l'attaque des USA/UK contre l'Irak en 2003. Alors que l'on a longtemps cherché des raisons alternatives pour justifier l'invasion, le seul objectif qui résiste à un examen approfondi est celui de sécuriser les futurs approvisionnements en pétrole. Toutes les autres raisons – « humanitaire », liens avec Al-Quaïda, menaces pour le monde, les fameuses « armes de destructions massives » – ont été réfutées ou, pour le moins, présentent de sérieux défauts.
La fin du pétrole?
La production de pétrole commencera à décliner dès 2010. Il est temps de songer à de nouvelles sources d’énergie, affirme le géologue britannique Colin Campbell.
Le début de la fin de l'âge du pétrole est à nos portes, affirme Colin Campbell. Élucubration d'un prophète de malheur ? Simple réalisme, rétorque ce géologue britannique, qui navigue dans l'industrie pétrolière depuis la fin des années 1950.
Les découvertes de nouveaux gisements déclinent depuis près de 40 ans. Pour Colin Campbell et un nombre grandissant d'experts, il ne fait pas de doute que la production suivra bientôt la même tendance. Le pic de la production mondiale devrait survenir vers 2008. Après quoi, le pétrole, carburant essentiel aux sociétés modernes, deviendra une ressource de plus en plus rare, ce qui sonnera le glas de l'ère de prospérité dans laquelle nous vivons. « Notre manque de préparation est incroyable, quand on pense à l'importance qu'a le pétrole dans nos vies », dit-il.
Titulaire d'un doctorat en géologie de l'Université d'Oxford, Colin Campbell préside l'Association for the Study of Peak Oil, réseau paneuropéen de scientifiques tentant d'attirer l'attention du monde sur le défi qui l'attend : se débarrasser de sa dépendance à l'égard de l'or noir.
Voici une intéressante interview de lui :
« Le monde s'est remis des crises pétrolières des années 1970. Pourquoi en irait-il différemment à l'avenir ?
- Il y a une énorme différence. En 1973, par exemple, le premier choc pétrolier a résulté d'un embargo des pays arabes contre l'Occident, plus particulièrement les États-Unis et les Pays-Bas, perçus comme des alliés d'Israël dans la guerre du Kippour. Ça a duré quelques mois et conduit à une récession. Il n'y avait pas de pic ou de pénurie réelle, contrairement à ce qui s'en vient.
Les ressources pétrolières sont-elles vraiment au bord de l'épuisement ?
- La question de savoir quand nous allons produire la dernière goutte de pétrole n'est pas vraiment pertinente. La fin de la production va s'étendre sur une longue période et ne surviendra pas avant plusieurs décennies. Le moment critique est celui où le volume de production atteindra son sommet et commencera à décliner. Ce sera l'heure de vérité, beaucoup plus significative que la production de l'ultime baril.
Le monde ne va tout de même pas subitement s'écrouler...
- Il n'y a plus qu'une seule sous-espèce humaine de nos jours et c'est l'homo hydrocarbonum : que vous soyez dans une pirogue à moteur sur l'Amazone ou dans une voiture à Londres, vous utilisez du pétrole. Celui-ci représente aujourd'hui 40% du commerce de l'énergie et 90% du carburant employé dans les transports. Quand il commencera à se faire rare et que son prix augmentera, ça ne pourra qu'avoir des répercussions énormes sur notre mode de vie. La présomption universelle de croissance économique qui gouverne le monde depuis plus d'une centaine d'années devra céder la place au déclin. L'homo hydrocarbonum va sûrement s'éteindre d'ici la fin de ce siècle et je ne vois pas pour l'instant qui lui succédera.
Le pic va marquer une discontinuité historique, qui aura une influence sur tous les aspects de la vie, notamment l'agriculture - décrite par certains comme un procédé qui utilise la terre pour convertir le pétrole en nourriture. Les nouvelles variétés de plantes de la «révolution verte» ont un appétit vorace de fertilisants faits à partir du pétrole et une grande soif d'eau, fréquemment fournie par des pompes à essence. L'agriculture mécanisée, le transport, l'emballage, l'entreposage et le marketing imposent d'importantes demandes d'énergie, dont une part substantielle provient du pétrole.
