Salut, Salam, Shalom
Vous avez le salut du Corsaire pacifique et pacifiant.
Comme j'en ai marre de lire à longueur de journée des questions provocatrices émanant de gens qui cherchent la bagarre sur ce site, j'ai décidé de jouer les justiciers à la mode corsaire. Je vais vous empoisonner les réponses avec de la poésie.
Salut les Chrétiens intégristes, vous nous avez bien fait rire avec l'Inquisition, les Guerres de Religion, les pogroms, les ghettos, les bombes dans les cinémas, les soutanes, les interventions dans les cliniques contre les avortements, le péché et l'absolution, etc.
Salam les Musulmans bigots, vous nous avez bien fait rigoler avec le sourire berbère, les massacres de Chrétiens et de Juifs, l'exécution des athées, la lapidation des femmes, le voile et les coups de bâton, l'homophobie, les explosions de métros, les décapitations, les constantes menaces d'enfer, etc.
Shalom les Juifs religieux, qui avez tant souffert et qui n'êtes hélas pas sans défaut, vous qui nous faites bien marrer avec vos superstitieux et vos prophètes, avec vos extrême-droitiers assassins, avec vos nationalistes bornés, avec vos bombes comme celles des autres balancées sur les civils.
Salut à vous tous les croyants qui voudriez que tout le monde soit crédule, que tout le monde pense comme vous que Dieu a fait le monde avec les guerres, les haines et l'ignorance.
Vous avez tous le salut d'un corsaire qui refuse d'être envahi par vos idées fratricides et barbares, qui préfère la paix tranquille des philosophes de comptoir, qui préfère ceux qui refont le monde poétiquement plutôt qu'à coups de fusils.
J'ai décidé de vous embêter, de vous couper la parole, de vous empêcher d'abrutir les gosses des cités et les gosses des beaux quartiers, de vous empêcher de dresser les hommes les uns contres autres.
À bas la calotte, le burnous, le voile et la kipa.
À bas les intégristes de tous poils !
Vive la liberté de penser et de croire à ce qu'on veut ! Vive les poètes.
Signé : FLIBUST, le corsaire pacifique et pacifiant
Et en avant les poètes :
Aujourd'hui Louise Labé (1525-1566), une Lyonnaise comme moi, et Rimbaud (fin 19e)le plus beau
Les femmes n'ont pas la cote chez les intégristes.
Mais nous, les corsaires, on les adore, que ce soit les jeunes filles en fleur, les mamans attendrissantes, les femmes mûres comme le blé en été, et même les vieilles dames qui roucoulent en regardant Derrick à la télé.
On les aime égales, libres et heureuses, ni putes ni soumises à qui que ce soit.
S o n n e t s
Sonnet I Non havria Ulysse o qualunqu'altro mai
Sonnet II O beaus yeus bruns, ô regars destournez
Sonnet III O longs désirs, ô esperances vaines
Sonnet IV Depuis qu'Amour cruel empoisonna
Sonnet V Clere Venus, qui erres par les Cieus
Sonnet VI Deus ou trois fois bienheureus le retour
Sonnet VII On voit mourir toute chose animee
Sonnet VIII Je vis, je meurs: je me brule et me noye.
Sonnet IX Tout aussi tot que je commence à prendre
Sonnet X Quand j'aperçoy ton blond chef couronné
Sonnet XI O dous regars, ô yeus pleins de beauté
Sonnet XII Lut,compagnon de ma calamité
Sonnet XIII Oh si j'estois en ce beau sein ravie
Sonnet XIV Tant que mes yeux pourront larmes espandre
Sonnet XV Pour le retour du Soleil honorer
Sonnet XVI Apres qu'un tems la gresle et le tonnerre
Sonnet XVII Je fuis la vile, et temples, et tous lieus
Sonnet XVIII Baise m'encor, rebaise moy et baise
Sonnet XIX Diane estant en l'espesseur d'un bois
Sonnet XX Predit me fut, que devoit fermement
Sonnet XXI Quelle grandeur rend l'homme venerable?
Sonnet XXII Luisant Soleil, que tu es bien heureus
Sonnet XXIII Las! que me sert, que si parfaitement
Sonnet XXIV Ne reprenez, Dames, si j'ay aymé
Sonnet de la belle cordière
I
Non havria Ulysse o qualunqu'altro mai
Più accorto fù, da quel divino aspetto
Pien di gratie, d'honor et di rispetto
Sperato qual i' sento affani e guai.
Pur, Amor, coi begli ochi tu fatt'hai
Tal piaga dentro al mio innocente petto,
Di cibo et di calor gia tuo ricetto,
Che rimedio non v'è si tu no'l dai.
O sorte dura, che mi fa esser quale
Punta d'un Scorpio, e domandar riparo,
Contr'el velen' dall'istesso animale.
