Les voyageurs étrangers en visite au Maroc dans la période pré-coloniale, qui ont établi, quoique de façon inexacte, les listes des tribus et des " races " du pays ont rarement fait la distinction entre Juifs berbérophones et Juifs arabophones.
Les Juifs ont été considérés comme une catégorie à part, aux côtés des Maures ou Andalous, des Arabes, des Berbères et shleuh. Peu d’Européens ont voyagé à l’intérieur du Maroc avant le XXe siècle, et ceux qui le firent, comme John Davidson (qui fut tué) en rapportèrent des informations peu fiables.
James Richardson, un militant anti-esclavagiste britannique, qui a visité le Maroc en 1840, a poussé plus loin les observations de Davidson ; il a été le premier à désigner les Juifs de l’Atlas comme des " juifs shelouh ", parlant berbère et dont les coutumes et caractéristiques étaient les mêmes que celles de leurs voisins non-juifs.
2006-11-22 18:40:54
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answer #3
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answered by cherry07 2
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Les Huns sont de retour !
Les Français ont longtemps montré leur mépris à l’égard des Allemands en utilisant des termes qui se référaient aux anciennes tribus germaniques : ostrogoth, wisigoth (d’abord visigoth chez Voltaire), vandale, tudesque, teuton, gothique. Ces termes péjoratifs se référaient d’abord aux invasions barbares, aux exactions supposées ou réelles des Germains, mais aussi à ce que l’on imaginait à propos du Moyen Âge, des temps obscurs, d’une absence de goût et d’intelligence. Les Germains étaient perçus comme des peuples destructeurs qui s’opposaient aux peuples dits civilisés, gréco-latins et surtout ensuite gallo-romains. Le racisme à l’œuvre dans la pensée classique, puis dans celle des Lumières se fondait sur l’idée d’un modèle parfait de culture, mais il ne rejetait pas les Allemands comme tels dans la ténèbre : Voltaire estimait qu’il pouvait éclairer le roi de Prusse. D’ailleurs, ces insultes ne se préoccupaient guère de race puisque les Allemands pouvaient être associés à d’autres envahisseurs comme dans l’expression « espèce de Hun ! » Elles deviennent vite démotivées : le vandale dès 1732 peut être un voyou, un saboteur. L’écriture dite faussement gothique ne se réfère pas tant à la Fraktur qu’à l’écriture médiévale, le style gothique n’est pas le style allemand puisqu’il est né en France mais au style d’une époque ancienne qui manquait du bon goût classique et de l’imitation du modèle gréco-romain. Ce sont donc d’abord des insultes qui se réfèrent à l’ancienne antithèse entre le barbare et le civilisé, à l’idéologie aristotélicienne d’une hiérarchie des styles.
1. Tous les autres s’appellent Fritz
Un procédé courant du racisme consiste à réduire l’ensemble des autres peuples à un seul individu par un prénom courant. C’est ainsi que Fritz est apparu en 1914, le diminutif de Friedriech résumait tous les Allemands. Le choix du prénom ne tient pas tellement au fait qu’il serait répandu. Ainsi, le prénom Hans n’a jamais été pris, le pseudonyme du dessinateur Hansi était associé à une propagande pro-française durant l’occupation de 1870-1918. Fritz était connu par le roman d’Erckman-Chatrian Mon ami Fritz qui présentait un personnage sympathique, un peu lourdaud et peu dangereux. Toutefois, le prénom Fritz était associé à la dynastie Hohenzollern et au souvenir du Frédéric le grand ou le roi guerrier. Des raisons plus subjectives ont dû aussi jouer, les sonorités donnent à la fois une fermeture et des associations de consonnes dures.
