Economie
Un siècle de dimanche reposant
A l'occasion des 100 ans de la loi de 1906 instaurant le repos dominical, l'historien Robert Beck revient sur sa genèse et sa remise en cause récurrente.
Par Sonya FAURE
QUOTIDIEN : Samedi 15 juillet 2006 - 06:00
Il y a cent ans, le 13 juillet 1906, la loi sur le repos hebdomadaire était promulguée. Elle accorde aux salariés de l'industrie et du commerce un repos de 24 heures après 6 jours de travail. L'article 2 de la loi fixe ce repos hebdomadaire au dimanche. Robert Beck, auteur d' Histoire du dimanche : de 1700 à nos jours (1) et professeur au Centre d'histoire de la ville moderne et contemporaine (Cehvi), à l'université de Tours, revient sur la loi de 1906 et son devenir.
En 1906, instaurer le dimanche comme jour de repos n'est pas nouveau... Qu'apporte de plus la loi ?
A partir de la loi de 1906, le congé du dimanche n'a plus rien de religieux. Une «loi pour la sanctification du dimanche» avait effectivement été promulguée en 1814, mais elle était tombée en désuétude puis définitivement abolie par une loi de 1880. En 1906, on réinvente le dimanche dans une perspective laïque. La loi repose sur deux valeurs nouvelles, inventées au XIXe siècle : le repos et la famille. Dans les entreprises ou les secteurs où le travail du dimanche est la règle, les salariés sont usés et donc plus souvent exemptés de service militaire. Or, à cette époque, les gouvernements ne peuvent prendre le risque d'armées dépeuplées. Le sujet de la fatigue apparaît alors. Comme celui de la dépression, qu'on appelle encore mélancolie, ou de la tuberculose et de l'alcoolisme ouvrier, considérés comme deux fléaux. La préoccupation de la famille, elle, rejoint une vieille inquiétude des élites : comment le peuple vit-il son temps libre ? On attribue alors un rôle capital à la femme, qui doit préparer un bon foyer à son mari... et lui faire perdre l'envie d'aller au troquet. Le mouvement ouvrier lui-même entre dans ce discours : en 1912, des affiches de la CGT pour la «semaine anglaise», dont le samedi après-midi et le dimanche sont fériés, montrent une vie familiale idyllique où des enfants cueillent des fleurs avec leurs parents... Autre point souvent méconnu : ce ne sont pas les ouvriers qui ont porté la loi de 1906. A cette époque, ils avaient déjà bien souvent obtenu le congé hebdomadaire dans les usines ou les ateliers. En fait, c'est le mouvement des employés du commerce, né dans les années 1890 avec les grands magasins, qui s'est mobilisé. L'espérance de vie se limitait à moins de 40 ans chez 45 % des employés et des coiffeurs. Ils organisent des manifestations, soutenues par la CGT et le mouvement ouvrier, et rassemblent par exemple 3 000 personnes à Bordeaux. C'est finalement sous la pression de la rue que le Sénat vote la loi de 1906, première victoire sociale des employés.
Mais la France est à la traîne...
Elle est l'avant-dernier pays européen à introduire le repos hebdomadaire. L'Italie le fera en 1907. En Angleterre, au contraire, le samedi après-midi et le dimanche fériés sont introduits dès le deuxième tiers du XIXe siècle. Ce n'est pas par hasard que «week-end» est un mot anglais... Notons aussi qu'en France les domestiques et les travailleurs agricoles sont exclus de la loi de 1906. Le repos dominical s'imposera en fait définitivement après la Première Guerre mondiale. La journée de 8 heures est introduite en 1919 : en permettant aux ouvriers de faire leurs courses en semaine, elle va consolider le repos dominical. En 1936, avec la semaine de 40 heures, le dimanche va commencer son entrée dans le «week-end»... Même si les 40 heures sont en réalité assez théoriques : dans les années 50, les ouvriers travaillent encore 46 ou 47 heures en moyenne par semaine. On est en plein dans les Trente Glorieuses et les entreprises ont besoin de main-d'oeuvre. Il faudra attendre la fin des années 60 et la crise économique des années 70 pour que le week-end s'impose vraiment.
Jusqu'à la remise en cause du dimanche chômé aujourd'hui ?
Encore une fois, la question se joue plus dans le commerce que dans l'industrie. Un discours néolibéral, qui porte une régression des acquis sociaux, rencontre une attente d'une certaine clientèle, essentiellement parisienne. C'est peut-être dû à la structure familiale (il y a plus de célibataires à Paris), au niveau de vie plus élevé ou à un mode de vie plus consumériste. Peut-être aussi à une sorte de vide. Aller dans un magasin le dimanche marque, d'une certaine manière, la fin de sociabilités personnelles. Mais contrairement à ce qu'on entend ici ou là, on ne peut pas parler de désacralisation du dimanche. La preuve : les activités du samedi ménage, bricolage sont différentes de celles du dimanche : on regarde la télévision, les repas sont plus longs... Et une vieille activité dominicale a demeuré malgré les vicissitudes historiques : la promenade. En 1906, on lui attribuait des bienfaits pour la santé morale et physique de l'ouvrier. Elle avait aussi le mérite d'éviter les dépenses inutiles.