Chieggio li sol' ancida questa noia,
Non estingua el desir à me si caro,
Che mancar non potra ch'i' non mi muoia
II
O beaus yeus bruns, ô regars destournez,
O chaus soupirs, ô larmes espandues,
O noires nuits vainement atendues,
O jours luisans vainement retournez :
O tristes pleins, ô desirs obstinez,
O tems perdu, ô peines despendues,
O mile morts en mile rets tendues,
O pires maus contre moy destinez.
O ris, ô front, cheveus, bras, mains et doits :
O lut pleintif, viole, archet et vois :
Tant de flambeaus pour ardre une femmelle!
De toy me plein, que tant de feus portant,
En tant d'endrois d'iceus mon coeur tatant,
N'en est sur toy volé quelque estincelle.
III
O longs désirs, ô esperances vaines,
Tristes soupirs et larmes coutumieres
A engendrer de moy maintes rivieres,
Dont mes deus yeus sont sources et fontaines :
O cruautez, ô durtez inhumaines,
Piteus regars des celestes lumieres :
Du coeur transi ô passions premieres,
Estimez vous croitre encore mes peines?
Qu'encor Amour sur moy son arc essaie,
Que nouveaus feus me gette et nouveaus dars :
Qu'il se despite, et pis qu'il pourra face :
Car je suis tant navree en toutes pars,
Que plus en moy une nouvelle plaie,
Pour m'empirer ne pourroit trouver place.
IV
Depuis qu'Amour cruel empoisonna
Premierement de son feu ma poitrine,
Tousjours brulay de sa fureur divine,
Qui un seul jour mon coeur n'abandonna.
Quelque travail, dont assez me donna,
Quelque menasse et procheine ruïne :
Quelque penser de mort qui tout termine,
De rien mon coeur ardent ne s'estonna.
Tant plus qu'Amour nous vient fort assaillir,
Plus il nous fait nos forces recueillir,
Et toujours frais en ses combats fait estre
Mais ce n'est pas qu'en rien nous favorise,
Cil qui les Dieus et les hommes mesprise :
Mais pour plus fort contre les fors paroitre.
V
Clere Venus, qui erres par les Cieus,
Entens ma voix qui en pleins chantera,
Tant que ta face au haut du Ciel luira,
Son long travail et souci ennuieus.
Mon oeil veillant s'atendrira bien mieus,
Et plus de pleurs te voyant gettera.
Mieus mon lit mol de larmes baignera,
De ses travaus voyant témoins tes yeus.
Donq des humains sont les lassez esprits
De dous repos et de sommeil espris.
J'endure mal tant que le Soleil luit:
Et quand je suis quasi toute cassee,
Et que me suis mise en mon lit lassee,
Crier me faut mon mal toute la nuit.
VI
Deus ou trois fois bienheureus le retour
De ce cler Astre, et plus heureus encore
Ce que son oeil de regarder honore.
Que celle là recevroit un bon jour,
Qu'elle pourroit se vanter d'un bon tour
Qui baiseroit le plus beau don de Flore,
Le mieus sentant que jamais vid Aurore,
Et y feroit sur ses levres sejour :
C'est à moy seule à qui ce bien est du,
Pour tant de pleurs et tant de tems perdu :
Mais le voyant, tant lui feray de feste,
Tant emploiray de mes yeus le pouvoir,
Pour dessus lui plus de credit avoir,
Qu'en peu de tems feray grande conqueste.
VII
On voit mourir toute chose animee,
Lors que du corps l'ame sutile part :
Je suis le corps, toy la meilleure part :
Où es tu donq, ô ame bien aymee?
Ne me laissez par si long tems pàmee,
Pour me sauver apres viendrois trop tard.
Las, ne mets point ton corps en ce hazart :
Rens lui sa part et moitié estimee.
Mais fais, Ami, que ne soit dangereuse
Cette rencontre et revuë amoureuse,
L'acompagnant, non de severité,
Non de rigueur : mais de grace amiable,
Qui doucement me rende ta beauté,
Jadis cruelle, à present favorable.
VIII
Je vis, je meurs : je me brule et me noye.
J'ay chaut estreme en endurant froidure :
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ay grans ennuis entremeslez de joye :
Tout à un coup je ris et je larmoye,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure :
Mon bien s'en va, et à jamais il dure :
Tout en un coup je seiche et je verdoye.
Ainsi Amour inconstamment me meine :
Et quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me treuve hors de peine.
Puis quand je croy ma joye estre certeine,
Et estre au haut de mon desiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.
IX
Tout aussi tot que je commence à prendre
Dens le mol lit le repos desiré,
Mon triste esprit hors de moy retiré
S'en va vers toy incontinent se rendre.
Lors m'est avis que dedens mon sein tendre
Je tiens le bien, où j'ay tant aspiré,
Et pour lequel j'ay si haut souspiré,
Que de sanglots ay souvent cuidé fendre
O dous sommeil, o nuit à moy heureuse!