Le dérivé fridolin apparaît en 1917, mais il aurait été présent dès 1880 selon Chautard. Une variante frigolin aurait été plus fréquente entre les deux guerres selon Esnault. La construction de ce nom est complexe. Le nom frigolin peut se référer au froid, au frigo, et donc au caractère présumé des Allemands. Mais la terminaison emprunte aussi à des prénoms traditionnels d’origine germanique comme Ugolin. Le passage de frigolin à fridolin peut partir d’un retour aux noms allemands Friedrich, Siegfried, Wilfried, le radical frid- est senti comme proprement allemand.
En 1941, apparaît l’altération frisé et une variante plus rare frison. Or ce terme montre un double effet de brouillage :
le nom des Frisons est celui d’une ancienne tribu germanique et d’un peuple situé entre Hollande et Saxe, il s’agit d’une remotivation des anciennes dénominations comme Ostrogoth ou Wisigoth ;
le mot frisé était employé dès 1836 pour désigner les juifs le plus souvent d’origine allemande, mais aussi en les réduisant à leur chevelure. On aurait donc en fait une sorte de retournement ironique en désignant les Nazis ou les soldats allemands comme des juifs.
2. Les autres ne savent pas parler
La langue de l’autre, c’est une langue qui ne mérite pas le nom de langue. Le barbare, c’est celui qui ne peut parler correctement notre langue, celle-ci étant supposée plus pure et plus claire que toutes les autres. Ainsi, les termes langue tudesque, teutonne désignent dans la pensée classique une langue rude, incapable de raffinement et d’intelligence.
Lorsque l’on veut dire qu’un discours est incompréhensible, on le désigne comme de l’allemand ou du haut-allemand depuis Rabelais .
Ces insultes se retrouvent dans des termes lorrains : parler en allemand ou comme un Allemand, c’est hallemander avec un h bien expiré, c’est hachepailler. L’Allemand ou l’Alsacien devient le hachepailleur, celui qui parle comme s’il hâchait de la paille, en réduisant tout mot à une sorte de bouillie.
3. Tous des uhlans prussiens !
Lorsque les troupes allemandes se sont répandues en Alsace et en Lorraine en 1870, les paysans s’exclamaient que les Suédois étaient de retour. Deux siècles plus tôt, lors de la Guerre de Trente Ans les troupes suédoises s’étaient en effet livré à l’un des plus grands massacres de l’histoire européenne : un tiers de la population de la Lorraine, de l’Alsace et du Palatinat avait été exécutée ou affamée, une autre partie n’avait dû sa survie qu’à l’abandon de leur village et elle deviendra les Yennischs qui adopteront le mode de vie des Roms.
Les troupes allemandes de 1870 deviendront donc seulement composées de uhlans prussiens même si elles comprenaient des Badois, des Hanovrois, des Bavarois, et plus souvent des fantassins. Le nom du uhlan est phonétiquement évocateur, le français opère une disjonction alors que le terme devrait commander l’élision : l’uhlan plutôt que le uhlan. Le nom évoque le hurlementn le hululement, un langage qui n’est pas humain. Une première orthographe du nom en français a été hulan au 19e s.
Le Prussien devient en 1895 un Prusco, en 1907 un Pruscoff. Le deuxième terme est intéressant par sa resuffixation, l’Allemand qui vient de l’Est est assimilé aux Russes et donc aux autres envahisseurs que furent les Cosaques.
4. Je ne veux voir qu’une seule tête !
Le boche (1879) est une aphérèse d’Alboche. Le suffixe -boche a été utilisé en argot : rigolboche (1860), italboche. Le croisement de cette construction avec d’autres expressions a renforcé les connotations négatives :
le mot a été Allemoche avec un renforcement sur moche, « laid » ;
le boche était le mauvais sujet auparavant, un libertin (1866) ;
la tête de boche est une tête de bois, une tête dure à Marseille et c’est la boule qui sert à jouer à la pétanque.
Le mot apparaît d’abord en Lorraine, à Metz en 1862. Or le peu boch, c’est le vilain, le pas beau en dialecte lorrain. Le boche, ce ne serait donc pas simplement celui qui a le crâne dur, mais aussi celui qui a une tête laide et cela expliquerait le double emploi d’Allemoche et d’Alleboche.
