Les limites de la datation par Carbone 14
Méthode infaillible ?
Jusqu'à une époque encore très récente, la méthode de datation par radioactivité était considérée par la communauté scientifique, et même la société en général, comme une technique extrêmement précise. Tellement précise qu'elle passait même pour être, les imprécisions de l'expérience mis à part, une méthode quasiment infaillible (dans l'absolu, scientifiquement, la fiabilité ne peut être totale, d'où la prise de distance : "quasiment"). Bref, en deux mots : LA méthode idéale...
Mais des discidences et des discidents en nombre toujours croissant viennent à apparaître, remettant en cause l'extrême fiabilité de cette technique de datation. Sa réputation est de plus en plus mise à mal.
Le saint Suaire de Turin, une affaire très contreversée.
L'affaire de la datation du Saint Suaire de Turin en est l'exemple le plus parlant. En effet, dans un rapport d'expériences menées par le professeur Tite sur le Linceul et publié en 1988, l'expert, notamment suite à une datation effectué par Carbone 14, aboutissait aux conclusions suivantes : le tissu sur lequel est imprimé la supposée image du Christ mort (dans les jours qui précèdèrent sa résurrection) daterait en fait d'une période allant de 1260 à 1390 ans. Au delà de la controverse d'ordre théologique se trame un déchirement au sein de la communauté scientifique.
Le problème qui se pose réside dans le fait que toutes les précédentes expertises sont alors en totale contradiction avec celle effectuée par le professeur Tite et son équipe. Les scientifiques sont formels, il ne peut s'agir d'un tableau. Les analyses pigmentaires démontrèrent en effet très tôt qu'aucune trace de peinture n'était présente dans la coloration du Suaire. Toutes les analyses effectuées, de la plus récente à la plus ancienne n'ont trouvé que des traces de sang humain. Normalement, un tableau présente à l'analyse fine (au microscope à balayage, par exemple) des traits de pinceaux ou même de doigts, or l'image du Linceul est totalement isotrope. De plus, sur les tableaux, il y a généralement plusieurs couches de peinture, ou alors celle-ci est diluée par endroits, plus épaisse à d'autres. Ici, rien de tel. Sur toute l'image, la coloration a la même superficialité, elle atteint seulement la partie supérieure de la fibre. Les intensités sont dues au plus grand nombre de fibrilles coloriées.
D'autres constats excluent presque définitivement l'hypothèse d'un tableau : les examens pratiquées par des médecins anatomistes ont en effet conclu à une parfaite reproduction d'un corps humain portant les marques du suplice de crucifiction. Les scientifiques ayant réalisé cette expérience ont précisé à l'issue de leur analyse que la perfection de la reproduction incluait des détails (notamment au niveau de l'agencement des os des pieds et de leur déformation suite au suplice) totalement inconnus à l'époque, si l'on en croit les traités de médecine parus au moyen âge.
En fait le seul moyen d'obtenir sur une toile de lin comme le Suaire une pareille pigmentation nécessite soit l'exposition prolongée à un flux de protons, technique n'existant pas au Ier comme au XIVè Siècle, soit l'embaumement d'un corps ensanglanté ou recouvert d'une substance azotée. Mais là encore, l'hypothèse demeure improbable. En effet, comment le faussaire aurait-il pû retirer le corps, à la suite de la pigmentation, sans laisser de traces de cette manipulation ?
Le tissu lui même apporte des éléments qui peuvent appuyer certaines thèses. Il s'agit en effet d'une toile de lin identique à celle qu'utilisaient les juifs pour l'embaumement des défunts au cours des premiers siècles de notre ère. Une étude plus approfondie révèle en outre que le tissu, a été tressé puis teint, et non l'inverse, comme celà se pratiqua jusqu'au VIIIe Siècle. Il apparaît donc clair qu'un faussaire du moyen-âge ne peut avoir réalisé pareille imitation.
Étant en présence de ces éléments, on peut supposer que la datation au carbone 14 est erronée, puisqu'elle entre alors en contradiction avec la quasi-totalité des précédentes analyses. Il existe alors deux solutions au mystère :
- soit le professeur Tite et son équipe ont volontairement faussé les résultats pour des raisons de convictions personelles.
