Le ridicule peut-il tuer ?
Voilà bien la question la plus ridicule depuis longtemps (euh, non, pas depuis si longtemps, j’avoue) ! Vraiment, pour qui nous prend t-on, je vous le demande ? Ah, si je n’étais pas le GI... Cette question est en effet bien trop facile à discuter, tellement la réponse est directe, simple et évidente.
Certains proverbes peuvent prêter à discussion sur leur pertinence. On peut remettre en cause de vieilles idées qui à une certaine époque pouvait tenir lieu de vérités mais qui aujourd’hui sont désuètes. Par exemple, on disait autrefois « à cÅur vaillant rien d’impossible ». Il a fallu quelque temps avant que l’on comprenne et qu’on remplace ce proverbe par celui, bien plus actuel et bien plus juste de « impossible n’est pas français ». Par contre, le viel adage « le ridicule ne tue point » , lui, fait partie des axiomes intemporels. Rien de moins. Mieux même, il s’agit d’un postulat, postulat qui, par définition, est indémontrable. De fait, il doit être accepté tel quel et personne ne peut rien trouver à y redire. J’ai dit. (Je suis le GI après tout, et que je ne surprenne personne à rouspéter !).
La dissertation pourrait donc aisément s’arrêter là . Néanmoins, pour vous démontrer que je suis beau joueur, mais aussi pour votre plus grand plaisir j’en suis sûr (et si ce n’est pas le cas, ne le dîtes pas trop fort ou vous allez le regretter amèrement !), pour vous donc, je vais faire un petit extra. De toutes façons, ce ne sera pas un gros effort, tellement notre proverbe est piqué au coin du bon sens. (Entre parenthèses, je vous mets au défi d’essayer de trouver le coin du bon sens et en plus d’y piquer quoi que ce soit )! Bref, de part sa simplissime rationalité, cette question appelle une démonstration mathématique, une démonstration claire, nette et sans bavure. Une démonstration irréfutable, incontradictible.
Vous devez savoir (et si vous ne le savez pas, il est grand temps que l’on vous sorte de votre ignorance) que moi, le GI, je suis le plus grand distrait, le plus grand gaffeur, metteur de pieds dans les plats, homme le plus ridicule que l’on puisse trouver sur la planète (et je suis pas loin de penser que l’on en trouvera pas non plus dans l’univers tout entier). C’est d’ailleurs ainsi que d’aucun m’appelle nunuche. Nunuche 1er, tel est mon nom. C’est de renommée internationale savez-vous (je pèse mes mots), et de fait, j’ai rencontré au cours de ma « carrière » les situations les plus ridicules qui soient. Personne je pense ne viendra nier cette évidence. Par conséquent, voici la démonstration mathématique par la négative :
Si le ridicule pouvait tuer, je serais mort depuis longtemps.
CQFD
Le GI
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Le ridicule tue t’il?
Par Charles-Henri, Mars 2004.
Bonjour mes amis. Encore une fois, c’est par une indubitable agilité mentale que notre aimé GI nous sert un superbe sujet dont je nomme ci-après le titre « Le ridicule tue t’il? ». Non sans suspecter une légère touche autobiographique, je remercie notre aimé pour cet aimable mais néanmoins important sujet. Mais attention ne nous emballons pas, n’allons pas tête baissée enfoncer les portes de l’évidence déjà ouvertes par l’illustre expression populaire voulant que « le ridicule ne tue pas ». Ce serait trop facile. Non, prenons plutôt quelques instants pour scruter le pourtour de cette question.
Derechef, je note deux aspects. Il semble que le sens de ce sujet circonscrit le ridicule au sens de « sujet à moquerie » ou « absurdité » et non pas de « minuscule ». De plus, remarquons que notre aimé a détroussé la populaire affirmation pour la grimer en question, ce qui à mon sens n’est pas si ridicule que ça. En effet, devant l’hommerie de certains chefs d’états américains contemporains à nous et le triste constat du nombre élevé de morts que certaines de leurs décisions engendrent, on est en droit de se poser la question. Merci aimé G.I. de nous questionner de la sorte. Mais je m’égare de banlieue.
Tout d’abord, en guise de préambule négligé, il faut que je vous avoue une chose : traiter quelque chose ou quelqu’un de « ridicule » n’est qu’une interprétation toute personnelle qui ne peut se définir sans avoir soi-même une échelle de valeurs qui ne sont pas ridicules à nos yeux. Ce qui sort des limites infinies de cette échelle devient par le fait même ridicule. Ce qui me fait donc dire que toute chose ou tout être est potentiellement ridicule aux yeux des autres puisque les autres, ce n’est pas moi, ce n’est donc pas mon échelle de ridiculosité. Comme dirait l’autre « du sublime au ridicule, il n’y a qu’un pas ».
J’assume donc pleinement cette potentielle ridiculosité que certains traits de ma personnalité (ou de ma dissertation si vous préférez) pourraient créer. Il faut aussi que dans mes hypothèses de départ j’enlève le côté criminel. Car si l’acte ridicule devient criminel, il peut tuer dans certains cas, mais ça me tente pas de parler de ça, alors n’insistez pas je vous prie. D’ailleurs en passant je profite de l’occasion qui m’est donnée pour vous référer à l’excellent article du professeur Bert A. Brindamour paru dans le renommé Journal of Diverse Dichotomy (plus connu sous le nom de « JDD »). Il parlait - entre autres – du déchirement intellectuel de certains de ses patients qui, eux, avaient de la misère à s’assumer face à cette troublante réalité. Références fournies sur demande.