Quand franchirons-nous ce cap ?
- Quelque 896 milliards de barils de pétrole classique ont été produits jusqu'ici. Les réserves sont de 871 milliards de barils et on peut évaluer qu'environ 133 milliards de barils n'ont pas encore été découverts. Plus de la moitié des réserves totales aura été utilisée d'ici 2005 et la production se mettra à décliner à compter de 2010.
Pourquoi la production diminuerait-elle forcément ?
- Après un certain temps, la courbe de la production imite toujours celle des découvertes. Prenez la Grande-Bretagne, qui, jusqu'en 1965, devait importer tout son pétrole. En l'espace de quelques années, une série de gisements de taille géante, les plus faciles à trouver, ont été découverts dans la mer du Nord. Sous Margaret Thatcher, on a ouvert la porte à l'industrie privée et tout le monde s'est mis à forer un peu partout. C'était l'heure de gloire. On oublie que les découvertes de nouveaux gisements ont atteint leur sommet dès 1973 et n'ont cessé de décliner depuis. La production annuelle, pour sa part, a culminé en 1999 et baisse depuis de près de 6% par année. À moins d'un miracle - et il n'y en aura pas -, la mer du Nord va continuer à décliner et personne n'y peut rien. La quantité de pétrole qu'on y trouve n'est pas infinie.
C'est la même chose aux États-Unis, le plus ancien des producteurs. La pointe des découvertes de gisements est survenue en 1930. Comme les techniques de l'époque étaient plus primitives, il a fallu 40 ans pour atteindre le pic de production. Depuis 1970, malgré des efforts héroïques et l'utilisation des technologies de pompage les plus perfectionnées, la production décline inexorablement. La même logique se répète partout dans le monde.
Quelle importance a la distinction entre le pétrole «classique» et le reste ?
- Il y a une énorme différence entre les puits à écoulement naturel du Moyen-Orient et les sables bitumineux canadiens, qu'il faut creuser à la pelle! Chaque catégorie de pétrole est présente en quantité différente dans la nature et le profil d'épuisement de chacune diffère. Certaines sont faciles d'accès et peu coûteuses, certaines difficiles d'accès et très chères; certaines s'épuiseront rapidement et d'autres lentement. Le pétrole «classique», facile d'accès et peu coûteux, définit la tendance et va continuer de dominer l'alimentation en pétrole dans l'avenir. Même si celui de source non classique (les sables bitumineux, l'huile de schiste, les liquides de gaz naturel, le pétrole en eau très profonde ou des régions polaires) va contribuer à retarder le déclin, ça n'influera que marginalement sur le moment où nous atteindrons le pic de production. Les ressources présentes dans les sables bitumineux canadiens sont énormes, par exemple, mais le rythme d'extraction est lent.
N'est-il pas possible que nous découvrions des gisements majeurs qui nous ont jusqu'ici échappé ?
- En ce qui concerne les gisements terrestres, il n'y a aucune chance de découvrir une nouvelle région riche en pétrole, à part peut-être dans l'Arctique russe. Les gisements en eau peu profonde (moins de 500 m) ont aussi pas mal été explorés. La région de la mer Caspienne, qui semblait très prometteuse il y a deux ans, n'a pas donné les résultats escomptés : certains avaient parlé de réserves de 200 milliards de barils, ce qui aurait permis de rivaliser avec le Moyen-Orient, mais il semble que ce soit plutôt autour de 10 milliards. C'est bien, mais ça ne changera pas le monde. Le portrait est certes plus incomplet en ce qui concerne les gisements en eau très profonde, mais ils ne pourront retarder le déclin que de quelques années dans le meilleur des cas, car seuls quelques endroits présentent le milieu géologique requis. N'oubliez pas que l'industrie va d'abord forer aux endroits les plus prometteurs : si elle n'est pas déjà allée quelque part, c'est sans doute parce qu'il y a une bonne raison !
Les nouvelles technologies d'extraction ne peuvent-elles permettre de tirer davantage des puits existants ?
