subst. fém.
A. PEINT., SCULPT. Cercle lumineux dont les peintres et parfois les sculpteurs entourent la tête de Dieu, de la Vierge et des saints. Auréole lumineuse, auréole d'or :
1. C'était une madone tenant dans ses bras l'enfant Jésus. L'auréole d'or entourait le chaste front de Marie; ses cheveux tombaient sur ses épaules, et une tunique bleue à longues manches laissait voir dans l'attitude une grâce naïve et le tendre maintien d'une jeune mère.
TŒPFFER, Nouvelles genevoises, 1839, p. 188.
P. compar., littér. :
2. L'une des deux jeunes filles était très blonde. On la surnomma Phœbus, à cause de ses cheveux qui lui mettaient une auréole, et elle incendia les cœurs.
ESTAUNIÉ, L'Empreinte, 1896, p. 67.
Rare. En auréole :
3. À ce moment, Mac Allister entra, l'air impertinent, les mains dans les poches et un petit chapeau vert posé en auréole sur le sommet du crâne.
GREEN, Moïra, 1950, p. 79.
B. P. anal.
1. [L'idée dominante est celle de lumière ou de cercle lumineux]
a) Cercle lumineux ou coloré que l'œil voit autour d'un objet. Synon. halo.
En partic. MÉTÉOR., ASTRON. Anneau brun-rouge ou cuivré qui entoure un astre lumineux; couronne solaire que l'on observe lors d'une éclipse totale. PHOT., CIN. ,,Cercle lumineux entourant la tête d'un personnage et que donne un éclairage approprié`` (GIRAUD 1956).
b) Zone lumineuse de forme plus ou moins circulaire :
4. Le bouvier pencha la tête, en dehors de la porte, vers la gauche, et au delà de l'abîme d'ombre où s'enfonçaient la route, les terres, les poteaux de télégraphe, il aperçut une flamme qui n'éclairait rien, et qu'enveloppait une mince auréole dansante.
Qu'est-ce que c'est? demanda-t-il.
Une voix répondit :
Le haut fourneau de Quiévrain.
R. BAZIN, Le Blé qui lève, 1907, p. 284.
c) Contour lumineux qui enveloppe une personne. Synon. nimbe :
5. Dans le soleil qui le [Luc] nimbait d'une auréole, il était superbe de jeunesse encore, de foi, de joie triomphale.
ZOLA, Travail, t. 2, 1901, p. 288.
P. métaph. :
6. Merci, poëte! Au seuil de mes lares pieux,
Comme un hôte divin, tu viens et te dévoiles;
Et l'auréole d'or de tes vers radieux
Brille autour de mon nom comme un cercle d'étoiles.
HUGO, Les Contemplations, À un poëte aveugle, t. 1, 1856, p. 129.
7. Comme compositeur, il [Thalberg] a inventé des traits d'une forme nouvelle, plaçant le chant dans le médium et l'entourant d'une auréole d'arpèges chatoyants...
A. LAVIGNAC, La Musique et les musiciens, 1895, p. 497.
P. ext. Auréole de + subst. concr. Nuage (de fumée, de poussière, etc.) qui enveloppe une personne, une chose :
8. Il n'était pas possible, je suppose, dit Dupin dans une auréole de fumée, de choisir ou même d'imaginer un agent plus sagace.
BAUDELAIRE, Histoires extraordinaires, trad. d'E. Poe, 1856, p. 53.
9. Tout y est à l'abandon, même les camions Ford qui démarrent en klaxonnant et les misérables ou ridicules petits tramways couverts de panneaux de publicité qui tressautent sur les rails en tintinnabulant dans leur auréole de poussière.
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 33.
2. [L'idée dominante est celle de forme circulaire]
a) Figure en forme de cercle, de couronne :
10. Certaines villes semblent s'être développées par une sorte de dilatation en auréoles successives qui ont fini par gagner les bourgs voisins...
J.-A. LESOURD, C. GÉRARD, Hist. écon., XIXe et XXe s., t. 1, 1968, p. 253.
En partic. ANAT. Cercle coloré autour d'une plaie, d'une piqûre, etc. Auréole vaccinale. GÉOL. Auréole métamorphique. Partie d'un terrain qui a été modifiée par le contact d'une roche éruptive.
b) Tache en forme de cercle :
11. En fin de construction, la façade est poncée pour faire disparaître les auréoles éventuelles et les éclaboussures de ciment.
R.-M. LAMBERTIE, L'Industr. de la pierre et du marbre, 1962, p. 103.
En partic. Trace en forme de cercle laissée sur un tissu par un détachant.
C. Au fig.
1. THÉOL. Degré de gloire qui distingue les saints dans la hiérarchie céleste. Auréole des vierges, des martyrs.
P. ext. Auréole du martyre :
12. Jeanne d'Arc, après l'apothéose de Reims, eut un de ces pressentiments qui ne la trompaient pas : sa mission était finie. Il ne lui manquait plus que l'auréole du martyre. Son rêve eût été de conduire le roi à Paris après l'avoir conduit à Reims.