Plaisant repos, plein de tranquilité,
Continuez toutes les nuiz mon songe:
Et si jamais ma povre arne amoureuse
Ne doit avoir de bien en verité,
Faites au moins qu'elle en ait en mensonge
X
Quand j'aperçoy ton blond chef couronné
D'un laurier verd, faire un Lut si bien pleindre,
Que tu pourrois à te suivre contreindre
Arbres et rocs : quand je te vois orné,
Et de vertus dix mile environné,
Au chef d'honneur plus haut que nul ateindre,
Et des plus hauts les louenges esteindre :
Lors dit mon coeur en soy passionné :
Tant de vertus qui te font estre aymé,
Qui de chacun te font estre estimé,
Ne te pourroient aussi bien faire aymer?
Et ajoutant à ta vertu louable
Ce nom encor de m'estre pitoyable,
De mon amour doucement t'enflamer?
XI
O dous regars, ô yeus pleins de beauté,
Petits jardins, pleins de fleurs amoureuses
Où sont d'Amour les flesches dangereuses,
Tant à vous voir mon oeil s'est arresté !
O coeur felon, o rude cruauté,
Tant tu me tiens de façons rigoureuses,
Tant j'ay coulé de larmes langoureuses,
Sentant l'ardeur de mon coeur tourmenté !
Donques, mes yeus, tant de plaisir avez,
Tant de bons tours par ses yeus recevez :
Mais toy, mon coeur, plus les vois s'y complaire,
Plus tu languiz, plus en as de soucis,
Or devinez si je suis aise aussi,
Sentant mon oeil estre à mon coeur contraire.
XII
Lut,compagnon de ma calamité,
De mes soupirstémoin irreprochable,
De mes ennuis controlleur veritable,
Tu as souvent avec moy lamenté :
Et tant le pleur piteus t'a molesté,
Que commençant quelque son delectable,
Tu le rendois tout soudein lamentable,
Feignant le ton que plein avoit chanté.
Et si te veus efforcer au contraire,
Tu te destens et si me contreins taire :
Mais me voyant tendrement soupirer,
Donnant faveur à ma tant triste pleinte :
En mes ennuis me plaire suis contreinte,
Et d'un dous mal douce fin esperer.
XIII
Oh si j'estois en ce beau sein ravie
De celui là pour lequel vois mourant :
Si avec lui vivre le demeurant
De mes cours jours ne m'empeschoit envie :
Si m'acollant me disoit : chere Amie,
Contentons nous l'un l'autre, s'asseurant
Que ja tempeste, Euripe, ne Courant
Ne nous pourra desjoindre en notre vie :
Si de mes bras le tenant acollé,
Comme du Lierre est l'arbre encercelé,
La mort venoit, de mon aise envieuse :
Lors que souef plus il me baiseroit,
Et mon esprit sur ses levres fuiroit,
Bien je mourrois, plus que vivante, heureuse.
XIV
Tant que mes yeux pourront larmes espandre,
A I'heur passé avec toy regretter :
Et qu'aus sanglots et soupirs resister
Pourra ma voix, et un peu faire entendre :
Tant que ma main pourra les cordes tendre
Du mignart Lut, pour tes graces chanter :
Tant que l'esprit se voudra contenter
De ne vouloir rien fors que toy comprendre :
Je ne souhaitte encore point mourir.
Mais quand mes yeus je sentiray tarir,
Ma voix cassee, et ma main impuissante,
Et mon esprit en ce mortel sejour
Ne pouvant plus montrer signe d'amante :
Prirey la Mort noircir mon plus cler jour.
XV
Pour le retour du Soleil honorer,
Le Zephir, l'air serein lui apareille :
Et du sommeil l'eau et la terre esveille,
Qui les gardoit l'une de murmurer,
En dous coulant, I'autre de se parer
De mainte fleur de couleur nompareille.
Ja les oiseaus es arbres font merveille,
Et aus passans font l'ennui moderer :
Les Nynfes ja en mile jeus s'esbatent
Au cler de Lune, et dansans l'herbe abatent :
Veus tu Zephir de ton heur me donner,
Et que par toy toute me renouvelle?
Fay mon Soleil devers moy retourner,
Et tu verras s'il ne me rend plus belle.
XVI
Apres qu'un tems la gresle et le tonnerre
Ont le haut mont de Caucase batu,
Le beau jour vient, de lueur revétu.
Quand Phebus ha son cerne fait en terre,
Et l'Ocean il regaigne à grand erre :
Sa soeur se montre avec son chef pointu.
Quand quelque tems le Parthe ha combatu,
Il prent la fuite et son arc il desserre.
Un tems t'ay vù et consolé pleintif,
Et defiant de mon feu peu hatif :
Mais maintenant que tu m'as embrasee,
Et suis au point auquel tu me voulois:
Tu as ta flame en quelque eau arrosee,
Et es plus froit qu'estre je ne soulois.
XVII
Je fuis la vile, et temples, et tous lieus,
Esquels prenant plaisir à t'ouir pleindre,
Tu peus, et non sans force, me contreindre
De te donner ce qu'estimois le mieus.
