Je ne pense pas que le problème doive être abordé sur le mode du "Pour ou contre untel ou tel autre".
La question que le cas Ségolène Royale pose à l'ensemble de la société française de mon point de vue, est très fondamentalement le pendant de celui que soulève le cas Nicolas Sarkozy.
Nous avons affaire à deux animaux politiques, apparatchiks jusqu'au bout des ongles, français dans ce que la société française à de plus conservateur à savoir, cette capacité à figer les réalités sociales et à empêcher l'émergence de nouveaux talents, à interdire l'oxygénation des débats par la consécration de trajectoires en dehors des appareils, des cercles d'amis, des réseaux d'influence.
Deux politicards de hauts vols, malins, à l'écoute des instituts de sondages et du petit monde bien pensant de la presse d'opinion à Paris, qui flattent les egos de tous avec leurs propositions démagogiques et se prétendent en RUPTURE.
D'un côté, Sarkozy, fils de bonne famille, s'affiche en rupture de tout. Ministre d'Etat, chef du partie ultra-majoritaire, il nous promet de s'affranchir (de quelles contraintes?) des derniers freins après 2007. On le voit surtout rapprocher l'action de l'Etat des thèses les plus vulgaires du Front National, avec les petites phrases sur les jeunes étrangers dans les banlieues, la polygamie, les profiteurs du système, les charges et les impôts trop lourds.
On la pressent la rupture, mais pourquoi ne nous annonce t'on pas clairement la fin de la France d'aujourd'hui et le triomphe d'une société inégalitaire à l'américaine. Ce serait plus classique comme discours, et plus en phase avec la volonté réelle du Monsieur.
De l'autre côté Ségolène, femme française, de très bonne famille, probablement élevée à l'école de la Légion. Ses partisans nous la présente comme l'oie blanche opposée aux méchants éléphants, la rénovatrice de la gauche, l'amie du peuple. Ils n'osent pas encore en faire trop sur son esthétique, son petit sourire taquin, mais on sent bien que son principal argument politique, c'est sa sensualité. Un beau produit.
Rien sur ses états de service alors que l'2ducation Nationale et ses piètres performances sont dénoncées par tous. Rien sur son parcours alors que la Dame, personnalité du Parti Socialiste depuis sa sortie des bancs de l'ENA, a pris part à tous les gouvernements socialistes de la 5ème République, bref, c'est un éléphant.
Alors parce qu'elle a soudain découvert une France (parce que le Poitou, je suis désolé de vous le dire, mais ce n’est pas vraiment la France d'aujourd'hui) et qu'elle a mis en place deux trains par semaine pour relier Bressuire au reste de la France, c'est devenu la passionaria de la France .... La France d'où d'ailleurs? La France de quelle réussite, de quel avenir, de quelles perspectives?
La France de ceux qui rêvent d'enfermer ces petits sauvageons des banlieues (de là-bas parce que des banlieues, il n'y en a pas dans le Poitou, il n'y a que des gens de biens) dans des établissements encadrés par des militaires (son père l'a si bien éduqué).
La France de la peur et de la pulsion La France des électeurs de Jean Marie et de Sarkozy, la France des hystériques et des jurys populaires.
La France perdante, la France immobile.
Je ne veux pas être un "pour" ou un "contre". Je suis citoyen, donc j'écoute et je tranche en fonction de ce que je crois reconnaître comme l'intérêt général. Cette notion qui échappe aux deux champions des sondages.
Je n'ai pas envie de disserter sur la couleur du tailleur de Madame Hollande où les activités estivales de Sarkozy (ni du prénom de son enfant illégitime, ni des compétences l'ayant conduit à faire de sa femme un agent appointé par l'Etat français).
Je ne pose pas de questions sur les capacités d'une femme à occuper les fonctions présidentielles.
Je cherche un projet de société, un cap à suivre, une morale proposée, une éthique, et je n'en trouve pas traces.
On veut me faire croire que les sondages sont le nouvel outil de vérité démocratique, que les partis ne se trompent jamais, que le partisan est libre de son choix.
Les institutions de la 5ème République, je le rappelle à ceux qui semblent l'ignorer, ont vu le jour pour mettre fin aux errements partisans et à la pression des «jurys" populaires et populistes. Magalie, malgré la sagacité du public et les commentaires des experts, à remporter le dernière Star Académie (alors que son talent aurait du l'en exclure). Ca à l'air de peu de choses, mais pour moi, ça démontre que la ménagère de 50 ans devant son écran, ou derrière sa revue, ne subit pas forcément une injustice anti-démocratique quand on ne s'arrête pas à son opinion pour déterminer les axes de la Politique générale du pays. Tout le monde ne peut pas être Calife. La complexité du monde suppose des compétences et une expertise pour être appréhendée. Le discours actuel sur la technocratie et sur la trahison des élites, énoncé par les élites elle même, révèle l'incompétence et le manque de courage de ces dernières. Ce sont nos politiques qui ne sont pas à la hauteur, nos politiques qui manquent d'imagination, de foi et de cœur, qui refuse de faire face à leur responsabilité et d'assumer leur échec. Esclaves des sondeurs et de l'opinion, je doute de leur capacité à poser des décisions tout simplement. Et à soulever les vraies questions.
Nous arrivons au jour où plus personne n'hésitent à souhaiter le retour de la "République des partis", de la clientèle, de la somme impossible des intérêts particuliers. A l'heure du communautarisme éclairé cher à Monsieur notre Ministre de l'Intérieur, de la reconnaissance de tous les droits sans devoirs prôner par Madame Royale.
A l'heure où le politique affirme que l'élite ne sert à rien, que nous sommes tous des experts (c'est énorme quand même de la part d'une ancienne Ministre de l'Education), que les institutions républicaines trahissent le peuple, mais prétend dans le même temps rétablir l'autorité de l'Etat et de la famille et les vertus du Travail, de l'apprentissage.
A l'heure de tous les mensonges et de la Grande collusion des moins exposés. A l'heure où les seuls qui parlent sont les enfants de certains (fils de Ministres, de députés, de candidats) et prétendent parler au non de ceux d'en bas. A l'heure où les vigies (journalistes, intellectuels) ne représentent plus que leur castes et leur névroses et ont abandonné la mission d'éducation et d'explicitation des enjeux à la Nation.
Ni elle, ni lui. Ni pour, ni contre. En recherche du vrai, du courage, de la vision.
2006-11-06 21:14:21
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answer #5
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answered by gigibua 1
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