Un terme parfois utilisé en Lorraine est tête carrée. Cette expression est aussi employée par les Québécois envers les Canadiens anglais. Cela renvoie aux idées d’uniformité, de fermeture d’esprit, d’absence de rondeur et donc de politesse ou de civilisation.
On dit encore en Lorraine tête de Holtz, ou par ellipse espèce de Holtz. Le Holtz en question est le bûcheron, Holz. C’est le plus proche voisin puisqu’il se rend dans les montagnes. C’est encore le sauvage ou l’homme de la forêt. C’est encore par métonymie, celui qui a une tête aussi dure que le bois.
A signaler, la bande-dessinée "Le Boche" de Stalner/Bardet, 5 épisodes entre 1991 et 1998, et racontant l’histoire d’un alsacien pendant la guerre..
5. Les Allemands sont tous des ********** !
J’ai souvent entendu l’idée que le mot ********* aurait d’abord désigné les Allemands par les Français ou les Français par les Allemands. Il s’agit d’une de ces rumeurs qui reposent sur des confusions. Le mot ********* apparaît en 1890 au Sénégal et il a d’abord servi à désigner les Africains noirs. Cependant, ce terme xénophobe a servi ensuite dans les colonies à l’ensemble de tous ceux qui n’étaient pas français, donc en priorité aux Arabes, les indigènes. Il a pu voyager en métropole et s’appliquer aussi à des paysans, à des Bretons, bref à tout ce qui n’était pas parisien.
Les troupes coloniales africaines ont rapporté le nom d’une tribu berbère du Maroc, les Chleuhs (1891), ou Chleus ou Schleus. Le mot se rapportait d’abord aux troupes coloniales composées d’indigènes, puis aux troupes territoriales vers 1914. On passe de là à l’idée de la troupe qui ne parle pas français (1936), donc la troupe située sur la frontière voisine en 1939, et fatalement à l’Allemand. Le début du mot, par sa série de consonnes, évoque les sonorités de l’allemand et un autre nom de tribu berbère n’aurait pu servir.
6. Que de sales bêtes !
L’assimilation de l’Allemand au cochon est ancienne. Elle est liée aux présupposés sur des mangeurs de choucroute ou de charcutaille, c’est l’absence de raffinement qui domine alors. On dresse des portraits d’Allemands gras, gros, dodus. On assimile ensuite le mangeur à ce qu’il mange et on le réduit à quelque chose d’indigeste. Mais on fait aussi de l’Allemand une sorte de pourceau afin de lui ôter toute humanité. Tel est par exemple le sens du conte de Maupassant, « le Cochon de saint Antoine ». Saleté, sottise, bestialité sont les traits de l’Allemand dans ce cas.
Moins connu est le surnom donné par certains : doryphores. Le lien avec l’invasion de ces coléoptères a été motivée par la crise du phylloxéra au lendemain de la Première Guerre mondiale qui a affamé l’Europe. Le doryphore est un parasite de la pomme de terre, l’Allemand est connu comme un mangeur de pommes de terre, le doryphore a détruit les cultures juste avant la guerre, et de là on passe à une assimilation entre des faits voisins dans le temps. Le souvenir était assez vivace pour que je l’entende encore dans les années 70.
La plupart de ces insultes sont vieillies et n’ont plus guère de sens en dehors de leur contexte historique. Le nazisme est passé par là et a rendu vaines ces représentations archaïques, primitives. Certes, il existe encore des campagnes où l’on entend encore parler des Boches, des Schleuhs, mais les personnes qui s’expriment ainsi discréditent totalement leur prétendue allégeance à l’esprit de la Résistance ou de l’humanisme.
2006-11-22 07:30:59
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answer #10
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answered by nafoute 2
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