Masques, tournois, jeus me sont ennuieus,
Et rien sans toy de beau ne me puis peindre :
Tant que tachant à ce desir esteindre,
Et un nouvel objet faire à mes yeus,
Et des pensers amoureus me distraire,
Des bois espais sui le plus solitaire :
Mais j'aperçoy, ayant erré maint tour,
Que si je veus de toi estre delivre,
Il me convient hors de moymesme vivre,
Ou fais encor que loin sois en sejour.
XVIII
Baise m'encor, rebaise moy et baise :
Donne m'en un de tes plus savoureus,
Donne m'en un de tes plus amoureus :
Je t'en rendray quatre plus chaus que braise.
Las, te pleins tu ? ça que ce mal j'apaise,
En t'en donnant dix autres doucereus.
Ainsi meslans nos baisers tant heureus
Jouissons nous l'un de I'autre à notre aise.
Lors double vie à chacun en suivra.
Chacun en soy et son ami vivra.
Permets m'Amour penser quelque folie :
Tousjours suis mal, vivant discrettement,
Et ne me puis donner contentement,
Si hors de moy ne fay quelque saillie.
XIX
Diane estant en l'espesseur d'un bois,
Apres avoir mainte beste assenee,
Prenoit le frais, de Nynfes couronnee :
J'allois resvant comme fay maintefois,
Sans y penser : quand j'ouy une vois,
Qui m'apela, disant, Nynfe estonnee,
Que ne t'es tu vers Diane tournee?
Et me voyant sans arc et sans carquois,
Qu'as tu trouvé, o compagne, en ta voye,
Qui de ton arc et flesches ait fait proye?
Je m'animay, respons je, à un passant,
Et lui getay en vain toutes mes flesches
Et l'arc apres : mais lui les ramassant
Et les tirant me fit cent et cent bresches.
XX
Predit me fut, que devoit fermement
Un jour aymer celui dont la figure
Me fut descrite : et sans autre peinture
Le reconnu quand vy premierement :
Puis le voyant aymer fatalement,
Pitié je pris de sa triste aventure :
Et tellement je forçay ma nature,
Qu'autant que lui aymay ardentement.
Qui n'ust pensé qu'en faveur devoit croitre
Ce que le Ciel et destins firent naitre?
Mais quand je voy si nubileus aprets,
Vents si cruels et tant horrible orage :
Je croy qu'estoient les infernaus arrets,
Qui de si loin m'ourdissoient ce naufrage.
XXI
Quelle grandeur rend l'homme venerable?
Quelle grosseur? quel poil? quelle couleur?
Qui est des yeus le plus emmieleur?
Qui fait plus tot une playe incurable?
Quel chant est plus à l'homme convenable?
Qui plus penetre en chantant sa douleur?
Qui un dous lut fait encore meilleur?
Quel naturel est le plus amiable?
Je ne voudrois le dire assurément,
Ayant Amour forcé mon jugement :
Mais je say bien et de tant je m'assure,
Que tout le beau que l'on pourroit choisir,
Et que tout l'art qui ayde la Nature,
Ne me sauroient acroitre mon desire.
XXII
Luisant Soleil, que tu es bien heureus,
De voir toujours de t'Amie la face :
Et toy, sa soeur, qu'Endimion embrasse,
Tant te repais de miel amoureus.
Mars voit Venus : Mercure aventureus
De Ciel en Ciel, de lieu en lieu se glasse :
Et Jupiter remarque en mainte place
Ses premiers ans plus gays et chaleureus.
Voilà du Ciel la puissante harmonie,
Qui les esprits divins ensemble lie :
Mais s'ils avoient ce qu'ils ayment lointein,
Leur harmonie et ordre irrevocable
Se tourneroit en erreur variable,
Et comme moy travailleroient en vain.
XXIII
Las! que me sert, que si parfaitement
Louas jadis et ma tresse doree,
Et de mes yeus la beauté comparee
A deus soleils, dont Amour finement
Tira les trets causes de ton tourment?
Où estes vous, pleurs de peu de duree?
Et Mort par qui devoit estre honoree
Ta ferme amour et iteré serment?
Donques c'estoit le but de ta malice
De m'asservir sous ombre de service?
Pardonne moy, Ami, à cette fois,
Estant outree et de despit et d'ire :
Mais je m'assure, quelque part que tu sois,
Qu'autant que moy tu soufres de martire.
XXIV
Ne reprenez, Dames, si j'ay aymé :
Si j'ay senti mile torches ardentes,
Mile travaus, mile douleurs mordentes :
Si en pleurant, j'ay mon tems consumé,
Las que mon nom n'en soit par vous blamé.
Si j'ay failli, les peines sont presentes,
N'aigrissez point leurs pointes violentes :
Mais estimez qu'Amour, à point nommé,
Sans votre ardeur d'un Vulcan excuser,
Sans la beauté d'Adonis acuser,
Pourra, s'il veut, plus vous rendre amoureuses :
En ayant moins que moy d'occasion,
Et plus d'estrange et forte passion.