Prenons un exemple historique. Je ne vous ferais pas l’affront de remonter jusqu’à ce cher Hiradote, ancien historien sénile et Grec (aux environs de -450 avant Jean Chrétien). Non, en gars fin que je suis, je me contenterai de vous présenter ci bas un exemple plus récent. Une image valant mille mots, rouvrons donc nos cahiers d’histoire.
En France, sous le Directoire, vers 1800 ce me semble, alors que les caisses de l’état étaient vides, que les brigands régnaient dans les campagnes et que les gens mourraient de faim, il y avait une infime partie de la société citadine bourgeoise qui s’ingéniait à nier les problèmes de la société en s’amusant, portant de colorées toilettes assez arrogantes et faisant de mémorables orgies. Ces impies se nommaient les « Incroyables et les Merveilleuses ». Vous l’aviez deviné, les Incroyables c’étaient les hommes et les Merveilleuses, les femmes. Ils aspiraient tellement à être différents qu’ils se nommaient eux-mêmes « Incoyables et Méveilleuses » tant ils jugeaient inutiles les « r » et autres consonnes. Loin des bruits de la foule, ils vivaient la vie insouciante des riches se moquant pas mal de la pauvreté et prenant pour acquis que tout leur était acquis, eux l’élite de la France. à voir quelques portraits dressés de ces zazous des temps anciens, il faut bien dire que pour être ridicule, ils l’étaient. Le contresens dans l’affaire c’est qu’ils faisaient l’admiration des pauvres gens et quand ils daignaient passer dans les ruelles crottées (au sens pas propre et figuré) ces « messieurs-dames » faisaient pâmer les demoiselles et parler les hommes.
Que croyez-vous qu’il survint? Ces « Incroyables et Merveilleuses » disparurent du paysage et se muèrent en une autre forme de bourgeoisie, qui bien que l’appellation soit morte, se conduisit et continue à se conduire de la même façon arrogante et ridicule. Le phénomène est encore bien vivant. Ces ridicules d’il y a 200 ans existent encore. Ils n’ont pas été tués. Même la Révolution Française n’avait pas eu raison d’eux. Aujourd’hui, les mecs Aristide et autres Bocassa, Hussein, Pinochet … j’en passe et des biens pires, sont encore en activité ou auront de la progéniture qui les suivra sans doute. Sans même aller dans la catégorie chefs d’états, il y a sur notre belle planète de richissimes milliardaires qui vivent parfaitement librement en s’engraissant froidement sur le dos de pauvres gens qui mettront une dure vie de labeur pour mourir de fatigue dès la retraite sonnée. C’est monnaie courante et c’est la vie, parait-il. Une vie incroyablement merveilleuse.
Mais moi, le Riton coléreux, je les préviens tous ces zillionaires de piètre acabit, faites attention je leur dit, un jour, tannés de tant d’injustice, les pauvres gens se vengeront et vous, les riches derrière vos portes aux barreaux dorés, vous n’aurez plus le temps de dire tout émus « Mais, c'est une révolte? » ; « Non Sire, c'est une révolution ! ».
Voilà pour ce bouillant exemple empli de ferveur ras-le-bollique et de naïf espoir.
Mais plus que ça, moi, il y a un mot dans ce sujet qui me laisse perplexe, on parle de tuer dans le titre. Bon, tuer, moi je veux bien, mais elle est où l’arme du crime? C’est quoi dans le ridicule ou dans l’absurde qui peut tuer quelqu’un? Vous le savez vous? En plus, si une chose vous semble ridicule, c’est qui qui meurt, la chose ou celui qui la regarde… ? Pas évident tout ça.
Moi, au contraire, j’ai toujours pensé que l’absurdité quand elle est bien traitée (donc qu’elle est enlevée de tous ses traits « ridicules ») peut apporter beaucoup de bien à l’être humain en lui insufflant un subtil mélange de remise en cause et de non conformisme. Je tiens d’ailleurs à mentionner l’excellente parution des Ãditions Démence intitulée « Nunucheries et Allégories » Tome 1, page 21, qui traitait de normalité et de conformisme, sujet très lié à celui-ci. Donc on n’a pas l’arme du crime. Le mobile, peut-être. Il s’agit de la conformité qui peut être mise à mal par tant de différence, il peut s’agir aussi de la crainte de se sentir visé par le regard ou les quolibets des autres, ça oui, à la limite ça peut faire un bon mobile.
Mais, en guise de conclusion bâclée, je reste sur ma faim. Je considère donc que par manque de preuves flagrantes, je dois me conformer à la susdite expression populaire. Décidément les dictons et croyances populaires ont la vie dure. Pis j’ai trop peur du ridicule à démontrer que oui, le ridicule peut tuer… donc dans le doute abstient toi disait le poète. Non, non, non, mes amis, le ridicule ne tue pas.
Nous voilà rassuré.
CQFD
2006-07-31 16:51:04
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answer #4
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answered by Cheyenne 2
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