BAINVILLE, Histoire de France, t. 1, 1924, p. 121.
2. Prestige, gloire, éclat qui s'attache
À une personne, à un nom :
13. Tous sont morts en laissant leur nom sans auréole :
Mais sur le disque d'or voilà qu'il est écrit,
Disant : « Ici passaient deux races de la Gaule
Dont le dernier vivant monte au temple et s'inscrit,
Non sur l'obscur amas des vieux noms inutiles
Des orgueilleux méchants et des riches futiles,
Mais sur le pur tableau des titres de l'esprit. »
VIGNY, Les Destinées, L'Esprit pur, 1863, p. 233.
14. L'homme qui escorte une jolie femme se croit toujours coiffé d'une auréole; à plus forte raison celui qui passe entre deux jolies femmes. Rien ne plaît autant que de dîner dans un restaurant bien fréquenté, avec une amie que tout le monde regarde...
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Mes 25 jours, 1885, p. 710.
À un fait, à une valeur, à une qualité, etc. Auréole de la gloire, de la vertu :
15. L'auréole de la poésie et celle de la gloire sont composées des mêmes rayons. Dans notre cher pays de France, il n'y a jamais eu de victoire sans génie pour la chanter.
RENAN, Drames philos., Dialogue des morts, 1886, p. 689.
3. [Cf. en partic. supra B 1 c]
a) Ce qui émane d'une personne ou l'entoure (avec souvent une idée de rayonnement); aura :
16. La vieille dame admirait cette candide et souffrante figure, sur laquelle était descendue l'auréole du bonheur.
BALZAC, Le Père Goriot, 1835, p. 207.
SYNT. Auréole de la jeunesse, du malheur, de mystère.
b) Souvent p. iron. Milieu, climat dans lequel vit une personne :
17. ... une femme (...) accoutumée à l'auréole de flatteries dont une haute position et une grande fortune entourent la vie.
STENDHAL, Nouvelles inédites, 1842, p. 163.
PRONONC. : [] ou [-]. PASSY 1914 et BARBEAU-RODHE 1930 transcrivent la 1re syll. avec [] ouvert, DUB. et Pt Lar. 1968 avec [o] fermé. Pt ROB. et WARN. 1968 donnent les deux possibilités de prononc. Pour MART. Comment prononce 1913, p. 115, ,,au atone est ouvert d'abord devant un r, dans taureau (...) et sauret; généralement aussi dans les futurs et conditionnels d'avoir et savoir; dans aurore, auréole, aurifère ou aurifier; et tout au plus est-il douteux dans laurier (pour lorier), lauréat, lauréole``. Pour [o] ou [], cf. aussi augmenter. Les dict. hist. transcrivent [o] fermé pour la 1re syllabe.
ÉTYMOL. ET HIST. 1. 1291-95 lang. biblique « petite couronne d'or surajoutée à une couronne plus grande et principale » (GUIART, Bible, ms. Ste Gen. fo 65b ds GDF. Compl. : Et se elle [la couronne de la table des pains de proposition] estoit plaine ou entailliee, nous ne le savons mie, et estoit appelee oreole); 2. XIVe s. relig. « récompense accidentelle octroyée à certaines catégories de bienheureux » (Légende dorée, Maz. 1728, fo 281b, ibid. : Les vierges avront la couronne qui est dicte auriole); mil. XVe s. p. ext. « éclat de la gloire des saints » (Sermon des Maulx de Mariage, Bibliothèque Elzevirienne, Paris 1855, II, 6 : Pour venir au thesme predict, Et deschifrer le hariage qu'a le bon homme en mariage, Je trouve qu'il est en tourment Toute sa vie seullement, Par quoy il acquiert et attire l'aureolle de vray martyre).
Empr. au lat. chrét. aureola (corona) au sens 1 (Vulgate, Exod., 25, 24-25); au sens 2, subst. fém., lat. médiév. (1236-37 Caesarius, monachus Heisterbacensis, Elis., I, 9, p. 358, 8, ds Mittellat. W. s.v., 1244, 24).
STAT. Fréq. abs. littér. : 524. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 717, b) 1 008; XXe s. : a) 869, b) 553.
BBG. Archéol. chrét. 1924. BACH.-DEZ. 1882. BOUILLET 1859. BOUYER 1963. DELC. t. 1 1926. DUVAL 1959. Foi t. 1 1968. GIRAUD 1956. JOSSIER 1881. LACR. 1963. LITTRÉ-ROBIN 1865. MARCEL 1938. Méd. Biol. t. 1 1970. NOËL 1968. NYSTEN 1824. PRIVAT-FOC. 1870. Théol. cath. t. 1, 2 1909.
2006-07-27 03:05:19
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answer #3
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answered by sabah 3
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