Et gardez vous d'estre plus malheureuses.
FIN DES EUVRES DE
LOVÏSE LABÉ LIONNOIZE.
Sonnet de la Belle Cordière
(attribué à Louise Labé)
Las ! cettui jour, pourquoi l'ai-je dû voir,
Puisque ses yeux allaient ardre mon âme ?
Doncques, Amour, faut-il que par ta flamme
Soit transmué notre heur en désespoir !
Si on savait d'aventure prévoir
Ce que vient lors, plaints, poinctures et blâmes ;
Si fraîche fleur évanouir son bâme
Et que tel jour fait éclore tel soir ;
Si on savait la fatale puissance,
Que vite aurais échappé sa présence !
Sans tarder plus, que vite l'aurais fui !
Las, Las ! que dis-je ? O si pouvait renaître
Ce jour tant doux où je le vis paraître,
Oisel léger, comme j'irais à lui !
Vous aimez les poètes maudits ?
Voici venu Rimbaud le magnifique, éclateur de mots et agitateur d'émotions.
Il a connu la galère et la misère, mais aussi l'extase et l'aventure.
Tremblez, les fondamentalistes, il a raconté une "Saison en enfer" dont les puritains obscurantistes ne peuvent pas revenir.
Jadis, si je me souviens bien. . .
« JADIS, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient.
Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux. - Et je l'ai trouvée amère. - Et je l'ai injuriée.
Je me suis armé contre la justice.
Je me suis enfui. O sorcières, ô misère, ô haine, c'est à vous que mon trésor a été confié!
Je parvins à faire s'évanouir dans mon esprit toute l'espérance humaine. Sur toute joie pour l'étrangler j'ai fait le bond sourd de la bête féroce.
J'ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J'ai appelé les fléaux, pour m'étouffer avec le sable, le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie.
Et le printemps m'a apporté l'affreux rire de l'idiot.
Or, tout dernièrement m'étant trouvé sur le point de faire le dernier couac! j'ai songé à rechercher la clef du festin ancien, où je reprendrais peut-être appétit.
La charité est cette clef. - Cette inspiration prouve que j'ai rêvé!
«Tu resteras hyène, etc. . .,» se récrie le démon qui me couronna de si aimables pavots. «Gagne la mort avec tous tes appétits, et ton égoïsme et tous les péchés capitaux.»
Ah! j'en ai trop pris: - Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée! et en attendant les quelques petites lâchetés en retard, vous qui aimez dans l'écrivain l'absence des facultés descriptives ou instructives, je vous détache ces quelques hideux feuillets de mon carnet de damné.
Mauvais sang
J'AI de mes ancêtres gaulois l'œil bleu blanc, la cervelle étroite, et la maladresse dans la lutte. Je trouve mon habillement aussi barbare que le leur. Mais je ne beurre pas ma chevelure.
Les Gaulois étaient les écorcheurs de bêtes, les brûleurs d'herbes les plus ineptes de leur temps.
D'eux, j'ai: l'idolâtrie et l'amour du sacrilège; - oh! tous les vices, colère, luxure, - magnifique, la luxure; - surtout mensonge et paresse.
J'ai horreur de tous les métiers. Maîtres et ouvriers, tous paysans, ignobles. La main à plume vaut la main à charrue. - Quel siècle à mains! - Je n'aurai jamais ma main. Après, la domesticité même trop loin. L'honnêteté de la mendicité me navre. Les criminels dégoûtent comme des châtrés: moi, je suis intact, et ça m'est égal.
Mais! qui a fait ma langue perfide tellement, qu'elle ait guidé et sauvegardé jusqu'ici ma paresse? Sans me servir pour vivre même de mon corps, et plus oisif que le crapaud, j'ai vécu partout. Pas une famille d'Europe que je ne connaisse. - J'entends des familles comme la mienne, qui tiennent tout de la déclaration des Droits de l'Homme. - J'ai connu chaque fils de famille!
Si j'avais des antécédents à un point quelconque de l'histoire de France!
Mais non, rien.
Il m'est bien évident que j'ai toujours été race inférieure. Je ne puis comprendre la révolte. Ma race ne se souleva jamais que pour piller: tels les loups à la bête qu'ils n'ont pas tuée.
Je me rappelle l'histoire de la France fille aînée de l'Église. J'aurais fait, manant, le voyage de terre sainte; j'ai dans la tête des routes dans les plaines souabes, des vues de Byzance, des remparts de Solyme; le culte de Marie, l'attendrissement sur le crucifié s'éveillent en moi parmi mille féeries profanes. - Je suis assis, lépreux, sur les pots cassés et les orties, au pied d'un mur rongé par le soleil. - Plus tard, reître, j'aurais bivaqué sous les nuits d'Allemagne.
Ah! encore: je danse le sabbat dans une rouge clairière, avec des vieilles et des enfants.
Je ne me souviens pas plus loin que cette terre-ci et le christianisme. Je n'en finirais pas de me revoir dans ce passé. Mais toujours seul; sans famille; même, quelle langue parlais-je? Je ne me vois jamais dans les conseils du Christ; ni dans les conseils des Seigneurs, - représentants du Christ.