- Ce n'est pas impossible dans certains cas particuliers, mais pas en général. Le champ pétrolifère de Prudhoe Bay, en Alaska, dont l'exploitation a débuté en 1969, est un bon exemple. À partir de 1982, des méthodes de récupération assistée ont commencé à être appliquées : injection de gaz, forage horizontal, on a tout essayé. La production est restée constante jusqu'en 1989, puis elle s'est mise à décliner pendant deux ans, jusqu'à ce qu'une autre percée technologique stabilise la situation durant un an, en 1991. Dès l'année suivante, le déclin a repris et il s'est poursuivi depuis de manière accélérée. La technologie n'a rien changé à l'estimation des réserves totales. La production a été maintenue à un niveau élevé pendant plus longtemps, mais la fin est plus abrupte. Au bout du compte, la quantité de pétrole obtenue est la même !
Qui seront les grands perdants quand la production se mettra à décliner ?
- Les plus à risque sont certainement les États-Unis, dont la production a atteint son sommet dès 1970. Depuis, le prix du pétrole est demeuré plutôt bas et les Américains ont pu en importer ; ils importent d'ailleurs plus de la moitié de ce qu'ils consomment actuellement [le quart de la production mondiale]. Graduellement, davantage de pays ne pourront cependant plus exporter. La quête des États-Unis deviendra difficile, d'autant que la concurrence augmentera: avec une production qui diminue de 6% par année, les Européens vont devoir importer davantage. L'Asie aussi. Il y aura une concurrence accrue pour des réserves qui ne cessent de diminuer.
Voyez-vous une manifestation de cette concurrence dans l'actuel différend entre la France et les États-Unis à propos de l'Irak ? Richard Perle, l'un des faucons de l'administration américaine, accuse les Français de vouloir protéger de lucratifs contrats signés par Total Fina Elf avec le régime actuel...
- C'est une explication simpliste. Il est clair que la concurrence s'accroît entre l'Europe et les États-Unis pour le pétrole du Moyen-Orient. Et une occupation militaire de l'Irak placerait les forces américaines dans une position stratégique leur permettant d'exercer un contrôle sur la région, qui compte pour 25% de la production mondiale - 40% d'ici 2010. Ça me semble plus logique que de dire que les États-Unis veulent accaparer le pétrole irakien. Car il ne faut pas croire que l'Irak va retourner à son niveau antérieur de production d'un seul tour de robinet. Il faudra énormément de travail, d'argent et de temps pour remettre en état des champs pétrolifères vieillissants. Dans le meilleur des cas, la production actuelle de deux millions de barils par jour pourrait doubler d'ici 2010, ce qui ne représenterait toujours qu'une fraction des besoins américains.
Comment expliquez-vous que l'on n'ait pas davantage commencé à se préparer à l'épuisement du pétrole ?
- Aucun gouvernement démocratique ne gagne des votes en anticipant une crise. Les politiciens sont élus pour de brefs mandats, qui les obligent à avoir une vision à court terme de l'avenir. Il n'y a aucun avantage politique à tirer de la question de l'épuisement du pétrole. C'est infiniment plus facile, politiquement parlant, de laisser la crise se produire comme une catastrophe naturelle et d'ensuite marquer des points pour la manière dont on réagit.
Y a-t-il des solutions ?
- La seule solution est de trouver une manière d'utiliser moins de pétrole. D'arrêter d'avoir des voitures coincées dans le trafic. De mieux isoler les maisons, de vivre différemment et de songer à des sources d'énergie de remplacement pour les besoins essentiels. Ce n'est cependant pas très alléchant pour les Américains, pour qui il est plus facile de dire : « Tout ce qui reste est à nous et nous allons le prendre. » » - Fin de l’interview –
Que les Américains soient, en effet – ce qui est plus facile mais aussi, à terme, plus dangereux pour eux -, décidés à prendre tout le pétrole restant pour maintenir le faramineux et pharaonique train de vie (il faudrait sept planètes comme la Terre si tous les Terriens voulaient vivre comme eux…) de leur « american way of life », il est facile de s’en convaincre :
« Projet pour un Nouveau Siècle Américain »
Il s'agit d'un groupe de néo-conservateurs particulièrement influents, avec des intérêts dans le gouvernement des USA et/ou dans l'industrie du pétrole. Parmi ses membres, ont trouve Jeb Bush, Dick Cheney, Dan Quayle, Donald Rumsfeld et Paul Wolfowitz. Sur leur site Internet, ils sont très clair au sujet de leurs positions par rapport aux USA, au monde et au pétrole. (www.newamericancentury.org [en anglais]).
