Le scandale de Panamá est une affaire de corruption liée au percement du canal de Panamá, qui éclaboussa plusieurs hommes politiques et industriels français durant la Troisième République, et ruina des dizaines de milliers de souscripteurs.
En 1879, Ferdinand de Lesseps, le glorieux bâtisseur du canal de Suez est choisi par un comité international pour lancer le projet de percement de l'Isthme de Panamá, qui doit permettre de relier l'océan Atlantique à l'océan Pacifique par l'Amérique centrale. Il envisage un canal long de 75 km, sans écluse, et chiffre la construction à 600 millions de francs.
Lesseps crée une société anonyme, la Compagnie universelle du canal interocéanique de Panama pour réunir les fonds nécessaires et conduire le projet. Les travaux débutent en 1881 et rencontrent plusieurs difficultés : épidémies de malaria et de fièvre jaune occasionnant une très forte mortalité parmi le personnel, accidents de terrain dus à la difficulté de traverser la cordillère montagneuse qui longe l'isthme.
Le retrait des banques pousse Lesseps à lancer une souscription publique. Mais il utilise une partie de ces fonds pour corrompre des journalistes et cacher les difficultés du chantier. En 1887, la moitié du percement est effectuée mais le projet a déjà coûté 1400 millions de francs.
Devant ces obstacles, Lesseps fait appel à Gustave Eiffel, qui accepte de reprendre le projet. Eiffel remet complètement en cause la conception, en prévoyant notamment des écluses, alors que Lesseps avait voulu faire un canal à niveau, comme à Suez, sans se soucier du caractère montagneux de la région traversée.
Lesseps continue à récolter des fonds auprès d'épargnants et à corrompre des journalistes et des ministres pour obtenir la promulgation de lois sur mesure, qui doivent permettre l'émission d'un emprunt. Quatre millions de francs seront ainsi détournés.
Malgré l'émission de l'emprunt, il est impossible de redresser la situation, et la Compagnie est mise en liquidation judiciaire le 4 février 1889, provoquant la ruine de 85 000 souscripteurs.
En 1892, Édouard Drumont, un journaliste ouvertement antisémite dénonce l'affaire et met en cause plusieurs financiers juifs qui ont soutenu le projet. Ce regain d'antisémitisme en France sera l'un des déclencheurs de l'affaire Dreyfus, trois ans plus tard.
Le scandale se conclut en 1893 par la condamnation à cinq ans de prison de l'ancien ministre des travaux publics, Charles Baïhaut. Ferdinand de Lesseps et Gustave Eiffel seront condamnés, mais échapperont à la prison grâce à une prescription. Charles de Lesseps, fils de Ferdinand, est condamné à la même peine que son père (5 ans de prison) et écope dans un autre procès d'un an pour corruption. Condamné à deux années de prison et 20 000 francs d'amende, Gustave Eiffel sera finalement réhabilité par une enquête qui montrera qu'il n'était pas impliqué dans les malversations.
La construction du canal sera finalement reprise par les États-Unis d'Amérique qui rachètent la concession, les actions et les avoirs de la Compagnie nouvelle du canal de Panamá par le traité Hay-Bunau-Varilla de novembre 1903. Après avoir rejeté un trajet traversant le Nicaragua, ils reprendront et prolongeront le tracé français, pour l'achever en 1914, avec un surcoût de seulement 40 millions de dollars. Les travaux engagés en 1904 aboutirent à l’inauguration du canal le 3 août 1914, le jour même de la déclaration de guerre de l'Allemagne à la France.
2006-12-25 23:17:28
·
answer #1
·
answered by ACANTHASTER 7
·
3⤊
0⤋