Qu'étais-je au siècle dernier: je ne me retrouve qu'aujourd'hui. Plus de vagabonds, plus de guerres vagues. La race inférieure a tout couvert - le peuple, comme on dit, la raison; la nation et la science.
Oh! la science! On a tout repris. Pour le corps et pour l'âme, - le viatique, - on a la médecine et la philosophie, - les remèdes de bonnes femmes et les chansons populaires arrangés. Et les divertissements des princes et les jeux qu'ils interdisaient! Géographie, cosmographie, mécanique, chimie!. . .
La science, la nouvelle noblesse! Le progrès. Le monde marche! Pourquoi ne tournerait-il pas?
C'est la vision des nombres. Nous allons à l'Esprit. C'est très-certain, c'est oracle, ce que je dis. Je comprends, et ne sachant m'expliquer sans paroles païennes, je voudrais me taire.
Le sang païen revient! L'Esprit est proche, pourquoi Christ ne m'aide-t-il pas, en donnant à mon âme noblesse et liberté. Hélas! l'Évangile a passé! l'Évangile! l'Évangile.
J'attends Dieu avec gourmandise. Je suis de race inférieure de toute éternité.
Me voici sur la plage armoricaine. Que les villes s'allument dans le soir. Ma journée est faite; je quitte l'Europe. L'air marin brûlera mes poumons; les climats perdus me tanneront. Nager, broyer l'herbe, chasser, fumer surtout; boire des liqueurs fortes comme du métal bouillant, - comme faisaient ces chers ancêtres autour des feux.
Je reviendrai, avec des membres de fer, la peau sombre, l'œil furieux: sur mon masque, on me jugera d'une race forte. J'aurai de l'or: je serai oisif et brutal. Les femmes soignent ces féroces infirmes retour des pays chauds. Je serai mêlé aux affaires politiques. Sauvé.
Maintenant je suis maudit, j'ai horreur de la patrie. Le meilleur, c'est un sommeil bien ivre, sur la grève.
On ne part pas. - Reprenons les chemins d'ici, chargé de mon vice, le vice qui a poussé ses racines de souffrance à mon côté, dès l'âge de raison - qui monte au ciel, me bat, me renverse, me traîne.
La dernière innocence et la dernière timidité. C'est dit. Ne pas porter au monde mes dégoûts et mes trahisons.
Allons! La marche, le fardeau, le désert, l'ennui et la colère.
A qui me louer? Quelle bête faut-il adorer? Quelle sainte image attaque-t-on? Quels cœurs briserai-je? Quel mensonge dois-je tenir? - Dans quel sang marcher?
Plutôt, se garder de la justice. - La vie dure, l'abrutissement simple, - soulever, le poing desséché, le couvercle du cercueil, s'asseoir, s'étouffer. Ainsi point de vieillesse, ni de dangers: la terreur n'est pas française.
- Ah! je suis tellement délaissé que j'offre à n'importe quelle divine image des élans vers la perfection.
O mon abnégation, ô ma charité merveilleuse! ici-bas, pourtant!
De profundis Domine, suis-je bête!
Encore tout enfant, j'admirais le forçat intraitable sur qui se referme toujours le bagne; je visitais les auberges et les garnis qu'il aurait sacrés par son séjour; je voyais avec son idée le ciel bleu et le travail fleuri de la campagne; je flairais sa fatalité dans les villes. Il avait plus de force qu'un saint, plus de bon sens qu'un voyageur - et lui, lui seul! pour témoin de sa gloire et de sa raison.
Sur les routes, par des nuits d'hiver, sans gîte, sans habits, sans pain, une voix étreignait mon cœur gelé: «Faiblesse ou force: te voilà, c'est la force. Tu ne sais ni où tu vas ni pourquoi tu vas, entre partout, réponds à tout. On ne te tuera pas plus que si tu étais cadavre.» Au matin j'avais le regard si perdu et la contenance si morte, que ceux que j'ai rencontrés ne m'ont peut-être pas vu.
Dans les villes la boue m'apparaissait soudainement rouge et noire, comme une glace quand la lampe circule dans la chambre voisine, comme un trésor dans la forêt! Bonne chance, criais-je, et je voyais une mer de flammes et de fumée au ciel; et, à gauche, à droite, toutes les richesses flambant comme un milliard de tonnerres.
Mais l'orgie et la camaraderie des femmes m'étaient interdites. Pas même un compagnon. Je me voyais devant une foule exaspérée, en face du peloton d'exécution, pleurant du malheur qu'ils n'aient pu comprendre, et pardonnant! - Comme Jeanne d'Arc! - «Prêtres, professeurs, maîtres, vous vous trompez en me livrant à la justice. Je n'ai jamais été de ce peuple-ci; je n'ai jamais été chrétien; je suis de la race qui chantait dans le supplice; je ne comprends pas les lois; je n'ai pas le sens moral, je suis une brute: vous vous trompez. . .»