Les futures guerres du pétrole
Il n'est pas inhabituel pour un pays d'entrer en guerre pour s'assurer d'un bien dont il a besoin et ne dispose pas. Il semblerait que nous ayons déjà eu deux guerres du pétrole contemporaines (Y a-t-il quelqu'un qui puisse encore douter du fait que l'Irak aurait eu le « courage » d'envahir le Koweït et les USA et l'Europe celui de le libérer s'il ne disposait pas des sixièmes - d'après les statistiques - plus grandes réserves mondiales de pétrole ?) Il est probable qu'il y aura beaucoup d'autres guerres dans les décennies à venir. Les USA ont démontré leur volonté et capacité d'attaquer d'autres pays pour leurs propres intérêts et il est peu probable qu'ils y renoncent si leur « élément vital » est menacé. L'Europe, la Russie et la Chine ont déjà décidé de ne pas intervenir, et s'installent eux-mêmes doucement dans leur déclin.
À un moment donné dans le futur, le monde – donc la conscience collective de l’humanité - prendra conscience du danger de la déplétion du pétrole et essayera de faire quelque chose. La question fondamentale est quand ?
Pour l’heure (en 2005), l’on ne voit encore rien de flagrant dans ce sens…, mais cela pourrait rapidement changer…
Un Futur Optimiste
D'un point de vue optimiste, le monde deviendrait soudain conscient de la déplétion, à l'image de ce qui s'est passé pour le réchauffement du climat, longtemps ignoré, et soudainement, dans les années 1990, du jour au lendemain, sur toutes les langues. Il suffirait d'un politicien ou d'un scientifique influent qui en fasse son « cheval de bataille » pour créer un effet boule de neige. Une fois les gens conscients du problème, les gouvernements auraient toute la légitimité requise pour décréter des lois en faveur des économies d'énergies, et des traités visant à une répartition équitable et évolutive des ressources restantes seraient signés entre les pays producteurs et consommateurs de pétrole pour prévenir les guerres d'approvisionnement.
Des stratégies de diminution drastique de la population devront aussi être mises en place pour réduire la croissante demande d'énergie et de nourriture. Pour le mode de vie d’un Français généralisé à tous les Terriens il faudrait trois planètes, pour celui des Américains sept… Notre mode de vie devra donc changer, mais les menaces seront tellement graves que nous seront forcés de le faire. Finalement, une population humaine réduite, plus stable, devrait alors émerger (estimée à seulement deux milliards d'individus).
Naturellement, de telles hypothèses ne prennent pas en compte la possibilité d’une Intervention extra-terrestre, et encre moins supra-terrestre…
Un Futur Pessimiste
Le monde continue son chemin prodigue, aveugle, ignorant les signes précurseurs jusqu'à ce que le déclin soit bien entamé et impossible à ignorer. Ce sera alors la panique, et les pays vont désespérément tenter de sécuriser le pétrole restant pour leurs propres besoins, dans une stratégie nationaliste plutôt qu'une politique mondiale de survie. Des guerres éclateront entre les ennemis, et des barrières douanières s'élèveront entre les « amis », dans une tentative des sociétés de repousser l'inéluctable changement et de prolonger le monde actuel le plus longtemps possible.
Les guerres, famines, pénuries et migrations de masse détruiront notre société industrielle complexe, jusqu'à ce que nous nous retrouvions avec une population estimée, là encore, à deux milliards ou moins d'individus organisés en société médiévale (ou pire).
Malheureusement, l’hypothèse pessimiste est, aujourd’hui, la plus réaliste.
L'Exemple de la Couche d'Ozone
À quelle vitesse les gouvernements de la Terre peuvent-ils réagir ?
L'exemple du trou dans la couche d'ozone et la réponse des gouvernements est un bon exemple de ce que nous pouvons faire et devrons faire pour combattre la déplétion du pétrole. C'est aussi un exemple de l'un des plus grands obstacles.
