Animaux gays
Naturel à 100%
Publié dans le Ici, juillet 2000 - par Carle Bernier-Genest
Que ce soit dans une étable, un poulailler, une forêt ou sur le bord d'un ruisseau, il n'y a pas de mauvais endroits pour vivre son homosexualité.
Certains disent que les célébrations de la fierté gaie sont propices à tous les excès. À ce chapitre, le Québec en a encore beaucoup à apprendre des Pays-Bas. Il y a trois ans, un des grands jardins zoologiques du pays, le Beekse Bergen, offrait en effet une visite guidée où l'on promettait aux gens d'être témoins de comportements homosexuels chez les animaux! Le Biodôme aurait pu faire de même, ayant déjà eu deux tamarins dorés mâles (une espèce de petits singes) offrant des spectacles dignes de ce genre de voyeurisme. Mais dans cette fausse forêt tropicale comme dans bien des zoos, les activités sexuelles entre bêtes de même sexe sont plus le fruit d'un environnement anormal (souvent l'absence de l'autre sexe) que l'expression d'une attirance différente. Ce qui ne veut pas dire que l'homosexualité chez les animaux ne soit pas une réalité.
Depuis plus de deux cents ans, nos biologistes et autres scientifiques ont observé des cas flagrants d'homosexualité animale, dans les zoos comme dans la nature. Et pas seulement chez les singes. Malgré tout, encore aujourd'hui, il se trouve bon nombre de ces chercheurs pour affirmer que ce ne sont que des attitudes de domination ou une déviance quelconque. Surpopulation, dépravation, contamination homosexuelle, erreur de la nature, confusion, déception face à l'autre sexe et problème hormonal sont souvent le type de conclusions auxquelles en arrives ces chercheurs. Il y en a même eu de particulièrement bien inspirés qui expliquaient que si des singes mâles se faisaient des fellations et avalaient le sperme de leur partenaire, c'était pour combler des lacunes alimentaires! Outre cette raison farfelue, les autres rappelleront aux gais plus âgés ce que la société disait de l'homosexualité avant sa décriminalisation en 1969...
Si on comprend maintenant que la sexualité humaine peut s'exprimer de bien des façons, on résiste encore à accepter qu'il en soit de même pour les animaux. Pourtant, l'homosexualité a été observée chez plus de 450 espèces, allant de l'ours au dauphin et du goéland au papillon Monarque. Le très conservateur département de l'agriculture de l'État américain de l'Idaho a même quantifié, il y a dix ans, sa population homosexuelle mâle de mouton! Résultat; sur l'ensemble des bêtes de l'État, 8% avaient des comportements homosexuels fréquents.
Tous des pervers
Les adeptes de vidéo pornos pourraient être intéressés de savoir que des scientifiques ont filmé, il y a cinq ans, seize minutes d'ébats sexuels tout à fait inédits. À plus de 2500 mètres sous la surface de l'océan, ils ont croqué sur le vif une pénétration chez deux pieuvres mâles, d'espèces différentes! Un casse tête indéchiffrable pour les spécialistes, puisque ces deux pieuvres avaient aussi des grosseurs et des couleurs tout à fait différentes.
Sous la mer il y a ce mystère, mais au-dessus, on sait depuis longtemps que les singes pratiquent la pénétration anale. Ce qu'on ne sait pas avec précision, c'est pourquoi. La domination est encore la théorie la plus répandue, même si on sait que cette activité sexuelle provoque l'orgasme chez la bête qui pénètre. Le plaisir y aurait donc une place importante... Les stimulations anales avec les doigts ou la langue sont d'autres pratiques courantes qui viennent ébranler la croyance qui dit que les animaux n'ont de rapports sexuels que pour la procréation. Surtout que la pénétration anale a été observée chez plusieurs espèces autres que les singes, dont les mouflons et les bisons.
Moins spectaculaire, mais tout aussi surprenante, la masturbation fait aussi partie des activités régulières de bien des animaux. Des couples d'éléphants mâles ont été observés se masturbant l'un l'autre avec leur trompe, tout comme des orangs-outans femelles ont été vues stimulant le clitoris de leur compagne. Les mains baladeuses ne sont pas l'apanage des seuls hommes...
Pas plus que les positions sexuelles. Les singes connaissant la copulation face à face et ont même un répertoire de plus d'une dizaine de positions. Parmi celles-là, le 69 est particulièrement prisé chez certains mâles, qui n'hésitent pas à se "nourrir" du sperme de l'autre. Le léchage des organes génitaux est une autre activité assez répandue, que ce soit chez les antilopes, les hyènes, les chauves-souris ou les hérissons.
Fantasme inavoué de bien des couples humains, même le sexe en groupe a été observé chez plus de vingt-cinq espèces animales. Les trios de lions ou de girafes mâles en sont des exemples banals à côté des véritables orgies organisées par les baleines. Imaginez un peu le spectacle: six gigantesques baleines en pleine activité homosexuelle à la surface de l'eau!
Éloge de la diversité
La droite américaine serait tout de même heureuse d'apprendre qu'homosexualité animale peut aussi rimer avec fidélité. En effet, dans la variété impressionnante de façon dont les animaux peuvent vivre leurs comportements homosexuels, il y a aussi des couples inséparables, qui sont exclusifs l'un à l'autre jusqu'à ce que la mort les sépare. Même s'ils sont difficiles à étudier parce qu'ils exigent des années de suivi, on sait que des couples de lions et de pingouins de même sexe se jurent ainsi fidélité.
Même la procréation n'est pas un tabou. Des couples homosexuels de mouettes ont été observés sauvant une couvée abandonnée par ses parents biologiques. On a aussi déjà vu un couple d'éléphants femelles prendre en charge un petit devenu orphelin... Ce type d'adoption fait même dire à certains que l'homosexualité aurait un rôle à jouer dans la perpétuation des espèces, permettant à des petits, autrement condamnés, de survivre.
Mais le comble de la rectitude politique revient à un couple de flamants rose, vivant dans la colonie hébergée au zoo de Rotterdam, aux Pays-Bas. Désireux d'être parents comme les autres couples, deux mâles ont tenté plusieurs années de suite de kidnapper un oeuf. Alarmées par la situation, les autorités du zoo ont fini par leur donner un oeuf fécondé, destiné à l'incubateur. À la surprise générale, le petit est né et les heureux parents l'ont élevé de la même façon que tous les autres couples. À la différence que leur petite famille était multiraciale. Un des pères était un flamant rouge des Caraïbes, l'autre un blanc d'Europe et le petit, un rose du Chili!
Alors, confus ou déçus de l'autre sexe ces animaux? Rien n'est moins sûr. D'autant plus qu'à côté de ces rapports homosexuels débridés ou très rangés, il y a toute la panoplie des comportements bisexuels dont il faudrait aussi parler. Comme quoi tous les goûts sont dans la nature...
http://www.gayromandie.ch/information/info/animauxgays.htm
2006-12-16 00:33:21
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answer #4
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answered by Dany 7
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