La philosophie présocratique
Dans sa tentative pour retrouver l'origine des choses et esquisser un ordre de l'univers, Hésiode est le précurseur de la science et de la philosophie grecques. Au VI e siècle av. J.-C., Thalès de Milet, en Ionie, est le premier philosophe grec à poser le problème de l'Un et du Multiple. Quelle est l'archê, l'élément premier qui est derrière les multiples apparences fluctuantes (les «phénomènes») que nous appréhendons par nos sens? Les réponses de l'école de Milet sont d'ordre matérialiste: pour Thalès, en effet, cet élément est «l'eau» ; pour son disciple Anaximandre, c'est «l'infini» (une substance indéterminée qui, par le jeu des contraires, devient le monde tel que nous le connaissons); pour Anaximène, disciple d'Anaximandre, c'est «l'air». Entre-temps, dans le sud de l'Italie, Pythagore et ses disciples répondent: «aucune substance matérielle, mais des nombres et des relations entre les nombres». Vers 500 av. J.-C., à Ephèse (en Ionie), Héraclite cherche apparemment un compromis en expliquant que l'élément primordial est le feu, mais que derrière cela se trouve un principe rationnel, le «logos», qui est présent dans chaque âme humaine.
La notion de feu héraclitéen souligne le caractère constamment changeant du monde phénoménal. Pour l'école éléatique, au V e siècle av. J.-C., représentée par Parménide et par Zénon, ce monde des phénomènes n'est pas réel; ce n'est qu'un monde d'apparences. Les Eléates parlent de l'être et du non-être, mais ils ne font pas toujours la distinction, semble-t-il, entre deux modes de «non-être» : «ne pas être la chose en question» (c'est-à-dire «être différent») et «ne pas exister». Certains de leurs contemporains développent le matérialisme de l'école de Milet dans le sens d'une pluralité des principes premiers: Empédocle en postule quatre - le feu, l'air, la terre et l'eau - tandis que Leucippe et Démocrite expliquent que les objets sensibles sont des combinaisons de particules invisibles appelées atomes, terme qui signifie «indivisible».
L'idée se répand toutefois que la phusis, ou la «nature», c'est-à-dire la somme totale des choses connues par l'expérience sensorielle, ne représente peut-être pas toute la réalité. Vers le milieu du V e siècle, Anaxagore postule la notion «d'esprit» noûs comme principe ultime. Et l'on commence à opposer la phusis telle qu'elle se manifeste chez l'homme - c'est-à-dire la nature humaine - et le nomos, qui désigne la loi, la coutume, la convention.
A la fin du V e siècle, les sophistes, dénomination qui à l'origine ne comportait pas de nuance péjorative, vont discuter à l'infini de toutes ces questions et devenir, sous leur forme extrême, des sceptiques ratiocineurs, adeptes d'un relativisme moral, qui - intellectuels de métier - professent un opportunisme soutenu par une éloquence superficielle. Peut-être faut-il toutefois distinguer du lot des sophistes comme Protagoras, pour qui «l'homme est la mesure de toute chose», et Gorgias, le fondateur de la rhétorique
2006-10-13 11:29:13
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answer #3
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answered by Anonymous
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