L'ozone est une forme particulière d'oxygène se trouvant dans la haute atmosphère et nous protégeant des dangereux rayons ultraviolets du Soleil. Malheureusement, cette couche est détruite par les CFC, un composé qui était largement utilisé au siècle dernier, par exemple dans les réfrigérateurs, les aérosols, la fabrication de mousses et d' extincteurs. Personne n'était conscient des dommages jusqu'en 1974, quand deux publications scientifiques ont démontré que les atomes de chlore détruisaient les atomes d'ozone ; les CFC se dispersaient toujours dans l’atmosphère et relâchaient des atomes de chlore. Les communautés scientifiques et environnementales ont commencé à faire pression pour arrêter la fabrication de CFC mais, bien sûr, l'industrie résistait au changement. En 1978 les CFC ont été interdits comme agent propulseur pour les aérosols aux USA, mais cela n'a eu qu'un effet modéré sur le reste du monde.
En 1984, le « trou » dans la couche d'ozone à été découvert au-dessus de l'Antarctique et d’effrayantes photographies ont alors été publiées. Cela a créé une nouvelle impulsion pour arrêter les CFC et, en 1987, enfin, le Protocole de Montréal a amené le premier accord mondial de réduction de ces composants (bien que la plupart des pays du tiers monde ne l'aient pas signé). Finalement, plus les preuves des dommages grandissaient, une réunion à Londres entre 92 gouvernements à débouché sur la suppression progressive de tous les CFC et d'autres produits chimiques dangereux. La couche d'ozone est toujours endommagée en raison du décalage dans l’atmosphère, mais, au moins, nous ralentissons le processus d’endommagement et sommes donc, à cet égard, sur le bon chemin.
Ceci est un exemple particulièrement significatif de comment nous pourrons faire face à la déplétion. Les gouvernements peuvent agir ensemble quand ils en ont l'envie, les puissantes industries peuvent changer, des alternatives peuvent être trouvées. Mais la mauvaise nouvelle de l'histoire de l'ozone est sa durée. Il a fallu pas moins de treize années entre le premier article scientifique et le Protocole de Montréal. Il faudra environ une génération pour arrêter complètement la production des CFC. Il faudra plus d'un siècle pour éliminer le chlore de l'atmosphère. Actuellement, la majorité du monde n'est pas conscient de la déplétion du pétrole. Il pourrait déjà être trop tard. S'il faut 30 ans pour commencer à faire quelque chose contre le déclin du pétrole, il n'y a que peu d'espoir.
La « Grande Puanteur »
Autre exemple particulièrement significatif : La « Grande Puanteur ». Durant des siècles, la Tamise a été utilisée comme gigantesque égout, entraînant maladies et des odeurs pestilentielles. En raison des coûts et inconvénients, le Gouvernement repoussait sans cesse la décision de résoudre les problèmes de ce système d'égouts. Puis, en 1858, l'été particulièrement chaud créa une telle puanteur sur la Tamise que même les Membres du Parlement se trouvant au bord de la Tamise en furent eux-mêmes affectés, forcés de lever leur séance à cause de l’insoutenable odeur... Avec pour bénéfique résultat que l'argent et la volonté de construire un réseau d'égouts moderne furent enfin immédiatement trouvés !
L’être humain, dans sa chronique paresse d’esprit, ne « saute » que lorsqu’il y a des obstacles !
Prévision spirituelle du pic de pétrole
Les origines étymologiques du mot « oil », attirent l'attention sur l’aspect religieux du pic du pétrole et sur la « pétro-Apocalypse » qu’il annonce.
Le mot "oil" (öl/huile/oleo, etc.) dérive, à l'origine, de racine grecque ancienne "elaiw" signifiant « olivier, olive » - une racine elle-même empruntée à une langue égéenne inconnue, peut-être crétoise. Une terminaison féminine (nominatif singulier -a) ou neutre (-on) ajoutée à cette racine indique s’il s’agit respectivement de l’arbre (l'olivier) ou de son jus huileux (l’huile d'olive). Dans les dialectes les plus courants, le "w" (la lettre grecque "F", appelée "digamma") a progressivement disparu de la racine.