(1) Les Editions de l'Atelier, 1997
http://www.liberation.fr/actualite/economie/193532.FR.php
© Libération
2006-08-12 01:05:30
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answer #1
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answered by Anonymous
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Lisez L'histoire du dimanche de Robert Beck....
2006-08-11 07:25:32
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answer #2
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answered by caius 1
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Je t'ai trouvé ça par rapport au Dimanche...Il semble que tout vient du christianisme...mais pour info, j'ai trouvé un petit truc sur les jours de repos dans diverses religions et un autre petit article sur le Jeudi férié. En tout cas merci, j'ai appris des choses interessantes :
La difficulté du calendrier liturgique tient notamment à ce qu'il se constitue de deux cycles superposés, le cycle temporal et le cycle sanctoral. Le cycle temporal détermine la succession des temps liturgiques, en particulier les limites de l'année liturgique qui commence le 1er dimanche de l'Avent et se termine le samedi de la 34e semaine du Temps ordinaire. Le cycle temporal est essentiellement mobile, dans la mesure où il prend appui sur les dimanches. À l'intérieur du cycle, la fête de Pâques et tous les évènements liturgiques liés à cette fête, qu'ils interviennent avant ou après, sont soumis à une mobilité plus importante. Le cycle temporal se découpe en différentes périodes :
du premier dimanche de l'Avent à la veille de Noël : temps de l'Avent
de Noël au Baptême du Seigneur : temps de Noël
du mercredi des Cendres à la veille de Pâques : temps du Carême
de Pâques à la Pentecôte : temps de Pâques
entre le Baptême du Seigneur et le Carême, puis entre la Pentecôte et l'Avent : temps ordinaire.
Les années suivent un cycle de trois ans, ce qui permet de parcourir les trois Évangiles dits synoptiques :
Années A : Évangile selon Matthieu
Années B : Évangile selon Marc
Années C : Évangile selon Luc
L'Évangile selon Jean est lu principalement pendant certaines fêtes, tous les ans.
Lire pendant une année liturgique un des Évangiles permet de suivre en un an, ce que Jésus a vécu durant sa vie terrestre. La chronologie n'est pas suivie scrupuleusement puisque Jésus naît à Noël et meurt le Vendredi Saint, ce qui laisserait une grande partie de l'année vide.
La mobilité de la fête de Pâques et, plus largement, celle du Carême et du Temps pascal, fait que le cycle des semaines du Temps ordinaire est interrompu à des périodes différentes d'une année sur l'autre. C'est ainsi que certains des dimanches du temps ordinaire peuvent être soit fêtés soit avant le Carême, soit fêtés après le Saint Sacrement, soit supprimés. Le schéma proposé plus bas ne constitue donc qu'un exemple.
Le cycle sanctoral comprend les dates auxquelles on fête les saints ou les grands évènements de la vie du Christ et de la Vierge Marie.
Au sein du calendrier liturgique, l'Église distingue les fêtes universelles (qui doivent être célébrées par l'ensemble du monde catholique) et les fêtes particulières, qui ne sont fêtées que par une ville, un diocèse, un pays, une région du monde ou une communauté religieuse.
Les différents jours de l'année, à part quelques célébrations particulières, appartiennent tous à une catégorie, dont la liste, par ordre d'importance décroissanante, est donnée ici :
solennité
dimanche
fête
mémoire obligatoire
férie
mémoire facultative.
Un autre petit article...
Le week-end (en Europe) ou la fin de semaine (au Canada) est une période d'un ou de deux jours toutes les semaines, typiquement le samedi et/ou le dimanche, pendant lequel la plupart des travailleurs salariés ne travaillent pas. Ce temps est prévu pour la récréation, incluant les activités religieuses.
L'idée d'un repos hebdomadaire remonte à l'antiquité. Les quatre religions se référant à la Bible observent chacune un jour de repos :
celui du judaïsme, le shabbat, est du coucher du soleil le vendredi au coucher du soleil le samedi.
celui du christianisme, le jour du Seigneur, est le dimanche pour la plupart des confessions relevant du protestantisme et du catholicisme.
celui de l'islam, le jour de la prière, est le vendredi.
Le mot est à l'origine anglais, week pour semaine et end pour fin.
Un petit truc sur le jeudi quand nos parents étaient à l'école...
Jusqu'à la fin du XXe siècle, en France, le jeudi était le jour de repos (et de catéchisme) dans la scolarité enfantine, alors que le mercredi était travaillé.
2006-08-11 05:54:13
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answer #3
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answered by Babass & Bensheï 6
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dans les années 1960 avec la réduction du temps de travail et qq modif du code du travail, Pour ma part je travaillais comme employé administratif dans le privé 54h par semaine 6jours sur sept en 1965 puis trés vite fin 65 début 66 que le samedi matin et enfin a été crée le repos obligatoire de 48 heures consécutives . Les jours fériés étaient les mêmes à l'exception du 8 Mai (férié en 1982) les congés payés 4 semaines puis 5 semaines en 1982 et 39h hebdo au lieu de 40. etc...
2006-08-11 05:42:48
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answer #4
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answered by cmoikiledi 5
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Le vendredi soir !
2006-08-11 05:38:17
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answer #5
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answered by Z@uZ 1
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Seule chose que je peux te donner c'est 1936 : congés payés
2006-08-11 05:35:07
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answer #6
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answered by Natali 6
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