Il ne s'agit pas d'y croire ou de ne pas y croire, mais plutôt de comprendre à quel phénomène réel cette manière de dire "mauvais oeil" renvoie. et on peut parler de la même chose en langage scientifique ou en langage courant. Peut être que les attributions d'atteintes au mauvais oeil sont susceptible de déplacer les véritables sources d'influences, mais il me semble qu'une chose est certaine est qu'il peut y avoir influence psychologique entre deux personnes, l'inconscient peut être perturbé par un tout petit détail en apparence, mais selon le moment ce détail peut prendre grande importance.
2006-12-03 01:37:58
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answer #3
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answered by Rim-k 2
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Je vais vous parler d'une pratique très répandue dans tous les pays arabes : les porte-bonheur des bébés à la naissance. Car, du Moyen-Orient au Maghreb, on protège les tout-petits, surtout contre le mauvais œil.
C'est un peu comme ici, quand on dit que quelqu'un porte la poisse. Certains ont le mauvais œil. Ils peuvent attirer le malheur sur les personnes qu'ils regardent, en général "à l'insu de leur plein gré".
Certains y croient vraiment, mais plus symboliquement, il s'agit de ne pas faire envie. Par exemple, vous vous sentiriez gênée de raconter combien votre accouchement était fantastique devant une amie qui a vécu l'horreur. Bref, vous ne vous étaleriez pas. Dans le cas, des porte-bonheur, il y a sans doute, au départ, une question de pudeur et de bon sens qui a pris l'ampleur d'une superstition.
En tout cas, là-bas, les enfants sont considérés comme particulièrement vulnérables. Et on les protège grâce à des bijoux, filles comme garçons. Il ne s'agit pas d'amulettes religieuses (il en existe aussi). Ce sont des bijoux employés chez musulmans, les chrétiens et les juifs séfarades depuis très longtemps.
Au Moyen-Orient, c'est une perle bleue, ou une pierre bleue, un lapis-lazuli, par exemple. Parfois, on la retrouve sous la forme d'un œil bleu. La couleur bleue est censée réfléchir le regard malfaisant. On conjure aussi le mal par le mal : un œil par un œil.
Au Maghreb, c'est la main de Fatma. On l'appelle Khamsa, littéralement "cinq", pour les cinq doigts de la main.
C'est très mignon ! En général, les bijoux pour bébés sont adaptés à leur taille et sont tout petits.
La main protège le regard, fait barrière au mauvais œil. Ce sont des bijoux que l'on met à l'enfant, en général, au moyen d'une épingle ou autour d'une petite chaîne. Souvent, les amis ou les proches les offrent en cadeau et on se retrouve vite avec une panoplie complète anti-mauvais œil.
Avec sa famille proche, un enfant peut ne pas la porter. Mais devant des visiteurs étrangers ou lors des balades, il ne faut pas oublier de la lui mettre.
Mais ça ne s'arrête pas là. Il y a de nombreux comportements associés à cette croyance. Par exemple, on ne fait pas l'éloge de son enfant devant d'autres : on risquerait de s'attirer le mauvais œil. Les visiteurs ne doivent pas trop s'extasier devant un bébé sans invoquer soit Dieu, soit la Khamsa, pour éloigner le mauvais œil.
Par exemple, j'ai une tante qui passe son temps à dire combien ma fille est laide, pour ne pas dire le contraire. Et si quelqu'un qui ne connaît pas cet usage, fait un compliment concernant l'enfant ou la mère, les proches répliquent très vite et discrètement : "Cinq dans tes yeux" ou alors "Que Dieu éloigne le mauvais œil", pour ne pas attirer l'attention.
Même si quelqu'un dit simplement : "Oh qu'il est chevelu ce bébé ! Oh qu'il est grand...", c'est considéré comme excessif et il faut alors se protéger du mauvais œil. Ça peut ressembler à de la paranoïa mais en fait, tout le monde a le réflexe. C'est totalement intégré et personne n'y réfléchit vraiment.
Pour beaucoup aujourd'hui, c'est une tradition qu'on reproduit sans toujours en connaître le sens. Pour d'autres, le mauvais œil peut vraiment frapper. Si un enfant pleure le soir sans raison apparente, les parents pensent au mauvais œil. Il y a alors des incantations : on jette du sel sur l'enfant, après l'avoir fait tourner sept fois au-dessus de sa tête, et sur une flamme.
Autre protection contre le mauvais œil, mais uniquement dans certaines régions du Maghreb cette fois : le henné. Cette plante est utilisée pour toutes les grandes occasions de la vie. Traditionnellement, dans l'ouest de l'Algérie, par exemple, c'est lors de la cérémonie du 7e jour, où le bébé est présenté aux amis et aux proches, que l'on met du henné sur la main droite de l'enfant.
Avec la pâte, on fait une boule que l'on met au creux de la paume et qu'on enroule d'un tissu élégant, avant de laisser sécher une heure. Au final, ça laisse un rond rouge au milieu de la paume et ça reproduit l'œil au milieu de la main que l'on voit sur certaines mains de Fatma.
C'est l'occasion en même temps de faire honneur à une femme âgée de la parenté, souvent la grand-mère, puisque c'est elle qui préparera le henné et l'appliquera à l'enfant...
Au Moyen-Orient, il y a un autre type d'onctions pour porter chance. Les parents désignent une personne de l'entourage qu'ils estiment avoir de la prestance et du verbe, une qualité primordiale. C'est un peu l'équivalent de la "bonne fée" qui se penche sur le berceau des enfants en Occident.
Elle va badigeonner, avec un doigt trempé dans du miel, la bouche du bébé. Ainsi ses qualités sont censées se transmettre. Et on souhaite au bébé que sa vie soit aussi douce et suave que le miel.
Au Maghreb, on retrouve cette idée de souhaiter la douceur à l'enfant quand on lui fait goûter une première datte.
2006-12-01 05:28:45
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answer #4
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answered by Anonymous
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