Avec quelques modifications, ce doublet féminin-neutre a, à des moments différents, deux fois été emprunté par le latin : le féminin "elaí(w)a" ("olive") est devenu, selon la période de l'emprunt, le mot latin "oliva" ou "olea", tandis que le "élai(w)on" neutre ("huile") se transformait en "olivum" ou "oléum." (Le "v" latin - semi-voyelle "u" - était à l'origine prononcé comme le "w" anglais et par conséquent reflète la période des emprunts par sa présence ou son absence.) Dans le monde classique, "huile" désignait normalement l'huile d'olive ; ce développement étymologique était donc tout à fait normal. Quant aux formes de mot, finalement seuls "oliva" et '"oleum" ont survécu dans le latin plus récent, et de là dans les langues occidentales modernes. "Petr-oleum" (c’est-à-dire huile de roche, du greco-latin "petra", d'où aussi le nom : "Peter, Pierre" donné par Jésus à l’Apôtre l’ayant reconnu le premier et que l’église considère – à tort – comme le premier Pape - nom qui, selon la Prophétie dont il est ci-dessous question, doit aussi être celui du dernier Pape) a pourtant dû attendre pas mal de temps avant d'acquérir un nom distinct et scientifique.
Il y a une curiosité religieuse reliée à cette histoire linguistique. Elle apparaît dans la « Prophétie des Papes de Saint Malachie » (« Prophetiae Sancti Malachiae »), un répertoire de devises en latin, qui fait référence aux règnes des papes de 1143 jusqu’« à la Fin des Temps ». Selon cette liste, le nouveau pape, Benoît XVI, élu le 19 Avril 2005, est le dernier {vrai} Pape, après lequel viendra « Pierre le Romain » (« Petrus Romanus »), qui, toujours selon la Prophétie, paîtra ses brebis au milieu des persécutions et des tribulations entraînant notamment la destruction de « la ville aux sept collines » (donc la ville de Rome, concept pouvant, selon les interprétations, englober tout l'Occident par opposition à l'Orient grec).
La « Prophétie des Papes » assigne à Benoît XVI l'étrange devise de « Gloria Olivae », littéralement traduite par « Gloire de l'Olive ». Si, toutefois, l’on devait interpréter le latin d'une façon moderne appropriée à notre époque, l’on pourrait revenir à la racine antique de "oliva" et alors comprendre le mot comme une métaphore pour huile et, plus précisément, l’huile de pierre, soit le pétrole. "Gloria" (littéralement "gloire", "renommée") pourrait alors être regardée comme "sommet de popularité" - suggérant, essentiellement, l’atteinte du « peak oil », le pic de la consommation de pétrole par l'humanité. En d'autres termes, l'expression « Gloria Olivae » peut être interprétée comme une référence au pape de la période du pic de pétrole, donc le pape Benoît XVI, qui règne sur le Vatican depuis le 19 Avril 2005.
Curieux que, de même que nous avons eu le Pape du Soleil (« De Labore Solis » - Jean-Paul II) après le « Pape de la Lune » (« De mediate Lunae » - Jean-Paul 1er), après le « Pape de l’Huile » (« Gloria Olivae » - Benoît XVI) soit attendu le « Pape de la Pierre » (Pierre le Romain)…, d’où provient l’huile, selon l’étymologie du mot « pétrole ».
Naturellement, cette présente « gloire de l’huile » est de courte durée, puisque, selon la courbe de Hubbert, elle est bientôt progressivement appelée à devenir … posthume !
Pierre Ollivier
Sites et pages sur la crise pétrolière
http://www.peakoil.net/
http://www.oleocene.org/
http://www.oilcrash.com/articles/cochet_f.htm
http://www.yvescochet.net/rubrique.php3?id_rubrique=35
http://lesverts91.ouvaton.org/article.php3?id_article=195
http://wolf.readinglitho.co.uk/francais/ (Le loup à la porte)
http://www.lexpress.fr/info/economie/dossier/petrole/dossier.asp?ida=428814
http://www.lepoint.fr/dossiers_economie/document.html?did=146734
http://www.lactualite.com/free_zone/article.jsp?content=20030314_145029_3376
2006-12-30 01:45:07
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answer #1
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answered by PapySerge 7
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