- soit l'expérience, malgré l'application de l'équipe et son sérieux, est erronée, ce qui mettrait en doute la fiabilité de la technique de datation par radiocarbone.
La première solution fut tout d'abord considérée avec sérieux, du fait notamment des propos jugés déplacés du professeur Tite, par la suite rétractés. Pour corroborer cette hypothèse, la datation par carbone 14 est à l'époque comme auréolée de fiabilité. Il est donc plus facile de considérer l'erreur humaine. De là, les théories les plus folles sont envisagées : le bruit se répand que l'échantillon n'aurait pas été correctement préparé, et certains se plaisent à penser que l'équipe scientifique aurait ajouté à l'échantillon quelques grammes de tissus d'une époque plus récente. Mais, il faut se rendre à l'évidence. Le professeur Tite et son équipe sont de bonne foi. Leur travail a été réalisé sérieusement. Il en vient alors à croire à l'incroyable : la datation par carbone 14 n'est pas fiable. Qu'est ce qui pourrait dérégler l'horloge radioactive ?
On peut bien sûr penser à une défaillance humaine : si l'échantillon à dater n'a pas été préalablement conscieusement nettoyé, il est possible que subsistent de petits éléments extérieurs tels que des poussières, qui peuvent fausser la mesure. Mais l'erreur mise à part, on peut constater que, de manière générale, une datation au carbone 14 est toujours fausse. L'imprécision est parfois minime (environ 5% pour les plus précises), mais, étant donné l'important âge des échantillons, cette erreur peut parfois représenter plus de neuf siècles. D'où la prudence avec laquelle il faut parfois interpréter ce genre de résultats.
Cette méthode repose sur le calcul de la proportion 14C/12C. On a longtemps considéré que la désintégration se faisait de manière uniforme et régulière. Or, depuis quelques années déjà, la communauté scientifique s'est aperçu que cette désintégration n'était pas forcément régulière. Il a donc fallu réétaloner les tables qui mettent en parralèle la proportion de carbone 14 encore présent dans l'échantillon et l'âge de celui-ci.
On a pu également constater à travers la datation de plusieurs objets que la variation naturelle du champ magnétique de la Terre, peut, bien qu'étant extrêmement minime, influer sur la désintégration des atomes de carbone 14 en atomes de carbone 12 (tout comme la température peut également jouer un rôle). D'autre hypothèses existent. La présence de micro-champignons dans le tissu pourraient l'avoir "rajeuni" aux yeux du spectromètre de masse. Mais seule une étude poussée permettrait de valider cette idée qui de toute manière, n'est absolument pas farfelue.
Quelles sont les causes des erreurs des datations ?
Les différents incendies qu'a eût à subir la cathédrale de Turin (où est conservé le suaire) au cours des siècles, et notamment le gigantesque incendie de 1532, ont très bien pu "recharger" le tissu en carbone 14, faussant par la même occasion les mesures effectuées ultérieurement. Ce phénomène a pris, ces cinquante dernières années, une ampleur considérable du fait de l'activité humaine. La pollution et plus particulièrement le rejet dans l'atmosphère de milliers de mètres cube de dioxyde de carbone ont faussé de manière très significative les mesures réalisées sur des objets plus contemporains.
De même, les nombreux essais nucléaires atmosphériques réalisés dans les années cinquante et soixante ainsi que les incidents du nucléaire civil (Tchernobyl, Harrisburg...) ont fait considérablement varier la proportion 14C/12C (on estime que les essais sur la bombe H réalisés en 1962 ont eu pour conséquence de doubler en un an la teneur en 14C de l'atmosphère terrestre). Même les appareils de mesure peuvent, dans certains cas, être perturbés par la radioactivité ambiente, rendant alors les mesures hasardeuses. Ce phénomène pourrait être encouragé par la faible taille de l'échantillon fourni à l'équipe scientifique, du fait de la valeur symbolique qu'a ce tissu pour les chrétiens.
En conclusion
Synthétiquement, nous pouvons dire que la méthode de datation au carbone 14 ne peut en aucun cas être considérée comme un moyen unique. Elle n'est pas totalement erronée, mais il est impératif de mettre cette technique en corrélation avec d'autres comme la dendrochronologie, ou la thermoluminescence, ou bien encore l'électromagnétisme.
2006-09-06 23:20:33
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answer #1
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answered by belsam 2
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