Le costume-cravate est d'invention récente, il a été introduit vers 1820 en Angleterre sous le règne de la Reine Victoria au tout début de la Révolution Industrielle, et ce n'est pas un hasard.
C'est la première fois dans l'Histoire qu'un vêtement aussi stéréotypé est introduit dans la mode masculine (et s'y substitue.) Il s'agit d'un véritable uniforme civil, ce qui est une aberration car la (ou plutôt les) tenue civile constituait justement l'affranchissement de l'uniforme que l'on retrouve dans les domaines non civils (Écoles confessionnelles [elles le sont toutes à l'époque], Armée, Marine, Église...)
Que l'on se rappelle les époques précédentes, les Louis XIV, XV, XVI et la profusion de tissus, d'étoffes, de rubans... dans la mode masculine à l'égal de la mode féminine.
Le costume-cravate est bien l'uniforme sexuel-répressif caractéristique et emblématique de la Révolution Industrielle. Il ne tardera pas à envahir le reste de l'Europe et les jeunes USA à commencer par la France en pleine Restauration et réaction.
En ce qui concerne les moeurs, c'est parallèle ! Après la période d'ultra-libertinage de la Révolution et de l'Empire (on a même eu avec Joséphine une impératrice des plus courtisane), c'est la chape de plomb du puritanisme et de la pudibonderie d'origine anglaise qui s'abat.
C'est toujours vrai aujourd'hui, et il n'y a eu que quelques soupapes d'échappement dont la dernière fut 1968 et les années 70. Les années 80 allèrent encore plus loin, mais on perdit de vue le discours et l'idéologie de la décennie précédente au profit d'une sexualité consumériste lors de cette période que l'on peut qualifier de décennie de baise industrielle. Trop probablement car le retour de bâton fut rude et depuis 1992 (pour des raisons qui restent encore à expliquer), ce sont les "vaches maigres", et absolument pas par hasard, le costume-cravate, un temps délaissé dans les années 70, très fantaisiste ensuite lors des années disco (eighties), où sa réapparition sous cette forme le rendit presque supportable, repris sa forme stricte et sexuelle-répressive autour de 1992.
On remarquera que le costard est taillé de façon à modifier la silhouette masculine de façon à ajouter un élément de virilité factice : de larges épaules.
Avec ou sans épaulettes, la veste, en ce qui concerne les épaules, présente une forme rectangulaire et à angles droits. On ne saurait mieux faire pour mettre en boîte, guinder, enserrer, emprisonner le corps.
Psychanalytiquement, là est peut-être l'origine de l'expression populaire "ramasser une veste", à rapprocher de "se prendre une tôle, une gamelle", "se faire mettre en boîte", etc...
Il faut toujours faire confiance au bon vieux sens ( feeling ) populaire.
De toute façon, le costume-cravate est un uniforme et les uniformes sont, de près ou de loin, des costumes-cravates, notamment les uniformes de parade et de sortie (et réciproquement.)
En ce qui concerne la cravate, on a là un objet des plus intéressant.
Elle se stabilise à peu près sous sa forme actuelle après la Commune, lorsque la répression sexuelle atteint un paroxysme avec la deuxième phase de la Révolution Industrielle, le colonialisme et l'exportation de cette "mode" vers de nouveaux pays, tel le Japon qui l'adoptera d'autant plus facilement que c'est une société très patriarcale, autoritaire et très sexuellement répressive.
Sa forme est très révélatrice. Elle représente symboliquement et psychanalytiquement un phallus au repos perpétuel (gravité oblige). On ne peut pas mieux faire en matière de symbole répressif-sexuel inconscient que cet ustensile dont la fonction officielle est de cacher les boutons de la chemise et aussi (et surtout) la peau qui pourrait être visible dans l'intervalle.
Il est intéressant de noter que l'URSS adoptera le costume-cravate avec encore plus de zèle que les états capitalistes.
Quoi de plus normal, lorsque l'on sait que l'URSS surclassa les pays de l'Ouest en matière de répression sexuelle.
Sa disparition en 1991 est d'ailleurs une des explications avancées au retour du costume-cravate strict en Occident.
On pourrait gloser encore longtemps sur cet uniforme civil. Rappelons en conclusion que c'est le port d'une cravate qui distingue le Clown du Gille, et c'est de cette observation que nous tirons notre slogan :
"Avoir du travail : OUI ! ; m'habiller en Clown : NON !"
2006-09-28 16:34:53
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answer #1
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answered by Padawan 7
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