Oui, j'ai les yeux fermés à votre lumière. Je suis une bête, un nègre. Mais je puis être sauvé. Vous êtes de faux nègres, vous maniaques, féroces, avares. Marchand, tu es nègre; magistrat, tu es nègre; général, tu es nègre; empereur, vieille démangeaison, tu es nègre: tu as bu d'une liqueur non taxée, de la fabrique de Satan. - Ce peuple est inspiré par la fièvre et le cancer. Infirmes et vieillards sont tellement respectables qu'ils demandent à être bouillis. - Le plus malin est de quitter ce continent, où la folie rôde pour pourvoir d'otages ces misérables. J'entre au vrai royaume des enfants de Cham.
Connais-je encore la nature? me connais-je? - Plus de mots. J'ensevelis les morts dans mon ventre. Cris, tambour, danse, danse, danse, danse! Je ne vois même pas l'heure où, les blancs débarquant, je tomberai au néant.
Faim, soif, cris, danse, danse, danse, danse!
Les blancs débarquent. Le canon! Il faut se soumettre au baptême, s'habiller, travailler.
J'ai reçu au cœur le coup de la grâce. Ah! je ne l'avais pas prévu!
Je n'ai point fait le mal. Les jours vont m'être légers, le repentir me sera épargné. Je n'aurai pas eu les tourments de l'âme presque morte au bien, où remonte la lumière sévère comme les cierges funéraires. Le sort du fils de famille, cercueil prématuré couvert de limpides larmes. Sans doute la débauche est bête, le vice est bête; il faut jeter la pourriture à l'écart. Mais l'horloge ne sera pas arrivée à ne plus sonner que l'heure de la pure douleur! Vais-je être enlevé comme un enfant, pour jouer au paradis dans l'oubli de tout le malheur!
Vite! est-il d'autres vies? - Le sommeil dans la richesse est impossible. La richesse a toujours été bien public. L'amour divin seul octroie les clefs de la science. Je vois que la nature n'est qu'un spectacle de bonté. Adieu chimères, idéals, erreurs.
Le chant raisonnable des anges s'élève du navire sauveur: c'est l'amour divin. - Deux amours! je puis mourir de l'amour terrestre, mourir de dévouement. J'ai laissé des âmes dont la peine s'accroîtra de mon départ! Vous me choisissez parmi les naufragés, ceux qui restent sont-ils pas mes amis?
Sauvez-les!
La raison m'est née. Le monde est bon. Je bénirai la vie. J'aimerai mes frères. Ce ne sont plus des promesses d'enfance. Ni l'espoir d'échapper à la vieillesse et à la mort. Dieu fait ma force, et je loue Dieu.
L'ennui n'est plus mon amour. Les rages, les débauches, la folie, dont je sais tous les élans et les désastres, - tout mon fardeau est déposé. Apprécions sans vertige l'étendue de mon innocence.
Je ne serais plus capable de demander le réconfort d'une bastonnade. Je ne me crois pas embarqué pour une noce avec Jésus-Christ pour beau-père.
Je ne suis pas prisonnier de ma raison. J'ai dit: Dieu. Je veux la liberté dans le salut: comment la poursuivre? Les goûts frivoles m'ont quitté. Plus besoin de dévouement ni d'amour divin. Je ne regrette pas le siècle des cœurs sensibles. Chacun a sa raison, mépris et charité: je retiens ma place au sommet de cette angélique échelle de bon sens.
Quant au bonheur établi, domestique ou non. . . non, je ne peux pas. Je suis trop dissipé, trop faible. La vie fleurit par le travail, vieille vérité: moi, ma vie n'est pas assez pesante, elle s'envole et flotte loin au-dessus de l'action, ce cher point du monde.
Comme je deviens vieille fille, à manquer du courage d'aimer la mort!
Si Dieu m'accordait le calme céleste, aérien, la prière, - comme les anciens saints. - Les saints! des forts! les anachorètes, des artistes comme il n'en faut plus!
Farce continuelle! Mon innocence me ferait pleurer. La vie est la farce à mener par tous.
Assez! voici la punition. - En marche!
Ah! les poumons brûlent, les tempes grondent! la nuit roule dans mes yeux, par ce soleil! le cœur. . . les membres. . .
Où va-t-on? au combat? Je suis faible! les autres avancent. Les outils, les armes. . . le temps!. . .
Feu! feu sur moi! Là! ou je me rends. - Lâches! - Je me tue! Je me jette aux pieds des chevaux!
Ah!. . .
- Je m'y habituerai.
Ce serait la vie française, le sentier de l'honneur!
Nuit de l'enfer
J'AI avalé une fameuse gorgée de poison. - Trois fois béni soit le conseil qui m'est arrivé! - Les entrailles me brûlent. La violence du venin tord mes membres, me rend difforme, me terrasse. Je meurs de soif, j'étouffe, je ne puis crier. C'est l'enfer, l'éternelle peine! Voyez comme le feu se relève! Je brûle comme il faut. Va, démon!
J'avais entrevu la conversion au bien et au bonheur, le salut. Puis-je décrire la vision, l'air de l'enfer ne souffre pas les hymnes! C'était des millions de créatures charmantes, un suave concert spirituel, la force et la paix, les nobles ambitions, que sais-je?
Les nobles ambitions!
Et c'est encore la vie! - Si la damnation est éternelle! Un homme qui veut se mutiler est bien damné, n'est-ce pas? Je me crois en enfer, donc j'y suis. C'est l'exécution du catéchisme. Je suis esclave de mon baptême. Parents, vous avez fait mon malheur et vous avez fait le vôtre. Pauvre innocent! L'enfer ne peut attaquer les païens. - C'est la vie encore! Plus tard, les délices de la damnation seront plus profondes. Un crime, vite, que je tombe au néant, de par la loi humaine.
Tais-toi, mais tais-toi!. . . C'est la honte, le reproche, ici: Satan qui dit que le feu est ignoble, que ma colère est affreusement sotte. - Assez!. . . Des erreurs qu'on me souffle, magies, parfums faux, musiques puériles. - Et dire que je tiens la vérité, que je vois la justice: j'ai un jugement sain et arrêté, je suis prêt pour la perfection. . . Orgueil. - La peau de ma tête se dessèche. Pitié! Seigneur, j'ai peur. J'ai soif, si soif! Ah! l'enfance, l'herbe, la pluie, le lac sur les pierres, le clair de lune quand le clocher sonnait douze. . . le diable est au clocher, à cette heure. Marie! Sainte-Vierge!. . . - Horreur de ma bêtise.
Là-bas, ne sont-ce pas des âmes honnêtes, qui me veulent du bien. . . Venez. . . J'ai un oreiller sur la bouche, elles ne m'entendent pas, ce sont des fantômes. Puis, jamais personne ne pense à autrui. Qu'on n'approche pas. Je sens le roussi, c'est certain.
Les hallucinations sont innombrables. C'est bien ce que j'ai toujours eu: plus de foi en l'histoire, l'oubli des principes. Je m'en tairai: poètes et visionnaires seraient jaloux. Je suis mille fois le plus riche, soyons avare comme la mer.
Ah çà! l'horloge de la vie s'est arrêtée tout à l'heure. Je ne suis plus au monde. - La théologie est sérieuse, l'enfer est certainement en bas - et le ciel en haut. -Extase, cauchemar, sommeil dans un nid de flammes.
Que de malices dans l'attention dans la campagne. . . Satan, Ferdinand, court avec les graines sauvages. . . Jésus marche sur les ronces purpurines, sans les courber. . . Jésus marchait sur les eaux irritées. La lanterne nous le montra debout, blanc et des tresses brunes, au flanc d'une vague d'émeraude. . .
Je vais dévoiler tous les mystères: mystères religieux ou naturels, mort, naissance, avenir, passé, cosmogonie, néant. Je suis maître en fantasmagories.
Ecoutez!. . .
J'ai tous les talents! - Il n'y a personne ici et il y a quelqu'un: je ne voudrais pas répandre mon trésor. - Veut-on des chants nègres, des danses de houris? Veut-on que je disparaisse, que je plonge à la recherche de l'anneau? Veut-on? Je ferai de l'or, des remèdes.
Fiez-vous donc à moi, la foi soulage, guide, guérit. Tous, venez, - même les petits enfants, - que je vous console, qu'on répande pour vous son cœur, - le cœur merveilleux! - Pauvres hommes, travailleurs! Je ne demande pas de prières; avec votre confiance seulement, je serai heureux.
- Et pensons à moi. Ceci me fait peu regretter le monde. J'ai de la chance de ne pas souffrir plus. Ma vie ne fut que folies douces, c'est regrettable.
Bah! faisons toutes les grimaces imaginables.
Décidément, nous sommes hors du monde. Plus aucun son. Mon tact a disparu. Ah! mon château, ma Saxe, mon bois de saules. Les soirs, les matins, les nuits, les jours. . . Suis-je las!
Je devrais avoir mon enfer pour la colère, mon enfer pour l'orgueil, - et l'enfer de la caresse; un concert d'enfers.
Je meurs de lassitude. C'est le tombeau, je m'en vais aux vers, horreur de l'horreur! Satan, farceur, tu veux me dissoudre, avec tes charmes. Je réclame. Je réclame! un coup de fourche, une goutte de feu.
Ah! remonter à la vie! jeter les yeux sur nos difformités. Et ce poison, ce baiser mille fois maudit! Ma faiblesse, la cruauté du monde! Mon Dieu, pitié, cachez-moi, je me tiens trop mal! - Je suis caché et je ne le suis pas.
C'est le feu qui se relève avec son damné. (...)
Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui. À bientôt les zozos du religieux.
2006-09-30 08:19:31
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answer #6
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answered by Pacifique C 1
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